à lire

Je reviendrais la dessus, la semaine qui vient, là  je pars en week end (autant d’émotions m’ont fatigué)… mais pour les lecteurs qui font les flemmes et ne suivent pas bien cet article de Michel Taille sur Libération vaut le détour:

Le sénateur colombien Mario Uribe, cousin du président Alvaro Uribe, n’a pas si mal dormi lors de sa première nuit en prison. Le cacique, arrêté mardi soir par la justice pour ses liens présumés avec des milices mafieuses d’extrême droite, «a été reçu solidairement par ses compagnons du Parlement», selon un de ses avocats. Il a retrouvé derrière les barreaux 31 collègues, détenus pour la même accusation.

C’est le plus fort coup de semonce pour le Président depuis le début du scandale de la «parapolitique», il y a un an et demi quand la justice a dévoilé les liens entre politiciens de la coalition présidentielle et paramilitaires. Ces groupes antiguérilla formés à  partir des années 1980 par de grands propriétaires et des cartels de la drogue avec la complicité d’autorités civiles et militaires ont fait des dizaines de milliers de victimes. Les parlementaires mis en cause sont accusés d’avoir reçu l’appui des escadrons pour se faire élire, en échange du pillage des fonds publics. Ce dernier rebondissement a détourné l’attention des médias colombiens du dossier des otages de la guérilla.

[…]

Mais une affaire de clientélisme s’est ajoutée au «parascandale» : Yidis Medina, une congressiste dont le retournement a permis l’approbation d’une réforme constitutionnelle ouvrant les portes à  la réélection d’Uribe, en 2006, accuse le Président de lui avoir proposé des postes en échange de son vote décisif.

Bref la crise, le scandale et tout le foin ne sont pas près de s’arrêter…. mais moi je suis de plus en plus sceptique à  une constituante… et même à  de nouvelles élections.

“change rien duc, j’aime ton style….”

Mario uribe finit en prison

Le cousin du président a terminé sa journée d’hier en prison… non sans avoir tenté désespérément de fuir la justice colombienne.
A lire dans Le Monde, par Marie Delcas:

L’ancien sénateur Mario Uribe, cousin du président colombien Alvaro Uribe, a été arrêté, mardi 22 avril. Il est accusé d’avoir eu des liens avec les milices paramilitaires d’extrême droite. Le scandale dit de la “parapolitique” rebondit. La justice, qui mène l’enquête sur les relations entre les hommes politiques et les groupes paramilitaires, a déjà  mis en examen une soixantaine de parlementaires de la majorité présidentielle, dont trente-deux ont été emprisonnés.
[…]
Dans la matinée, le parquet avait délivré un mandat d’arrêt contre Mario Uribe. L’homme a alors créé la surprise en se réfugiant à  l’ambassade du Costa Rica et en demandant l’asile politique.
[…]
ASILE POLITIQUE REFUSÉ

Le cousin du président de la République tente par tous les moyens d’échapper à  la justice de son pays“, pointait pour sa part le sénateur Gustavo Petro (gauche). En septembre 2007, Mario Uribe avait démissionné de son poste de sénateur pour échapper à  la juridiction de la Cour suprême et relever de la justice ordinaire. Le procureur général, Mario Iguaran, ayant été vice-ministre de la justice du gouvernement Uribe, Mario Uribe espérait un traitement bienveillant.
[…]
le Costa Rica a déclaré “irrecevable” la demande d’asile politique formulée par l’ancien sénateur. “L’institution historique de l’asile politique ne saurait être dénaturée”, souligne le communiqué du pays centre-américain, réputé pour sa générosité à  l’égard des réfugiés politiques.
[…]
Le chef de l’Etat s’est dit “affligé” par la situation de son cousin. “J’assume cette douleur avec patriotisme, sans défaillir dans l’exercice de mes responsabilités et avec le souci exclusif de protéger les institutions, protection qui dépend aussi des autres pouvoirs”, dit le communiqué d’Alvaro Uribe.
Le président ne cache plus son agacement face à  des juges qui, selon lui, abusent de la prison préventive contre les élus de sa majorité et mettent en péril la “stabilité institutionnelle”. Les deux cousins, Mario et Alvaro Uribe, ont fait carrière ensemble, dans la région de Medellin. Ensemble, les deux hommes ont abandonné le vieux Parti libéral pour créer, en 1995, une petite formation, Colombie démocratique, dont la plupart des élus sont aujourd’hui sous les verrous.

