Le nucléaire, c’est de la bombe !

Il y a des fois où l’on se trouve bien malin d’avoir eu une idée, puis on se rend compte que 3 semaines plus tôt la même idée a été appliquée avec un talent extraordinaire :

« Monsanto président » et « le nucléaire, c’est de la bombe », ils ont pris du bon temps les salauds.

Cet article a 8 commentaires

  1. Julien

    (Ok, après relecture de ta 1ere réponse, je modère le début de mon dernier post : « tous n’ont pas un contrat qui leur assure d’être payés en cas de grève » ne veux pas forcément dire que tu visais les fonctionnaires. Mais avoue que l’ambiguïté, même involontaire, était belle et bien présente)

  2. Julien

    Ma précision sur l’arrêt de versement du salaire réponds à « (tous n’ont pas un contrat qui leur assure d’être payés en cas de grève) », qui est sans aucun doute un sous-entendu quant au fait que ceux qui font grève dans le public en sont assurés, ce qui est faux… (en passant, voici le lien de la fiche de paye http://www.rue89.com/2007/11/13/pour-en-finir-avec-les-privileges-ma-feuille-de-paie?page=2, et la seconde sur les anti-grèves ici : http://www.rue89.com/2007/11/18/antigr%C3%A8ves-fillon-tiens-bon-gr%C3%A9vistes-%C3%A9go%C3%AFstes)

    En ce qui concerne les deux de mes phrases que tu mets en confrontation, et où il peut sembler y avoir un paradoxe, je crois qu’il faut distinguer le niveau du pamphlet (auquel je me situais dans mon premier post, et auquel tu as réagi au quart de tour!) et qui ne prétendait nullement à une quelconque objectivité, c’était une tournure ironique, car de fait la manifestation prêtait à rire (à moi, en tous les cas). J’adore chanter « les bourgeois, c’est comme les cochons… », pour autant, il n’est pas vrai que je pense que tous les vieux bourgeois sont complètements cons, quand à savoir ce qu’est réellement un bourgeois… De même, je visais simplement à caricaturer le fait que lors de chaque conflit social, on a droit à la même rengaine télévisuelle, où Mr-tout-le-monde est interrogé et se plaint qu’on l’empêche d’aller travailler, qu’il est otage, etc… (soit dit en passant, personne ne « l’empêche » à proprement parler d’aller travailler, le service publique facilitant son déplacement est perturbé, ce qui est différent d’un empêchement, qui consisterait à bloquer l’entrée de son lieu de travail).

    Bref, il faut distinguer le niveau du pamphlet et celui de l’analyse, le premier étant un plaisir qui me permettait de moquer celui qui manifeste pour que d’autres cessent de le faire -il suffit par ailleurs de ragarder le ratio anti-manifestants (lors de cette anti-manif) / manifestants pour voir un énorme déséquilibre en faveur des seconds (à noter que si les manifs sont organisées par des « syndicats éparpillés et idéologisés », l’anti-manif était-elle chapeautée par alternative libérale : idéologie contre idéologie…).

    En ce qui concerne le fond de l’affaire, dont tu dis très justement que je ne l’aborde pas, je le reconnais tout à fait. J’avoue ne pas être assez au fait des métiers concernés pour être certain que ces régimes spéciaux ne sont pas la juste compensation d’efforts particuliers. Quand un corps de métier se bat pour que ses membres bénéficient d’une situation décente, c’est pour la décence des conditions de travail en général qu’ils oeuvrent. Très certainement les motivations des grévistes sont pour une grande part « personnelles » (transposition neutralisée du terme « égoïsme » que tu utilises, tel qu’il est vécu par l’interprétation « adverse » dans le rapport de force). Mais, ce qui a lieu effectivement, c’est que leurs conquêtes consolident et construisent les droits du travailleur de manière globale. Il n’y a qu’à voir comment, lorsqu’il échouent, la dislocation de leur statut sert d’exemple et de justification au démantèlement du statut voisin (regardons la réforme des retraites svp 🙂 ). Tous les travailleurs ont intérêts à ce que certains défendent leur conditions de travail… C’est pourquoi je m’inscris en faux contre ta dernière phrase, ces combats sont certainement insuffisants, mais c’est bien souvent au travers de contestations « égoïstes » (d’autres diraient « personnelles ») que l’histoire sociale avance, semblable -toute proportions gardées- à cette ruse de la raison dont parlait Hegel du point de vue de l’Histoire générale, qui fait que pour des raisons tout à fait passionelles, personnelles, l’Histoire objective se développe (mais ce n’est là qu’une analogie…).

