Les ironies de la guerre

Avec la mort de Reyes on a eu droit à  quelques détails croustillants du conflit colombien.

D’abord il est quand même important de voir que mister Reyes dormait en pyjama dans sa jungle, tranquillou… avec quelques jolies jeunes femmes qui l’accompagnaient. Sympa la vie de guérilléros… bien gras et bien entouré.

Ensuite le monsieur se promène avec 4 ordi portables… tranquille aussi, par trop de soucis de logistique. Dans ses ordis on a trouvé de tout. Difficile de savoir ce qui est vrai et ce qu’il ne l’est pas mais en tout cas ce qui me fait rire c’est qu’après l’avoir traité de tous les noms on prend très au sérieux ce qu’il dit dans ses mails. A part le coup des 50 kilo d’uranium que personne n’a cru (et pour cause des expert US nous on gentiment expliqué que c’était impossible que les FARC en achètent comme ça sans qu’il le sache la haut), le reste a été accepté comme la sainte vérité. Reyes parle et tout le monde écoute.

On apprend plein truc sur les différentes stratégies des FARC, et le truc qui me marque le plus et qui en plus a été confirmé par d’autres sources c’est qu’ils coopèrent avec les paramilitaires. On savait qu’il existait des ententes et des partages de terre pour le trafic de drogue mais en plus on apprends qu’ils s’achètent des armes entre eux. Alors là  la question est pour tuer qui? les paramilitaires et les FARC ne sont pas censé s’entretuer? Les paramilitaires n’ont pas été créé pour lutter contre les FARC?? Ils ont même reçu l’appui des militaires pour ça…

Et les FARC ne sont pas censé lutter contre l’oligarchie??? Cette même oligarchie qui finance les paras??? En fait ils sont tous copains, trafiquent ensemble, …. s’élisent mutuellement??? Je me demande même s’il se recycle pas entre eux…

La guerre est contre les civils… ni plus ni moins.

Et pour finir ce qui ne simplifie pas grand chose Yvan Rios, l’autre membre du secrétariat des FARC tué la semaine dernière par son bras droit. Le bras droit, Rojas est maintenant au main de la justice colombienne mais on sait pas trop si on doit lui donner la récompense pour avoir tué son chef. Il y avait 5 mille millions de pesos sur sa tête… Bin oui le monsieur des FARC est un héros maintenant, donnons lui plein de fric. L’idée est qu’en lui donnant on montre que la politique des récompenses est réelle, peut être que ça pourrait motiver d’autre membres de FARC à  tuer leur chef… Et pourquoi pas inviter tous les mercenaires du monde à  venir en vacances en Colombie, y’a plein de thunes à  gagner. Une vaste blague.

Rojas n’est quand même pas n’importe qui, pour être le bras droit de Rios c’est le plus haut gradé chez les FARC qu’ils ont arrêté et maintenant ils veulent le payer. … Mais la justice se défend, il est quand même accusé de rébellion … oui oui…

Si j’étais vulgaire je dirais …. mais je me retiens, je suis bien élevé.

Putain de connard de merde…

Désolé maman j’ai craqué.

Et oui les paras sont toujours là!

Je sais, je devrais changer un peu de disque. Parler de la pluie qui est revenu sur Bogotà¡. Après deux mois de soleil on a pris la douche cette aprem’ et sauf malentendu on est reparti pour 10 mois de pluie. C’est pas une blague, Bogotà¡ est pire que Londres en matière de temps.
Je pourrais aussi aller faire des photos au marché, des photo de fruits, parler de bonne bouffe et de bon resto, de boite de la nuit… vous parler du dernier film colombien (paraiso travel) qui est une perle.
Je pourrais aussi aller voir comment vont les conseillers de la ville, comment se trame les alliances politiques pour élire les fonctionnaires publiques. je pourrais…
Bin non, je continue à  faire chier avec le même thème, le reste viendra c’est sûr. Mais voilà , j’en ai tellement marre d’entendre que la structure paramilitaires a été démontée ou que ces assassins sont tous mignons, je vous mets en ligne un texte que j’ai sauvagement piqué chez El Tiempo. C’est en espagnol, navré.

à  lire:

Marà­a Jimena Duzà¡n. Columnista de EL TIEMPO.

