Brésil: Crack en stock

Francis, écrit toujours sur le Brésil, avec une constance que j’envierai presque! Son dernier post en date est sur le crack au Brésil, et comme la drogue est un sujet qui m’intéresse depuis fort longtemps, je ne peux que recommander sa lecture:

Puis-je tout dire sur le Brésil, sur mon Brésil – insensé pari – sans parler du crack ? Hélas non. Le crack fait partie de mon Brésil au quotidien. Rares sont les jours où je ne donne pas une pièce d’un real à  un flanelinha(1) décharné, les yeux injectés de sang, définitivement fatigué. Deux remarques : d’abord, ce portrait à  grands traits qui tient du cliché n’est que trop vrai ; ensuite, que le lecteur ne conclue pas que tous les flanelinhas sont accrochés au crack !

[…]

Il y aurait deux millions de consommateurs à  travers le Brésil. Invérifiable, évidemment, mais l’épidémie continue de se propager, personne n’en doute. « O que fazer ? », dit-on avec fatalisme. Le monde glisse doucement à  sa perte, le crack est une composante de sa faillite parmi d’autres. Révolution ! Nous ne nous en sortirions et nous sortirions les damnés du crack que par une révolution. Mais qui croit encore à  un possible sursaut quant tout est fait pour nous condamner à  la torpeur ?

A lire en entier ici

Rencontre blogueuse

Le temps court, si vite qu’après mon voyage d’homme pressé il était temps de le prendre, le temps, pour voir si plus loin il faisait le même temps. Plus loin ce fut d’abord la jungle amazonienne, les bercements d’un bateau, puis les plages brésiliennes, puis encore les plages, et toujours les plages, les pieds dans l’eau, la tête au soleil, une caipirinha à  la main… mais ce sont d’autres histoires, d’amour et d’eau fraîche.
Nous retrouvons le froid à  Curitiba, il fait à  peine 20 degrés, on sort les doudounes… Ipanema est loin, mais une autre surprise nous attends. Nous sommes accueillis par le célèbre Maikon, blogueur ici, là  ou encore là . Le week-end est partagé entre des visites d’une ville hallucinament organisée et des fêtes où les bombes brésiliennes se trémoussent. On partage deux trois bonnes bouffes et des longues discussions: Maikon prépare son tour du monde, avec son ami Camilo, à  suivre ici.
Pour finir le week-end en beauté, avant de partir pour Iguazu, je prends la patée de ma vie en jouant à  Fifa sur playstation 2, 9:0 ca ne laisse pas indifférent, je m’entraine grave depuis.[singlepic id=258 w=320 h=240 float=right]

Le temps passe et la route, enfin le bus, nous amène jusqu’à  Buenos Aires!!

J’avais quelques craintes en arrivant à  BA, je devais rencontrer toutes une comunauté, une mafia, en décrépitude certes, mais quand même. Les temps des délires guerreux n’étais pas si loin, les rencontres diplomatiques non plus…
[singlepic id=259 w=320 h=240 float=left]Mais rien d’aggressif, au contraire, une première rencontre avec papa Dul, qui refusa très sechement mon invitation au Mc Do (jajaja j’en ris encore en pensant à  sa tête, se demandant si j’étais sérieux)…. Ensuite un apéro qui dure avec Guillaume, puis Clément, Dul… Et finalment le repas, dimanche, jour du seigneur, chez le parrain, Patrick. [singlepic id=260 w=320 h=240 float=right]
Des grands moments d’émotion, sans rire, c’est vachement drôle de rencontrer des gens qu’on connait un peu mais sans jamais s’être vu. La magie du blog. La magie du voyage. La magie des rencontres surprenantes et inattendues qui m’ont fait voir des facettes très différentes d’une ville qui m’avait presque parue sans surprise: belle et mélancolique, vivante et festive, énorme, latine. Elle fut aussi blogueuse… merci à  eux!

Rio 2016

Je suis plus que ravi que les JO de 2016 se déroule à  Rio… C’est ma ville préférée…. Cela dit il va quand même falloir qu’ils se détentent un peu les biquets!
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=vjBdGU1DRvc[/youtube]

À ne pas manquer

Une magnifique histoire, triste et tout mais avec un final où la justice gagne comme dans les films. à‡a se passe sur histoire de voyageurs et c’est raconté par Maikon:

Lors de mon séjour labourable en France, où je travaillais comme professeur assistant de portugais, j’ai souvent souffert du racisme. Dès les premiers mots que j’ai échangés avec ma professeuse superviseure (appelée dorénavant tout simplement « la Vache »), j’ai su que la coexistence entre nous n’allait pas être simple.

