Wolfowitz, la Banque mondiale et les néo-conservateurs : le ménage à trois est impossible

Si il est bien quelque chose de noble au sein du néo-conservatisme étasunien, c’est le sens de l’amitié. Peu reluisant, plus repoussant, sont le mensonge, la vénalité et le manque total de scrupules des membres de ce courant politique appartenant à l’aile droite du parti républicain.

Comment oublier que les attaques d’une rare violence émises par les néo-conservateurs à l’encontre des systèmes onusiens, taxés d’inutiles, gaspilleurs, lents, et surtout corrompus ? Si la ferveur anti-multilatéraliste atteint son apogée avec les refus conjoints sino-franco-russe d’entrer en guerre contre l’Irak aux côtés des USA, l’affaire pétrole contre nourriture qui éclaboussa Kofi Annan (ancien secrétaire général de l’ONU) par l’entremise de son fils sera montée en épingle par l’administration Bush pour en faire un exemple. Une illustration des dysfonctionnements de l’ONU. Une démonstration de la corruption inacceptable qui habite le fruit onusien, où les vers se régalent. La nomination de Bolton, détracteur de longue date de l’institution mondiale créée par F. Roosevelt au cours de la Seconde Guerre Mondiale, sera significative du mépris dans lequel est tenue l’ONU.

Pourquoi tant de haine à l’égard du multilatéralisme ? Officiellement, les systèmes internationaux sont corrompus, dirigés par des affairistes. Aussi, la somptueuse voie de garage offerte à Paul Wolfowitz (moteur d’importance de l’idéologie néo-conservatrice), alors adjoint à la Défense US, semble prometteuse : le voilà affecté à la prestigieuse Banque Mondiale, organisme international chargé (entre autre) de financer des projets dans les pays en voie de développement. Le faucon Wolfowitz, dans le développement ? La suspicion sur ses qualités et ses qualifications perçait parmi les membres de l’institution, mais puisqu’il est de tradition de laisser les USA libres quant à la nomination du président de cette dernière, les plaintes finirent par s’étouffer.

Or, contre toute attentes pour les néo-conservateurs, l’un d’entre eux a fauté, se livrant au péché de l’abus de pouvoir : M. Wolfowitz n’a rien trouvé de mieux que de s’adonner, sans en toucher mot à ses collaborateurs, aux vices de l’amour et de l’argent. Sa compagne, déjà en poste à l’arrivée de Wolfowitz, s’est retrouvée avec un salaire substantiellement revu à la hausse depuis l’arrivée du nouveau président.

Cette rétribution fallacieuse est un crime en soi : c’est toute la crédibilité d’une institution cruciale pour les pays en voie de développement qui est remise en cause. Une organisation qui n’a de cesse de faire la leçon à ces pays en matière de corruption, justement. Et si, dans la plus pure tradition néo-conservatrice, l’homme à l’origine des troubles ne démissionne pas, c’est parce qu’il a l’appui de ses amis. Ses proches, idéologiquement ou amicalement, qui ne le lâchent pas.

Une schizophrénie, un double discours, les qualificatifs à l’égard de l’hypocrisie des néo-conservateurs sont multiples et tous bien peu reluisants. La transparence et l’honnêteté, c’est très bien, mais c’est pour les autres; à chaque fois qu’on croit atteindre des sommets, on se rend compte que les néo-conservateurs ne faisaient que se cacher derrière une montagne plus lointaine, mais plus élevée encore.

Vivement 2008, et que ce pays se dote enfin des dirigeants dont il a besoin pour faire face aux défis sans précédents auxquels il doit faire face.

Pour en savoir plus : article de Jim Lobe

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