Adios compadres

La vie d’expatriés a quelques points communs avec la vie de voyageur, car même si c’est une vie de sédentaire les “au revoir” ou “adios” sont fréquents. On s’y habitue, ou on les accepte car bien souvent ils nous promettent de nouvelles aventures, de nouveaux horizons. C’est autant la richesse que la tristesse de cette vie. Même si le plaisir de rencontrer, de connaître, de découvrir sont toujours plus fort que tout le reste, il arrive que les “chao compaà±eros” soient nostalgiques.
Alors voilà , adios compadres, les soirées où Rozenn nous corrigeait nos hispanismes tout en chantant un karaoké venu tout droit des Philippines sont passées. On regrettera aussi les cours de flamenco de Nacho.
Je me souviendrai aussi des innombrables fois où Jorge nous disait qu’il allait se coucher tôt aujourd’hui parce qu’il avait du travail et que dans le meilleur des cas à  5 heures il montait dans un taxi en dansant encore la salsa. Ou encore toutes ces fois où on terminait nos soirées dans la tienda du coin de la rue en chantant “don’t cry” avec Manu et Nacho après avoir fait tellement chier le boss qu’il finissait par nous trouver la chanson… on a jamais su pourquoi celle-là , mais on a toujours insisté pour elle. Un mythe je vous dis.
Les soirées où Morgane râlait parce qu’elle était obligée de boire son rhum pur, où Ruth ne pouvait plus marcher avec ses talons (elle n’a jamais vraiment su d’ailleurs…), où Paula et Paulo essayait de nous montrer le “pas péruvien” en salsa, toutes ces soirées qui à  force sont devenues des week-ends complets, resteront parmi les meilleurs moments de cette dernière année.
On reste, avec Paula et Paulo continuellement en train de refaire le monde, préparant les nouveaux plans, le nouveau parche, à  l’affut de la suite…
Alors bonne chance à  tous, que ce soit plus au sud, dans le grand du nord ou chez nos ancêtres.
Pour terminer en musique une spéciale dédicace de Twinky pour Winky et Po:

[audio:don_t Cry.mp3]
Et pour les autres Los Van Van… le meilleur de la salsa![youtube]http://www.youtube.com/watch?v=M70hf2REN48[/youtube]

Les FARC se foutent de la gueule du monde!

Oui, voilà  un bon résumé de ce qui se passe en se moment. En tout cas c’est ma sensation. On peut accuser le gouvernement d’avoir voulu intervenir militairement en sachant éperdument le résultat d’une telle action, on peut aussi lui demander d’être plus intelligent et de se rendre compte qu’il ne perdra pas la face s’il accepte l’échange humanitaire. On peut compatir avec les familles des victimes, comprendre leur rage face aux actions gouvernementales.

Mais faire passer les FARC pour un groupe au bon coeur, qui envoie gentiment ses condoléances aux familles et, le comble, dire qu’ils feront leur “possible” pour ramener les corps aux familles, faut pas pousser.

Ce sont les FARC qui ne veulent pas libérer Emmanuel et qui osent sous-entendre que garder un enfants en otage peut améliorer la vie des autres enfants du monde. Ce sont eux aussi qui prennent en otages des civils. Et ce sont eux qui ont tué les 11 élus, directement ou indirectement, ce sont eux qui les ont privés de liberté il y a 5 ans.

Le gouvernement est borné et continue à  chercher une victoire impossible à  obtenir sur le terrain militaire, mais ce sont les FARC qui se foutent de la gueule du monde en disant qu’ils feront leur possible pour rendre les corps en fonction de la diminution des attaques militaires de la part du gouvernement et  envoient leurs condoléances aux familles.

Si ces temps on en entend plus parler, on prépare le terrain pour que la population puisse éventuellement accepter une négociation. Il ne faut pas non plus les prendre pour une guérilla romantique qui va sauver le monde…

2 bandes sons

En attendant la suite de la tragique histoire je vous propose deux bandes sons militantes que j’ai découvertes ces derniers jours.

