Rappels élémentaires sur les institutions démocratiques – la démocratie en Suisse, c’est aussi le parlement

La démocratie foulée au pieds en Suisse ? Mon oeil !

Le 7ème membre de l’équipe composant le cabinet ministériel suisse est désormais connu : Mme Wider-Schlumpf, qui ne s’attendait décidément pas à tant d’honneur. Elle a accepté la double charge de Conseillère fédérale, et de cheval de Troie potentiel infiltré dans le parti dont elle est issue, l’Union démocratique du centre (UDC, extrême droite suisse).

Les commentaires sans grande classe, émanant d’un parti éméché par la défaite, ont dénoncé le manque de conformité avec les règles démocratiques, et le peu de cas fait de la souveraineté populaire. Au-delà des déclarations émotionnelles, somme toute compréhensible pour un parti qui subit l’une des plus grandes défaites de ces deux dernières décennies, peut-on parler de parlementaires irresponsables et indifférents au choix des électeurs ? Assurément non, et nous allons voir pourquoi.
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Changement dans le temple du conservatisme

A la surprise générale, le tribun Christoph Blocher, leader officieux (mais non officiel) du parti d’extrême droite suisse dénommé UDC (pour Union démocratique du centre) et Conseiller fédéral helvétique n’a pas été réelu à ce poste. Le parlement lui a préféré Mme Eveline Widmer-Schlumpf, Conseillère d’Etat dans le canton des Grisons.

Malgré le succès sans précédent de son parti, qui a recueilli à peu de choses près 30 % des votes lors de l’élection parlementaire d’octobre dernier, celui qui en défend haut et fort les couleurs se retrouve éjecté de son bureau. Ministre de la justifice, futur président programmé de la Confédération en 2009, le voilà bouté dehors tel un mouton noir.
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Pourquoi c’est l’extrême droite qui a gagné en Suisse

Alors que l’Union démocratique du centre (UDC) se pose la question de comment réorganiser la politique en Suisse, les qualificatifs des journaux à l’égard de ce parti vont certainement se faire de plus en plus légers. Moins grossiers. Moins moralisateurs. On serait à moins, puisque le parti agrarien a réussi le pari de faire mieux qu’il y a 4 ans, et atteint le score incroyable de presque 30 % des votes exprimés en sa faveur. C’est, semble-t-il, le pourcentage le plus élevé jamais réalisé par un parti politique en Suisse. Habitué au consensus, l’Helvétie a pour habitude de composer, de négocier entre les différents tendances. Face à un parti représentant pas loin d’une voix sur 3, les journaux pourront-ils tenir le même discours ? Les électeurs de l’UDC seront-ils toujours taxés de xénophobes ? A l’étranger, cela ne fait aucun doute, mais dans ce montagneux pays, où les journaux doivent compter avec un lectorat relativement réduit, on en doute. Comment évoquer qu’un tiers des votants suisse soit d’extrême droite ?

Avant de passer en revue les arguments qui donneraient à croire que ce parti n’est pas qu’une simple droite nationaliste, observons le taux de participation. On se gausse dans notre pays d’avoir atteint les 50 %, alors que la campagne s’est déroulée de manière très virulente, les invectives volant très bas et les appels au vote se répétant ad nauseum. Jamais on avait vu l’électorat et les politiques se mobiliser de la sorte, les manifestations se voyant opposer des contre-manifestations, les journaux analysant les penchants politiques de tous les candidats, les tracts s’échangeant à toute vitesse de mains en mains. L’agitation est à mettre en relation avec celle ayant suivi la qualification de Le Pen au deuxième tour des présidentielles françaises de 2002, qui eut pour résultat le taux record de presque 80 % de participation. Entre la France de 2002 et la Suisse de 2007, on passe à peu de choses près du simple au double. La démocratie suisse, ce n’est pas tellement une affaire populaire.
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UDC, et xénophobie suisse : et si la meilleure arme était l’humour ? Compte rendu manif à Genève

Sans dessus dessous. Voilà le constat du 8 octobre émit par le New York Times, qui explique que la Suisse, qui se targue de son consensus et son climat politique apaisé, ne correspond plus à l'image qu'elle a toujours cultivé. Un collectif de citoyens genevois a décidé le samedi 6 octobre dernier de brandir bien haut la bannière de l'humour, pour rappeler son attachement à des valeurs très différentes de celles prônées par le premier parti politique de Suisse, l'Union…

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La politique démonstrative

La question de l'action hante l'intellectuel, appuyée par des fantômes qu'on peine à ranger dans le placard. Comment combattre pour ses idées, faire passer le message, ses réflexions, transmettre ses valeurs à d'autres, que du haut de son propre piédestal on imagine inférieurs ? Passer dans la résistance, prendre le maquis. Voilà bien une façon de faire de la politique "à la française", qui se traduit par des grèves et des cortèges décorés de banderolles. Le problème, c'est qu'en Hexagone…

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La chèvre de M. Blocher

Enchaînée à un piquet, la petite biquette de l'UDC suisse n'arrive pas à voir très loin. Pauvre Zottel, si le sujet n'était pas aussi sérieux, je dirais bien que ton parti partage avec toi l'enchaînement (mental) et un parfum quelque peu... campagnard. Et je rirais bien avec toi du ridicule d'une telle campagne, si tu ne risquais pas de faire de sérieux dégâts prochainement. L'initiative de l'UDC, relative à l'expulsion des étrangers jugés dangereux pour la communauté helvétique, est une…

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Révérien Rurangwa reste en attente d’une décision

Seul souvenir qu'il lui reste, une photo datant de 1977, une période bénie pour sa famille; à cette époque, il n'est pas encore venu au monde. Aujourd'hui, les rôles ont été inversés : il tient dans ses mains cette photo, et tous ceux qui y figurent qui ont disparus. Dans un triste retournement de situation, le bonheur familial ainsi que les personnages sur la photo ont été effacés en 1994, lors du génocide au Rwanda. En moins de 3 mois,…

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Dis, papa, c’est quoi un raciste ?

Mon fils, ne cède pas à la croyance populaire : un raciste des temps moderne n'a rien en commun avec les partisans nazi. Au contraire, il s'en sert pour se convaincre que lui, il n'a rien en commun avec ces barbares d'une époque révolue; les formes les plus extrêmes de racismes permettent à d'autres formes, aujourd'hui, de s'épanouir totalement décomplexées. Ainsi, de nombreux comportements racistes peuvent être quotidiennement observés dans nos sociétés démocratiques, sans que personne ne s'émeuve. Car mêmes…

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