TLC: ELN et USA sur la même longueur d’onde!

Le comble me direz-vous, et tout le monde sera d’accord. Mais pourtant c’est à  peu près vrai. On le sait depuis quelque temps, le congrès des Etats-Unis traîne les savates pour signer le traité de libre échange (TLC: tratado de libre comercio) avec la Colombie.  La raison est relativement simple, les élus démocrates majoritaire au congrès ont décidé de mettrent des batons dans les roue à  la politique extérieure de Bush. L’Irak oui, mais la Colombie aussi. Les Etats-Unis sont très présent ici (cf le Plan Colombie). Alors les démocrates, qui respectent les droits de l’homme eux c’est sûr, freinent la signature d’accord avec la Colombie. Le TLC est peut être un accord complètement nul, injuste et qui va ruiner la Colombie, c’est possible et ça se discute mais là  n’est pas la question, pour eux le problème est que le gouvernement ne respecte pas les droit de l’homme donc avant de signer un accord on veut être sûr que la justice fait son travail et que le gouvernement ne participe pas aux horreurs..

Pendant ce temps, le gouvernement et l’Armée de Libération Nationale (ELN)  négocient. à‡a fait déjà  un moment mais une négociation c’est long. La dernière trouvaille de l’ELN est de demander, en échange d’un cesser le feu l’annulation du futur TLC, l’arrêt de la privatisation des grandes entreprises colombiennes, etc.

A quand une rencontre au sommet ELN/Démocrates pour abolir le TLC?

Les coïncidences qui trahissent

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Petro est le sénateur fauteur de trouble dans la république colombienne, il est responsable du plus grand scandale qui touche le gouvernement d’Uribe. Responsable d’avoir raconté, argumenté et démontré le lien de nombreux sénateurs avec les paramilitaires. Responsable de vérité. Coupable même.

Il a été élu “homme de l’année 2006” par les lecteurs des journaux El Tiempo et Semana pour son immense travail.

Mais voilà  son travail ne plaît pas à  tout le monde, non seulement il raconte des vérités mais en plus il est de gauche, il est même très à  gauche, et en Colombie c’est très mal vu. Il fut même un temps où être de gauche était puni. La peine de mort était le traitement infligé. Les temps ont plus ou moins changé, il existe encore plusieurs endroits où être syndicaliste ou défenseur des droits de l’homme ne sont pas franchement des métiers sûrs, mais il faut reconnaître un progrès en la matière.

Par contre être de gauche reste quelque chose de suspicieux, et les dernières coïncidences qui touchent le sénateur Petro le montre très bien.
Il faut savoir que depuis qu’il a commencé à  dénoncer les liens entre le gouvernement et les paramilitaires il est menacé de mort, ainsi que les membres de sa famille.
Il a reçu diverses intimidations, autant de la part de groupes inconnus que la nouvelle générations des groupes paramilitaires et (encore plus grave!) des forces publiques.
Mais les menaces de Mort n’ont pas suffit à  calmer les ardeurs de Petro, qui continue à  dénoncer les liens paramilitaires/Etat.

D’autres faits sont venus troubler les avancées du débat pacifique. D’abord le président, Mr Uribe, a annoncé lors d’une conférence de presse que des membres de l’opposition étaient suivis par les services secrets militaires. Deux semaines plus tard le bureau de Petro était “fouillé” par la justice parce qu’une juge a eu une soudaine envie… en toute illégalité. Cette fois c’est directement les services secrets militaires qui sont prit en flagrant délit de “enquête” sur la famille de Petro … d’une manière pas très commune. Téléphone anonyme à  la maman, pour avoir l’adresse de l’ex-femme et s’approcher dangereusement de son logis (voisin de la maison de Petro), ils se feront attrapé par les escortes… les deux suspects étaient armés et en civil.

Les généraux de l’armée ont demandé des excuses à  Petro. C’est, selon eux, une erreur. Les deux militaires étaient en train de faire une enquête sur des liens supposés de l’ex-femme de Petro avec les bolivariens… et il ne connaissait pas ses liens avec le sénateur et encore moins le fait que c’était sa voisine…

Pour de l’intelligence militaire cela fait peur, s’ils ne savent même pas qui ils suivent c’est pas étonnant qu’il ne fasse pas la différence entre des paramilitaires et leur compagnons de combat, ou qu’ils aient pu bombarder des villages, tué des policiers etc …par erreur!