El 6 de marzo saldré a marchar como lo hice el 4 de febrero: en contra de todas las formas de violencia que azotan a este paà­s -no solo en contra del paramilitarismo- y honraré la memoria de todas las và­ctimas de este conflicto, provengan de donde provengan.

Es probable que eso no sea polà­ticamente correcto en esta Colombia joseobduliesca, que cree a pie juntillas que las àºnicas marchas que valen la pena son las que refuerzan la tesis gubernamental de que Colombia no vive un conflicto, sino una amenaza militar, que son las Farc, y que una marcha en contra de los paramilitares es una estupidez porque, como nos lo han dicho una y otra vez, estos, los ‘paracos’, ya no existen desde que este gobierno los desmovilizà³ con éxito y encarcelà³ a sus mà¡ximos jefes.

Nada mà¡s falso que esa premisa. El paramilitarismo en el paà­s no se ha acabado. Sigue vivito y coleando, pero transformado en otra monstruosidad: en una mafia regional prà¡cticamente legalizada y aceptada socialmente, que ya no solo se nutre del narcotrà¡fico, sino del erario pàºblico, al estilo de la mafia napolitana y siciliana. Es una mafia que ha aprendido a ganar las elecciones, que tiene a senadores que representan sus intereses y que ahora es la gran dueà±a de los puestos y de los contratos, la misma que lava sus dineros en esas pirà¡mides financieras que hoy se està¡n derrumbando. Una mafia que sobrevivià³ a la desmovilizacià³n y al encarcelamiento de algunos de sus jefes militares debido a que este proceso se hizo de manera incompleta, al dejar intactas las estructuras de poder de esas organizaciones criminales.

Desde luego, tiene sus ventajas: es una mafia que no le incomoda mucho al Gobierno; que no comete masacres, sino asesinatos selectivos, porque, a diferencia de sus antecesores, ya tiene asegurado el control territorial y el poder dentro de las instituciones del Estado que le dejaron los narcoparamilitares, quienes recurrieron a las masacres de campesinos, a las motosierras y al despojo de las tierras para conseguir finalmente el control de territorios que desde el 2000 detentan.

Esa es la misma mafia que anda detrà¡s del cultivo de la palma y de ese embeleco presidencial en que se ha convertido el tema de los proyectos agroindustriales y que se articula de maravilla con ese talante terrateniente que tiene este gobierno a la hora de pensar en los desplazados y en las và­ctimas del paramilitarismo.

Lire la suite sur El Tiempo.
Marà­a Jimena Duzà¡n

Palme africaine en Colombie, une source de conflit

 

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copyright: © Chappatte – www.globecartoon.com/dessin

On le sait depuis longtemps maintenant, le biocarburant n’a de bio que le nom. De nombreux spécialistes et non spécialiste on déjà  annoncé les pires catastrophes si on venait a utiliser des biocarburants. Un des principal problème est la migration de culture nutritive à  la culture de palme à  des fins énergétiques, alors que, comme le rappelait Jacques Diouf, directeur de la FAO, à  Davos:

854 millions d’humains ne mangent pas à  leur faim, la population mondiale va passer de 6 à  9 milliards d’ici à  2050, et 70 % des pauvres sont des ruraux.

[…]

Pour des raisons structurelles, la situation (sur les marchés agricoles) ne va pas changer du jour au lendemain. En 2007, l’envolée des prix a eu un impact sur les capacités d’importation de produits alimentaires de certains pays. La facture totale a atteint un record, à  747 milliards de dollars (506 milliards d’euros). Pour les pays en développement, elle a augmenté de 25 %.

Ce qui pourrait expliquer certaines chose. Enfin la situation empire, mais on ne change rien, on ne peut pas dire, en tout cas pas encore, que la palme a déjà  une part de responsabilité.

En Colombie la culture de palme africaine est depuis quelques années (disons au hasard 2000) devenu un soi-disant super moteur de développement des régions agricoles chaude et humide. Elle a été introduite dans les années 30 et a fait un premier bond quantitatif dans les années 50.

Le Plan Colombie prétend substituer les plantations illicites (coca) par de la palme africaine, l’idée est de semer quelques 300 mille hectares. L’idée ne semble pas mauvaise à  priori, le problème vient lorsqu’on commence à  s’intéresser aux personnes qui s’occupent de ce business. Le gouvernement donne la pleine liberté à  ces nouveaux entrepreneurs qui ne sont autre que les paramilitaires soit disant démobilisés.

