Libérez Emmanuel!

 

logo_negro.gifL’enfant de Clara mérite une vie meilleure, comme la méritent les enfants des guérilléros nés dans les prisons de l’Etat, ainsi que les millions d’enfants affamés, malades et sans abri qui déambulent dans les rues colombiennes

C’est la réponse qu’à  donné Raul Reyes, porte paroles des FARC, à  la grand-mère d’Emmanuel, un gosse né otage.
La mère du petit n’est autre que la chef de campagne d’Ingrid Betancourt. Elles ont été kidnappées toute les deux le 23 février 2002, il y a un peu plus de 5 ans.
Pendant sa captivité, Clara a eu un enfant avec un guérilléro, qui aurait maintenant environ 3 ans.
Son histoire mal connue commence petit à  petit à  faire un peu de bruit, cela fait quelques semaines que les médias colombiens essayent de lancer une campagne pour sa libération et hier dans Le Monde Marie Delcas a réussit à  publier un article qui en parle.
La mairie de Bogotà¡ a aussi dit qu’elle allait se lancer dans la campagne mais pour l’instant tout ce qu’on peut voir c’est le slogan “libérez à  Emmanuel” dans tous les journaux télévisé. C’est déjà  pas mal me direz vous…
Pourtant la mobilisation n’a pas vraiment suivie et plusieurs journalistes se sont plaint, critiquant l’indifférence des colombiens et l’indifférence internationale. La comparaison avec la disparition de la petite fille au Portugal montre cruellement ce manque de visibilité qui frappe toujours la Colombie. L’histoire d’Emmanuel n’est pourtant pas moins émouvante.
La porte parole de la campagne, la grand-mère d’Emmanuel, n’a pas la même aisance devant les caméras que la mère d’Ingrid, mais son énergie, malgré ses 78 ans et ses difficultés pour marcher, devrait lui permettre d’être entendue.
Elle a ouvert une adresse mail (liberenaemmanuel@yahoo.com) espérant créer une chaîne de soutient à  travers le monde pour la libération d’Emmanuel. Il existe aussi un blog en espagnol et un en français pour avoir plus d’info, vous pouvez aussi visiter cette page de soutien.

Nous devons faire une immense chaîne où chacun manifeste l’impression que lui produit cette réalité

Clara Gonzà¡lez de Rojas, grand mère d’Emmanuel.

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Justice transitionnelle sans transition

La ley de Justicia y Paz a été créé par le gouvernement Uribe au début de son mandat pour que les paramilitaires se démobilisent. Cette loi est le fruit d’une négociation entre le gouvernement et les chefs des AUC. Sans revenir sur les défaillances qu’elle avait au départ et les modifications que lui a apporté la cour suprême de justice il me semble intéressant de suivre quelque peu le processus.

En acceptant que le but de la justice transitionnelle soit la recherche de la paix, on accepte que les peines soient minimum, que la justice passe après un but supérieur. Cette loi à  tout de même permis la démobilisation de quelques 35 mille paramilitaires, dont un peu plus de 10 mille en armes. Chiffres record, il n’y a aucun doute. Même si une partie s’est enrôlée juste pour pouvoir se démobiliser et toucher les aides de l’état le chiffre est grand.

Beaucoup des problèmes juridiques inhérents à  cette loi ont été modifié par la cour, rendant la loi presque acceptable aux yeux du droit international. Les chefs paras malgré leur mécontentement ont tout de même finis par accepter les modifications.

La démobilisation a eu lieu, les premières enquêtes apportent de temps à  autre quelques éléments, et même s’il existe un manque cruel de moyen pour vraiment découvrir la vérité quelques progrès ont été fait. Même si les problèmes ne manquent pas il est possible de voir des points positif à  tout ça. Plusieurs s’acharnent à  le faire d’ailleurs, mais souvent ils oublient la création des “nouveaux” groupes paras, qui ne sont en fait que des anciens qui se sont reformé, ou mieux qui ne sont jamais démobilisé. Ou encore l’inexistence de la protection des victimes; plusieurs assassinats et de nombreuses menaces. La situation de la victime est probablement le pire des résultats de cette justice transitionnelle, non seulement on ne lui assure pas de protection mais en plus elle doit venir témoigner devant son bourreau et supporter la pression sociale.

