Mexique: à l’ombre du cri de l’indépendance

Hier, sur la place Zocalo à  Mexico DF, la fête nationale mexicaine n’était pas exactement la même que d’habitude (selon les dires des locaux car comme c’était la première fois que je voyais ça je n’ai aucun élément de comparaison). En image cela donne:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=6G5WswRbUsc[/youtube]
Étonnamment -ou pas- la télé nationale n’a montré aucune image des manifestants, et quelques seconde après le “Viva Mexico” du président Calderon, les images de la fête ont été coupées… un joli match de boxe a occupé tout le monde jusqu’à  la fin de la nuit.

Et oui les paras sont toujours là!

Je sais, je devrais changer un peu de disque. Parler de la pluie qui est revenu sur Bogotà¡. Après deux mois de soleil on a pris la douche cette aprem’ et sauf malentendu on est reparti pour 10 mois de pluie. C’est pas une blague, Bogotà¡ est pire que Londres en matière de temps.
Je pourrais aussi aller faire des photos au marché, des photo de fruits, parler de bonne bouffe et de bon resto, de boite de la nuit… vous parler du dernier film colombien (paraiso travel) qui est une perle.
Je pourrais aussi aller voir comment vont les conseillers de la ville, comment se trame les alliances politiques pour élire les fonctionnaires publiques. je pourrais…
Bin non, je continue à  faire chier avec le même thème, le reste viendra c’est sûr. Mais voilà , j’en ai tellement marre d’entendre que la structure paramilitaires a été démontée ou que ces assassins sont tous mignons, je vous mets en ligne un texte que j’ai sauvagement piqué chez El Tiempo. C’est en espagnol, navré.

à  lire:

Marà­a Jimena Duzà¡n. Columnista de EL TIEMPO.

El 6 de marzo saldré a marchar como lo hice el 4 de febrero: en contra de todas las formas de violencia que azotan a este paà­s -no solo en contra del paramilitarismo- y honraré la memoria de todas las và­ctimas de este conflicto, provengan de donde provengan.

Es probable que eso no sea polà­ticamente correcto en esta Colombia joseobduliesca, que cree a pie juntillas que las àºnicas marchas que valen la pena son las que refuerzan la tesis gubernamental de que Colombia no vive un conflicto, sino una amenaza militar, que son las Farc, y que una marcha en contra de los paramilitares es una estupidez porque, como nos lo han dicho una y otra vez, estos, los ‘paracos’, ya no existen desde que este gobierno los desmovilizà³ con éxito y encarcelà³ a sus mà¡ximos jefes.

Nada mà¡s falso que esa premisa. El paramilitarismo en el paà­s no se ha acabado. Sigue vivito y coleando, pero transformado en otra monstruosidad: en una mafia regional prà¡cticamente legalizada y aceptada socialmente, que ya no solo se nutre del narcotrà¡fico, sino del erario pàºblico, al estilo de la mafia napolitana y siciliana. Es una mafia que ha aprendido a ganar las elecciones, que tiene a senadores que representan sus intereses y que ahora es la gran dueà±a de los puestos y de los contratos, la misma que lava sus dineros en esas pirà¡mides financieras que hoy se està¡n derrumbando. Una mafia que sobrevivià³ a la desmovilizacià³n y al encarcelamiento de algunos de sus jefes militares debido a que este proceso se hizo de manera incompleta, al dejar intactas las estructuras de poder de esas organizaciones criminales.

Desde luego, tiene sus ventajas: es una mafia que no le incomoda mucho al Gobierno; que no comete masacres, sino asesinatos selectivos, porque, a diferencia de sus antecesores, ya tiene asegurado el control territorial y el poder dentro de las instituciones del Estado que le dejaron los narcoparamilitares, quienes recurrieron a las masacres de campesinos, a las motosierras y al despojo de las tierras para conseguir finalmente el control de territorios que desde el 2000 detentan.