Le 4 octobre, vers 8h, je suis arrivé au collège où j’allais travailler pour faire signe que j’étais là . Je me suis présenté au directeur, à  mes futurs collègues et à  ma professeuse superviseure, à  qui, hypothétiquement, je devais aider. Moi, voulant lui donner une bonne impression, j’ai utilisé toute la sympathie qu’a pue m’inculquer ma culture brésilienne. Notre première conversation a pourtant été ainsi :

Moi : Bonjour, Madame. Enchanté de faire votre connaissance.

La Vache : Bonjour.

M : Je voudrais me présenter. Je suis votre nouvel assistant de portugais langue étrangère.

V : Ah, vous êtes donc Maïkon, n’est-ce pas ?

M : Oui, Madame.

V : Avant tout, sachez que vous êtes là  pour m’aider, pas le contraire. M’aider avec n’importe quoi n’importe comment n’importe quand. J’ai déjà  eu plusieurs assistants et tous m’ont causé beaucoup de problèmes, surtout ceux qui étaient brésiliens, car ils étaient tous des paresseux et incompétents. J’espère que vous ne le serez pas.

M : Ben… (quoi dire dans une situation pareille ?)

Moi, j’ai dû pensé à  basse voix : Maïkon, sois le bienvenu, putain !

La suite

Le coton destructeur

Les 95% de nos habits sont fabriqués avec du coton.. du coton en provenance du Mali, des Etats Unis, du Brésil, de Chine, d’Égypte, voire même d’Ouzbékistan. Ce coton est ensuite teint au Vietnam ou aux Philippines, cousu en Turquie, la marque est mise en Norvège…Ensuite ils sont vendus en France. Un beau parcours! Nos habits ont  bien souvent plus voyagé que nous. Et après on se surprend

Le coton du Mali reste relativement naturel mais il disparaît petit à  petit à  cause de la concurrence déloyale du coton des Etats Unis qui bénéficie de subsides hors concours. Les autres cotons sont les produits de la technologie la plus avancée du moment. Les engrais bien sûr, mais aussi des transformations génétiques inimaginables, comme c’est le cas au Brésil, où après avoir rasé une partie de la forêt amazonienne la culture intensive de coton s’installe. la faute n’est pas que brésilienne, on est bien d’accord.

Ce coton subit alors une petite modification:

Les fils que fabriquent les araignées sont remarquables par leur finesse, leur flexibilité et leur solidité. Toutes qualités que nous souhaitons accroître dans notre coton pour en faire le meilleur du monde. La solution est simple. Parmi toutes nos araignées, choisir les meilleurs ouvrières. En prélever le gène et l’introduire dans le plus doué de nos cotonniers.

Erik Orsenna, Voyage aux pays du coton, page 122. un livre à  lire, si ce n’est pas déjà  fait.

Depuis j’achète des chaussettes en Bambou, conçues, pensées et fabriquée en Colombie… Et ce en tout cas jusqu’à  ce quej’apprenne que la culture de bambou fait monter le prix du riz ou nourrit une guerre sans fin comme le biocarburant

Lula sauve le monde

Le président brésilien Lula défend la production de biocarburant devant la FAO. Via Le monde:

“Ne me dites pas, pour l’amour de Dieu, que la nourriture est chère à  cause du biodiesel. La nourriture est chère parce que le monde n’était pas préparé à  voir des millions de Chinois, d’Indiens, d’Africains, de Brésiliens et de Latino-Américains manger”
[…]
“Nous voulons en parler sans passion, de façon rationnelle et pas du point de vue européen”, a poursuivi le chef de l’Etat brésilien. M. Lula répondait ainsi publiquement au rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à  l’alimentation, le Suisse Jean Ziegler, qui avait qualifié de “crime contre l’humanité” la production massive de biocarburants. Les biocarburants ne sont pas “le vilain qui menace la sécurité alimentaire” des pays pauvres, a assuré le président brésilien qui a, au contraire, mis en cause l’augmentation du prix du pétrole et les subventions des pays riches à  leurs agriculteurs. “Rares sont ceux qui mentionnent l’impact négatif de l’augmentation du pétrole sur les coûts de production et qui s’élèvent contre l’impact nocif des subventions et du protectionnisme dans le secteur agricole”, a-t-il accusé. Pour lui, s’il n’y a pas de réduction des subventions agricoles en Europe, il sera difficile pour les pays pauvres d’être compétitifs.

Il a pas complètement tort, mais quand même…

copyright: © Chappattewww.globecartoon.com/dessin

Il nous reste plus qu’à  espérer que Tonton Francis sorte ses super talents et arrive à  le raisonner…

L’art de se rendre indispensable

Il y a quelques années, on regardait depuis l’Europe l’Amérique Latine avec de grand yeux ébahis. La vague rose déferle un peu partout, la gauche gagne le pouvoir pour la première fois dans plusieurs pays. Tout le monde applaudit cette victoire, ce pas franchi vers l’indépendance face à  la baleine du nord.

Les années passent.

