un paramonde

Le président Uribe a expliqué ce midi les raisons de sa décision d’extrader aux États Unis presque tous les chefs paramilitaires démobilisés dans le cadre de la loi de justice et paix.

La principale raison invoquée est le fait que ces messieurs continuaient leurs trafics depuis leurs prisons. c’est clair, ce ne sont pas des anges et cela fait longtemps, très longtemps que tout le monde le sait, même au temps où c’était des copains du président on le savait déjà . Et cela fait longtemps, très longtemps qu’on ne fait rien alors qu’il était possible de les enfermer dans d’autres prisons et avec d’autres conditions.

Le foutage de gueule est tel que personne n’y croit. Mais Uribe n’a peur de rien (sauf peut être de la vérité), alors il insiste, il est sûr que cela ne change rien, les victimes et les juges colombiens pourront aller écouter ces messieurs aux USA… par contre il ne parle pas des frais, c’est clair que les victimes, qui ont en général du mal à  se payer un bus pour aller en ville auront droit à  un visa pour les USA.

je rigole, jaune mais je rigole.

La loi de justice et paix continuera … oui bien sûr… sans les paramilitaires. Uribe et son gouvernement continueront à  nous les briser en disant que le monde est plus sûr avec eux. On se donne combien de temps pour croire encore ça? combien de syndicalistes assassinés??

Les “nouvelles” bandes ont commencé leur labeur… et étrangement il y a déjà  des dénonciations de collaboration de ces bandes avec l’armée.

Et ce président, qui a changé la constitution en utilisant la corruption, ose encore donner des leçons d’hisoire… “les paramilitaires sont des enfants de la guérilla” … oui oui hum oui humhum mais bien sûr. Les groupe d’autodéfense sont le résultat de l’existence de la guérilla. aucun doute la dessus, mais les paramilitaires aujourd’hui démobilisé n’ont pas grand chose à  voir avec la guérilla sinon qu’ils trafiquent ensemble depuis quelques années. Ils viennent tout droit des narcotrafiquants, les autodéfense ont été interdite en 89, les para se forme à  se moment et chose encore plus étrange ils n’affronte la guérrilla qu’en cas de dispute territoriale pour des terres fertiles… d’une manière générale ils tuent les paysans qui ne veulent pas leur laisser leurs terres. si ce n’était pas ils ne seraient pas demandés aux États Unis.

Les autodéfenses, Uribe les a vu dans ses rêves… j’en rigole encore.

Il conclut en disant que faut être ferme contre ces délinquants, et on voudrait bien, mais aux États Unis ils ont tous un visa (comme Macaco qui a bien faillit être libérer sous caution hier), et surtout on voudrait bien que les politiciens et businessman concernés soit aussi traité par la justice. Et là  on sait plus comment faire… les témoignages sont plus disponibles.

Demain Uribe demandera surement qu’on révise le cas de son cousin… pour voir si on est vraiment sûr d’avoir des preuves contre lui, ou si elles sont partie aussi aux US avec les autres.

Sinon c’est quand même dommage parce que la prochaine version de jorge 40 était sur ces liens avec les imprésario colombiens… ceux-là  même qui finance la campagne de président, faut croire qu’il la finance encore, elle n’est pas encore finie…. ah oui c’est juste, on prépare le référendum pour la 3e. mouaf mouaf mouaf, je rigole.

Et les USA dans tout ça? bien tranquille, on batifole, l’ambassadeur, qui est depuis quelques mois la nouvelle star de par ici (aller savoir pourquoi), nous raconte que les paras ne sont pas parti en vacances… merci de nous le préciser. C’est bien urbain.

On apprend aussi que les congressistes sont très content, qu’ils pourrait peut-être approuver le TLC du coup. Alors là  le lien est énorme… moins pour les victimes, moins pour la justice, plus de bénéfice économique pour les méchants qui virent les paysans de leurs terres et cultive de la palme africaine. Allez savoir qu’est-ce qui a été négocier derrière tout ça. Hier on apprenait, de la bouche de l’ambassadeur, que les USA pensaient installer une base militaire au nord du pays, pas très loin du Venezuela.

Le monde est beau. très beau.