La triste conclusion de ses coïncidences est que faire partie de l’opposition n’est toujours pas un métier très sûr…

Merci Petro

 

generales_imgarticulo_t2_44318_2007419_230736.jpgAujourd’hui moi j’ai envie de rendre un hommage au Sénateur Petro (polo democratico, parti d’opposition), non pas parce que je partage ses idées (ce n’est pas le cas) ni parce que ce qu’il a raconté me parait bien construit (ce n’est pas le cas non plus) mais simplement parce que grâce à  lui Uribe est venu parler et répondre de manière plus ou moins franche à  des questions “libres” de différents journalistes.

Mardi passé Petro a, lors d’un long discours au congrès, accusé le Président d’avoir favorisé, lorsqu’il était gouverneur, l’utilisation des Convivir (sorte de groupe d’autodéfense légale) par les paramilitaires. Uribe aurait aussi été permissif avec la création des groupes paramilitaires, leur laissant même accès à  du matériel de sa localité. Petro a aussi accusé le frère du président d’avoir eu des liens avec les chefs du cartel de Medellin.
C’est pourquoi hier soir sur le coup des 9h30 Uribe interrompt les Telenovelas, prenant la parole en direct depuis palais … il faut dire que c’est important.

Selon lui il le fait parce que l’ex-Vice-président des Etats-Unis, Al Gore, a annulé sa participation à  un événement pour ne pas devoir être à  côté du président de Colombie… qui est un paraco.

Uribe prend la parole, disant que les accusations de Petro mettent en danger les intérêts de la Nation. Pour cette raison Uribe accepte son devoir démocratique, Alors j’en profite: Merci Al Gore. Si Uribe avait été libéral et démocrate il aurait simplement dit: la démocratie favorise le débat et mon rôle de président de la plus vieille démocratie sud-américaine et de poursuivre ce débat fondamental pour notre pays. Mais Uribe n’est pas libéral. Dommage.

Hier Uribe s’est défendu, parfois bien, parfois moins bien mais s’il y a un truc qu’il faut accepter c’est qu’il est bon. Bon orateur, bon politicien. Vraiment dommage.
Il a défendu sa famille, son programme, sa carrière avec des arguments qui me font ni chaud ni froid mais il l’a fait. Il a répété 25 fois que lui et sa famille était des gens de droit, de bon chrétien etc. Et qu’au grand jamais ils n’avaient soutenu les paramilitaires. Ni lui ni les autres membres de sa famille.
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l a aussi soutenu la justice disant qu’elle doit continuer son travail, espérant que l’ex-directeur du DAS arrivera à  expliquer les accusations des liens entre le DAS et las paras.

La seule ombre au tableau de hier soir a été l’aveu de l’utilisation de l’intelligence militaire à  des fins politiques. Uribe, entre ses phrases moralisatrices a dit qu’il avait des informations (d’intelligences militaires) de congressistes qui tentaient de couler le Traité de Libre Echange (TLC) depuis les Etats-Unis.

Bref, hier c’était l’Uribe de toujours, dur, moralisateur, père de la patrie, mais au moins il a répondu aux questions des journalistes, alors merci Sénateur Petro.

Les choses avancent

Oui oui, plein de chose bouge par ici. Tout d’abord l’ELN a annoncé qu’il était prêt pour un cessez le feu temporaire, pour faire avancer les négociations. J’en parlais il y a quelques temps. à‡a bouge un peu c’est bien, on ne peut que s’en réjouir. C’est clair que c’est long mais rien de plus normal pour des négociations de paix. Croire qu’en 2 ou 3 ans on peut finir un conflit si long c’est de l’utopie. Alors on est patient et on note les avancées de temps en temps.

L’autre grand moment que l’on attend depuis plusieurs semaines c’est le fameux débat sur les paramilitaires en Antioquia (Medellà­n est la capital). Petro nous l’a promis pour aujourd’hui … donc on attend impatiemment les résultats.

Pendant ce temps Uribe essaye de régler les tensions avec l’Équateur. Il rencontrait aujourd’hui Correa au Venezuela lors du sommet de l’énergie. L’affaire est loin d’être gagnée pour la Colombie, Correa se renforçant au niveau interne, on peut imaginer que sa confiance va aller en augmentant.

D’ailleurs lors de ce sommet Uribe et Chavez se sont rencontré pendant plus d’une heure, concluant quelques accords économique. Les deux sont apparemment contents.

Pour conclure cette petite revue de bonnes nouvelles on peut applaudir l’arrivée du premier satellite colombien en Orbite lancé depuis le Kazakhstan par une fusée russe.

38 x plus!