Et oui, la pression sociale, car si la partie juridique est loin d’être parfaite le changement de société face aux paramilitaires est inexistant. Les exemples ce dernier mois font froid dans le dos. Le pire est probablement la fête qu’a reçu le chef para “el Aleman” au moment où il venait témoigner. Pour beaucoup cet homme qui a massacré plusieurs centaines de personnes est un héros. On peut aussi voir des publicités dans les journaux qui présentent certains capo comme des hommes de paix, rempli de bonne volonté. A la télévision, cette semaine, un policier participant à  une émission à  la con avoue que pour lui la création des groupes paramilitaires étaient une bonne chose. Tous les jours, on voit, on entend ou on lit que les paramilitaires étaient un moindre mal, malgré les 300 fosses communes découvertes dernièrement.

Des signes qui font mal aux victimes, qui leur font peur; elles n’osent bientôt plus rien dire, voyant que la majorité n’est pas prête à  faire appel à  la justice ou à  l’Etat pour régler ses problèmes. Les milices privées massacreuses ont encore un soutient hallucinant.

Si les paramilitaires se sont en partie démobilisés, le paramilitarisme est loin de se démonter.

Granda à cuba

imagen-3593678-1.jpgGranda est le guérillero libéré par Uribe suite à  la demande de Sarkozy. Après quelques temps passé avec les curés il a été envoyé à  Cuba. Il ne pouvait pas rester à  Bogotà¡ pour des raisons de sécurité évidente. De plus, comme le signale le Figaro la situation devenait embarrassante pour le gouvernement d’Uribe. Les FARC avaient retrouvé une tribune pour s’exprimer dans les média colombiens. Fait inédit sous la présidence d’Uribe, une organisation “narcoterroriste” ne peut pas s’exprimer.

Alors il est normal d’entendre Granda saluer “le geste de grandeur du président des Français, un peuple qui a l’autorité morale pour contribuer à  la paix des Colombiens“.

Le G8 a aussi fait un geste, une petite annonce pour la libération des otages. Petit à  petit, même si aucun statut officiel n’a été touché ni ne va l’être pour l’instant, on reconnaît tout de même que les FARC sont plus que des simples narcoterroristes.

Granda est maintenant parti à  Cuba, à  moitié libre, à  moitié on ne sait pas quoi. Son statut légal est encore pour définir. Mais sa présence à  Cuba est conditionnée, selon les autorités cubaines, à  l’avancée des négociations. Pour l’instant les FARC n’ont pas reconnu en lui une quelconque légitimité pour s’exprimer en leur nom. Et ça, il est clair qu’eux seuls peuvent le décider.

Pour l’instant ils ont répété qu’ils n’avaient rien négocié avec la France et que la libération des otages ne se ferait qu’après des négociations dans une zone démilitarisée, chose qu’Uribe n’ait pas prêt d’accepter.

Rien de bien nouveau sous les tropiques, sinon que Granda est parti et qu’on attend toujours la libération des otages.

FARC/Uribe/Sarkozy: A quoi jouent-t-ils?

imagen-3580623-1.jpgDepuis une dizaine de jours les nouvelles s’enchaînent, Uribe prépare la libération des guérilléros qui aurait accepté le plan gouvernemental de démobilisation. Les FARC s’entêtent à  dire que les promesses d’Uribe sont un rideau de fumée pour cacher le scandale de la parapolitique, qui a prit des proportions inquiétantes pour la stabilité du gouvernement.

Sarkozy a mis du sien dans l’histoire, il est soi disant en contact régulier avec son homologue colombien, voulant garantir la non-intervention armée des militaires colombien pour sauver les otages. Il cherche aussi à  faciliter les discutions avec la guérilla.