Tous les chefs paramilitaires envoyés aux USA

La nouvelle du matin n’est pas très bonne pour les victimes et pour l’histoire du pays. Tous les chefs paramilitaires démobilisés dans le cadre de la loi de justice et paix vont être envoyé aux Etats Unis aujourd’hui même…

La décision du gouvernement devrait être expliquée dans la journée mais on peut déjà  dire qu’une bonne partie de la vérité s’en ira avec eux, notamment leurs liens avec les politiques… La justice risque d’avoir beaucoup plus de difficulté pour faire avancer ses recherches. De la même manière on commençait à  connaître un peu les liens de ceux ci avec les entreprises, on n’en saura pas plus… Une belle mesure de protection pour les 70 députés appelés à  comparaitre devant la justice et qui sont à  90% des amis du président.

Sans parler des victimes qui ne seront jamais dédommagées… des fosses communes qui ne seront jamais découvertes. Une décision qui ressemble presque à  un coup d’Etat contre la justice, et qui est en même temps un aveux d’échec de la politique de démobilisation, un aveux d’incapacité à  gérer la crise politique.

Pathétique, grave et stupide, voir même grossier… et Uribe va surement encore monter un peu dans les sondage.. un 86% d’opinion favorable la semaine prochaine. Comme Fujimori à  l’époque où il en finissait avec le sentier lumineux et tout ce qui s’en approchait.

Equateur et Venezuela: leurs rapports avec les FARC se précisent

Les fameux ordinateurs de Raul Reyes parlent beaucoup, ce sont des machines nouvelles générations parce qu’elles sont capable de produire de l’inédit chaque jours… C’est super bien en relation international parce que cela permets au chefs d’état, tous confondu, de s’adonner à  leur sport préféré: la blablate… et comme gouverner c’est fatiguant, ils préfèrent les ordinateur de Reyes. Pendant ce temps la population attends que le conflit s’arrête et les otages attendent la neige en Amazonie.

Si on revient un peu sur les détails on voit que ces temps on a de nouvelles (!!!) informations: Chavez a collaboré avec les FARC, les a aidé à  s’armer, les a financé… etc. Il leur a même demandé de former un peu les militaires venezueliens… Il faut aller lire les articles du journal Le monde et de El Pais. J’avoue que là  je ne suis pas septique. D’autres sources (de terrain comme on dit dans le jargon) le confirme. Et cela fait, parait-il, un moment que ça dure.

El Pais cite un mail daté du 8 février 2008 dans lequel Ivan Marquez explique qu’Hugo Chavez jouerait le rôle d’intermédiaire avec les autorités biélorusses. “L’ami de Biélorussie a suggérer de faire passer le paquet par le marché noir (…) Le 17 de ce mois, un haut responsable proche de notre ami de Biélorussie arrive à  Caracas pour finaliser l’affaire. Angel nous a demandé d’être présents pour s’accorder directement avec lui”, indiquerait le mail. Angel serait le pseudonyme de M. Chavez et “l’ami de Bielorussie” serait Và­ctor Sheiman, secrétaire du Conseil de sécurité biélorusse et proche du président Lukachenko.

Pour le reste le problème est que, bien souvent, le gouvernement colombien n’est pas très crédible, sans parler de ses liens avec les paramilitaires, parce que dès le moment où on veut bien écouter ce que disent les guérilléros il faut aussi écouter les paramilitaires… Si le gouvernement colombien n’est pas crédible c’est simplement parce qu’il veut on faire trop. Le coup de l’armement nucléaire était trop gros, trop faux, trop tout ce qu’on veut. On l’a d’ailleurs vite oublié.

Ensuite l’attaque contre Correa a été aussi très mal menée… et au niveau international c’est pas passé.

La réponse du premier concerné est claire: (interview de Marie Delcas pour Le monde)

Les documents de Raul Reyes semblent indiquer que le gouvernement équatorien entretenait des liens avec les FARC…

Je me moque de ces documents et de ce qu’en pensent les Etats-Unis, Interpol et la Colombie.

Et le problème est que les preuves sont plus qu’insuffisante, mélangées une intervention remplie de mensonges. L’attaque ne s’est pas du tout réalisée comme le gouvernement colombien l’annonce. (sans parler des nombreux changement dans leur version, par exemple ici)… même les militaires colombiens l’acceptent en messe basse, et l’ambassadeur des US refuse donner des détails…

Le résultat est que Correa bénéficie du soutient de presque toute l’Amérique Latine et de l’Espagne sur la question. Ce qui amène à  des conclusions qui ne plaisent guère en Colombie… pourtant (j’en parlais déjà  là  tiens..).