Esa es la misma mafia que anda detrà¡s del cultivo de la palma y de ese embeleco presidencial en que se ha convertido el tema de los proyectos agroindustriales y que se articula de maravilla con ese talante terrateniente que tiene este gobierno a la hora de pensar en los desplazados y en las và­ctimas del paramilitarismo.

Lire la suite sur El Tiempo.
Marà­a Jimena Duzà¡n

La marche du 6 mars

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La marche du 6 mars… une suite à  celle du 4 février. Le but est de marcher pour le souvenir des victimes du conflit. TOUTES les victimes, autant celle des paramilitaires que celle de la guérilla ou celle de l’Etat. Le message se veut pacifiste, ce n’est pas “contre” mais “pour”.

A Paris, le rendez-vous est à  18 heures (le 6 mars biens sûr!) sur la place des Droits de l’Homme, au Trocadero. Il n’y a pas de code vestimentaire, il y aura des photos des victimes.

Un mail pour avoir plus de renseignement, ou prendre contact: hommagevictimes.colombie@hotmail.fr. Et un Blog  pour avoir plus d’info.

D’autre marche sont prévues à  Lyon, Nantes, Rennes… N’hésiter pas à  faire passer le message, cette manifestation se fera sans le soutient des médias traditionnels en Colombie. Ni celui du gouvernement… le conseiller présidentiel a déjà  décidé et annoncé que les organisateurs de cette marche était des proches des FARC. La réaction était un peu prévisible et c’est bien triste, le gouvernement perd l’occasion d’unir le peuple colombien contre la violence, contre tout type de violence. Il perd l’occasion de montrer une réelle volonté de paix.

à‡a énerve d’autant plus que les organisateurs de cette marche, en raison des accusations du gouvernement, ont été menacé.

L’après 4 février

739102_plaza-bolivar-365.jpgLa manifestation du 4 février dernier va laisser quelques traces, pas forcément là  où tout le monde aurait voulu mais elle en laissera.

Cette manifestation est parti d’une initiative d’un groupe de facebook et a été ensuite largement récupérée par le gouvernement et ses proches et par les médias. Dans l’ensemble le défilée s’est bien passé et a été une grande réussite. Les diverses ambassades colombiennes se sont chargées d’organiser les regroupements à  travers le monde donnant lieu un a grand mouvement de solidarité avec la Colombie. L’objectif principal de cette manifestation était de dire “non aux FARC”. Le message était clair, simple et précis. Il a cependant généré une certaine polémique, pourquoi simplement contre les FARC et non contre tout type de violence ou contre tous ces groupes qui pourrissent la vie colombienne (paras, narcos et guérillas).

Les premières conséquences de cette manifestation est la grande dispute qu’elle a créé au sein du Polo (parti de gauche). Plusieurs figures du parti, disons-le franchement: ceux qui gouverne ou aspire à  un poste de gouvernant, n’hésitèrent pas pour participer à  la marche. D’autre, comme Carlos Gaviria, ont préféré dénoncer la manipulation qui était faite autour de cette manifestation. Effectivement, il était plus qu’évident que le gouvernement allait profiter des retombées de la manifestation et ce même à  l’insu des organisateurs.

Le Polo a pêché, en tout cas politiquement parlant, intellectuellement peut-être pas mais aux yeux de la population le discrédit est assez grand. Difficile de comprendre qu’un parti qui veut être une alternative, autant à  la lutte armée qu’à  un gouvernement destiné aux intérêt économique, ne puissent pas être du coté du peuple pour condamner la guérilla. Politiquement c’est donc une erreur. Intellectuellement ils ont raison, il faut rejeter tout type de violence, et comme il ne veulent pas soutenir la politique du gouvernement cela peut sembler normal de s’opposer à  marche.