    Bref, je m’arrête là, mais je crois que de multiples dimensions jouent ici (car s’il faut prendre en compte l’inquiétude effective de ces anti-manifestants, celle des grévistes ne sont pas non plus à résumer à un simple égoïsme ou à une manipulation syndicale, ici aussi il faut bien rendre compte sans trop de naïveté ni de paranoïa de ce qui a lieu), et notamment le fait que l’on a en France un gouvernement dont la politique apparait à beaucoup clientéliste, et réserver à son sommet un certain nombre de privilèges (140-170% d’augmentation du chef de l’état, bouclier fiscal, qui sont les personnes aux postes clefs des grands médias en france? Le beau-frere de N.S., le parrain de son fils, etc… Points que l’on pourrait à coup sûr discuter, mais qui néanmoins sont perçus ainsi).

    Pour ma défense, et pour rentrer dans des considérations auto psycho-sociologiques (j’invente des mots si je veux), il faut dire que je me situe historiquement dans une tradition familiale, ainsi que par goût, dans une tradition plutôt « contestataire », qui a certes peut-être tendance à parfois m’aveugler un peu (mais qui échappe à ce genre de pré-dispositions?), mais qui en tous les cas permet d’expliquer la teneur de mon premier post, qui n’était vraiment qu’un petit mot ironique sans conséquence, pour le plaisir de laisser un mot sur ton blog, et ne prétendait à la base pas forcément à prendre une position distincte, chose à laquelle j’ai du me résoudre pour te répondre. Mais au moins cela a encouragé la discussion!

  3. jcv

    Je ne comprends pas la raison de ta précision sur l’arrêt du versement des salaires aux grévistes; est-ce que j’ai sous-entendu l’inverse ? Ai-je écris qu’ils faisaient grève sans aucune conséquence pour eux ? Je ne pense pas l’avoir abordé, car à vrai dire, je n’en vois pas vraiment l’intérêt. Ils prennent aussi le risque de se faire taper sur la gueule par des CRS, mais c’est le (triste) lot des grévistes.

    Outre le fait que la grève elle-même est un enjeu social

    Je le comprends bien. Mais la grève pour la grève ne se justifie pas, et tu le comprends parfaitement puisque tu écris que « si quelque chose a lieu, il faut bien en rendre compte ». Et pourtant, tu ne parles pas du fond, hormis la fiche de paye (lien pas bon, en passant). Mais est-ce l’augmentation des salaires, où l’augmentation de la durée de cotisations qui est à l’origine des grèves ? La durée des cotisations. Estimes-tu cette revendication légitime ? Suffisament justifiée pour déclencher une grève qui atteint la société dans son ensemble ? Qui rend la France impopulaire, qui diminuera à court terme le pouvoir d’achat des Français ? Qui augmente l’exaspération face à des corps de métier toujours en grève, déligitiment le droit de grève aux yeux de la population française ?

    Que tu n’abordes pas cet aspect-là, à mon sens préalable à toute discussion sur le sujet, démontre que tu considères que c’est le seul principe (le droit de grève) qui est en jeu. Dans ce cas, il convient d’analyser dans quelle mesure ce principe était en danger avant la grève, et dans quelle mesure il a été défendu. Mais à mon sens, se cantonner au seul principe, c’est rester engoncer dans une idéologie de la confrontation. Une idéologie inutile, dès lors que le gouvernement acceptait (ce qui m’a agréablement surpris, ce n’était pas le cas avant les présidentielles) de négocier avec les acteurs sociaux.