La première, gracias à  Patxi, est la dernière prouesse d’IAm “la fin de leur monde”[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=o34Y3vRnBRw[/youtube]

La deuxième, découverte chez Pouetpouet, est le dernier clip en date de Manu Chao, filmé à  Buenos Aires sous la direction d’Emir Kusturica (rien que ça!)[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=XvaOgaqEBMQ[/youtube]

11 députés morts

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Ce matin le réveil fut difficile, pourtant j’ai renoncé depuis longtemps à  écouter la radio tous les matins comme le font la majorité des Colombiens, je trouve ça trop déprimant. Je préfère prendre mon petit déjeuner et ensuite lire les journaux. Mais aujourd’hui ma belle mère a téléphoné à  7h du mat’ et m’a annoncé la triste nouvelle. Difficile de finir mon café. 11 des 12 députés séquestrés par les FARC sont morts lors d’un combat entre l’armée et les guérilléros. Ils ont été plus de 5 ans otages avant de mourir, bêtement. Les familles crient au scandale, accusent Uribe d’avoir suivi sa stratégie d’intervention militaire pour sauver les otages, qui comme tout le monde le sait depuis longtemps est la meilleure manière d’assurer leur mort. Les FARC tuent leurs otages à  l’approche de l’armée.

Les militaires se défendent, disant qu’ils ignoraient la présence des otages, que c’était une attaque contre la guérilla et non une opération de sauvetage.

Le ministre de l’intérieur Colombien demande aux FARC des preuves (il veut voir les corps) et veut connaitre les conditions de la tragédie, sous entendant qu’elle n’a pas forcément eu lieu lors d’un combat avec les militaires sinon avec les paramilitaires. Ce qui est très peu probable.

La France a envoyé un communiqué demandant expressément que l’option militaire pour le sauvetage des otages soit écartée.

Avant de poser les questions qui font mal et de remarquer l’intransigeance des FARC et du gouvernement sur la question des otages, une pensée pour ces otages et leurs familles ne me semble pas de trop.

Libérez Emmanuel!

 

logo_negro.gifL’enfant de Clara mérite une vie meilleure, comme la méritent les enfants des guérilléros nés dans les prisons de l’Etat, ainsi que les millions d’enfants affamés, malades et sans abri qui déambulent dans les rues colombiennes

C’est la réponse qu’à  donné Raul Reyes, porte paroles des FARC, à  la grand-mère d’Emmanuel, un gosse né otage.
La mère du petit n’est autre que la chef de campagne d’Ingrid Betancourt. Elles ont été kidnappées toute les deux le 23 février 2002, il y a un peu plus de 5 ans.
Pendant sa captivité, Clara a eu un enfant avec un guérilléro, qui aurait maintenant environ 3 ans.
Son histoire mal connue commence petit à  petit à  faire un peu de bruit, cela fait quelques semaines que les médias colombiens essayent de lancer une campagne pour sa libération et hier dans Le Monde Marie Delcas a réussit à  publier un article qui en parle.
La mairie de Bogotà¡ a aussi dit qu’elle allait se lancer dans la campagne mais pour l’instant tout ce qu’on peut voir c’est le slogan “libérez à  Emmanuel” dans tous les journaux télévisé. C’est déjà  pas mal me direz vous…
Pourtant la mobilisation n’a pas vraiment suivie et plusieurs journalistes se sont plaint, critiquant l’indifférence des colombiens et l’indifférence internationale. La comparaison avec la disparition de la petite fille au Portugal montre cruellement ce manque de visibilité qui frappe toujours la Colombie. L’histoire d’Emmanuel n’est pourtant pas moins émouvante.
La porte parole de la campagne, la grand-mère d’Emmanuel, n’a pas la même aisance devant les caméras que la mère d’Ingrid, mais son énergie, malgré ses 78 ans et ses difficultés pour marcher, devrait lui permettre d’être entendue.
Elle a ouvert une adresse mail (liberenaemmanuel@yahoo.com) espérant créer une chaîne de soutient à  travers le monde pour la libération d’Emmanuel. Il existe aussi un blog en espagnol et un en français pour avoir plus d’info, vous pouvez aussi visiter cette page de soutien.