Le problème est qu’en politique il faut avoir du flair. La marche du 4 février fait entrer le polo dans une nouvelle crise, il lui faudra bientôt repenser un peu sa stratégie et son futur…

On peut voir aussi comment la réussite de cette marche est en train d’être récupérée par le parti du président. Effectivement le parti de la U n’a pas attendu longtemps pour se lancer dans son projet de modifier la constitution pour permettre une seconde réélection (donc un 3e mandat) de leur idole. Le président n’a toujours pas dit non, même si plusieurs de ses proches avoue que cela sera une grande erreur politique. On peut s’attendre à  tout… Le gros problème de cette initiative au lendemain de la marche est qu’elle discrédite l’action populaire, donnant largement raison à  ses opposants.
On peut aussi malheureusement douter que cette marche ait un quelconque effet sur les FARC, mais ça aussi on savait avant, cela n’empêche que c’est important que les citoyens s’expriment. Elle a sûrement fait du bien au nationalisme ambiant, et a polarisé encore un peu plus certains débats.

Un exemple qui peut illustrer cela est e qui c’est passé à  Paris. Les organisateurs ont eu une vision un peu fascisante de la marche et se sont excité contre un petit groupe de personne qui voulait aussi manifester contre les narcos et les paras. Quelques tension et un flot d’insulte… selon eux si on est contre les paracos on est des guérilleros. Un peu triste le raccourcit, encore plus triste quand on voit que l’incident a pris des mesures totalement disproportionnées et que les médias ont transformé l’histoire pour salir certains noms.

Plus de détail en espagnol ici et là  et là . Regardez la vidéo, ça vaut le coup d’oeil.

A Paris, toujours, des critiques ont aussi émergée à  l’encontre de la famille Betancourt qui aurait soi-disant demander aux autorités parisiennes de ne pas autoriser la manifestation sur la grande place… sinon dans un petit coin pourri. Là  encore on peut douter de la version officielle, c’est tristement très à  la mode de critiquer méchamment la famille Betancourt.

Bref si la marche est une réussite, tout ce qui se trame autour est plutôt moche, il nous reste qu’à  espérer que la mémoire fasse la bonne sélection… et que le 6 mars la manifestation contre les violences paramilitaires et en souvenir de leurs victimes soit aussi une réussite!

La mode du 4 février

Lundi prochain, le 4 février, c’est le jour de la grande, très grande manifestation. C’est rare en Colombie, les gens sortent rarement manifester. à‡a change de la France vous me direz, mais des fois je me dis que c’est bien aussi d’aller dans la rue s’exprimer.

Enfin voilà  la mobilisation du 4 février est nationale, tout le monde DOIT y aller. Au départ c’est un groupe de fessebouc qui a lancé l’idée et c’est contre les FARC. Le titre est simple “NO MAS FARC”. Quand j’ai reçu l’invitation j’ai d’abord cru à  un de ces groupes à  la con anti gauche, comme ça arrive souvent par ici ou on mélange le polo, les farc, la gauche et où, bien sûr, le but est de tuer tout le monde.

Là  non c’est juste pour dire merde aux FARC. Du coup je regarde un peu plus, oui après tout les FARC sont des sales merdes, manifester contre me semble largement louable. Mais à  force de fouiner et de voir que personne (ou presque) ne veut manifester contre la violence tout court je commence à  croire à  l’action politique et pas tant citoyenne. Le gouvernement, trop content de l’initiative (s’il n’est pas derrière au départ), récupère vite fait l’idée et la transforme en un soutient inconditionnel au gouvernement.

On parle donc plus de pacifisme, simplement on veut éliminer les FARC, quelque soit la méthode, et surtout on dit pas comment. On en profite pour dire que Uribe est le meilleur président de l’histoire et qu’il faut qu’il reste encore quelques années.

La préparation de la manif’ a aussi prit une touche ultra nationaliste, merci à  Chavez. Comme je le disait avant Chavez a réussit à  unir de nombreux colombiens derrière Uribe. Alors lundi prochain l’idée est aussi de sortir le drapeau colombien et de dire merde à  Chavez.

La manif de lundi aurait pu être contre la violence, contre la guerre et bien non ça va être une manif nationaliste de soutient à  la politique d’Uribe contre les FARC. Dommage. Mais quand même, il faut y aller, c’est la pensée unique… Le polo est dans une situation vraiment inconfortable, la nécessité de se démarquer du gouvernement et le rejet des FARC. Dilemme. Du coup l’initiative est de chacun, c’est selon les goûts, même si officiellement il participe.

