Une poésie aussi vieille que le monde
Mushishi et la quintessence brute
Mushishi parle de la quintessence vitale de manière aussi contemplative et détachée que possible. S’extrayant de tous les principes moraux, les Mushis, ces parcelles de vie que la série se refuse à en expliquer le pourquoi (contrairement au comment) croisent sur leur chemin les humains. Après tout, la morale est une création humaine; la vie n’a que faire de nos constructions. Parfois ils causent du tort ou du chagrin aux hommes, et parfois ils vivent en symbiose avec eux. Tel un épisode consacré à la recherche d’un Mushi prenant l’apparence d’un arc-en-ciel : « ce Mushi a une raison d’exister, mais pas de but à son existence ». Il n’y a pas de raison supérieure à leur présence, seulement une rencontre, une bifurcation commune avec les protagonistes : ou plutôt une fatalité.
C’est avec grande pertinence qu’un ami a lié Mushishi au shintoïsme, la religion ancestrale du Japon, existant au pays du soleil levant bien avant qu’il importe le bouddhisme. Polythéisme animiste, cette croyance postule en l’existence d’un être divin, composé de particules nommées « kami »; de la à voir les Mushi, il n’y a qu’un pas que le spectateur est invité à effectuer sans hésitation. Tout comme de dévorer cette série, poétique, contemplative, et qui vous connecte avec je ne sais quoi. Le pourquoi n’est pas important; seule la connexion l’est.