Et ces messieurs ont conservé leur méthodes: assassinats sélectifs, déplacement forcé et destruction des forêts. Une loi sur l’exploitation des forêt a même été mise en place juste pour eux, elle a été ensuite déclarée inconstitutionnelle mais le jour suivant (un temps record) de cette annonce, le gouvernement en a fait passée une autre.

La Palme est la nouvelle source pour effectuer une contre réforme agraire et c’est aussi un des sujet phare du Plan Colombie et du traité de libre échange avec les US. C’est beau quand même, mais j’irai pas plus loin dans mes recherches sur le thème, un prof de l’université du nord s’est fait descendre juste avant de présenter, preuve à  l’appui, le nouveau business des paramilitaires… démobilisé bien sûr!

Les paracos: une plaie humaine

Une amie de ma femme travaille pour un genre de cellule de protection pour femme en danger. C’est une de ces super-woman, qui approche la quarantaine, rondelette et bien présente, limite grande gueule, qui connaît tout le pays et qui chaque semaine est confrontée à  des situations compliquées. Elle y fait face avec brio, toujours forte et sûre d’elle. Mais voilà , l’autre jour elle a débarqué avec des cernes jusqu’au bas des joues, les yeux rouges vifs, apparemment exténuée.

Euh, ça va?

oui, enfin non, la semaine a été tendue …

Elle était en voyage, à  Montes de Maria (ce bled est une légende de l’horreur, son histoire est marquée par quelques massacres) pour aller chercher une jeune femme qui rêvait d’avorter, mais les médecin sur place refusaient ne voulant pas offenser dieu. La mission était simple, retrouver la jeunette (17 ans) et l’emmener à  Bogotà¡ pour qu’elle puisse avorter. La rencontre a eu lieu sans problème, jusqu’à  l’arrivée du vieille hystérique qui les prévient qu’une bande de paracos sont en train d’arriver pour régler le problème à  leur manière et éliminer tout le monde. Merci la vieille hystérique.

Bien logiquement ce genre de menace dans un bled comme celui-là  est à  prendre au sérieux. Super-woman n’a donc que quelques minutes pour trouver une solution et heureusement pour elle, elle a de bon contact à  Bogotà¡. Elle court donc se réfugier avec son équipe et sa protégée dans les services sociaux du bled, qui les planque dans le fond d’un camion sous une bâche. Elle a juste pris le temps d’appeler le capitaine de la police de la capital (et non du bled, très important) qui lui envoie une force d’urgence de confiance.

Après deux heures sous la bâche les secouristes l’escorteront jusqu’à  l’avion. Les raclures de paracos étaient là  regardant leur proies filer entre leurs pattes, et dire qu’ils sont soit disant démobilisés … h.p … c’est important de le savoir quand on travaille dans le social, pour prévoir d’avoir le numéro du chef de la police, ça peut aider.

Les paramilitaires se réarment

UribeLe 20 juillet dernier, Monsieur le Président Uribe clamait très haut que le phénomène paramilitaire avait été dépassé en Colombie. Ce jour là  j’avais vaguement décidé d’en rire, préférant éviter de répéter pour la 250e fois que c’était un mensonge. Un de plus de ce magnifique gouvernement.

Mais finalement je n’ai pas eu besoin de revenir sur le sujet, Uribe la fait tout seul. Lors de son conseil communal, (la version du samedi du maintenant célèbre “allo présidente” fait par le voisin le dimanche) Mr Uribe a reconnu que les paramilitaires étaient en train de se réarmer. Un peu plus d’un an après la OEA, c’est pas mal, … et après on dit que ce sont les organisations internationales qui sont lentes…

Il a enfin reconnu que les paras sont de nouveau actifs. Ils sont tellement actifs qu’ils ont recommencé à  menacer des syndicalistes. Plusieurs d’entre eux craignent pour leur vie, les “Aguilas Negras” leur ont envoyé des messages annonçant leurs morts prochaines. Ceux qui profèrent les menaces sont les même qu’avant, sous un autre nom certes mais ce sont les mêmes, on peut donc craindre que les méthodes soient aussi identiques et efficaces.

