L’art de se rendre indispensable

Il y a quelques années, on regardait depuis l’Europe l’Amérique Latine avec de grand yeux ébahis. La vague rose déferle un peu partout, la gauche gagne le pouvoir pour la première fois dans plusieurs pays. Tout le monde applaudit cette victoire, ce pas franchi vers l’indépendance face à  la baleine du nord.

Les années passent.

Le roi de l’anti-impérialisme, l’empereur Chavez à  commencé à  s’installer au pouvoir comme s’il était chez mémé. Changeant les règles au fur et à  mesure des années, mettant en place une sorte de dictature constitutionnelle, concentrant les pouvoirs, jouant avec l’institution et avec la démocratie. Le thème a été mille fois débattu autant chez l’ami Patxi ou chez Daniel, ou encore chez Jean-Luc bien qu’un peu moins radical.

En Argentine, on joue un peu plus fin, on se passe le relais sous la couette. Au Brésil ce n’est pas clair, mais les mystères ne favorisent pas l’apparition de nouveaux leaders.

Cette gauche latinoaméricaine s’est rendu indispensable, ils ont tous réussit à  se rendre irremplaçable. Leur départ produirai un retour en arrière ou un déséquilibre. Mais cette réussite est maintenant leur pire échec, à  tous. Il ont été incapable de former des politiciens, des suiveurs, des dirigeants capable de continuer leur projet. Incapable de fortifier le fonctionnement démocratique pour lequel ils se sont battu.

En Colombie il est devenu bon ton de se moquer d’un Chavez qui s’est fidélisé, de Correa qui fera sûrement la même chose, de la blague argentine… Lula est pour l’instant épargné.

Même Aznar, ancien chef d’État espagnol, actuellement à  Bogotà¡ est venu mettre de l’huile sur le feu… La démocratie serait en danger sur le continent. Ici avec la plus grande hypocrisie du monde, on applaudit. Je dis avec la plus grande hypocrisie, quitte à  m’attirer les foudres de mes lecteurs colombien, car on assiste vraiment à  une vaste blague.

Inutile de répéter qu’ici tous se prépare pour permettre à  Uribe de briguer un 3e mandat. Lundi j’écoutais les saintes paroles du président du parti de la U expliquant pourquoi il fallait permettre à  Uribe de pouvoir se représenter. Il a simplement comparé la situation actuelle de la Colombie avec la situation de l’Angleterre au début de la seconde guerre mondiale. Churchill a eu les pleins pouvoirs pendant la guerre… Il fallait oser!

Non seulement ses paroles sont totalement incohérentes, le gouvernement nie l’existence d’un conflit, la Colombie étant proie à  la menace terroriste (avec qui on ne devrait d’ailleurs pas pouvoir négocier) mais Uribe ne dit pas non. Selon lui, il “accepterait” de se représenter si venait à  se produire une hécatombe. Qu’est-ce que c’est que ça? allez savoir. Mais tout laisse à  penser que le simple fait que la gauche puisse gagner les élections serait une hécatombe.

Uribe, comme ses voisins et collègues, a peur d’un quelconque changement, comme ses voisins il n’a pas réussit à  assurer à  son projet une continuité, comme ses voisins il n’a pas réussit à  préparer de nouveaux leaders. Comme ses voisins, il échoue sur le thème principal: la démocratie.

Les années passent…

18 thoughts on “L’art de se rendre indispensable

  1. Il a fallut à la France presque un siècle pour construire sa première démocratie digne de ce nom. Je crois sincèrement que l’Amérique latine à encore besoin d’une génération ou deux pour que ça puisse fonctionner. Avant ça il y aura des tentatives qui marcherons plus ou moins bien. Si par bonheur un Corea réussissait à faire évoluer les choses en Equateur qui sait le mvt en serait peut-être accéléré, le Chili aussi pourrait peut-être servir de catalyseur, si les haines s’estompent un peu et que des solutions soient trouvées sur certains pbs de frontières…

  2. [quote post=”726″]Il a fallut à la France presque un siècle pour construire sa première démocratie digne de ce nom[/quote]

    moi je dirais même un bon siècle et demi.
    Je suis tout à fait d’accord avec toi, simplement je cherche à relever cet écart entre les discours et les pratique. Et aussi à envoyer un indirect à nombreux de mes amis colombiens qui se moquent à tour de bras des voisins.

  3. touché!

    Voilá vous avez connue le clown qui a été a la base de l´incident diplomatique entre Venezuela et l´Espagne, oú notre chére roi a pisé dehors (je ne sais pas si ça s´utilise en française!) et a demandé de se taire Chavez de façon assez enervé. C´est claire que Chavez est un sauteur, mais un chef d´etat ne peux pas s´enerver et repondre comme ça! Il a bien demontré son amitié avec l´expresidente… Bref, tout ça pour dire qu´il ne faut pas trop ecouter Mr- Aznar et que je suis desolé qu´il soit allé vous rendre visite!!!

