Obama et la continuité de la politique US; révolution programmée ?

Obama est certainement ce qui arrive de mieux aux USA depuis Kennedy. Un souffle d’air frais, une intelligence réellement idéale et non de circonstance uniquement, une empathie qu’on avait jamais vu parmi les politiciens de ces cinquante dernières années. Diplômé en relations internationales et en droit, il a su marier ses années d’éducation avec un militantisme tout d’abord éloigné des querelles politiques. Il est atypique dans l’univers politique étasunien; mais est-ce pour autant qu’un homme seul peut changer un pays tout entier ?

En matière de direction d’un Etat, la démocratie a tendance à placer des espoirs bien trop élevés sur ses dirigeants. Les attentes dépassent la marge de manoeuvre d’un leader politique, soumis à des contraintes invisibles; un homme politique, même élu, doit composer avec la situation crée par son (ses) prédécesseur(s), un contexte économique (et les moyens hérités de celui-ci), des alliances de circonstances, les promesses lancées durant sa campagnes, l’état des relations avec ses partenaires, etc. C’est pourquoi, à l’arrivée, l’électeur est parfois déçu du résultat, il ne comprend pas le décalage entre la volonté affirmer de procéder à des réformes, et le peu d’action entreprises par celui-là même qu’il a élu.

Ainsi, on a tendance à user de ce lieu commun du « ils sont tous pareils », prélude à un « tous des pourris ». Cela pour bien souligner que la classe politique, dans son ensemble, est peu courageuse, et qu’à droite comme à gauche, le statu quo est privilégié. Bonnet blanc ou blanc bonnet, au nom du réalisme, on approche les relations internationales comme une longue suite d’évènements qui se répètent plutôt que comme des ruptures. Et très souvent, c’est à juste titre, les réformes étant par définition plus hasardeuses que le statu quo; dans le premier cas, qui en dehors des devins serait à même de prédire avec certitude les résultats ?
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Rappels élémentaires sur les institutions démocratiques – la démocratie en Suisse, c’est aussi le parlement

La démocratie foulée au pieds en Suisse ? Mon oeil !

Le 7ème membre de l’équipe composant le cabinet ministériel suisse est désormais connu : Mme Wider-Schlumpf, qui ne s’attendait décidément pas à tant d’honneur. Elle a accepté la double charge de Conseillère fédérale, et de cheval de Troie potentiel infiltré dans le parti dont elle est issue, l’Union démocratique du centre (UDC, extrême droite suisse).

Les commentaires sans grande classe, émanant d’un parti éméché par la défaite, ont dénoncé le manque de conformité avec les règles démocratiques, et le peu de cas fait de la souveraineté populaire. Au-delà des déclarations émotionnelles, somme toute compréhensible pour un parti qui subit l’une des plus grandes défaites de ces deux dernières décennies, peut-on parler de parlementaires irresponsables et indifférents au choix des électeurs ? Assurément non, et nous allons voir pourquoi.
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Pour en finir avec le 11 septembre, le président du 12 septembre

Le 30 septembre dernier, Thomas Friedman s'est fendu d'un éditorial qui, sans représenter à lui seul tous les Etasuniens, donne une bonne idée de la remise en question qui agite aujourd'hui bien des esprits au pays de l'Oncle Sam. Il est temps de se rappeler que les USA sont une démocratie si forte, qu'elle est capable de nourrir une opposition en son sein. C'est également une démocratie qui partage tant de nos valeurs, qu'il serait malvenu d'en rester éloigné. Les…

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Quelques enseignements du vote italien

Alors que les résultats finaux (mais non définitifs) continuent d'empoisonner un peu plus le monde politique italien, on peut tirer quelques enseignements des élections italiennes: 1/ Chaque voix compte. A ceux qui ne l'avait pas compris lors des récentes élections allemandes (et la dispersion majeure des votes), des dernière et surtout avant-dernière élections présidentielles étasuniennes, ou encore de la très emblématique élection présidentielle française de 2002, le rôle de chaque citoyen n'est pas négligeable. Quelques milliers de votes, parfois quelques…

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Prise trois : l’extrémisme à nouveau au pouvoir, rappel

La victoire du hamasAprès avoir annoncé la « victoire confortable » du Fatah dans la journée du 25 janvier, les journaux ont dû tourner casaque : c’est le Hamas, parti prônant la lutte armée contre Israël, qui dans les faits a la majorité (mais non absolue) au parlement palestinien.

Ma réaction à vif fût de faire un parallèle avec l’Algérie. L’Algérie est une sale histoire qui m’a fait beaucoup réfléchir sur le concept de démocratie, sur des propos démagogues au possible tels que « le peuple a toujours raison ». L’Algérie est à ma connaissance le premier fossoyeur de Rousseau : en décembre 1991, le FIS prédit dès le premier tour comme étant susceptible de prendre le pouvoir dans le vaste Alger, toute l’élite politique refusera l’évidence, se sacrifiant (« démission » du président Chadli) au nom de la démocratie. Souvent bien aidée par l’armée, mais ce n’est pas le propos : l’Algérie démontre que le peuple n’a pas toujours raison, et que parfois il peut pousser les dirigeants à choisir entre la préservation des valeurs démocratiques, et la préservation de la démocratie elle-même. Cruel dilemme, surtout lorsqu’on sait rétrospectivement que de ce choix résultera la guerre civile la plus meurtrière qu’ait connu un pays arabe. Contrairement aux idées reçues, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par la voie des urnes : n’oublions pas l’incendie du Reichstag. Et jusqu’à l’Algérie, on pouvait encore croire que des élections démocratiques permettaient de se prémunir contre le fascisme, qu’il soit vert ou brun.

Une seconde piste de réflexion m’a été suggérée par le blog « le monde à l’envers », lequel se lance dans une comparaison avec l’arrivée du FPOe de Joerg Haider en Autriche. Bien qu’en (très) profond désaccord avec la plupart des billets de ce blog, je trouve la comparaison plutôt bien trouvée : c’est pourquoi je me suis lancé dans l’épluchement des archives d’époque, des commentaires liés à l’arrivée de Haider. Bien que conscient des grandes différences qu’il peut exister entre l’histoire autrichienne et palestinienne, des limites de l’analogie entre les deuxième et troisième exemples d’une population portant démocratiquement le fascisme au pouvoir, je crois qu’il peut être intéressant d’observer comment l’information fût traitée en octobre 1999, lorsque le FPOe fût la grande surprise législative autrichienne, arrivant en deuxième position derrière les éternels sociaux-démocrates, et devant les conservateurs.

Plus qu’une comparaison Palestine-Autriche, je vais me hasarder à retracer de manière relativement détaillée les événements qui suivirent la percée du FPOe. En effet, si la tentation d’en extraire la seule moelle est forte, à des fins analytiques, le futur comportement du gouvernement palestinien est à mon avis très incertain. Aussi, la synthèse comparative serait par trop biaisée pour être objective; ma rétrospective sera donc principalement factuelle.
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