Alors ce samedi, Uribe, avec son ton de père de la nation a demandé aux militaires présents d’en finir avec les paras. Le pire est qu’on peut aussi douter de la prétendue grande évolution des militaires, ces 3 derniers mois ils ont été confrontés à  une série de scandale en tout genre, depuis l’assassinat de civils à  l’infiltration de la mafia à  de haut niveau.

Alors Uribe leur a rappelé qu’ils leur restaient 3 ans pour en finir avec la guérilla. 3 ans, s’il ne se lance pas pour un troisième mandat. Mais comme l’idée commence à  surgir on peut espérer revoir Uribe et ses copains encore quelques années. Certains cherchent des solutions pour pouvoir changer (encore une fois!) la constitution. Mais cette fois ce ne sont pas les mêmes députés qu’il y a 4 ans, ceux –ci sont en prison pour parapolitique, ce sont leurs remplaçants.

 

Les paramilitaires se réarment, la guérilla est loin d’avoir disparue, et Uribe ne dit pas franchement non pour un troisième mandat. C’est vrai, ils ont raison, on ne change pas une équipe qui perd, il faut d’abord s’assurer qu’elle perde vraiment.

 

Justice transitionnelle sans transition

La ley de Justicia y Paz a été créé par le gouvernement Uribe au début de son mandat pour que les paramilitaires se démobilisent. Cette loi est le fruit d’une négociation entre le gouvernement et les chefs des AUC. Sans revenir sur les défaillances qu’elle avait au départ et les modifications que lui a apporté la cour suprême de justice il me semble intéressant de suivre quelque peu le processus.

En acceptant que le but de la justice transitionnelle soit la recherche de la paix, on accepte que les peines soient minimum, que la justice passe après un but supérieur. Cette loi à  tout de même permis la démobilisation de quelques 35 mille paramilitaires, dont un peu plus de 10 mille en armes. Chiffres record, il n’y a aucun doute. Même si une partie s’est enrôlée juste pour pouvoir se démobiliser et toucher les aides de l’état le chiffre est grand.

Beaucoup des problèmes juridiques inhérents à  cette loi ont été modifié par la cour, rendant la loi presque acceptable aux yeux du droit international. Les chefs paras malgré leur mécontentement ont tout de même finis par accepter les modifications.

La démobilisation a eu lieu, les premières enquêtes apportent de temps à  autre quelques éléments, et même s’il existe un manque cruel de moyen pour vraiment découvrir la vérité quelques progrès ont été fait. Même si les problèmes ne manquent pas il est possible de voir des points positif à  tout ça. Plusieurs s’acharnent à  le faire d’ailleurs, mais souvent ils oublient la création des “nouveaux” groupes paras, qui ne sont en fait que des anciens qui se sont reformé, ou mieux qui ne sont jamais démobilisé. Ou encore l’inexistence de la protection des victimes; plusieurs assassinats et de nombreuses menaces. La situation de la victime est probablement le pire des résultats de cette justice transitionnelle, non seulement on ne lui assure pas de protection mais en plus elle doit venir témoigner devant son bourreau et supporter la pression sociale.

Et oui, la pression sociale, car si la partie juridique est loin d’être parfaite le changement de société face aux paramilitaires est inexistant. Les exemples ce dernier mois font froid dans le dos. Le pire est probablement la fête qu’a reçu le chef para “el Aleman” au moment où il venait témoigner. Pour beaucoup cet homme qui a massacré plusieurs centaines de personnes est un héros. On peut aussi voir des publicités dans les journaux qui présentent certains capo comme des hommes de paix, rempli de bonne volonté. A la télévision, cette semaine, un policier participant à  une émission à  la con avoue que pour lui la création des groupes paramilitaires étaient une bonne chose. Tous les jours, on voit, on entend ou on lit que les paramilitaires étaient un moindre mal, malgré les 300 fosses communes découvertes dernièrement.

Des signes qui font mal aux victimes, qui leur font peur; elles n’osent bientôt plus rien dire, voyant que la majorité n’est pas prête à  faire appel à  la justice ou à  l’Etat pour régler ses problèmes. Les milices privées massacreuses ont encore un soutient hallucinant.

Si les paramilitaires se sont en partie démobilisés, le paramilitarisme est loin de se démonter.

Uribe paraprésident?