En France les journaux titre à  l’optimiste, une grande avancée vers la libération des otages voire même une grande avancée vers la paix. Cependant au jour d’aujourd’hui il n’existe toujours aucune garantie de la bonne volonté de FARC de suivre ce mouvement de “paix”.

Essayer de comprendre les petits jeux de chacun n’est pas une tâche facile dans l’ambiance régnante. Que cherche Sarkozy? Pourquoi les FARC accepteraient-elles de libérer les otages sans rien y gagner? Pourquoi Uribe a-t-il changé sa stratégie de manière si abrupte?

Pour Sarkozy l’explication des élections à  venir et l’envie de faire la une des journaux comme étant le grand sauveur d’Ingrid Betancourt, et par la même occasion faire mieux que son prédécesseur n’est pas à  négliger. Cependant cette vision s’arrête au court terme, et il ne faut pas oublier que les relations franco-colombiennes sont réduites depuis plusieurs années à  cause de cette histoire. La libération d’Ingrid permettrait le renouement de ces relations. La Colombie est actuellement très attractive pour investir, ce serait dommage pour la France de perdre des opportunité. Sarkozy est sans doute prêt à  plus qu’on ne peut l’imaginer pour terminer avec cette histoire. Imaginer une rançon n’est pas complètement absurde, la France n’en serait pas à  son coup d’essai pour libérer ses citoyens séquestrés.

Uribe est évident intéressé par l’affaire, surtout en cette période où sa crédibilité internationale est remise en question, principalement aux Etats-Unis. Dans ce sens Uribe est en train de réaliser un coup risqué mais majestueux. Son revirement politique est palpable seulement au niveau interne, c’est-à -dire que s’il “perd” il perdra seulement de la crédibilité dans ces rangs. La majorité des Uribistes n’étant favorable à  aucune discussion avec les FARC. Perdre signifie que les FARC refusent de relâcher ne serait-ce qu’une partie des otages, alors qu’il aurait libérer plusieurs centaines de prisonnier. Ce “perdre” ne l’est pas forcément au niveau international, car il démontre au monde une certaine ouverture, un effort vers la paix et une volonté d’avancer, ce qui en surtout Europe est très important. Donc ce “perdre” est en réalité un “gagner moins”.

Quant aux FARC elles se retrouvent coincées, difficile de sortir de ce piège tendu par Uribe. S’ils acceptent de libérer des otages, leur possibilité d’être des “stars” d’un jour avec une zone démilitarisé est fichue. Pire encore s’ils refusent, car ils perdraient de la crédibilité en France et probablement en Europe, se reléguant au vulgaire statut d’organisation terroriste avec qui il est impossible discuter. Une brève application de la théorie de jeu nous dirait que les FARC vont relâcher une partie des otages, pour “perdre moins”. Fait qu’ils devraient nier jusqu’au dernier moment pour tenter de décrédibiliser Uribe, espérant qu’il fasse marche arrière.

Uribe sortirai alors grand vainqueur, ouvrant la porte à  une négociation plus ample et Sarkozy serait le sauveur de Jeanne d’arc. La seule véritable perdante est la justice colombienne, Uribe lui passant par dessus sans grande préoccupation. Le pouvoir du politique, qui dans certain cas bien particulier, s’avère nécessaire pour l’avancée d’un pays.

Les Farc et Sarko à la une!

Raul Reyes, porte-paroles de FARCAujourd’hui j’avais envie de parler d’autre chose, voir un peu les fonds de tiroir et sortir une vieille anecdote, une photo pourrie ou même vous raconter l’histoire de la sangria espagnole version colombienne… un vrai régal.

Bin non, hier les journaux étrangers (non colombiens) parlent de ça à  tout va, j’ai même reçu des mails pour savoir ce que j’en pensais… et là  je me suis dis merde. Je pense rien!

Le pire, en fin de compte c’est que c’est presque vrai. Les FARC proposent la même chose qu’il y a 6 mois, c’est à  dire une zone démilitarisée, ce que Uribe n’est pas près d’accepter. Uribe, quant à  lui, a proposé il y a peu de temps de libérer les FARC en prison de manière unilatérale.