Nous devons faire une immense chaîne où chacun manifeste l’impression que lui produit cette réalité

Clara Gonzà¡lez de Rojas, grand mère d’Emmanuel.

liberez.gif

la revoilà, avec la fête de la musique

Après un long mois d’attente, elle était occupée qu’elle dit, on retrouve Mahita avec ses chroniques. Aujourd’hui une vision rocambolesque de la fête de la musique, à  la colombienne quoi!
Cajita de Agua, La fiesta de la màºsica:

Pero como dicen por ahà­, acomidase mamita porque le figurà³ la caminada, asà­ que cogà­ mi maletica y eché pata. Cual no serà­a mi grata sorpresa al ver que la 7ª estaba cerrada porque hoy era la Fiesta de la Màºsica a la bogotana.

Claro que esta Fiesta de la Màºsica tenà­a su toque criollo. Después del grupo, amateur, pero con tarima, luces y coro, me encontré con: un payaso de traje raà­do que ponà­a a un pobre perro french poodle a hacerse el muerto, una carrera de conejillos de Indias super gordos y me imagino, mamados de trabajar en eso, […]

Et elle a promis que les suivantes seraient pour bientôt. Je surveille!

4 jours sans internet!

Jeudi dernier un léger incident a coupé internet dans la moitié du pays… et dans quelques autres (Honduras, Costa Rica…)

Il y a un peu plus de 3 semaines un câble sous-marin a été endommagé au large du Venezuela. La compagnie chargé de la réparation vient d’être nationalisée ou est en voie de nationalisation, alors vous imaginez bien que pour faire la réparation ça prend un peu de temps. Il faut des autorisations de l’état etc etc etc. Mais tout ça ne changeait pas grand-chose, tout fonctionnait normalement, donc aucun stress chez les capitalistes.

Mais jeudi dernier un deuxième câble sous-marin subissait une avarie, laissant plus de la moitié de la Colombie coupé du monde parallèle. Le stress est monté d’un coup et les critiques contre le “communisme” de Chavez aussi. Comment peut-on attendre trois semaines pour réparer un câble.

Mouaif, la critique est un peu facile, moi je me demande plutôt comment un pays comme la Colombie peut dépendre de deux foutus câbles alors que des pays comme le Venezuela possède au minimum 5 connexions avec le reste du monde.

incroyable

Hier soir, quelques congressistes ont eu le culot d’approuver une loi qui a de quoi faire rire n’importe quelle porte de prison.

Pour approuver certains projets le congrès est divisé en commission, chaque commission étant chargée d’un ou de plusieurs sujet. C’est dans une de ces commissions que l’événement a eu lieu. Une bande de joyeux compagnons ont signé une loi, qui si elle est approuvée par le président mettrait un sacré coup dans l’aile de la démocratie.

Cette loi ne permet plus à  la justice d’enquêter les membres ni du congrès ni du sénat. Un truc de malade, les congressistes prétendent qu’une commission composé par eux-mêmes s’occupe des leurs irrégularités avec, le comble, l’interdiction se destituer parmi.

Le comble, je vous dis, ils prétendent que la peine maximale soit une amende. Et ce n’est pas tout … elle serait applicable aux membres du congrès déjà  en prison et aux autres 41 sénateurs et 54 congressistes que la justice est en train d’enquêter parapolitique. Une vaste blague, et c’est bien la première fois que je compte sur les valeurs démocratiques du président pour rejeter cette loi.

Imaginez qu’il accepte, le temps que la cour constitutionnelle fasse son travail on aurait affaire à  une séparation des pouvoir telle que les politiciens serait au dessus des lois légalement.

