Le prix de l’essence…

… et ses réactions stupides.

Le prix de l’essence atteint des records, bien qu’en termes relatifs, il est encore bien en deçà des années 70, lors des crises pétrolières. Il devient cher de se déplacer, cher de se chauffer, et même si pour l’instant, cela ne s’est pas répercuté en inflation, ça ne devrait pas tarder avec le prix actuel.

Le symptôme est visible, et les causes connues : entrée de l’Inde et de la Chine dans les pays massivement consommateurs de pétrole (pression de la demande), peur de la raréfaction de la matière première (toujours pression sur la demande), vaguement une raréfaction de l’approvisionnement, avec l’Irak devenu simple petit exportateur depuis 1991 (phénomène renforcé depuis 2003, raréfaction de l’offre), et plus récemment le cyclone Katrina qui dévaste des rafineries dans le sud des USA (toujours raréfaction de l’offre). Ces 2 derniers phénomènes sont toutefois à relativiser, puisque l’Arabie saoudite ne cesse d’augmenter son exportation de brut, et peut combler quelques déficits passagers. Toutefois, ce n’est pas parce que aujourd’hui la pétromonarchie peut augmenter sa production et obtenir un résultat, que demain ce sera le cas. Ses capacités productives sont quasiment au maximum, et elle ne pourra pas, quelques soient les gémissements occidentaux, quelques soient les pressions exercées par les USA, aller au-delà.

Conclusion ? Le prix de l’essence va augmenter. L’offre peut encore augmenter, l’Irak peut à nouveau redevenir un grand pays exportateur, mais il faut se rappeler qu’au faîte de sa gloire, le pays ne dépassait pas le 10 % de la production mondiale. L’Arabie saoudite, c’est près de 25 %, et elle est en panne. Donc l’offre aura beau monter d’un chouillat, elle ne comblera pas les problèmes matériels de surplus de demande et psychologique de crainte du consommateur. L’essence, plus que jamais, va être chère.
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Le retour du plombier polonais masqué : il est en Suisse

Votation sur l’accord bilatéral UE-Suisse : Cachez-moi ce plombier que je ne saurais voir

La Suisse s’apprête à voter le 25 septembre 2005 sur l’extension au dix nouveaux membres de l’Union européenne (UE) de la libre circulation des personnes, l’un des volets l’accord bilatéral Suisse-Union Européenne. Sur de nombreux points, l’émotion provoquée par les arguments d’opposition (de droite ou de gauche) n’est pas sans rappeler ce que vient de vivre la France le 29 mai dernier : on y discute beaucoup de plombier polonais.

Face à des discours aux senteurs xénophobes consécutifs aux débats populaires sur le Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) en France, la réaction de l’office du tourisme polonais à Paris a été exemplaire. Tournant en dérision les dires des détracteurs du traité, elle pouvait même rassurer par son audace. Mais après tout, les Polonais ont eux aussi connu des débats teintés de peur de l’étranger, et ce peu avant son adhésion à l’UE. Peur de perdre la main sur le marché national de l’électricité, peur de devoir assumer le rôle de gardien des frontières européennes, peur de l’immigration ukrainienne, les arguments qui ont fusé de part et d’autre n’atteignaient pas des sommets.

Toutefois, si le débat sur l’Europe, qu’il soit français ou polonais, trouve pour terreau commun la peur, il serait maladroit de penser pouvoir évacuer cette frayeur sans s’y attarder : le malaise est plus profond qu’on ne le croit, il contamine tous les débats européens aujourd’hui. Même les pays hors UE, comme la Suisse.

La Confédération helvétique a pour image bien ancrée dans l’inconscient collectif d’être un eldorado banquier; ce que l’on a tendance à oublier, c’est que si le pays possède le deuxième PIB par tête d’habitant le plus élevé au monde (après le Luxembourg, chiffre 2001 Banque Mondiale), il a aussi dans un de ses cantons un taux de chômage que l’on pourrait cyniquement qualifier d’eurocompatible : 7,5 % à Genève, l’un des deux poumons économiques du pays.

Avec son marché du travail difficile, la crainte de l’ouvrier polonais domine les débats lorsque l’on parle d’Europe dans le montagneux pays. Simple effet boule de neige ou réelle angoisse ? La persistance, la virulence des propos entendus çà et là sont autant d’indices que l’inquiétude n’est pas que passagère. Le parti de l’Union Démocratique du Centre (UDC), première force politique du pays, s’est hissé à cette place à coups de formules expéditives stigmatisant les étrangers, la criminalité galopante, le libéralisme économique débridé.
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Google Earth

Je suis assez branché astronomie, c'est le moins que l'on puisse dire. Et pourtant, j'ai même pas entendu parler de Google Earth, bon sang ! Where on earth had I been !? (euh, pis après je me moques des titres de Vincent... ahem). Vincent-le-bien-nommé, justement, m'avait parlé du Worldwind de la Nasa. J'étais en plein boulot, pis fallait installer des trucs .NET (runtime). Moi j'aime pas ça. J'ai donc pas installé. Et bien que je ne puisse pas comparer les…

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Bégayement

Pourquoi entends-ton certains nous répéter les mêmes choses, notamment les personnes âgées ? Pour une raison simple : plus rien de très excitant dans leur vie. A un moment donné, pour une raison ou une autre, on ne vit plus que de ses acquis. On décide, par exemple, de ne plus prendre de risque. Dès cet instant, on devient le dépositaire vivant de sa propre mémoire. On vit pour perpétuer ses expériences, aventures, réflexions passées. Et lorsque malgré tout, un…