Le congrès colombien est en train de vivre la pire crise de son histoire. L’idée de créer une assemblée constituante commence à  faire son chemin et pas seulement chez l’opposition.

La justice ordonne l’arrestation du cousin d’Uribe

La justice a réunit suffisamment de preuves contre le cousin du président Uribe, Mario uribe, pour ordonner son arrestation. Ses liens avec les paramilitaires devrait le conduire le conduire en prison…

Mais selon les dires de ses avocats il ne bénéficierai pas de garanties suffisante pour se confier à  la justice, il a donc demandé l’asile politique au Costa Rica.

Je reviendrais plus tard sur les détails… mais sans aucun doute c’est une histoire qui va faire sortir de ses gonds le président. Uribe n’aime pas trop qu’on embête sa famille, il l’a déjà  fait savoir.

Costa Rica a refusé la demande d’asile! Mario Uribe s’est fait viré de l’ambassade… tout droit en prison.

Un résumé pessimiste

Ces derniers temps j’ai écrit une petite série de billets innocemment réparti, le but n’étant pas d’être pessimiste, ce n’est pas tellement mon habitude… pourtant…

Le bilan des années de gouvernement d’Uribe est toujours positif, la “quantité” de violence reste largement en dessous de ce qu’elle était avant son arrivée au pouvoir. Cependant le futur qui se profile à  l’horizon ne prédit rien de très bon.

En terme de sécurité Mancuso annonce que les paramilitaires se réarment et ont recommencé leur lutte pour le pouvoir local. En réalité ils n’ont jamais cessé complètement d’exister (suffit de voir les vagues de déplacés) mais il existe de forte chance que la violence augmente à  nouveau. Les cultures de la palme africaine est un des nouveau business de cette mafia.

De la même manière les assassinats et les nouvelles menaces contre l’opposition, contre les syndicalistes et contre les défenseurs des droits de l’homme ne présagent rien de bon dans ce sens. Les groupes auto proclamés “paramilitaires de nouvelle génération” ont commencé leur labeur de “nettoyage”.

En terme d’économie les résultats ont beau être excellent (7% de croissance du PIB en 2007), le futur ne s’annonce pas grandiose. La crise économique aux Etats Unis affecter de plein fouet l’économie colombienne. Sans compter que le traité de libre échange a toute les chances de ne pas passer, ce qui ne devrait pas favoriser les exportations vers ce pays. Le problème est l’énorme dépendance de la Colombie envers les USA. Le gouvernement Uribe n’a, à  aucun moment, cherché la diversification de ses alliés commerciaux. il faut ajouter à  cela qu’il n’y a toujours eu aucun changement structurel, aucune volonté de redistribution à  l’horizon… ce qui n’arrange pas vraiment nos affaires.

De plus, sauf changement de politique de la part du gouvernement la banque centrale devrait perdre son autonomie, ce qui peut permettre de cacher une éventuelle crise pendant quelque temps mais en accentuant les conséquences futures de celle-ci

De la même manière la presse a perdu son esprit critique et dépend totalement du pouvoir exécutif. La politique de sécurité démocratique avait déjà  des malheurs au départ et la liberté de la presse n’a jamais été au top, même si ce n’est pas tout à  fait pour les mêmes raisons…

Alors comme on ne change pas une équipe qui perd, il faut être sûr qu’elle perde (il parait que c’est un dicton marseillais…) Uribe va surement rester encore quelques années au pouvoir. Le parti du président fait les démarches pour changer la constitution et lui n’a rien contre.

