San andres et providencia à la CIJ!

En 1928 La Colombie et le Nicaragua ont signé un traité délimitant les frontières maritimes de ces deux pays. Ce traité défini légalement la situation des îles de San Andres, Providencia et Santa Catalina qui sont située à  quelques kilomètres des côtes du Nicaragua et à  presque 500 kilomètres des côtes colombiennes. A ce moment la Colombie hérite de manière assez logique de cet archipel. De “manière assez logique” dans le sens où déjà  avant l’indépendance sudaméricaine ces îles faisaient partie de la couronne espagnole attachée à  ce qui est maintenant la Colombie. Au moment de l’indépendance et de la création de la “Gran Colombia” par Simon Bolivar ces îles continuèrent à  faire partie de l’aventure et finalement elles restèrent attachée à  la Colombie malgré l’échec du projet de Bolivar.

Mais voilà  à  cette époque le droit maritime est tout frais, de nombreux traités sont signés. Mais celui la ne respecte pas vraiment les normes en vigueur, ni même la logique géographique. Alors le Nicaragua a décidé de faire appel à  la Cour International de Justice (CIJ) pour réclamer ce qui selon lui doit lui revenir de droit. En ce moment la Cour est en train de se charger du problème. La Colombie défendant bien logiquement son “bien”. La première idée est bien sûr dire que le Nicaragua a signé un traité. C’est vrai, mais entre 1927 et 1934 le Nicaragua était occupé par les Etats-Unis. Alors il est facile de dire (et de démontrer) que le traité a été signé sous la pression d’un tiers. Ce qui, selon le droit des traités (Convention de Vienne sur le droit des traités1969) est une raison pour rendre nul le traité.

Mais pour l’instant la Colombie mise sur la non compétence de la CIJ. La Cour est en train de délibérer, en attendant patiemment le résultat  je me suis dis qu’il était grand temps que d’aller connaître ces petites îles. L’excuse est toute trouvée, il me faut un reportage sur place pour mon blog, sinon ça ne fait pas du tout sérieux. Alors en juillet c’est sûr, je vais y faire un tour. J’ai déjà  réservé les billets!

Les fantômes de Bogotá

CandelariaLa vieille ville de Bogotà¡, le quartier de la Candelaria, est célèbre pour ses vielles maisons coloniales. Un patrimoine absolument magnifique et source d’histoire à  dormir debout. Les habitants de ce quartier en racontent facilement quelques unes, et pour ceux qui prennent vraiment le temps de partir à  leur recherche pourront découvrir quelques perles. Les aventures des premières années de la “fugue” (( elle a été volée par le M19 )) de l’épée de Simon Bolivar est une de mes préférées. Surtout si l’on pense que maintenant beaucoup prétendent que Chavez la conserve précieusement.
Mais la grande majorité des histoires sont relative aux nombreux fantômes qui cohabitent avec les propriétaires de toutes ces maisons. Que se soit dans les anciens bâtiments du DAS, où de nombreuses années de tortures ont marqué les murs de l’édifice reconverti en appartement, ou dans des maisons de plus de 3 siècles, les morts ont toujours des anecdotes à  nous conter ou nous faire comprendre.
Dans le cerveau européen ce n’est pas toujours facile de faire cohabiter ces “faits” étranges avec le scientisme dans lequel nous avons grandi mais ici l’acception des fantômes est complète. A tel point que même El Tiempo consacre un article pour nous expliquer les derniers évènements. Une cérémonie pour la nomination d’un nouveau recteur a pris beaucoup de retard car un fantôme aurait caché les documents nécessaires. Des historiens reconnus ont même fait une recherche pour savoir qui habitaient cette université.
Dans le même ordres d’idée dernièrement une vidéo a été filmée dans un appartement par une personne qui essayait sa nouvelle caméra, on peut admirer une étrange apparition d’une jeune fille… une petite frayeur pour le caméraman, un vrai plaisir pour nous:

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=xhYJuRCdns0[/youtube]

décidément son ” ay ijueputa… que es eso… mierda… no me joda ijueputa vengan … ojo!!!!” me fait mourir de rire

adios glacier, adios

Les souvenirs de voyage sont presque toujours des souvenirs de moments positifs qui rendent nostalgique, nostalgique d’une époque, d’un bon moment. Rarement ce sont des souvenirs tristes, voire même des échecs douloureux. Etrangement le cerveau fait le ménage, où simplement transforme le souvenir difficile en moment où l’on a appris quelque chose.

