Que celui qui ne s’occupe pas de politique se rassure : cette dernière finira bien par s’occuper de lui.

L’épicier turc : Ankara et l’UE

Il est difficile de trouver un sondage qui ne reflète pas dans son résultat la peur de l'épicier turc, futur bouc-émissaire des débats qui vont entourer les négociations d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne (UE). Cette caricature ne sera qu'un fac-similé, mais remis au goût du jour, du désormais célèbre "plombier polonais". Les négociations entre les deux parties doivent débuter le 3 octobre prochain. La France, à travers son président, semble depuis longtemps réticente à une "entrée précipitée" ((Les négociations avec…

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Le prix de l’essence…

… et ses réactions stupides.

Le prix de l’essence atteint des records, bien qu’en termes relatifs, il est encore bien en deçà des années 70, lors des crises pétrolières. Il devient cher de se déplacer, cher de se chauffer, et même si pour l’instant, cela ne s’est pas répercuté en inflation, ça ne devrait pas tarder avec le prix actuel.

Le symptôme est visible, et les causes connues : entrée de l’Inde et de la Chine dans les pays massivement consommateurs de pétrole (pression de la demande), peur de la raréfaction de la matière première (toujours pression sur la demande), vaguement une raréfaction de l’approvisionnement, avec l’Irak devenu simple petit exportateur depuis 1991 (phénomène renforcé depuis 2003, raréfaction de l’offre), et plus récemment le cyclone Katrina qui dévaste des rafineries dans le sud des USA (toujours raréfaction de l’offre). Ces 2 derniers phénomènes sont toutefois à relativiser, puisque l’Arabie saoudite ne cesse d’augmenter son exportation de brut, et peut combler quelques déficits passagers. Toutefois, ce n’est pas parce que aujourd’hui la pétromonarchie peut augmenter sa production et obtenir un résultat, que demain ce sera le cas. Ses capacités productives sont quasiment au maximum, et elle ne pourra pas, quelques soient les gémissements occidentaux, quelques soient les pressions exercées par les USA, aller au-delà.

Conclusion ? Le prix de l’essence va augmenter. L’offre peut encore augmenter, l’Irak peut à nouveau redevenir un grand pays exportateur, mais il faut se rappeler qu’au faîte de sa gloire, le pays ne dépassait pas le 10 % de la production mondiale. L’Arabie saoudite, c’est près de 25 %, et elle est en panne. Donc l’offre aura beau monter d’un chouillat, elle ne comblera pas les problèmes matériels de surplus de demande et psychologique de crainte du consommateur. L’essence, plus que jamais, va être chère.
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Le retour du plombier polonais masqué : il est en Suisse

Votation sur l’accord bilatéral UE-Suisse : Cachez-moi ce plombier que je ne saurais voir

La Suisse s’apprête à voter le 25 septembre 2005 sur l’extension au dix nouveaux membres de l’Union européenne (UE) de la libre circulation des personnes, l’un des volets l’accord bilatéral Suisse-Union Européenne. Sur de nombreux points, l’émotion provoquée par les arguments d’opposition (de droite ou de gauche) n’est pas sans rappeler ce que vient de vivre la France le 29 mai dernier : on y discute beaucoup de plombier polonais.

Face à des discours aux senteurs xénophobes consécutifs aux débats populaires sur le Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) en France, la réaction de l’office du tourisme polonais à Paris a été exemplaire. Tournant en dérision les dires des détracteurs du traité, elle pouvait même rassurer par son audace. Mais après tout, les Polonais ont eux aussi connu des débats teintés de peur de l’étranger, et ce peu avant son adhésion à l’UE. Peur de perdre la main sur le marché national de l’électricité, peur de devoir assumer le rôle de gardien des frontières européennes, peur de l’immigration ukrainienne, les arguments qui ont fusé de part et d’autre n’atteignaient pas des sommets.

Toutefois, si le débat sur l’Europe, qu’il soit français ou polonais, trouve pour terreau commun la peur, il serait maladroit de penser pouvoir évacuer cette frayeur sans s’y attarder : le malaise est plus profond qu’on ne le croit, il contamine tous les débats européens aujourd’hui. Même les pays hors UE, comme la Suisse.

La Confédération helvétique a pour image bien ancrée dans l’inconscient collectif d’être un eldorado banquier; ce que l’on a tendance à oublier, c’est que si le pays possède le deuxième PIB par tête d’habitant le plus élevé au monde (après le Luxembourg, chiffre 2001 Banque Mondiale), il a aussi dans un de ses cantons un taux de chômage que l’on pourrait cyniquement qualifier d’eurocompatible : 7,5 % à Genève, l’un des deux poumons économiques du pays.