D’un côté comme de l’autre ce sont des coups médiatiques, Uribe est un fan des sorties spectaculaires, et ça marche, sa popularité est toujours très élevée. Quant aux FARC, ils cherchent désespérément à  l’extérieur ce qu’ils ne trouveront plus à  l’intérieur. C’est à  dire de la reconnaissance. Alors Sarko est nouveau, il a tout promis à  tout le monde, les FARC le voient comme quelqu’un qui a de l’influence en Europe et dans l’Union Européenne. Ils auraient très envie que la négociation ait lieu, qu’on leur retire ce statut d’organisation terroriste qui les empêche d’avoir des liens avec des ONG européenne de manière officielle… Bref ils recherchent un peu de visibilité.

Que peut faire Sarko … grande question, moi je dirais qu’il doit être bien emmerdé. Si son but est de renouer de manière forte les relations franco-colombienne il ne fera rien qui va à  l’encontre d’Uribe et cherchera plus les relations économique entre les deux pays. Rappelons que la colombie est actuellement considérée comme un des pays en développement les plus attirant pour investir… (affaire à  suivre car depuis un petit mois plusieurs commencent à  se préoccuper de la surchauffe économique).

Sinon le cas Ingrid, c’est un peu l’épine dans le pied des relations franco-colombienne… un échange rapide entre Uribe et les FARC serait le mieux, un truc vite fait et discret, cela assurerai la survie des otages.. mais pour les deux cela veut dire un effort, Uribe doit accepter une petite zone démilitarisé, et les FARC accepter que ça se fasse sans télé … Uribe vient d’accepter l’idée que la France envoie un émissaire pour discuter avec les FARC, on va surement avoir d’ici 2 semaines une proposition d’échange, Uribe va faire mine d’accepter … et là  soit une bombe pète dans l’école de guerre à  Bogotà¡ comme il y a six mois… soit l’échange se fait vite fait comme si de rien était… mais cela ne va pas être facile ni pour Uribe et ni pour les FARC de penser aux otages sans vouloir gagner quelque chose…

TLC: ELN et USA sur la même longueur d’onde!

Le comble me direz-vous, et tout le monde sera d’accord. Mais pourtant c’est à  peu près vrai. On le sait depuis quelque temps, le congrès des Etats-Unis traîne les savates pour signer le traité de libre échange (TLC: tratado de libre comercio) avec la Colombie.  La raison est relativement simple, les élus démocrates majoritaire au congrès ont décidé de mettrent des batons dans les roue à  la politique extérieure de Bush. L’Irak oui, mais la Colombie aussi. Les Etats-Unis sont très présent ici (cf le Plan Colombie). Alors les démocrates, qui respectent les droits de l’homme eux c’est sûr, freinent la signature d’accord avec la Colombie. Le TLC est peut être un accord complètement nul, injuste et qui va ruiner la Colombie, c’est possible et ça se discute mais là  n’est pas la question, pour eux le problème est que le gouvernement ne respecte pas les droit de l’homme donc avant de signer un accord on veut être sûr que la justice fait son travail et que le gouvernement ne participe pas aux horreurs..

Pendant ce temps, le gouvernement et l’Armée de Libération Nationale (ELN)  négocient. à‡a fait déjà  un moment mais une négociation c’est long. La dernière trouvaille de l’ELN est de demander, en échange d’un cesser le feu l’annulation du futur TLC, l’arrêt de la privatisation des grandes entreprises colombiennes, etc.

A quand une rencontre au sommet ELN/Démocrates pour abolir le TLC?

