L’archéologie occidentale est encore tributaire d’une forme de pensée colonialiste.
J’en veux pour exemple le récent article du Guardian, ‘Sistine Chapel of the ancients’ rock art discovered in remote Amazon forest, repris par les journaux du monde entier. Le site serait si nouveau « qu’il n’aurait même pas de nom », selon les « découvreur explorateurs ». L’endroit serait infesté « de crocodiles, serpents et par la guérilla FARC » (avec laquelle il faudrait négocier), ne s’atteignant qu’après de pénibles marches dans la jungles amazonienne.
Ce qui est pénible, c’est la présentation de l’archéologie dans le monde occidental. Soit l’équipe Britannico-colombienne sortait pour la première fois de son bureau universitaire, soit elle a sciemment menti au Guardian. Je me suis rendu en 2019 au Guaviare pour voir ces peintures : j’ai l’impression d’avoir visité un lieu différent. Je souhaite ainsi rectifier quelques contre-vérités.
La découverte de la Chapelle Sixtine des peintures rupestres
Le lieu est splendide, certes, mais il est connu de toute la population. C’est à San José del Guaviare, la capitale du département du Guaviare de Colombie, qu’on m’a indiqué comment trouver le lieu.
De plus, les peintures sont nommées les « peintures rupestres d’El Raudal du Gaviare », du nom du hameau (El Raudal) qui est situé à deux heures de marche du site. Le site a un nom. Et il est fréquent, en dehors du monde occidental, de ne pas donner de noms aux lieux. Un lieu anonyme ne signifie pas qu’il soit inconnu de la population locale.
La dangeureuse amazonie colombienne
Visitez responsablement les peintures rupestres d’El Raudal
Vous pouvez visiter sans aucun problème le site des peintures rupestres d’El Raudal. Cela n’a rien de dangereux. Peut-être la partie la plus sincère de l’article du Guardian concerne la beauté des peintures. Elles sont, il faut bien le dire, exceptionnelles. Elles se trouvent réparties sur plusieurs étages, et même sur plusieurs sites.
Les quelques maisonnées où vous pourrez vous loger seront ravies de vous accueillir. On ne gagne pas beaucoup d’argent à El Raudal, et les touristes sont les bienvenus.
Mais ne touchez pas ces peintures qui ont traversé les millénaires. Certains jeunes locaux le font et détruisent ce patrimoine de l’humanité.