L’académie et le terrorisme

Après le bombardement du campement de Raul Reyes une longue série d’histoires a éclatée au grand jour. Hormis les continuelles tension entre la Colombie et l’Équateur qui n’en finissent plus, le thème qui fait la une ces derniers temps est la mort de 4 étudiants mexicains en même temps que le chef guérilléro. Uribe et son gouvernement ont affirmé à  plusieurs reprises que ces jeunes étaient des complices de la guérilla, des délinquants, des terroristes … ah ce mot, qu’est ce qu’il est beau et complet il signifie tout ce qu’on veut.
Le fait est que ces étudiants, qui pouvaient certes être des sympathisants de la guérilla (faudrait-il encore le prouver) était apparemment en train de réaliser une recherche sur la guérilla, et comme Reyes étaient plus ou moins le seul qui acceptait, ou était autorisé pour accepter, des visites les académiciens comme les journalistes ont été lui rendre visite.
Pas de chance pour les mexicains ils se sont fait descendre… c’est peut être le risque du métier? de la même manière que les journalistes sont parfois (trop souvent!) des victimes des conflits de par le monde. Cependant ceci n’autorise pas un gouvernement (ou n’importe qui d’autre) à  salir leur mémoire, à  blesser leur famille etc.
Prenons un autre exemple, que je connais bien puisque c’est moi. Je fais de la recherche sur la privatisation de la guerre et l’utilisation de compagnies militaires privées dans le conflit colombien. Le fait que ce soit un thème relativement nouveau m’a conduit à  réaliser une ou deux études de terrain. J’ai été faire des interviews de militaires, de contratiste etc… Et je pourrais aussi vouloir en faire chez les FARC pour savoir si eux ont aussi recours à  ce genre d’entreprise. Ceci n’implique pas le moins du monde que je partage leurs idées, encore moins que je participe à  leur lutte ou que je sois un terroriste (bien que avec ce mot on peut s’attendre au pire). Simplement je fais de la recherche pour mieux comprendre un phénomène qui a un impact non négligeable sur la vie du pays. Et cette recherche ne va pas forcément servir aux FARC, mais plutôt au gouvernement ou à  l’État dans son ensemble.
Bref faut arrêter un peu le délire, confondre les étudiants ou les chercheurs avec des terroristes n’est pas franchement une preuve d’intelligence. Après je ne dis pas tout le monde est beau et gentil mais jusqu’à  preuve du contraire on est innocent!

La mort annoncée du TLC

Le Traité de Libre Échange (TLC en espagnol) a été négocié il y a quelque temps déjà  entre la Colombie et les États Unis. Mais malgré de longues négociations et de multiples campagnes ce traité est resté bloqué au Congrès des États Unis. La raison en est simple, depuis que la majorité est démocrate, le gouvernement Bush a un peu de mal à  faire passer la pilule Uribe.

Les démocrates critiquent fortement la Colombie et son manque de respect des Droits de l’Homme, particulièrement les assassinats de syndicalistes (17 sont morts depuis janvier). Bien sûr on peut douter de la bonne volonté des congressistes US, mais de la même manière on peut douter du bien fondé du TLC qui met en avant l’exportation de la palme africaine… Nouvelle recette miracle de la mafia colombienne.

Donc partons du principe de bonne foi autant d’un côté que de l’autre, le TLC est bon et les congressistes démocrates sont soucieux de la vie des gens à  l’étranger (enfin pas des citoyens US).

Bush vient de soumettre à  votation le TLC. Au sénat il ne devrait pas avoir de problème, mais au Congrès la réponse est presque garantie négative. La majorité est démocrate et cette majorité suit de manière générale les avis qu’émet la présidente. Cette dernière a annoncé qu’il était bien trop tôt pour soumettre ce traité et qu’elle allait tout faire pour le freiner…

De plus Clinton et Obama se sont tous les deux prononcés contre le TLC avec la Colombie. Bien sûr on peut y voir de l’opportunisme, c’est juste avant les primaires en Pennsylvania, un état qui a été fortement touché par la mondialisation mais quand même…

Ajoutons à  cela l’erreur historique d’Uribe de répondre à  Obama après ses déclarations. Uribe a voulu défendre la Colombie des attaques de ce dernier, l’accusant de ne pas connaitre la Colombie. Une touche d’orgueil de trop (comme d’hab) qui ne devrait pas trop plaire aux démocrates.