Cette logique, que je n’imagine pas m’être personnelle a eu une faille il y a quelque temps. Etrangement mon cerveau a transformé un agréable souvenir en un questionnement affligeant.

C’était il y a un peu moins de dix ans, en Bolivie, à  la La Paz pour être précis. J’avais l’adresse d’un centre de guide de montagne qui collaborait avec l’école de guide de Chamonix. En tant qu’amateur d’alpinisme et de ski je me devais d’aller y faire un tour.
Après une courte discussion, on me demande si je sais skier. Bin oui, je crois même que j’ai appris avant de savoir marcher. Quoique, faudrait demander à  mes parents.
Alors vite fait, le guide me dit que si je trouve 4 ou 5 compagnons il nous ouvre la station la plus haute du monde. Waouh, skier à  plus de 5300 m d’altitude ça motive. Le lendemain les compagnons sont tout trouvé et nous voilà  parti pour le glacier de Chacaltaya.

La “station” s’avère être une piste avec un remonte pente… enfin un câble tracté par un moteur de 2 CV sur lequel il faut s’accrocher comme on peut. Le ski à  cette altitude n’est pas la chose la plus simple que j’aie pu essayé dans ma vie, après 3 virages il faut s’arrêter pour souffler.
Dur mais jouissif, un moment inoubliable. Après à  peine trois heures de ski on est mort, complètement mort. Mais quel plaisir!

Jusque là  tout va pour le mieux, je me souviens encore de ces moments avec un sourire aux lèvres, sauf que… voilà … en avril de cette année 2007 je lis un article sur BBC mundo qui m’apprend que le glacier de Chalcaltaya est en train de disparaître de manière accélérée. Ce glacier a plus de 18 mille ans et ces 20 dernières années il a diminué de 80%. On attend sa fin pour 2015… c’est-à -dire maintenant.

à‡a m’énerve, contre moi, contre tout le monde, contre ceux qui ne veulent pas une réduction chiffrée des émissions de gaz, ça m’énerve de penser que je vais devoir apprendre à  mes enfants à  jouer au chameau et non à  skier, de penser qu’on attend parce qu’on ne sait pas quoi faire… ça m’énerve, peut être simplement parce qu’on m’a pourri mon souvenir… mais ça m’énerve.

 

 

Quel futur pour le plan Colombie?

generales_imgarticulo_t1_45543_200767_112604.jpgUribe est, à  nouveau, parti faire un séjour aux Etats-Unis. Il faut croire qu’il aime bien, même si à  chaque fois qu’il y va il revient avec moins qu’au moment de son départ. En plus de tout, il revient toujours un peu plus fatigué, avec plus de cheveux blancs. Un jour on va devoir lui imposer un repos forcé après ses séjours aux Etats-Unis. A ce demander ce qu’il va y faire.
Cette fois, il a du profiter de l’absence de Bush (qui est au G8) pour aller se promener dans les couloirs du congrès. C’est pas qu’ils ne sont pas copain les deux, au contraire, mais j’imagine que d’aller voir Bush ça doit être encore plus fatiguant, il faut aller faire du cheval au ranch, couper deux trois arbres et je ne sais quoi encore. Non cette fois Uribe voulait être efficace, il voulait assurer le TLC et la suite du plan Colombie. Il en a tellement besoin pour sa politique de guerre.

Mais voilà , à  peine arrivé on lui annonce qu’il va recevoir des sous, oui mais un peu moins qu’avant. Rien de bien grave, cela passe de 586 millions de dollars en 2007 à  527 millions prévu pour 2008. 59 millions en moins, ça fait quand même moins de gasoil dans les hélicoptères tout ça. Sans penser que le congrès met une condition: moins d’investissement militaire et plus dans le social…
à‡a c’est une mauvaise nouvelle, c’est quoi le social??? ça veut dire que le gasoil pour l’hélicoptère provient d’un marché équitable?
Grande question, mais en fait la réponse importe assez peu, le problème réel ne vient pas de plus ou moins d’investissement militaire ou social. Le problème vient du fait que le plan Colombie, c’est à  dire la diminution de la culture de coca (le reste étant pour faire passer la pilule du glisofate utilisé pour la fumigation), est un véritable échec. Le bilan est approximativement le même que l’année dernière, sauf que cette fois le gouvernement des Etats-Unis le reconnait.
Tout ça pour dire que Uribe était parti pour assurer la signature du TLC, ce qu’il n’a toujours pas réussit, et il revient avec un Plan Colombie revu à  la baisse… décidément il ferait mieux de rester dans son palais, à  discuter au téléphone avec Sarkozy. Quoique même pas sûr, parce que là  aussi il a cédé sur la libération de Granda, et Sarko a annoncé hier (ou avant hier) qu’il avait de sérieux doute sur la libération des otages.
Pauvre uribe, et dire que même Lina (sa femme) ne l’aime plus…