Vous avez évoqué la possibilité de reconnaître aux FARC le statut de belligérant…

Si les FARC, qui ont une armée organisée et qui contrôlent une partie du territoire, cessent leurs actions terroristes, s’ils cessent les prises d’otages, s’ils respectent le droit humanitaire, nous pourrons les reconnaître comme un interlocuteur afin de négocier la paix. La France a exactement la même position que l’Equateur. (Le ministre français des affaires étrangères) Bernard Kouchner me l’a confirmé (à  Quito fin avril). Si c’est pour négocier la libération des otages ou, mieux encore, la paix en Colombie, l’Equateur est prêt à  tout. Ne comptez jamais sur nous pour la guerre.

Alors au jour d’aujourd’hui, si on a probablement suffisamment d’info pour croire que Chavez a soutenu (et soutient?) les FARC, la possibilité que telles affirmations soit valide pour le cas de Correa est chaque jour un peu plus réduite. La crédibilité international du gouvernement d’Uribe ne devrait donc pas s’améliorer.

2 coups fort contre l’extradition

L’extradition est une procédure juridique par laquelle un Etat livre l’auteur d’une infraction à  un État étranger qui le réclame, pour qu’il puisse y être jugé ou exécuter sa peine…

C’est une chose relativement commune, cependant en Colombie cela a pris une tournure totalement différente de la norme. Presque tous les cas de narcotrafic sont extradé aux USA pour être jugé pour des crime commis en Colombie, qui touche les US.

Le système sert principalement pour éviter que les délinquants en question continuent leur traffic depuis la prison. C’est presque une constante chez ces gens.

Hormis la violation de la souveraineté, l’extradition génère un problème relativement grand selon de quel coté on se place. En général les crimes sont jugés et condamnés, les trafiquants passent de longue années en prison. Donc, en soit la justice fait son job. Le problème est que les trafiquants sont rarement seulement des trafiquants mais aussi des assassins, des monstres tueurs… des paramilitaires… et maintenant des guérilléros. Alors lorsqu’ils partent aux USA ils emmènent avec eux toutes leurs vérités, autant leurs relations avec la politique et le pouvoir que l’histoire de leur victimes. Et les familles de ces dernière peuvent rester sans jamais savoir si leurs enfants sont morts, disparus, torturés, séquestrés…

L’extradition n’aide pas, ni pour la vérité, ni pour la construction du pays, ni pour la réconciliation…

Alors les deux dernières nouvelles me réjouissent.. d’une manière bien différente, certes, mais peut-être elles freineront un processus qui a pris une ampleur sans précédent depuis le gouvernement d’Uribe (600 extraditions).

La première est la décision de la justice d’empêcher l’extradition de alias Macaco, un célèbre chef paramilitaires qui a beaucoup de chose à  raconter sur la région d’Antioquia (lieu d’origine du président). Bien logiquement le gouvernement va faire appel mais l’idée est là , le paramilitaire ne partira pas avant d’avoir dédommagé ses victimes, d’avoir payé ses crimes ici et d’avoir raconté toute la vérité. L’action des associations des victimes a fonctionné.

L’autre est complètement différente: c’est l’annulation du jugement de Simon Trinidad. Trinidad est le guérilléro des FARC le plus “gradé” détenu. Il est accusé de trafic de drogue et c’est la 3e fois que son jugement est annulé. Le problème est qu’il a été impossible de convaincre les jurés de la culpabilité du personnage.. et 3 fois de suite, ça commence à  faire. Pourtant ce n’est pas faute de moyen, on estime que les USA ont dépensé presque un million de dollar pour faire venir des témoins et rassembler des preuves. Mais rien n’y fait Trinidad, qui se défend tout seul, s’en sort, on arrive pas a le lier directement avec le trafic de drogues… alors qu’en colombie on aurait pu le juger sans problème pour assassinat, rébellion, subversion etc.etc.

Un résumé pessimiste

Ces derniers temps j’ai écrit une petite série de billets innocemment réparti, le but n’étant pas d’être pessimiste, ce n’est pas tellement mon habitude… pourtant…

Le bilan des années de gouvernement d’Uribe est toujours positif, la “quantité” de violence reste largement en dessous de ce qu’elle était avant son arrivée au pouvoir. Cependant le futur qui se profile à  l’horizon ne prédit rien de très bon.

En terme de sécurité Mancuso annonce que les paramilitaires se réarment et ont recommencé leur lutte pour le pouvoir local. En réalité ils n’ont jamais cessé complètement d’exister (suffit de voir les vagues de déplacés) mais il existe de forte chance que la violence augmente à  nouveau. Les cultures de la palme africaine est un des nouveau business de cette mafia.