Mancuso accuse

mancuso.jpgMancuso est un paramilitaire, un seigneur de guerre, un assassin responsable de plusieurs massacres de civils… Le monsieur s’est démobilisé grâce à  la fameuse Ley de Justicia y Paz et depuis une semaine il participe à  la phase “vérité” où il raconte les petites histoire qu’il veut bien raconter. De cette manière il purgera quelques petites années (8 ans maximum) dans une pseudo prison avant de retrouver la liberté et toutes ses richesses. Ayant déjà  discuté de l’intérêt de “justice transitionnelle” à  la sauce colombienne et de ses problèmes je ne reviendrais pas trop dessus, sinon pour dire qu’une grande partie des craintes exprimées par la “société civile” s’avère réelle. Non seulement la justice n’a pas le temps ni les moyens de faire les enquêtes nécessaires pour trouver la vérité. Mettre un nom et une histoire sur chaque morts découverts (plus de 10 mille) dans les fosses communes est un travail de plusieurs années.
De plus l’Etat n’est pas capable d’assurer la protection des victimes qui voudraient témoigner ou simplement participer aux séances. Il existe plusieurs cas d’assassinats des défenseurs des victimes ces derniers temps. Plusieurs autres victimes ont du fuir (pour la combientième fois?) leur région pour survivre. Le système mis en place pose tellement de problème que même le fiscal responsable de l’application a dit a plusieurs reprises que s’il avait su que c’était lui qui devrait appliquer cette loi, il ne l’aurait pas écrite comme ça, et que les moyens mis à  disposition sont absolument ridicule.
Cette justice transitionnelle ne transite vers rien de nouveau, de soi-disant “nouveaux” groupes de paramilitaires se sont recréé, qui ne sont en réalité que du réchauffé des anciens groupes, ressortant les armes des caves et des petits chefs qui ont grandi. Les anciens “grand chef” comme Mancuso raconte tranquillement comme ils ont fait. Extrapoler leurs discours pour savoir comment les “nouveaux” sont en train de faire est d’une simplicité effrayante.
En fin de compte l’intérêt de cette transition n’est pas seulement de connaitre une vérité partielle sinon d’apprendre à  lutter contre les associations de malfaiteurs et les mécanismes de la mafia “paramilitaire”.
Selon cette idée les accusations de Mancuso sont intéressantes, même si elles sont à  prendre avec des pincettes, il est difficile de croire qu’un type comme lui veuille du bien à  la patrie du jour au lendemain. Il a notamment expliqué, en partie, la coopération des entreprises et des multinationales avec les paramilitaires. Il mentionne Postobon et Bavaria (2 entreprises colombiennes) mais aussi Chiquita, Dole et Del Monte, 3 géants de la banane. Dans l’ensemble cela ressemble à  un impôt de guerre où les entreprises n’ont pas forcément eu le choix. Contrairement au cas de Chiquita qui est clairement une aide volontaire et un soutient à  la création de groupes illégaux. Après la question éthique est évidente, une entreprise X ne pourrait-elle pas refuser l’impôt de guerre et ne pas travailler dans les zones à  risque, quitte à  perdre un peu de bénéfice?
Des entreprises d’extractions de charbon sont aussi en cause, Drummond (USA) est citée pour avoir commanditée des assassinats de syndicalistes.
La semaine a été largement pimentée par les déclarations de Mancuso, le gouvernement s’est vu une fois de plus accusé directement de collaboration avec les paramilitaires. Le Vice Président aurait, selon Mancuso, demandé une participation des paras à  Bogotà¡. Le ministre de la défense aurait quant à  lui participer à  plusieurs réunions avec les paras.
Une fois de plus Uribe est sorti pour crier au mensonge, pour assurer que ses hommes sont propres et de confiance. Garantir que son gouvernement ne cherche que le bonheur de la Colombie etc. Le message devient répétitif, et à  force il perd du poids. Aux Etats-Unis la Colombie commencer déjà  à  payer les “bourdes” funestes des membres d’un gouvernement considéré trop proche des fosses communes…

Les FARC dans l’ombre

Secratariat des FARCDepuis quelques temps l’actualité en Colombie est largement retournée à  l’avancement du conflit, une certaine préoccupation refait petit à  petit surface.

Uribe avait annoncé qu’il terminerait en 4 ans avec la guérilla. Après 4 ans il disait qu’il avait beaucoup avancé mais qu’il manquait encore quelques petits trucs à  régler. Il s’est donc fait réélire.