Moi, par chance, je serais pas là , je pars chez les gringo demain, une petite semaine, rien du tout, mais le 4 je serais à  moins 15 en train de me geler dans un bled pourri. Alors pour ceux qui veulent y participer, dans plein de villes du monde les ambassades se sont chargé d’organiser la manif, pensez juste que vous aurez peut-être besoin de vous protéger: la manif n’est pas pacifiste mais anti-FARC. Et je vous recommande la lecture des conseils mode du blog Tienen Huevo, un blog qui a été élu par les lecteurs du magazine Semana comme le blog de l’année. C’est un groupe qui écrit avec un certain humour bien piquant.

Alors pour le 4 février éviter ces T-shirt et ceux-là  aussi, ils vous en conseille un particulièrement et surtout en conseille un pour le président lui même:

t-shirt-hecatombe.jpg

Pour comprendre vous pouvez lire ce post, et penser qu’uribe a dit oui en cas d’Hécatombe. Le grand pour Uribe et le petit pour Uribito (le ministre de l’agriculture, les médias veulent absolument nous le refourger comme prochain candidat… il est au moins pareil qu’Uribe .. mais en plus petit).

Manifestons protégés!

La France, pour ne pas changer ses bonnes habitudes, est dans la rue. Les jeunes, les syndicats, et les autres (car tout le monde est invité) manifestent. Ils crient, ils marchent … ils cassent. Bref c’est la fête ! Le seul problème c’est que parfois les CRS sortent, et eux quand ils sortent ils ne sont pas très commodes. Ils cassent aussi, mais ils ne cassent pas les vitrines, ils cassent des têtes.

Comme on est dans un pays bien démocratique on ne va pas interdire de manifester… Ce serait un comble ! Alors on envoie les CRS pour qu’ils tapent et parfois les résultats ne sont pas terribles : Comme ici en Colombie, il y a 2 semaines, un jeune manifestant a succombé à  ses blessures. Il manifestait, certes pas paisiblement, mais il exprimait son désaccord sur la réforme de l’Université Nationale, une des seules universités publiques.

Le problème est qu’il a reçu un coup, ou un lacrymogène (on ne sait pas trop) en pleine tête, et il en est mort.

Alors quelle est la solution ? Soit on ne manifeste plus soit on ne propose plus de réformes qui déplaisent ? Je crois que personne n’a besoin d’explication pour être d’accord qu’aucun des deux n’est possible. Le principe même de la démocratie est de discuter, de ne pas être d’accord, de manifester, de casser et de se faire taper… Où serait le plaisir de vivre dans une démocratie si tout ceci n’existait pas?

Vient alors LA solution : j’ai découvert cela il y a quelques mois à  New York en visitant le MOMA (Museum of Modern Art). L’exposition temporaire du sixième étage était sur le thème de la sécurité : il y avait plein de choses, des gadgets pour la sécurité d’un bébé aux ustensiles de survie pour la montagne, le désert ou en cas de tremblement de terre.

La protectionAu milieu de tout ceci LA chose (voir photo) pour se protéger des coups de la police. Cela ressemble à  une bouée très solide avec une forme de buste et un système pour que tout le monde écoute les battements du coeur. Plus ils sont rapides plus ils sonnent fort. Je ne sais pas encore exactement quelle est l’utilité d’entendre les battements du coeur : effrayer la police avec les bruits ou si leur signaler qu’on est encore en vie et donc qu’ils peuvent continuer à  taper ?

 

 

Il nous reste seulement à  espérer qu’ils commercialisent ce truc très vite, comme ça les jeunes Colombiens pourront reprendre leurs manifestations sans avoir trop peur de la police. Quant aux jeunes Français je suis sûr qu’ils n’en ont pas besoin pour continuer à  manifester mais cela rendrait la police un peu plus inutile et la France un peu plus sûre de ne jamais évoluer…