Le congrès a maintenant 90 jours pour voter le TLC, et il n’y a presque aucun doute possible le TLC ne passera pas. Il faudra donc recommencer les négociations et il est presque impossible que cela se fasse avant les élections présidentielles… Si les démocrates gagnent, cela risque d’être plus difficile… et si Obama gagne, la bourde d’Uribe devrait prendre une ampleur inespérée.

La loi de Justice et Paix à la poubelle

Qui est mieux placé que le chef des paramilitaires pour dire que ceux-ci ont repris leur activités?? les victimes bien sûr… mais elles on ne les écoute jamais. Ce n’est pas qu’elles parlent trop mais en général elles sont pauvres et pas propre alors on aime pas les montrer à  la télé…

Alors on préfère écouter Mancuso, un chef paramilitaire actuellement démobilisé et qui forcément est très riche. Le monsieur nous dit que les paramilitaires se réarment et qu’ils reprennent leurs activités parce que le gouvernement ne respecte pas l’accord qui a été signé au moment de leur démobilisation. (J’en parlais déjà  un peu ici.)

Selon lui le paramilitarisme d’état ne s’est pas du tout démobilisé. Les conditions qui auraient du permettre cela n’ont pas eu lieu, il est donc normal, toujours selon lui, que cela continue.

Une partie de l’interview chez canal uno (en espagnol):

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Hk6dVnuIuIc[/youtube]

L’interview en entier se trouve ici, en espagnol aussi.

Ajoutons à  cela la décision du président de vouloir exporter (extrader) Macaco, un autre chef para, pour avoir continué ses activités de “délinquant” depuis sa prison alors qu’il était démobilisé. L’accord fait entre le gouvernement et les paras est que si ceux-ci continuent leurs activités illégales ils perdent leurs bénéfices et ils sont donc sujet à  l’extradition.

Oui mais…

D’abord presque tous les chefs paras ont continué leurs cirques depuis la prison donc on peut se demander pourquoi lui et pas les autres. Ensuite l’exporter aux USA revient à  dire adieu à  tout ce qu’il sait. Et là  cela devient louche… Macaco connait les liens des politiciens d’Antioquia avec les paramilitaires. Inutile de préciser que le président est originaire de cette région, ça coule de source.

Surtout cherchez pas le lien avec les déclaration de Mancuso… 😉

La ley de Justicia y Paz et la démobilisation des paramilitaires.

L’opposition toujours impossible

L’histoire colombienne en matière d’opposition au régime en place n’est pas très glorieuse. L’épisode du Frente Nacional, un accord entre libéraux et conservateur pour s’alterner au pouvoir empêcha les forces politique plus à  gauche de s’exprimer. Ce qui a entre autre généré la création de quelques groupes armés qui ne voyaient pas d’autres solutions que prendre les armes pour s’exprimer.

Ensuite est venu la triste époque de l’Union Patriotique, un parti créé par les forces d’extrême gauche, inclus les FARC, qui fut décimé littéralement, on pourrait parler de génocide politique si le concept existait.

Par rapport à  cette époque il y a eu de gros progrès, le Polo créé au début des années 2000 existe et a même pu exercer le pouvoir dans divers endroit du pays. Une meilleure sécurité des hommes politiques, mais aussi des discours moins radicaux ont permis cette avancée.

Et pourtant ce n’est pas encore ça: deux évènements récents le montre clairement.

en-mi-familia.jpgLes organisateurs de la marche du 6 mars ont été accusé par un proche conseiller de la présidence d’être soutenu par les FARC. Selon lui les vrais organisateurs était la guérilla et cette marche était contre le gouvernement. Résultat des courses: on compte déjà  6 morts. Tous organisateurs ou leader de la marche du 6. Il ont été jugé par le conseiller du président en un matin et assassiné par des paramilitaires en un mois. Le choix est simple: être avec le président ou être contre le président, donc avec le terrorisme.

