Un homme pressé

Je le disais un jour ici même: « Il y a mille manières de partir, mille manières de voyager, il n’existe pas une fois ou cela se ressemble, pas une fois où on partira sans rien trouver »
Ce jours là  je me voulais philosophe de bistro, pourtant ce voyage à  l’époque avait vraiment changé la donne et m’avait poussé vers l’université… tellement fort que j’y suis resté 5 ans … puis 3 ans pour y bosser. Et peut etre meme que je vais y retourner. Cette phrase, de réflexion à  2 euros, m’est revenue à  la mémoire lors d’un de mes dernier « voyage »….

Mardi, après avoir donné mon cours je n’ai le temps de parler à  personne, je file, oui ma carrière est en jeu, direction l’aéroport. Le taxi fait crisser les pneus sur le bitume bogotien, son klaxon s’use pour gagner quelques minutes. J’arrive tout droit sur le guichet d’Air France, sans faire la queue bien sûr, je n’ai pas le temps… 3 ou 4 miss se charge de moi, tamponne, appelle et rectifie, et me guide jusqu’au VIP. Juste le temps de boire un verre et on m’envoie dans l’avion.
Champagne, foie gras, camembert, vin rouge… petit film et ronflette. Je ne sens pas passer le vol, j’ai dormi comme un bébé, à  peine le temps de lire un document de travail. On commence notre descente sur Paris. Je récupère ma veste et mes costards, je saute dans le premier bus, change de terminal, passe toute la queue de la douane avec une hôtesse, et je remonte dans l’avion. Oui oui j’ai mis un pied en sol français, et je suis bien content d’avoir mangé mon fromage et bu un pastis. Mais je n’ai pas le temps, je file, ma carrière est en jeu.
L’avion suivant est plus petit moins long et très vite j’arrive à  l’aéroport nord de Moscou. Passeport, douane, bienvenue, un chauffeur m’attend, on file… et on arrive à  l’hôtel, ma chambre est au 14e et une collection de document m’attend, je rencontre le coordinateur qui m’explique comment doit se dérouler l’événement, les transports, les restaurants… tout est bien calculé. Je dors 4 heures et c’est parti. Le bus nous emmène à  la salle de conférence.
On se présente, discute, le protocole n’est pas encore vraiment là , pour l’instant on est juste une série de fonctionnaires et d’experts, alors on s’échange nos cartes, nos idées…
Qui veut entrer dans la toile de mon réseau?
La journée finie, on visite un musée au pas de course (le sexe de Raspoutine dans le formol est très beau, oui bien sûr), on mange vite, il faut rentrer à  l’hôtel préparer la journée de demain. 3 heures de sommeil, et on recommence. Je ne sais pas vraiment quel jour il est mais qu’importe, il faut être là , le protocole est de rigueur, les jeux politicodiplomatiques commencent… pas pour moi, je suis juste là  pour présenter, dénoncer, proposer… et Je peux toujours m’ramener ma science.
Militant quotidien…

La journée passe, le soir le musée est annulé, pas le temps, il faut discuter… le restaurant doit être russe, on mange du caviar …. On dort peu, et le lendemain on recommence. La seule différence est que cette fois on fini à  4 heures de l’après midi, et que tout le monde pars en courant. Cette fois j’aurais le temps d’aller voir le Kremlin, la place rouge, d’aller boire une vodka avec mes « compagnons de route » dans le centre archi branché de Moscou ….
Finalement J’connais le tout Moscou et puis le reste aussi.
Je peux repartir, après une nuit d’une heure, mon chauffeur vient me chercher à  l’hôtel et m’emmène tout droit à  l’aéroport où je reviens à  mon point de décollage 5 jours plus tôt. Je m’autorise une demie journée de repos, pour regarder la pluie tomber et inonder les rues de Bogotà¡, je sais que là  au bout du ruisseau il se passe ce que j’ai été raconté à  Moscou, et peut être que dans dix ans on aura réussit à  réguler un problème qui n’existera plus de cette forme, peut être … qui sait… mais ce n’est pas grave… Moi je vais vite, très vite, ma carrière est en jeu.
La mardi suivant à  l’université on me demande comment s’est passé mon week-end… où je suis sorti samedi. Bof … j’ai traversé le monde, mais j’aurais surement trouvé plus excitant d’ouvrir une porte.

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