L’histoire colombienne en matière d’opposition au régime en place n’est pas très glorieuse. L’épisode du Frente Nacional, un accord entre libéraux et conservateur pour s’alterner au pouvoir empêcha les forces politique plus à gauche de s’exprimer. Ce qui a entre autre généré la création de quelques groupes armés qui ne voyaient pas d’autres solutions que prendre les armes pour s’exprimer.
Ensuite est venu la triste époque de l’Union Patriotique, un parti créé par les forces d’extrême gauche, inclus les FARC, qui fut décimé littéralement, on pourrait parler de génocide politique si le concept existait.
Par rapport à cette époque il y a eu de gros progrès, le Polo créé au début des années 2000 existe et a même pu exercer le pouvoir dans divers endroit du pays. Une meilleure sécurité des hommes politiques, mais aussi des discours moins radicaux ont permis cette avancée.
Et pourtant ce n’est pas encore ça: deux évènements récents le montre clairement.
Les organisateurs de la marche du 6 mars ont été accusé par un proche conseiller de la présidence d’être soutenu par les FARC. Selon lui les vrais organisateurs était la guérilla et cette marche était contre le gouvernement. Résultat des courses: on compte déjà 6 morts. Tous organisateurs ou leader de la marche du 6. Il ont été jugé par le conseiller du président en un matin et assassiné par des paramilitaires en un mois. Le choix est simple: être avec le président ou être contre le président, donc avec le terrorisme.
Le deuxième est l’attaque perpétrée par la présidente du Sénat contre Piedad Cordoba.
La sénatrice Cordoba est celle qui s’est chargée des négociations avec les FARC et avec Chavez pour que celui-ci serve de facilitateur pour libérer les otages aux mains de la guérilla. En six mois ils ont tout même libérer 6 otages et fait récupérer l’enfant de Clara Rojas.
Cette dame est étrangement attaquée de tout bord en Colombie… pour trahison à la patrie, pour avoir discuté avec les FARC et avec Chavez (les deux ennemis jurés de ce gouvernement). Au lieu de reconnaitre son travail on essaye de la tuer. Elle s’est faite agressée à l’aéroport, ce qui fait plaisir au gouvernement, et il existerait un groupe sur Facebook qui récolte de l’argent pour payer un tueur à gage (je le disait il existe des trucs bizarres sur ce facebook)
Bref il y a quelques jours la présidente su sénat la attaqué en l’accusant d’être amie de Chavez et donc de trahir la patrie et elle lui demande si elle était en train de faire les démarches pour obtenir la nationalité venezuelienne (ce qui démontre selon certain sa trahison). La honte, oser poser une question aussi débile au sénat faut y aller. Comme si le fait le fait d’être double national était interdit (de fait l’ancienne ministre des affaires étrangères était étasunienne et personne ne s’en est préoccupé). Le débat a tourné au vinaigre mais la seule qui resté vraiment digne c’est Piedad Cordoba. Je regarde rarement les débat en direct mais là c’était du jamais vu. Plus de la moitié des sénateurs ne lisent pas autre chose que Jet Set (voici version colombienne). Cela dit je suis persuadé qu’en France c’est pareil.
En fin de compte l’accusation qui est faite contre Piedad Cordoba est d’être de l’opposition. A nouveau, on est avec le président ou avec le terrorisme. Et pire, comme l’indique les énormes affiches signées Alvaro Uribe Velez qu’on voit partout en ville actuellement:
On est avec la COLOMBIE ou avec le TERRORISME!!!!!
àŠtre de l’opposition c’est être avec le terrorisme et contre la Colombie. Triste, très triste.