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Identity

Si tout le monde connaît l'histoire des Dix petits nègres d'Agatha Christie, James Mangold (réalisateur du superbe Copland) s'est mis dans la tête de nous resservir une version contemporaine de l'angoissant livre. C'est donc à travers l'histoire d'un déséquilibré mental, atteint d'une "dissociation de la personnalité" (une schizophrénie aggravée, pour les béotiens comme moi), qui voit ses différentes personnalités s'affronter lors d'un huis-clos, va nous plonger au coeur d'une réflexion sur la maladie psychique. On va ainsi assister à une…

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Spider-Man

Sam Raimi était un réalisateur qui promettait. L'auteur d' "Un plan simple" m'avait ravit, l'histoire de corruption et trahison dans cette froide petite ville américaine augurait le meilleur. Le froid communiqué m'est resté dans ce nouveau film, mais un froid indolore, indifférent, une couverture givrée qui endort et non qui pousse à se remuer. Un film impersonnel donc, avec une répétition de clichés comme si Raimi n'était plus capable d'originalité. Spider-man nous conte l'histoire archi-connue de Peter Parker, un lycéen…

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Thin Red Line, the

La croix de guerre, la médaille de la bravoure, et quantité d'autres décorations de mérite sont les symboles qu'on nous assène, sans remords, dans les films de guerre. Oui, parce que la guerre c'est avant tout une histoire d'homme, de courage, de fierté, d'honneur. L'image de guerrier vaillant, le fusil droit comme un "i", partant défendre sa patrie est une espèce d'idéal commun qu'on veut nous faire avaler. Des hommes comme Mallick, ou Peter Kosminsky (Warriors, 1999) tentent de voir…

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Matrix Reloaded

On peut souvent entendre que pour connaître la qualité d’un homme, il faut voir ce qu’il a dans le pantalon. Ca choque, et pourtant on a l’habitude de faire la même chose avec les films, et de regarder ce qu’ils ont dans les effets spéciaux.

De ce côté-là, Matrix Reloaded se rapproche des tous grands, car le seul poste « SFX » dans la rubrique comptable est griffonné d’un $100’000’000. Ahem, il y a parfois des choses indécentes en ce bas monde.

La suite de l’équivalent des chocs pétroliers des années 70 dans le cinéma était, il faut l’avouer, déjà condamnée avant sa sortie. Au contraire de ce qu’on pouvait entendre après l’une des autres trilogies, Lord of the Rings (LOTR), peu s’attendaient à être aussi émerveillés avec la séquelle du révolutionnaire Matrix. Il faut dire que le premier volume avait déclenché un raz-de-marée, que le temps nous permettra de comparer ou nom avec la troisième grande trilogie de ce début de siècle, j’ai nommé Star Wars.

La triple comparaison n’est pas ici gratuite : chaque triptyque contient une proportion ahurissante d’effets spéciaux, chacun a une cohorte de zélés fidèles, chacun se veut comme une oeuvre majeure de cinéma.

Mais la relation s’arrête à cela, du moins avec Star Wars ; peut-être parce que ce dernier est déjà la suite d’une autre trilogie, ce sont bien les premiers épisodes de LOTR et de Matrix qui ont déchaînés les foules et accessoirement fait couler beaucoup d’encre. Les deux (trois) réalisateurs ont fait le choix de sortir les deux derniers épisodes à une très courte échéance. Mais poussant la scission plus loin, Matrix se veut a connotation philosophique, et LOTR seulement contemplatif.

Matrix première mouture fût une innovation technique sans précédent dans le monde de l’info-cinéma et dans l’esthétique cinématographique. Utilisant une technique française, précédemment testée dans un clip de Daft Punk, les 360° virtuels se sont incrustés dans nos rétines, mais dans nos consciences aussi. De nombreux films y feront référence, l’utiliseront, la parodieront. L’esthétique elle-même, d’un teint verdâtre, les combats, intronisant enfin les cascades hong-kongaises et ouvrant la grande porte à une multitude de films de genre (notamment Tigres et dragons), bref, détracteurs ou amateurs, il faut avoir l’honnêteté de l’avouer, quelques furent les défauts de Matrix , il y eu un avant, il y eu un après. Ce qui prétendent le contraire sont aveuglés par un idéologie boiteuse, et se mentent à eux-mêmes.

Malheureusement, le deuxième opus se révèle une copie en ce qui concerne l’esthétique, ou l’innovation technique. Les frères Wachowski se reposent sur leurs lauriers ? Peut-être, mais au moins ils gardent une certaine cohérence avec leur premier film. Les cascades sont identiques, les combats pareils, sauf peut-être que le super-héros Neo peut maintenant voler; il ne lui manque plus que les collants et la cape rouge, et la ressemblance est telle que je me suis vraiment attendu à le voir faire tourner la Terre, pour remonter dans le passé… à la mort de sa douce. Ce n’est pas une attaque gratuite, je l’ai vraiment pensé (bien qu’un court instant), vu le nombre énorme de clins d’oeils (hommages, diront certains) faits à quantité d’autres films.

L’échec principal de Matrix 2, c’est de ne pas avoir su nous faire oublier la première édition. Nous n’attendions pas de nouvelles techniques à couper le souffle, mais nous rebâcher ad nauseum les mêmes combats, les mêmes effets à tout bout de champs, c’en est réellement lassant. A certains moments, on ne comprend même plus pourquoi les protagonistes se battent, si ce n’est pour faire (beaucoup) bosser les boîtes de SFX. La scène où Neo se bat face à l’armée d’agents Smith aurait pu être délectable (et tendre vers un Being John Malkovitch ), mais elle est bêtement longue. C’est simple, le film dure plus de 2h, et les bons deux tiers sont consacrés aux bagarres. Pour un peu, on en regretterait Bruce Lee.
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