J’en reviens toujours pas, vraiment sin vergà¼enza les gars…

Justice transitionnelle sans transition

La ley de Justicia y Paz a été créé par le gouvernement Uribe au début de son mandat pour que les paramilitaires se démobilisent. Cette loi est le fruit d’une négociation entre le gouvernement et les chefs des AUC. Sans revenir sur les défaillances qu’elle avait au départ et les modifications que lui a apporté la cour suprême de justice il me semble intéressant de suivre quelque peu le processus.

En acceptant que le but de la justice transitionnelle soit la recherche de la paix, on accepte que les peines soient minimum, que la justice passe après un but supérieur. Cette loi à  tout de même permis la démobilisation de quelques 35 mille paramilitaires, dont un peu plus de 10 mille en armes. Chiffres record, il n’y a aucun doute. Même si une partie s’est enrôlée juste pour pouvoir se démobiliser et toucher les aides de l’état le chiffre est grand.

Beaucoup des problèmes juridiques inhérents à  cette loi ont été modifié par la cour, rendant la loi presque acceptable aux yeux du droit international. Les chefs paras malgré leur mécontentement ont tout de même finis par accepter les modifications.

La démobilisation a eu lieu, les premières enquêtes apportent de temps à  autre quelques éléments, et même s’il existe un manque cruel de moyen pour vraiment découvrir la vérité quelques progrès ont été fait. Même si les problèmes ne manquent pas il est possible de voir des points positif à  tout ça. Plusieurs s’acharnent à  le faire d’ailleurs, mais souvent ils oublient la création des “nouveaux” groupes paras, qui ne sont en fait que des anciens qui se sont reformé, ou mieux qui ne sont jamais démobilisé. Ou encore l’inexistence de la protection des victimes; plusieurs assassinats et de nombreuses menaces. La situation de la victime est probablement le pire des résultats de cette justice transitionnelle, non seulement on ne lui assure pas de protection mais en plus elle doit venir témoigner devant son bourreau et supporter la pression sociale.

Et oui, la pression sociale, car si la partie juridique est loin d’être parfaite le changement de société face aux paramilitaires est inexistant. Les exemples ce dernier mois font froid dans le dos. Le pire est probablement la fête qu’a reçu le chef para “el Aleman” au moment où il venait témoigner. Pour beaucoup cet homme qui a massacré plusieurs centaines de personnes est un héros. On peut aussi voir des publicités dans les journaux qui présentent certains capo comme des hommes de paix, rempli de bonne volonté. A la télévision, cette semaine, un policier participant à  une émission à  la con avoue que pour lui la création des groupes paramilitaires étaient une bonne chose. Tous les jours, on voit, on entend ou on lit que les paramilitaires étaient un moindre mal, malgré les 300 fosses communes découvertes dernièrement.

Des signes qui font mal aux victimes, qui leur font peur; elles n’osent bientôt plus rien dire, voyant que la majorité n’est pas prête à  faire appel à  la justice ou à  l’Etat pour régler ses problèmes. Les milices privées massacreuses ont encore un soutient hallucinant.

Si les paramilitaires se sont en partie démobilisés, le paramilitarisme est loin de se démonter.

sale journée

Coy Gordon, une figure de la lutte pour les droits des homosexuels Tout était fait, les textes étaient prêts, en théorie la majorité était acquise, la plupart des congressistes avaient annoncé leur vote positif, les négociations avaient déjà  eu lieu. Les homosexuels devaient avoir (enfin) le droit à  posséder un patrimoine commun. Mais finalement les conservateurs du parti de la U retournèrent leur veste au dernier moment, ne remplissant pas leur promesse.

Triste nouvelle, deux jours à  peine après l’entrée en vigueur de la loi qui cherchait mettre fin à  la discrimination contre les homosexuels en Colombie, votée en décembre dernier.

Il reste encore du chemin à  faire, mais c’est vrai que si les conservateurs jouaient franc jeu, on perdrait un peu moins de temps.