De la même manière les assassinats et les nouvelles menaces contre l’opposition, contre les syndicalistes et contre les défenseurs des droits de l’homme ne présagent rien de bon dans ce sens. Les groupes auto proclamés “paramilitaires de nouvelle génération” ont commencé leur labeur de “nettoyage”.

En terme d’économie les résultats ont beau être excellent (7% de croissance du PIB en 2007), le futur ne s’annonce pas grandiose. La crise économique aux Etats Unis affecter de plein fouet l’économie colombienne. Sans compter que le traité de libre échange a toute les chances de ne pas passer, ce qui ne devrait pas favoriser les exportations vers ce pays. Le problème est l’énorme dépendance de la Colombie envers les USA. Le gouvernement Uribe n’a, à  aucun moment, cherché la diversification de ses alliés commerciaux. il faut ajouter à  cela qu’il n’y a toujours eu aucun changement structurel, aucune volonté de redistribution à  l’horizon… ce qui n’arrange pas vraiment nos affaires.

De plus, sauf changement de politique de la part du gouvernement la banque centrale devrait perdre son autonomie, ce qui peut permettre de cacher une éventuelle crise pendant quelque temps mais en accentuant les conséquences futures de celle-ci

De la même manière la presse a perdu son esprit critique et dépend totalement du pouvoir exécutif. La politique de sécurité démocratique avait déjà  des malheurs au départ et la liberté de la presse n’a jamais été au top, même si ce n’est pas tout à  fait pour les mêmes raisons…

Alors comme on ne change pas une équipe qui perd, il faut être sûr qu’elle perde (il parait que c’est un dicton marseillais…) Uribe va surement rester encore quelques années au pouvoir. Le parti du président fait les démarches pour changer la constitution et lui n’a rien contre.

L’académie et le terrorisme

Après le bombardement du campement de Raul Reyes une longue série d’histoires a éclatée au grand jour. Hormis les continuelles tension entre la Colombie et l’Équateur qui n’en finissent plus, le thème qui fait la une ces derniers temps est la mort de 4 étudiants mexicains en même temps que le chef guérilléro. Uribe et son gouvernement ont affirmé à  plusieurs reprises que ces jeunes étaient des complices de la guérilla, des délinquants, des terroristes … ah ce mot, qu’est ce qu’il est beau et complet il signifie tout ce qu’on veut.
Le fait est que ces étudiants, qui pouvaient certes être des sympathisants de la guérilla (faudrait-il encore le prouver) était apparemment en train de réaliser une recherche sur la guérilla, et comme Reyes étaient plus ou moins le seul qui acceptait, ou était autorisé pour accepter, des visites les académiciens comme les journalistes ont été lui rendre visite.
Pas de chance pour les mexicains ils se sont fait descendre… c’est peut être le risque du métier? de la même manière que les journalistes sont parfois (trop souvent!) des victimes des conflits de par le monde. Cependant ceci n’autorise pas un gouvernement (ou n’importe qui d’autre) à  salir leur mémoire, à  blesser leur famille etc.
Prenons un autre exemple, que je connais bien puisque c’est moi. Je fais de la recherche sur la privatisation de la guerre et l’utilisation de compagnies militaires privées dans le conflit colombien. Le fait que ce soit un thème relativement nouveau m’a conduit à  réaliser une ou deux études de terrain. J’ai été faire des interviews de militaires, de contratiste etc… Et je pourrais aussi vouloir en faire chez les FARC pour savoir si eux ont aussi recours à  ce genre d’entreprise. Ceci n’implique pas le moins du monde que je partage leurs idées, encore moins que je participe à  leur lutte ou que je sois un terroriste (bien que avec ce mot on peut s’attendre au pire). Simplement je fais de la recherche pour mieux comprendre un phénomène qui a un impact non négligeable sur la vie du pays. Et cette recherche ne va pas forcément servir aux FARC, mais plutôt au gouvernement ou à  l’État dans son ensemble.
Bref faut arrêter un peu le délire, confondre les étudiants ou les chercheurs avec des terroristes n’est pas franchement une preuve d’intelligence. Après je ne dis pas tout le monde est beau et gentil mais jusqu’à  preuve du contraire on est innocent!