Avec son marché du travail difficile, la crainte de l’ouvrier polonais domine les débats lorsque l’on parle d’Europe dans le montagneux pays. Simple effet boule de neige ou réelle angoisse ? La persistance, la virulence des propos entendus çà et là sont autant d’indices que l’inquiétude n’est pas que passagère. Le parti de l’Union Démocratique du Centre (UDC), première force politique du pays, s’est hissé à cette place à coups de formules expéditives stigmatisant les étrangers, la criminalité galopante, le libéralisme économique débridé.
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Esprit critique qui part en fumée

Mes amis Vincent et Yann en ont déjà débattu par blog interposés. Un peu à l’image de maîtres de château rivaux, les voilà qui se tiraient dessus à boulets rouges, séparés de plus milliers d’électrons de distance.

Les débats entre fumeurs et non-fumeurs sont en règle générale relativement stériles. Chacun défendant son pré carré, ou plutôt son espace d’air carré, il est difficile pour chacun d’entre eux de prendre du recul. Quoi que, je trouve que Vincent fût capable d’une certaine modération, bien que pas IMHO de relativisation.

Pourquoi me relancer là-dedans ? Et d’abord, dans quel camp suis-je ? Qui vais-je donc défendre, à la fin, puisque c’est un débat si polarisé ? Peut-être aucun des deux, puisque le débat est relativement stérile. Ou peut-être justement les deux, puisque je suis un ancien fumeur.

Pas si ancien fumeur que ça : cela doit remonter à deux mois, maintenant. Le prix des cigarettes (j’ai renvoyé les foutus économistes et théories foireuses de l’inélasticité-prix de la demande à étudier des choses plus scientifiques), le souffle quasi-inexistant, marre de ma dépendance sont quelques unes des très nombreuses raisons. Aujourd’hui, il peut m’arriver de fumer une ou deux cigarettes les semaines fastes : ce n’est plus que du concentré de plaisir, et non la réponse à un manque. Ca change tout.

Je regarde depuis d’un autre oeil les fumeurs attablés dans un bistrot, des volutes de brume sèche tentant de me happer dans le cercle de ceux qui sont aujourd’hui considérés non grata. On n’en veut plus. Étonnant retour aux sources pour la cigarette : démarrant sa consommation de masse dans les années 40-50 grâce notamment à Hollywood et l’image de rebelle véhiculée par l’industrie cinématographique, elle finira sa course en représentant toujours le même symbole. Les ados ont encore plus de raisons de s’enfumer, maintenant qu’ils savent que c’est vraiment interdit. Une publicité dont n’avait pas besoin l’industrie du tabac.
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Idéalisme et illumination au pays du matérialisme

Ca fait quelques temps déjà que j’ai un post à finir sous le coude, donc je me lance : les USA, leur trajectoire historique, le matérialisme opposé à l’idéalisme. Une comparaison avec la France, qui pendant plus d’un siècle a détenu le monopole de l’idéalisme légitime. Rien que ça, et ça va aller très vite.

La grande partie des USA, lors du premier semestre 2003, c’était ça (cliquez sur l’image pour en voir une version agrandie) :

NATO french ally
chirac dummy
surrender for dummies
french military defeats

Bien sûr, maintenant ça prête à sourire. En ce jour, le nombre de soldats US tués en Irak a dépassé le nombre de 1000. C’est autant que la bousculade meurtrière du 1er sept. en Irak, et peut-être un dixième (1/10) du cyclone Katrina. Les chiffres sont posés, on pourrait presque les croire dénués de sens. Sauf que pour un Etasunien (un Néo-Orléanais, du moins), il reste toujours plus dangereux de rester chez soi, que de partir faire la guerre en Irak. Et pour un Irakien, il est catastrophique de vivre chez lui, mais pour lui, il n’y a pas d’alternative.
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Brother, l’exploitation et l’acceptation

On sait comment se fait le décollage éco de la Chine, et quel est le prix à payer pour ses habitants. Sous couvert des bonnes vieilles formules économiques, on nous explique que c'est "un passage obligatoire", que "nous aussi on est passé par là". Et comme toujours, on accepte des explications d'une science économique qui ne cesse d'être prise en défaut, qui ne cesse de se planter; on l'accepte quand elle nous permet de fermer les yeux sur la réalité,…

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Contre-attaque polonaise

J'en avais entendu parler un peu partout, mais je voulais vérifier par moi-même. Alors je me suis rendu sur le site de l'office du tourisme polonais à Paris, pour découvrir que c'était vrai : Face aux accès de xénophobie française, au débordements tsunamiesques de plombierophobie, c'est agréable de voir que certains arrivent à garder le sourire :)

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