    A faire grève pour faire grève uniquement, on ôte toutes raisons de faire grève. Et je trouve insupportable cette capacité de nuisance qu’ont des syndicats éparpillés, à la forme douteuse (point que tu soulèves), au fonctionnement dictatorial.

    si on a des contre-manifs comme celle dont j’ai parlé au-dessus, ce n’est pas seulement en raison d’un aveuglement général, mais bien d’interrogations réelles, d’inquiétudes qui sont à mettre au compte d’une réalité sociale effective, et non d’une manipulation directement médiatique ou politique (ce n’est d’ailleurs à aucun moment ce que j’ai dit)

    Je te cites :

    où les gens reprenaient en coeur ce fameux laius bien connu des médias depuis que le moyen de communication existe : celui des privilégiés qui empêchent les honnêtes gens d’aller travailler, et qui prennent en otage ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus, cette délicieuse France qui se lève tôt…

    Je t’ai mal compris ?

    À force de niveler par le bas, on en vient à être comme ce prisonnier qui aimait sa cellule parce que c’était la seule chose qu’il connaissait…

    Alors c’est à travers des combats autre qu’égoïstes et corporatistes qu’il convient de prendre les armes. Entrer dans la résistance signifie dépasser son combat individuel, pour adhérer à un enjeu qui nous dépasse. Et je ne vois en rien ce que les grévistes cheminots répondent à cet impératif dicté par le bon sens.

  4. Julien

    Heu… Dois-je souligner que l’affirmation selon laquelle les cheminots ou tout autre fonctionnaires sont assurés d’être payés les jours de grève est à proprement parler un mythe. Cela est tout simplement faux! et fait partie du discours global qui tend effectivement à élever une certaine partie de la population contre l’autre (comme tu le soulignes par ailleurs). Les jours non travaillés sont retirés de la paye, là est la règle. Et si un tel discours a si souvent cours, c’est qu’il est arrivé dans de précédents conflits que l’un des objets de la négociation soit de payer une partie des jours des grève (revendication fondée si dans le cadre de la négociation on reconnaît, rétroactivement, que pour une part le processus de grève était légitime, et que l’on aurait pas fait grève si des conditions décentes de travail avaient été respectées), mais ceci est un processus ponctuel. Et en aucun cas la règle!
    De plus, et à vrai dire je suis assez étonné de lire un discours de cette teneur de ta part : « des gens qui ont envie de bosser, qui doivent aller gagner leur pain (tous n’ont pas un contrat etc…) » : c’est voir les choses à l’envers que de raisonner ainsi. Outre le fait que la grève elle-même est un enjeu social, et que cette manière commune de la délégitimer (otage, etc…) joue un rôle dans un rapport de force, c’est précisément parce que certaines catégories de métiers ont encore la possibilité de faire valoir ce droit de grève qu’il est important de le sauvegarder, même dans des conditions ou le discours contestataire est assez peu claire. Comme si les cheminots qui font grève n’avaient pas, eux aussi, envie d’aller bosser! voilà la feuille de paye d’un cheminot (visible ici)
    1500€, évident que c’est un privilégié… Ã€ force de niveler par le bas, on en vient à être comme ce prisonnier qui aimait sa cellule parce que c’était la seule chose qu’il connaissait…