Les FARC et Ingrid Betancourt

Un journaliste, David Beriain, a réussit a passer 10 jours chez les FARC et il rapporte une série de vidéo inédite. Depuis la fin des négociation en 2002 il existe très peu de journalistes qui ont peu s’approcher des FARC. La publication a débuté hier avec une vidéo montrant la vie dans les campement:

Et la suivante, celle d’aujourd’hui, nous parle d’ingrid Betancourt et des otages… rien de bien encourageant.

Un article sur rue89 que nous envoie Dul vaut aussi le détour:

L’assassinat de Raul Reyes, numéro deux des Forces armées révolutionnaires colombiennes, n’a pas seulement interrompu les négociations pour la libération d’Ingrid Betancourt. Dans le camp des Farc, l’armée de Colombie est également “tombée” sur un groupe d’étudiants mexicains attaqués avant leur interview de Raul Reyes. Ils étaient cinq. L’une a survécu, les autres ont été massacrés. Sur les images saisies après le drame, on voit des corps presque nus, des restes humains éparpillées; sur un étendoir, les étudiants avaient suspendu leurs jeans pour la nuit.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=uKMDxWC7jC8[/youtube]

Il y a 60 ans Gaitan était assassiné

gaitan.jpgJorge Eliécer Gaità¡n est mort le 9 avril 1948. Il avait annoncé que si on l’assassinait, la Colombie mettrait 50 ans à  retrouver son calme… Aujourd’hui cela fait 60 ans et le conflit continue. C’était un populiste, un caudillo, jeune et de classe moyenne. Il fut le premier à  parler de politique sociale, il mélangeait des idées socialistes, anarchistes et parfois révolutionnaires, mais il n’a jamais soutenu ni été soutenu par des groupes illégaux.

Il avait fait gagner son parti aux législatives et allait être président, non grâce au soutien de l’oligarchie mais pour une fois du peuple.

Sa mort créa une émeute qui mit à  feu la capitale et tout le reste du pays pendant 3 jours. La nouvelle tragique bénéficia d’une couverture journaliste exceptionnelle, Bogotà¡ reçut à  ce moment la IX conférence panaméricaine, ce qui donna une touche encore plus dramatique aux évènements.

Une longue vague de violence suivit: la police, très politisée, et des groupes armés partirent à  la chasse aux libéraux et communistes. En 1950 de nouvelles élections eurent lieu mais les libéraux s’abstinrent, la violence fit rage et ne cessa d’augmenter.

La violence fut telle que les militaires, ils étaient relativement neutres à  l’époque, décidèrent de faire un coup d’État en 1953 et de négocier avec les milices libérales et conservatrices. Les seuls exclus du compromis furent les communistes. L’époque appelée La Violencia laissa approximativement 200 mille morts et beaucoup plus de déplacés.

Elle se termina grâce au Frente Nacional implanté par les militaires qui quittèrent le pouvoir comme prévu et laissèrent les libéraux et les conservateur à  la direction d’une démocratie partielle.

Cette solution bancale conduisit à  l’exclusion des communistes du tableau politique ce qui donna naissance à  un mouvement, aujourd’hui tristement connu pour ses atrocités et pour avoir perdu sa lutte politique: les FARC.

La loi de Justice et Paix à la poubelle

Qui est mieux placé que le chef des paramilitaires pour dire que ceux-ci ont repris leur activités?? les victimes bien sûr… mais elles on ne les écoute jamais. Ce n’est pas qu’elles parlent trop mais en général elles sont pauvres et pas propre alors on aime pas les montrer à  la télé…

Alors on préfère écouter Mancuso, un chef paramilitaire actuellement démobilisé et qui forcément est très riche. Le monsieur nous dit que les paramilitaires se réarment et qu’ils reprennent leurs activités parce que le gouvernement ne respecte pas l’accord qui a été signé au moment de leur démobilisation. (J’en parlais déjà  un peu ici.)

Selon lui le paramilitarisme d’état ne s’est pas du tout démobilisé. Les conditions qui auraient du permettre cela n’ont pas eu lieu, il est donc normal, toujours selon lui, que cela continue.

Une partie de l’interview chez canal uno (en espagnol):

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Hk6dVnuIuIc[/youtube]

L’interview en entier se trouve ici, en espagnol aussi.

Ajoutons à  cela la décision du président de vouloir exporter (extrader) Macaco, un autre chef para, pour avoir continué ses activités de “délinquant” depuis sa prison alors qu’il était démobilisé. L’accord fait entre le gouvernement et les paras est que si ceux-ci continuent leurs activités illégales ils perdent leurs bénéfices et ils sont donc sujet à  l’extradition.