Le deuxième est l’attaque perpétrée par la présidente du Sénat contre Piedad Cordoba.piedad-cordoba-debate-25marzo.jpg

La sénatrice Cordoba est celle qui s’est chargée des négociations avec les FARC et avec Chavez pour que celui-ci serve de facilitateur pour libérer les otages aux mains de la guérilla. En six mois ils ont tout même libérer 6 otages et fait récupérer l’enfant de Clara Rojas.

Cette dame est étrangement attaquée de tout bord en Colombie… pour trahison à  la patrie, pour avoir discuté avec les FARC et avec Chavez (les deux ennemis jurés de ce gouvernement). Au lieu de reconnaitre son travail on essaye de la tuer. Elle s’est faite agressée à  l’aéroport, ce qui fait plaisir au gouvernement, et il existerait un groupe sur Facebook qui récolte de l’argent pour payer un tueur à  gage (je le disait il existe des trucs bizarres sur ce facebook)

Bref il y a quelques jours la présidente su sénat la attaqué en l’accusant d’être amie de Chavez et donc de trahir la patrie et elle lui demande si elle était en train de faire les démarches pour obtenir la nationalité venezuelienne (ce qui démontre selon certain sa trahison). La honte, oser poser une question aussi débile au sénat faut y aller. Comme si le fait le fait d’être double national était interdit (de fait l’ancienne ministre des affaires étrangères était étasunienne et personne ne s’en est préoccupé). Le débat a tourné au vinaigre mais la seule qui resté vraiment digne c’est Piedad Cordoba. Je regarde rarement les débat en direct mais là  c’était du jamais vu. Plus de la moitié des sénateurs ne lisent pas autre chose que Jet Set (voici version colombienne). Cela dit je suis persuadé qu’en France c’est pareil.

En fin de compte l’accusation qui est faite contre Piedad Cordoba est d’être de l’opposition. A nouveau, on est avec le président ou avec le terrorisme. Et pire, comme l’indique les énormes affiches signées Alvaro Uribe Velez qu’on voit partout en ville actuellement:

On est avec la COLOMBIE ou avec le TERRORISME!!!!!

àŠtre de l’opposition c’est être avec le terrorisme et contre la Colombie. Triste, très triste.

La presse centralisée sous l’éxécutif

libertepresse.jpg La presse, écrite, radio ou télévisuel en Colombie est relativement limitée, pas forcément en terme de quantité mais plutôt en terme d’idée. L’unisson est presque de rigueur!
Le seul quotidien national El Tiempo, est ouvertement pro gouvernemental. Il appartient à  la famille Santos (la même famille que le vice président et le ministre de la défense) et depuis peu au groupe Planeta qui a garanti qu’il laisserait la même ligne éditoriale.

La proximité entre le gouvernement et ce journal peut avoir des effets monstrueux, comme ce fut le cas lors de la mort de Reyes.
El tiempo a publié des photos que lui avait fournies en exclusivité le gouvernement et qui montrait soi- disant le ministre équatorien Larrea en compagnie du guérilléro Reyes. Le gouvernement colombien en avait profité pour attaquer verbalement l’Equateur. Le fait est que sur cette photo le personnage en question était le président du parti communiste argentin…

A ce moment une série d’autres informations ont été publiées, directement filtrées de l’ordinateur de Reyes, dont sûrement une grande partie d’interprétation gouvernementale. El Tiempo a simplement servi pour communiquer les attaques du gouvernement colombien, sans jamais se poser une seule question.

Les autres quotidiens sont régionaux et cautionne du gouvernement actuel. Aucun doute n’est possible. La presse écrite se sauve légèrement avec 2 hebdomadaires El Espectador et Semana, un peu plus critique; Semana s’est notamment distingué lors d’une opposition contre Uribe, ce qui a valu des insultes de la part du président.