    Par ailleurs, il y a bien un point où je te rejoins, c’est que si quelque chose a lieu, il faut bien en rendre compte. Et si on a des contre-manifs comme celle dont j’ai parlé au-dessus, ce n’est pas seulement en raison d’un aveuglement général, mais bien d’interrogations réelles, d’inquiétudes qui sont à mettre au compte d’une réalité sociale effective, et non d’une manipulation directement médiatique ou politique (ce n’est d’ailleurs à aucun moment ce que j’ai dit). Le problème est plus à mettre au compte du manque de clarté du discours des grévistes (ou d’une certaines partie d’entre eux), que l’on peut retrouver dans l’éparpillement syndicaliste, comme tu le dis par ailleurs justement. Pour ce que j’ai pu en voir (c’est à dire dans le cadre des manifestations étudiantes), si je peux être en accord avec le fond, la forme est quant à elle bien souvent scandaleuse. Des A.G. où le premier vote à bulletin secret donnait une écrasante majorité à la réouverture de la fac, et où le vote était annulé pour être repris à main levé et, évidemment, effet de masse et intimidation aidant, changeait completement de résultat (comme on le sait, le vote à bulletin secret est une pratique bourgeoise…), de petits énervés hurlant ni dieu ni maître et étant les premiers à se présenter au poste de l’un ou de l’autre, créant ainsi une belle assemblée de petits dieux et de petits maîtres… Bref, non pas que les mouvements sociaux de contestation se résument à cela, ni même les mouvements étudiants, mais il y a bien souvent un grand mélange qui brouille le discours, pour soi et les autres et qui, en mélangeant beaucoup de chose (et souvent la volonté de se prouver à soi-même un certain nombre de choses), donnent autant d’arguments (légitimes, quant à la forme) à la partie adverse pour rallier à sa cause la partie de la population non directement touchée par la question.
    Ceci dit, si tu veux jeter un oeil à ce que donne cette manif-anti-manif (belle antinomie en passant) en question, tu as des vidéos sur le même rue 89 : en suivant ce lien…

  5. jcv

    C’est une façon de voir les choses, mais que je ne partage pas. Les cheminots ont-ils une vie si difficile qu’ils doivent bénéficier d’avantages liés aux métiers dangereux/pénibles ? Sous quel prétexte ?

    Des gens qui ont envie de bosser, qui doivent aller gagner leur pain (tous n’ont pas un contrat qui leur assure d’être payés en cas de grève) sont pris en otage par des syndicats éparpillés et idéologisés. Des syndicats qui après tout ne font que leur job, à savoir défendre leurs syndiqués, mais qui font passer leurs intérêts de manière odieuse et unilatérale, tout fermé à la discussion.

    Je ne suis pas sûr que la manif dont tu parles (mais c’est à voir) m’aurait fait sourire tout comme toi. Surtout que présenter les médias comme défenseurs immémoriaux du travailleur face au gréviste… On va relire la couverture des grèves de 95 dans Libé et le Monde, pour s’en assurer ?

    Comme dans un roman de Zola, les pauvres s’en prennent aux pauvres. Comme dans des émeutes, les voitures des pauvres sont incendiées par d’autres pauvres. Ici, des cheminots pas forcément très fortunés veulent continuer à profiter des impôts des classes moyennes; pas sûr que j’aurais trouvé cette vraie manif de droite aussi décalée que toi.

  6. Julien

    Le principe de la caricature de l’anti-manif est bien marrant. Pour ma part, j’avais eu l’idée de faire une manif où tout le monde serait habillé en crs, histoire de mettre un peu de confusion dans l’histoire… Je me demande si je n’ai pas vu quelque part que la chose avait d’ailleurs été faite (à moins que ce soit une vue de mon esprit, ce qui ne serait guère étonnant non plus). Ceci dit, la réalité dépasse parfois la caricature, comme nous avons pu le voir, nous français, dans le cadre des grèves et des manifestations cheminots/étudiants/etc… Où l’on a eu droit à une vraie manif de droite (anti-manif), où les gens reprenaient en coeur ce fameux laius bien connu des médias depuis que le moyen de communication existe : celui des privilégiés qui empêchent les honnêtes gens d’aller travailler, et qui prennent en otage ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus, cette délicieuse France qui se lève tôt… Bref, on ne savait plus si l’on devait sourire ou se consterner…

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