  4. ouais .. t’aurais pu le garder. Moi je pensais qu’il était interdit de sortie du territoire. Pas très cool ces espagnols 😉

  5. J’me pose une question sur cet incident. en dehors de l’accrochage entre le roi et Chavez, le calme assez incroyable d’un côté de Zapatero et surtout son refus de laisser insulter un ex premier ministre de son pays.
    Aznar ne se retrouve-t’il pas en position d’obligé face à Zapatero et donc de devoir baisser un peu le ton et être moins frontal dans son opposition au gvt?
    Je ne sais pas si je suis un doux rêveur, mais ça serait une bonne nouvelle non?

  6. “Comme ses voisins, il échoue sur le thème principal: la démocratie”
    Pas seulement, car si l’on prend le Chili comme exemple, on s’aperçoit vite que la jeune démocratie peut vite se faire renverser et a des tandance falacieuses (manifestion et dégénération lors de la mise en place du TransSantiago en mai/avril par exemple). La lutte de l’amérique latine est de sortir de la pauvreté et chacun de ses habitants (en arretant de se faire exploiter par les gringos!). Les moyens employés par Chavez ou Morales sont très condamnable surtout en y ajoutant sans le dire une dose de plus en plus importante de dictature. Alors oui la démocratie comme gage de sortie de crise est a priorisé mais associé à une juste répartition des ressources elle ne sera que plus bénéfique.

    Je suis plutôt contre Chavez et entretien un blog qui reprend les faits politiques marquant d’amérique latine. j’ admire votre point d’expression sur la toile, je vous adresse mes félicitations pourvotre point de vue éclairé.
    http://phil374.over-blog.com/article-13902438.html
    http://phil374.over-blog.com/articles-blog.html

  7. Bah oui…ca devrait etre comme ca…
    Mais les reactions ont ete differentes en Espagne, tandis que Aznar a passe un coup de fil a Zapatero pour le remercier sa “defense”, le candidat a la presidence (Rajoy), et fils adoptive de Aznar, a sorti que ca arrivait a cause des “amitiés” que zapatero avait avec les dictateurs d Amerique Latine ou un truc dans le genre…

    Nous avons des elections en Mars 2008, et le partie de Aznar et Rajoy (PP) ne fait que augmenter cette idéee de les deux Espagnes (gauche et droit) et “si tu n est pas acvec moi tu est contre moi” sans un lieu pour le consensus…

    Enfin, ce triste… mais oui, j aime bien rever aussi…

  8. Quels bandes de cons, mais c’est pas possible d’être aussi con!!!

    Le PP a des chances de gagner les prochaines élections?

  9. malhereusement…oui…

    Pour l instant les enquetes donnent un minimum d avantage au Partie Socialiste, mais il restent 4 mois de campagne ou tout peux arriver, et on en a des conservateurs en Espagne!!!

  10. Merci Phil… le seul truc c’est que je ne suis pas encore bien sûr qu’il faille mettre Chavez et Morales dans le même sac.

    merci Nacho.

    Dul… quelle chance, moi j’ai toujours rêver de ça. 🙂

  11. Le pire Toñno c’est que le tonton est un homme adorable et j’ai été sidéré en voyant ma petite femme bien surdita être d’accord avec lui sur pleins de points, entre autre sur l’éducation, j’suis tombé sur le cul!

    Pour ma part c’est plutôt en Corea que je mets mes espoirs pour le moment il me semble un chouillat moins radical que les deux autres, mais bon j’espère que Morales va faire changer la Bolivie vers moins de pauvreté et d’inégalité. Putain faut rêvé quoi.

  12. [quote post=”726″]seul truc c’est que je ne suis pas encore bien sûr qu’il faille mettre Chavez et Morales dans le même sac. [/quote]

    Quand même, ce sont des maîtres de l’expropriation, nationalisation forcé (on pense à Repsol, Total en Bolivie qui ont vu l’armée déployée aux abord des complexes pétrolier pour qu’ils cèdent le capital à l’état). En Bolivie, les parlementaires n’hésite pas à se battre dans leur assemblé nationale : on voit le niveau de la démocratie ! Alors c’est vrai qu’au Vénézuela c’est pas possible car l’assemblé est à la faveur de Chavez, ceci dit le combat (et s’en est un) se fait au sein de l’université de Caracas.
    COncernant Uribe, lui était il si indispensable que ça, la campagne qu’il mène sur fond de sécurité ne me semblerai pas très payante surtout quand il accorde à Chavez de négocier pour tous le monde un accord avec les FARC. M’enfin sait on jamais il reste du temps avant les élections.

  13. Pingback: Uribe rompt la médiation de Chavez sur Corto en Colombie ?

  14. Moi je veux encore faire la différence entre les deux. Morales n’est pas en train de démolir les institutions démocratiques. Il nationalise certes…. Miterrand l’a fait aussi dans son temps, ça n’a pas détruit la France.

  15. Pingback: La crise et le reste... sur Corto en Colombie ?

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