Pielroja

pielroja

Pielroja est une marque de cigarette colombienne, sans filtre genre Gauloise maïs, on l’appelle couramment “el peche”. Dire qu’elles sont bonnes serait un grand mot, malgré un arrière gout genre vanille qui peut les rendre original, elles sont vraiment forte. En fait le seul truc que j’aime bien de cette marque de clope c’est l’image de l’indien, elle est dessinée sur toute les cigarettes et un dicton populaire nous enseigne qu’il faut fumer sa clope avec l’indien du coté où on l’allume. Simplement parce que

l’indien préfère être brulé que sucé par un blanc

Bien sûr, comme ils le disent si bien sur cette peinture rupestre, fumer est mauvais pour la santé. J’ajouterai surtout si vous voulez jouer au foot en altitude!

mes lectures

marelle21.gifAprès avoir fini Corporate Warriors de P. Singer et The Market for force de D. Avant j’ai enfin un peu de temps pour reprendre la littérature latino-américaine… et ça ne fait pas de mal. Du coup j’ai commencé un classique: Rayuela, de Julio Cortà¡zar, non seulement ça fait plaisir de lire autre chose que de l’académique mais en plus je découvre avec bonheur la vie d’un argentin à  Paris. De plus son oeuvre comporte une originalité, il existe deux ordres de lecture. Un classique du chapitre premier au cinquante sixième, laissant de coté la moitié de l’écrit. Un autre, débutant au chapitre soixante-seize et suivant un ordre défini par l’auteur. La marelle (traduction de Rayuela) est censée nous emmenée au ciel. Affaire à  suivre.
Mes lectures ne seraient pas complètes si je ne mentionnais pas les blogs que je lis, avec encore plus d’attention maintenant. Il y a bien sûr les classiques qui se trouvent dans ma blogliste qui, je me suis rendu compte dernièrement, est très masculine. Un manque de parité total alors qu’il ne manque de blogs féminin excellent. Alors dans mes lectures matinales j’ajouterai sans aucun doute Café Waterford où Sandrine nous emmène en Irlande pays que j’ai simplement adoré, même si finalement les principales choses dont je me souviens sont les phoques qui sortaient leur tête de l’eau gelée de la côte nord où nous allions surfer (et qui par la même occasion me foutaient une super trouille) et le goût de la Guinness qui nous réchauffait après une session.
Et pour le soir je retiendrais Coffee Shop où on découvre les aventures d’une lesbienne fumeuse et fumiste qui file du mauvais coton… mélancolique, drôle ou sympathique, depuis le Mexique. J’aime beaucoup.

Uribe et sa raison d’état

Hier soir Uribe est sorti faire son petit discours explicatif. Il nous a raconté que sa raison d’état c’était la France…Alors que pour certain Sarkozy viole la souveraineté colombienne, Uribe nous dit que les deux chefs d’état s’entendent à  merveille et qu’il se fait un plaisir à  participer à  la campagne de Sarkozy pour les législatives…

On aura tout vu…

Il a aussi dit clairement qu’il cherchait le soutien international et que Sarkozy lui offrait sur un plateau d’argent son soutient devant le G8.

Il dit n’avoir aucune garantie sur la réaction des FARC, mais l’impression que j’avais hier avant son discours me semble s’être confirmée…

Le jeu mentionné hier plus en détail donnerait à  peu près ça (pour répondre à  la demande d’un lecteur…):

Uribe libère unilatéralement

Uribe ne libère pas

FARC libèrent

2/3

3/0

FARC ne libèrent pas

0/2

1/1

Comme Uribe a prit l’initiative de libérer la colonne “Uribe ne libère pas” n’est pas une option possible, le statut quo (1/1) est déjà  rompu. Les FARC auraient donc le choix entre 0 ou 2.
Je considère que Uribe marquerai plus de point que les FARC si l’échange se fait, rendant le jeu un peu bancal mais c’est plus cohérent. Les FARC marquerai plus de point s’ils libéraient les otages de manière unilatérale et Uribe non.