Face à  la menace et à  la guerre menée par le gouvernement lui-même soutenu par les Etats-Unis, la guérilla recule. Une raison stratégique très simple. Depuis le début du Plan Colombie l’armée s’est dotée d’hélicoptère Black Hawk ce qui lui a permis de gagner en mobilité et en force de frappe. L’armée reprend alors le dessus lors des affrontements contre la guérilla, qui avait réussi à  la fin des années 90 à  passer à  une guerre de position. Chose extrêmement rare pour une guérilla.

Uribe, reprenant les rennes après Pastrana continue la reforme en profondeur de l’armée et à  grand coup publicitaire augmente sensiblement la sécurité dans le pays.

La partie publicitaire a autant d’importance que le renforcement de l’armée. En terme de sécurité la sensation de la population est aussi importante que la réalité, voire même plus sur le court terme, car les gens ressortent et reprennent le contrôle des espaces publics, le rendant plus sûr de fait.

La guérilla, à  nouveau en infériorité face à  l’armée, se replie, après avoir vaguement tenté le combat. Le repli est totalement stratégique, elle quitte ses zones d’influences traditionnelles activement attaquées par l’armée pour se réfugier vers les frontières (Venezuela et Equateur) et vers la mer (océan Pacifique et mer Caraïbes). Les raisons sont évidentes, cela facilite énormément ses exportations de drogues et les frontières lui permettent de se réfugier en pays voisin, plus ou moins consentant.Uribe

Finalement le résultat à  été un déplacement de la guérilla et son changement de stratégie. Elle a repris ses activités de guérilla “traditionnelle” (sabotage, petites attaques avec 4-5 guérilleros etc.) suivant la stratégie du foco développé par Ernesto Che Guevara.

Mais la guérilla est encore bien vivante. Les FARC se sont même donné le luxe dernièrement de réaliser leur 9e conférence générale, la dernière a eu lieu en 1993. Il est possible que le secrétariat général de cette organisation n’ait pas pu se réunir physiquement, mais par internet. Une bonne vidéo conférence depuis la jungle …

En tout cas le message est fort, ils préparent leur plan pour les quatre années à  venir. Ils veulent lancer une grande offensive à  la fin du mandat d’Uribe, histoire de lui dire au revoir. Pour cela ils planifient une diversification financière, voulant récolter plus de fond de l’extorsion. Jusque là  c’était plutôt le business de l’ELN, simplement depuis quelques temps ils ne sont plus vraiment en bon terme et une guerre fait rage entre les deux guérillas. On compterait plus de 600 morts entre les deux mais surtout un nombre très élevé de réfugiés, beaucoup partant au Venezuela. De plus l’ELN est en train de négocier sa sortie avec le gouvernement. Un espace serait donc libre pour les FARC.

Un autre point qui me semble important à  relever, est que les FARC cherchent à  combler leur faiblesse militaire. Lors du dernier combat majeur entre l’armée et la guérilla certains tirs de ce qui pouvait ressembler à  des bazookas artisanaux ont été effectués, visant les hélicoptères. De plus, selon certaines sources, les FARC seraient en contact avec certains groupes des pays de l’Europe de l’Est pour acheter des missiles terre-air… Chose qui représente un réel danger pour les forces armées.

Uribe a fait un premier pas lors des ses quatre premières années de pouvoir, il a su utiliser les ressources de l’armée et une bonne stratégie de communication, le problème est qu’une bonne politique de sécurité doit évoluer après 5 ou 6 ans de fonctionnement. Les truands, brigands, terroristes ou guérilleros s’adaptent bien plus vite que les armées à  tout changement.

Les déficiences de la politique de Sécurité Démocratique commencent à  apparaître, et la plus grande erreur d’Uribe, et pour ça j’ai toujours été contre sa réélection, est qu’il n’a pas profité de la situation de sécurité passagère pour construire la paix, la vraie, la paix sociale. Cette paix qui se construit à  travers les générations, mais qui est réelle. Il a préféré et préfère encore le populisme avec ses “conseils communautaires”, largement comparables aux “Allo président” du voisin Chavez.