Un article paru aujourd’hui dans le Nuevo Herald risque bien de faire de quelques vagues. Un journaliste nous révèle une vidéo où l’on peut voir le président Uribe à  une réunion avec un paramilitaire recherché par la justice colombienne:

La scène est censée se produire en 2001, lors de la campagne présidentielle. Il y peu de détail pour l’instant mais les premières réactions peuvent laisser entrevoir le bout du nez du scandale. Un avocat du secrétaire d’état des Etats-Unis a déjà  annoncé que cette vidéo réveillait de grandes préoccupations sur les connexions Uribe avec les paramilitaires.
Le porte-parole d’Uribe a pourtant dit que le président ne commenterait pas les faits, alléguant qu’Uribe a réalisé plus de mille réunions et qu’il ne peut pas toujours savoir avec qui il se réunit. Soit1 mais là  le monsieur en question est un paracos d’envergure, pas un simple troufion. Un personnage connu et reconnu pour ses atrocités.
Une histoire (encore une?) à  suivre.

Coup bas à la justice Colombienne

Uribe a annoncé hier qu’il voulait donner quelques avantages aux para-politiciens enfermé depuis quelques temps. Le week-end dernier l’Espectador préparait le terrain en nous disant que les pauvres petits étaient en pleine déprime dans leur prison. Snif…

Uribe, bon homme qu’il est, il a surement été touché par les témoignages de tous ces congressistes … qui le soutienne rappelons le!

En deux mots, Mr le président veut amnistier les truands qui ont financé, soutenu, appuyé les paramilitaires ou encore été soutenu par ces même monstres… Les seuls qui resteraient enfermés serait ceux qui ont participé (d’une manière ou d’une autre) à  des “délits atroces”. Il s’invente une sorte de Ley de Justicia y Paz où les corrompus avec les paramilitaires bénéficieraient de la liberté en échange de la vérité…

Un cas flagrant d’abus de pouvoir, de copinage et d’acceptation du pouvoir paramilitaire. Comme le dit si bien “Colombia Hoy“, la plus vieille démocratie d’Amérique [latine] s’éloigne à  grand pas de l’Etat de Droit… c’est clair, Uribe a dû oublier ce que c’était la séparation des pouvoirs et l’institutionnalité.

Encore un élément qui va plaire aux démocrates ricains… c’est sûr!

Mancuso accuse

mancuso.jpgMancuso est un paramilitaire, un seigneur de guerre, un assassin responsable de plusieurs massacres de civils… Le monsieur s’est démobilisé grâce à  la fameuse Ley de Justicia y Paz et depuis une semaine il participe à  la phase “vérité” où il raconte les petites histoire qu’il veut bien raconter. De cette manière il purgera quelques petites années (8 ans maximum) dans une pseudo prison avant de retrouver la liberté et toutes ses richesses. Ayant déjà  discuté de l’intérêt de “justice transitionnelle” à  la sauce colombienne et de ses problèmes je ne reviendrais pas trop dessus, sinon pour dire qu’une grande partie des craintes exprimées par la “société civile” s’avère réelle. Non seulement la justice n’a pas le temps ni les moyens de faire les enquêtes nécessaires pour trouver la vérité. Mettre un nom et une histoire sur chaque morts découverts (plus de 10 mille) dans les fosses communes est un travail de plusieurs années.
De plus l’Etat n’est pas capable d’assurer la protection des victimes qui voudraient témoigner ou simplement participer aux séances. Il existe plusieurs cas d’assassinats des défenseurs des victimes ces derniers temps. Plusieurs autres victimes ont du fuir (pour la combientième fois?) leur région pour survivre. Le système mis en place pose tellement de problème que même le fiscal responsable de l’application a dit a plusieurs reprises que s’il avait su que c’était lui qui devrait appliquer cette loi, il ne l’aurait pas écrite comme ça, et que les moyens mis à  disposition sont absolument ridicule.
Cette justice transitionnelle ne transite vers rien de nouveau, de soi-disant “nouveaux” groupes de paramilitaires se sont recréé, qui ne sont en réalité que du réchauffé des anciens groupes, ressortant les armes des caves et des petits chefs qui ont grandi. Les anciens “grand chef” comme Mancuso raconte tranquillement comme ils ont fait. Extrapoler leurs discours pour savoir comment les “nouveaux” sont en train de faire est d’une simplicité effrayante.
En fin de compte l’intérêt de cette transition n’est pas seulement de connaitre une vérité partielle sinon d’apprendre à  lutter contre les associations de malfaiteurs et les mécanismes de la mafia “paramilitaire”.
Selon cette idée les accusations de Mancuso sont intéressantes, même si elles sont à  prendre avec des pincettes, il est difficile de croire qu’un type comme lui veuille du bien à  la patrie du jour au lendemain. Il a notamment expliqué, en partie, la coopération des entreprises et des multinationales avec les paramilitaires. Il mentionne Postobon et Bavaria (2 entreprises colombiennes) mais aussi Chiquita, Dole et Del Monte, 3 géants de la banane. Dans l’ensemble cela ressemble à  un impôt de guerre où les entreprises n’ont pas forcément eu le choix. Contrairement au cas de Chiquita qui est clairement une aide volontaire et un soutient à  la création de groupes illégaux. Après la question éthique est évidente, une entreprise X ne pourrait-elle pas refuser l’impôt de guerre et ne pas travailler dans les zones à  risque, quitte à  perdre un peu de bénéfice?
Des entreprises d’extractions de charbon sont aussi en cause, Drummond (USA) est citée pour avoir commanditée des assassinats de syndicalistes.
La semaine a été largement pimentée par les déclarations de Mancuso, le gouvernement s’est vu une fois de plus accusé directement de collaboration avec les paramilitaires. Le Vice Président aurait, selon Mancuso, demandé une participation des paras à  Bogotà¡. Le ministre de la défense aurait quant à  lui participer à  plusieurs réunions avec les paras.
Une fois de plus Uribe est sorti pour crier au mensonge, pour assurer que ses hommes sont propres et de confiance. Garantir que son gouvernement ne cherche que le bonheur de la Colombie etc. Le message devient répétitif, et à  force il perd du poids. Aux Etats-Unis la Colombie commencer déjà  à  payer les “bourdes” funestes des membres d’un gouvernement considéré trop proche des fosses communes…