Oui mais…

D’abord presque tous les chefs paras ont continué leurs cirques depuis la prison donc on peut se demander pourquoi lui et pas les autres. Ensuite l’exporter aux USA revient à  dire adieu à  tout ce qu’il sait. Et là  cela devient louche… Macaco connait les liens des politiciens d’Antioquia avec les paramilitaires. Inutile de préciser que le président est originaire de cette région, ça coule de source.

Surtout cherchez pas le lien avec les déclaration de Mancuso… 😉

La ley de Justicia y Paz et la démobilisation des paramilitaires.

L’opposition toujours impossible

L’histoire colombienne en matière d’opposition au régime en place n’est pas très glorieuse. L’épisode du Frente Nacional, un accord entre libéraux et conservateur pour s’alterner au pouvoir empêcha les forces politique plus à  gauche de s’exprimer. Ce qui a entre autre généré la création de quelques groupes armés qui ne voyaient pas d’autres solutions que prendre les armes pour s’exprimer.

Ensuite est venu la triste époque de l’Union Patriotique, un parti créé par les forces d’extrême gauche, inclus les FARC, qui fut décimé littéralement, on pourrait parler de génocide politique si le concept existait.

Par rapport à  cette époque il y a eu de gros progrès, le Polo créé au début des années 2000 existe et a même pu exercer le pouvoir dans divers endroit du pays. Une meilleure sécurité des hommes politiques, mais aussi des discours moins radicaux ont permis cette avancée.

Et pourtant ce n’est pas encore ça: deux évènements récents le montre clairement.

en-mi-familia.jpgLes organisateurs de la marche du 6 mars ont été accusé par un proche conseiller de la présidence d’être soutenu par les FARC. Selon lui les vrais organisateurs était la guérilla et cette marche était contre le gouvernement. Résultat des courses: on compte déjà  6 morts. Tous organisateurs ou leader de la marche du 6. Il ont été jugé par le conseiller du président en un matin et assassiné par des paramilitaires en un mois. Le choix est simple: être avec le président ou être contre le président, donc avec le terrorisme.

Le deuxième est l’attaque perpétrée par la présidente du Sénat contre Piedad Cordoba.piedad-cordoba-debate-25marzo.jpg

La sénatrice Cordoba est celle qui s’est chargée des négociations avec les FARC et avec Chavez pour que celui-ci serve de facilitateur pour libérer les otages aux mains de la guérilla. En six mois ils ont tout même libérer 6 otages et fait récupérer l’enfant de Clara Rojas.

Cette dame est étrangement attaquée de tout bord en Colombie… pour trahison à  la patrie, pour avoir discuté avec les FARC et avec Chavez (les deux ennemis jurés de ce gouvernement). Au lieu de reconnaitre son travail on essaye de la tuer. Elle s’est faite agressée à  l’aéroport, ce qui fait plaisir au gouvernement, et il existerait un groupe sur Facebook qui récolte de l’argent pour payer un tueur à  gage (je le disait il existe des trucs bizarres sur ce facebook)

Bref il y a quelques jours la présidente su sénat la attaqué en l’accusant d’être amie de Chavez et donc de trahir la patrie et elle lui demande si elle était en train de faire les démarches pour obtenir la nationalité venezuelienne (ce qui démontre selon certain sa trahison). La honte, oser poser une question aussi débile au sénat faut y aller. Comme si le fait le fait d’être double national était interdit (de fait l’ancienne ministre des affaires étrangères était étasunienne et personne ne s’en est préoccupé). Le débat a tourné au vinaigre mais la seule qui resté vraiment digne c’est Piedad Cordoba. Je regarde rarement les débat en direct mais là  c’était du jamais vu. Plus de la moitié des sénateurs ne lisent pas autre chose que Jet Set (voici version colombienne). Cela dit je suis persuadé qu’en France c’est pareil.

En fin de compte l’accusation qui est faite contre Piedad Cordoba est d’être de l’opposition. A nouveau, on est avec le président ou avec le terrorisme. Et pire, comme l’indique les énormes affiches signées Alvaro Uribe Velez qu’on voit partout en ville actuellement:

On est avec la COLOMBIE ou avec le TERRORISME!!!!!

àŠtre de l’opposition c’est être avec le terrorisme et contre la Colombie. Triste, très triste.