Les 4 (quatre) accords toltèques : la voi(x)e Coelho de l’Amérique centrale

Aime-toi toi-même avant d’aimer ton prochain. Voilà résumés, mais je pense sans raccourci, les 4 accords toltèques tels que présentés par Don Miguel Ruiz Ruiz Don Miguel, Les quatre accords toltèques, Edition Jouvence, 2005. Une sagesse ancienne, que l’on retrouve à peu près dans toutes les cultures. A chacun de trouver sa voie, de suivre sa propre initiation, car toute l’humanité serait « à la recherche de la vérité, de la justice et de la beauté ». D’autres remplaceraient ce triptyque par « force, sagesse et beauté », ce qui revient peu ou prou à la même chose. Ayons l’illumination, suivons la lumière qui nous montre le chemin; Socrate ou un chaman toltèque, après tout, c’est du pareil au même. Le monde visible n’est qu’un reflet de la réalité, aussi bien chez les philosophes socratiques, que pour les chamans toltèques, pour qui la mitote nous empêche de « vivre notre rêve ».

Il y a évidemment beaucoup de bon sens. Passer de l’avoir à l’être, voilà une filiation que ne renieraient pas Jésus, Bouddha ou Zarathoustra. On ne peut que se retrouver autour de tels objectifs : apprendre, grandir, expérimenter, ne pas souffrir. Faire le bien : voilà qui relie les 5 continents, du nord au sud. Mais il existe deux pôles d’influences et de méthodes pour appréhender ce parcours initiatique : la manière philosophique, et la manière religieuse. La première est plus ardue, une pente qui ne fait que se répéter à l’infini. C’est le chemin qui compte. A l’inverse, la version religieuse vous donne clés en main les solutions. Car il suffit de « vouloir » pour pouvoir. La volonté abat les montagnes. Nous avons tous en nous le pouvoir d’un dieu : le rêve américain dans toute sa splendeur.

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Michel Foucault « Surveiller et punir », ou la prison normalisatrice : une allégorie sociétale

Souvenez-vous : il y a 35 ans, Foucault s’en prenait à l’univers carcéral. Incapable de répondre aux attentes des politiciens, de la société ou des prisonniers eux-mêmes, la prison française était victime de la révolte de ses occupants, du défaitisme politique et de l’incompréhension du grand public. C’était 6 ans avant l’abrogation de la peine de mort (et donc de l’adhésion pleine et entière à la prison comme seule réponse à la délinquance), mais aussi 150 ans après ses premiers essais à grande échelle en Hexagone. Foucault écrivait alors que rien n’était vraiment nouveau, que les problèmes de l’univers carcéral étaient structurels, presque ontologiques à la prison; pour preuve, presque 4 décennies plus tard, les questions sont rigoureusement les mêmes, et les réponses aussi – comprendre, inexistantes. La seule différence, c’est que l’emprisonnement – la privation de liberté – comme riposte à l’illégalité pénale s’est encore plus engoncée dans ses certitudes, à peine effleurée par les complications endémiques que sont la criminalisation des petits délinquants et de la surpopulation des établissements pénitentiaires; rien, ou presque, n’a changé en deux siècles, les attentes contradictoires sur ce que doit être la prison sont rigoureusement identiques, et les échecs tout aussi patents.

Dans son « Surveiller et punir » de 1975, Michel Foucault ouvre la réflexion sur l’artifice du supplice : grand déballage qu’on qualifierait aujourd’hui « d’évènement médiatique », les scènes de tortures n’avaient pas pour objectif – selon le philosophe – de décourager seulement la reproduction de l’acte condamné, mais principalement de rappeler quelle était la puissance du prince, seul habilité à décider du bien et du mal. Atteint dans les fondements de sa légitimité par le forfait accompli, il livrait en place publique un combat contre le criminel – un combat joué d’avance. La crainte du peuple n’était pas seulement un effet de bord, mais bien l’objectif recherché; la cohésion dont faisait preuve la populace lors de ces démonstrations soudaient autour du souverain re-légitimisé, garantissait la pérennité de la soumission de ses sujets.

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