La tendance dominante des FARC devrait être à  la libération, et c’est logique. L’attente est due à  la recherche de la maximisation de visibilité lors de la libération, mais les FARC n’ont aucun l’intérêt à  voir mourir leurs otages, donc un jour ou l’autre ils doivent les relâcher.

FARC/Uribe/Sarkozy: A quoi jouent-t-ils?

imagen-3580623-1.jpgDepuis une dizaine de jours les nouvelles s’enchaînent, Uribe prépare la libération des guérilléros qui aurait accepté le plan gouvernemental de démobilisation. Les FARC s’entêtent à  dire que les promesses d’Uribe sont un rideau de fumée pour cacher le scandale de la parapolitique, qui a prit des proportions inquiétantes pour la stabilité du gouvernement.

Sarkozy a mis du sien dans l’histoire, il est soi disant en contact régulier avec son homologue colombien, voulant garantir la non-intervention armée des militaires colombien pour sauver les otages. Il cherche aussi à  faciliter les discutions avec la guérilla.

En France les journaux titre à  l’optimiste, une grande avancée vers la libération des otages voire même une grande avancée vers la paix. Cependant au jour d’aujourd’hui il n’existe toujours aucune garantie de la bonne volonté de FARC de suivre ce mouvement de “paix”.

Essayer de comprendre les petits jeux de chacun n’est pas une tâche facile dans l’ambiance régnante. Que cherche Sarkozy? Pourquoi les FARC accepteraient-elles de libérer les otages sans rien y gagner? Pourquoi Uribe a-t-il changé sa stratégie de manière si abrupte?

Pour Sarkozy l’explication des élections à  venir et l’envie de faire la une des journaux comme étant le grand sauveur d’Ingrid Betancourt, et par la même occasion faire mieux que son prédécesseur n’est pas à  négliger. Cependant cette vision s’arrête au court terme, et il ne faut pas oublier que les relations franco-colombiennes sont réduites depuis plusieurs années à  cause de cette histoire. La libération d’Ingrid permettrait le renouement de ces relations. La Colombie est actuellement très attractive pour investir, ce serait dommage pour la France de perdre des opportunité. Sarkozy est sans doute prêt à  plus qu’on ne peut l’imaginer pour terminer avec cette histoire. Imaginer une rançon n’est pas complètement absurde, la France n’en serait pas à  son coup d’essai pour libérer ses citoyens séquestrés.

Uribe est évident intéressé par l’affaire, surtout en cette période où sa crédibilité internationale est remise en question, principalement aux Etats-Unis. Dans ce sens Uribe est en train de réaliser un coup risqué mais majestueux. Son revirement politique est palpable seulement au niveau interne, c’est-à -dire que s’il “perd” il perdra seulement de la crédibilité dans ces rangs. La majorité des Uribistes n’étant favorable à  aucune discussion avec les FARC. Perdre signifie que les FARC refusent de relâcher ne serait-ce qu’une partie des otages, alors qu’il aurait libérer plusieurs centaines de prisonnier. Ce “perdre” ne l’est pas forcément au niveau international, car il démontre au monde une certaine ouverture, un effort vers la paix et une volonté d’avancer, ce qui en surtout Europe est très important. Donc ce “perdre” est en réalité un “gagner moins”.

Quant aux FARC elles se retrouvent coincées, difficile de sortir de ce piège tendu par Uribe. S’ils acceptent de libérer des otages, leur possibilité d’être des “stars” d’un jour avec une zone démilitarisé est fichue. Pire encore s’ils refusent, car ils perdraient de la crédibilité en France et probablement en Europe, se reléguant au vulgaire statut d’organisation terroriste avec qui il est impossible discuter. Une brève application de la théorie de jeu nous dirait que les FARC vont relâcher une partie des otages, pour “perdre moins”. Fait qu’ils devraient nier jusqu’au dernier moment pour tenter de décrédibiliser Uribe, espérant qu’il fasse marche arrière.

Uribe sortirai alors grand vainqueur, ouvrant la porte à  une négociation plus ample et Sarkozy serait le sauveur de Jeanne d’arc. La seule véritable perdante est la justice colombienne, Uribe lui passant par dessus sans grande préoccupation. Le pouvoir du politique, qui dans certain cas bien particulier, s’avère nécessaire pour l’avancée d’un pays.