La radio dépend beaucoup de la télévision ou de grand groupe comme Prisa (espagnol) mais reste à  mon sens la seule manière d’avoir une information complète, et même si elle est majoritairement uribiste c’est bien souvent la seule façon de pouvoir écouter l’opposition.

La télévision est en général une vaste blague, on peut considérer qu’il existe 2 chaines nationales, Caracol et RCN. Les deux sont absolument pro gouvernemental, je dirais même que RCN fait peur. Les informations présentées sur cette chaine sont grossièrement manipulées et commentées d’une manière pathétique par 2 journalistes qui se croient le centre du monde.

Les informations télévisuels se sauvent grâce a une petite chaine partagée entre plusieurs programmateurs. Les infos de CM& sont sans aucun doute les meilleures et même si le directeur est un uribiste affiché c’est un journaliste professionnel qui analyse et critique les informations. Et en plus les présentateurs sont bons et s’intéressent aussi à  l’actualité du monde.

Le gouvernement projette d’ouvrir une 3e chaine de télévision, la gestion de la mise en place de celle-ci se fait à  travers la Commission National de Télévision. Cette dernière est censée être plus ou moins indépendante mais Uribe a nommé son ancien secrétaire de presse à  sa tête qui a réussi, à  travers des décrets, à  sortir toute opposition au sein de la commission.

L’ouverture de ce 3e canal est prévue pour 2009, de même que le renouvellement des concessions pour RCN et Caracol, ce qui permet au gouvernement de bénéficier d’un moyen de pression énorme sur les médias qui pourraient éventuellement vouloir penser autrement ou sur les éventuels investisseurs.

PS: et pour en ajouter un peu, comme si ce n’était pas suffisant, la Colombie est classé à  la 126e place du classement de Reporters sans Frontières sur 169 pays. Le gouvernement n’est pas directement responsable le problème de la liberté de la presse est bien plus vieux que lui et les FARC ont largement leur part de responsabilité, cependant on na va pas dire qu’il a fait grand chose pour l’améliorer! Et ça j’en ai déjà  parlé à  plusieurs reprises: l’insécurité démocratique 2, la liberté de la presse, Uribe, antidémocrate

La Banque Centrale va perdre son indépendance!

billet-de-10000.jpgLa Banque Centrale colombienne, Banco de la Republica, est dirigée par un comité de direction composé de 7 membres: le ministre de l’économie, le gérant de la Banque et 5 autres directeurs. Ces 7 personnages décident ensemble le chemin que doit prendre l’économie colombienne, ou plutôt la politique monétaire, politique des crédits et de change du pays.

Les statut de la Banque Centrale on été écrits en tenant compte de la Constitution de 1991 et permettent au président en place de nommer 2 des 5 directeurs, garantissant l’indépendance de la Banque. La constitution de 1991 qui limitait le mandat du président à  une seule période de 4 ans a été changée par le gouvernement d’Uribe, lui permettant un second mandat.

Ce changement de constitution n’a pas eu d’effet ni sur les autres articles de la constitution ni sur les organismes qui dépendent de cette constitution, malgré une initiative de l’opposition. Les statuts de la Banque Central sont donc restés identiques et le président Uribe a déjà  nommé son troisième directeur, mettant déjà  en péril l’indépendance de cette identité. Mais le plus grave est à  venir il est sur le point de pouvoir en changer quelques autres, ainsi il obtiendrait la majorité absolue dans le comité dirigeant de la Banque.

Il ne reste donc que quelques mois d’indépendance à  la Banque Centrale Colombienne… et hop un petit bout de démocratie qui s’en va discrètement.

PS: pour ceux qui veulent lire un peu sur l’importance de l’indépendance des Banques Centrales dans les démocratie je ne peux vous recommander la bible en la matière: Arend Lijpart, Patterns of Democracy, chapitre 13. Comme il le dit lui même, on a souvent tendance à  sous estimer l’importance de cette indépendance mais lorsque  la Banque Centrale est indépendante et forte elle peut jouer un rôle critique dans le procédé politique.