Le roi de l’anti-impérialisme, l’empereur Chavez à  commencé à  s’installer au pouvoir comme s’il était chez mémé. Changeant les règles au fur et à  mesure des années, mettant en place une sorte de dictature constitutionnelle, concentrant les pouvoirs, jouant avec l’institution et avec la démocratie. Le thème a été mille fois débattu autant chez l’ami Patxi ou chez Daniel, ou encore chez Jean-Luc bien qu’un peu moins radical.

En Argentine, on joue un peu plus fin, on se passe le relais sous la couette. Au Brésil ce n’est pas clair, mais les mystères ne favorisent pas l’apparition de nouveaux leaders.

Cette gauche latinoaméricaine s’est rendu indispensable, ils ont tous réussit à  se rendre irremplaçable. Leur départ produirai un retour en arrière ou un déséquilibre. Mais cette réussite est maintenant leur pire échec, à  tous. Il ont été incapable de former des politiciens, des suiveurs, des dirigeants capable de continuer leur projet. Incapable de fortifier le fonctionnement démocratique pour lequel ils se sont battu.

En Colombie il est devenu bon ton de se moquer d’un Chavez qui s’est fidélisé, de Correa qui fera sûrement la même chose, de la blague argentine… Lula est pour l’instant épargné.

Même Aznar, ancien chef d’État espagnol, actuellement à  Bogotà¡ est venu mettre de l’huile sur le feu… La démocratie serait en danger sur le continent. Ici avec la plus grande hypocrisie du monde, on applaudit. Je dis avec la plus grande hypocrisie, quitte à  m’attirer les foudres de mes lecteurs colombien, car on assiste vraiment à  une vaste blague.

Inutile de répéter qu’ici tous se prépare pour permettre à  Uribe de briguer un 3e mandat. Lundi j’écoutais les saintes paroles du président du parti de la U expliquant pourquoi il fallait permettre à  Uribe de pouvoir se représenter. Il a simplement comparé la situation actuelle de la Colombie avec la situation de l’Angleterre au début de la seconde guerre mondiale. Churchill a eu les pleins pouvoirs pendant la guerre… Il fallait oser!

Non seulement ses paroles sont totalement incohérentes, le gouvernement nie l’existence d’un conflit, la Colombie étant proie à  la menace terroriste (avec qui on ne devrait d’ailleurs pas pouvoir négocier) mais Uribe ne dit pas non. Selon lui, il “accepterait” de se représenter si venait à  se produire une hécatombe. Qu’est-ce que c’est que ça? allez savoir. Mais tout laisse à  penser que le simple fait que la gauche puisse gagner les élections serait une hécatombe.

Uribe, comme ses voisins et collègues, a peur d’un quelconque changement, comme ses voisins il n’a pas réussit à  assurer à  son projet une continuité, comme ses voisins il n’a pas réussit à  préparer de nouveaux leaders. Comme ses voisins, il échoue sur le thème principal: la démocratie.

Les années passent…

Internationaliser l’Amazonie?

foret-amazonienneLa lecture d’un des post de Francis, qui m’emmena à  celui de Jean-Luc m’a fait revenir à  un vieux débat, toujours d’actualité. L’internationalisation des patrimoines de l’humanité, à  l’instar de l’antarctique on pourrait internationaliser la forêt amazonienne pour tenter de la protéger de manière plus efficace. Sans débattre sur la réelle capacité d’un système international à  être plus efficace que les actuels états chargé de la survie du poumon de la planète. Je voulais aborder la simple idée de réaliser ce petit changement.

Sujet polémique, sans aucun doute, mes amis colombiens m’ont gentiment rappelé la définition de l’impérialisme. Oui mais….

C’est après être passé pour un con que j’ai trouvé un texte, qui date un peu (2000) mais qui vaut son pesant d’or. Cristovam Buarque, ex-ministre de l’éducation brésilien, répond à  la question:

En effet, en tant que Brésilien, je m’élèverais tout simplement contre l’internationalisation de l’Amazonie. Quelle que soit l’insuffisance de l’attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre
En tant qu’humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l’Amazonie, je peux imaginer que l’Amazonie soit internationalisée

Mais il précise et c’est là  que ça commence à  me plaire vraiment:

[…]nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier.
Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l’humanité que l’Amazonie l’est pour notre avenir[…]
De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l’Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d’un pays.
Brûler l’Amazonie, c’est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l’économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation.

Et encore:

Avant l’Amazonie, j’aimerais assister à  l’internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à  la seule France .
Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l’Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d’un seul propriétaire ou d’un seul pays.

Il conclut magnifiquement:

En tant qu’humaniste, j’accepte de défendre l’idée d’une internationalisation du monde.
Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l’Amazonie soit à  nous. Et seulement à  nous!

Vivement que l’ONU nous donne des passeports “planète terre”…