Les para-bananes

para-bananeOui, depuis quelques temps on invente plein de nouveaux mots en Colombie. Après les paramilitaires, la para-politique, la para-manifestation, la para-telenovela, le para-football voici la para-banane!
Qu’est-ce que c’est? Facile, une entreprise de production de bananes qui s’est lancé dans la production de paramilitaires.

Depuis la création des AUC en 1997, la multinationale étasunienne a commencé à  financer le groupe illégal. Plusieurs centaines de versements ont été effectués, représentant au final la modique somme de 1,7 million de dollars.

Banadex, la filiale de Chiquita en Colombie est devenue le premier contributeur des paramilitaires, avec l’accord du siège à  New York. Mais, comme si cela ne suffisait pas, elle a aussi participé à  l’armement de ce groupe. En novembre 2001 elle procède à  la livraison de 3400 fusils AK 47 et 4 millions de cartouches. Selon Castaà±o (chef des AUC, aujourd’hui mort) c’était leur meilleur coup. Le tout a pu se réaliser à  grand coup de corruption des fonctionnaires locaux.

L’entreprise se défend en disant que c’était pour sa protection et celle de ses employés. Pourtant la région d’implantation de la firme a été le théâtre de massacres et d’assassinats perpétrés par les paramilitaires, même parmi les employés de Chiquita… sûrement des contestataires.
Malgré le classement en 2001 par les Etats-Unis des AUC comme organisation terroriste, l’entreprise va continuer les versements se rendant coupable de crime fédéral.

C’est finalement pour cette raison que l’entreprise sera jugée aux Etats-Unis, et non en Colombie, où on est toujours pas prêt à  enquêter sur la responsabilité du secteur privé dans le conflit.

En 2003 l’enquête contre Chiquita commence, principalement grâce à  deux journalistes colombien et étasunien. Comme par hasard peu de temps de temps après Chiquita vend Banadex, sa filiale colombienne à  Banacol. Mais elle aussi est soupçonnée de financer les groupes illégaux.

Chiquita s’en sort avec une amende de 25 millions de dollars, pour l’instant. Ce cas n’est bien sûr pas isolé, mais c’est le premier jugement. Il faut maintenant espérer que la justice colombienne se lance dans la brèche ouverte par les Etats-Unis et ouvre des enquêtes sur la responsabilité du secteur privé.

On pourrait alors inventer des nouveaux mots: para-entreprise, para-impresario, voir même para-PDG…