Ce matin el Tiempo nous révèle des chiffres intéressants: les salaires des sénateurs. Les Colombiens font partie des mieux payés du continent. Derrière bien sûr les USA, mais bien devant beaucoup d’autres. En moyenne les parlementaires en Bolivie et au Honduras gagnent un peu plus de 1000 dollars par mois alors qu’aux Etats-Unis ils gagnent 13 700 dollar par mois. Au Brésil ils gagneraient plus de 8000 dollars par mois et ils sont en train de préparer des réformes pour augmenter leur salaire. En Colombie la moyenne est à  plus de 7500 dollars par mois, ce qui représente tout de même 38 fois le salaire minimum. C’est pas mal, on comprend mieux pourquoi il en existe plein qui trichent pour être élu…

Mémoire où es-tu?

Une petite revue de presse nous apprend aujourd’hui que la vie bat son plein en Colombie. Tout d’abord El Tiempo nous annonce avec le plus grand plaisir que 10 mille munitions destinées aux FARC ont été interceptée par la police. Une autre nouvelle, moins sympathique, annonce que l’attentat de Cali qui a lieu la nuit passée est probablement un règlement de compte contre la police… Le résultat est un mort et 34 blessés.

Moi je me demande encore à  quoi ils servent ces attentats, j’attends toujours que quelqu’un m’éclaire. En termes de stratégie de guérilla, tout comme en termes d’intérêt de narco…je ne vois pas.

Sinon Semana nous parle (enfin) des résultats de la politique de Lucho (le maire de Bogotà¡), mais je reviendrai la dessus, il y a beaucoup à  dire. L’Espectador nous parle d’une photo qui fait scandale. Le ministre de l’économie avec les paramilitaires… ou le scandale de la para-politique qui continue. J’ai comme l’impression qu’il n’est pas prêt de finir celui là .

Mais voilà , aujourd’hui c’est le 9 avril! Je préfère arrêter là  ma revue de presse, cela me fait de la peine. Aujourd’hui est un jour vraiment important, qui à  mon goût devrait être férié. Mais non, que dal, un bref truc dans L’Espectador du week-end nous rappelle qu’en 1948 Gaità¡n, le candidat à  la présidence de l’époque, s’est fait assassiner. Un jour qui donna lieu à  une véritable révolution à  Bogotà¡, qui marque le début d’une longue confrontation, qui ensuite donna lieu à  la naissance des guérillas… les même qui pousseront la création des forces paramilitaires. Ces guérillas qui devaient recevoir les 10 mille munitions et qui sont peut-être derrière l’attentat de Cali.

Toutes les radios en parle, je laisse alors une dernière chance (demain) aux journaux avant de dire que c’est vraiment tous des incapables.

La nouvelle diplomatie

_42707113_araujo2203bodyafp.jpgLe nouveau ministre des Affaires étrangères, Fernando Araujo commence sa carrière en force. Il invente une nouvelle méthode pour les relations diplomatiques. La dernière grande proposition de réforme, depuis adoptée, avait été proposée par un président des Etats-Unis après la première guerre mondiale. En effet Wilson proposait dans ses 14 points de mettre fin à  la diplomatie des alliances secrète. Le temps des alliances de Bismark terminaient alors avec la première guerre mondiale. Mais voilà , après presque un siècle, Mr Araujo s’est sûrement dit que les diplomates devaient s’ennuyer, il propose une nouvelle forme de diplomatie: l’anecdote!

Un ami me disait toujours, en voyage : une heure, une anecdote. à‡a tombe bien parce que Araujo a passé 6 ans en voyage (forcé, et sûrement très dur), donc il a plein d’anecdotes. Il a fait part de ses premières histoires à  Washington. Tout d’abord pour défendre le plan Colombie et amadouer les députés US. J’avoue que je ne suis pas sur que cela fonctionne bien longtemps.

Mais la meilleure il a dit un peu après, selon son expérience Chavez serait le chef spirituel des FARC.
Il base ses accusations sur sa vie avec les FARC (comme détenu), il dit que les guérilleros
admirent Chavez. Il soutient alors que l’action de Chavez permet à  cette guérilla son développement en Colombie.

L’anecdote est mal passée, non seulement le gouvernement vénézuélien demande des explications, mais Uribe n’est pas non plus très content, Araujo a été rappelé à  l’ordre. Le Venezuela reste quand même le principal partenaire économique de la Colombie.

La diplomatie basée sur l’anecdote a relativement mal débutée, mais soyons patient, Wilson n’avait pas reçu un appui unanime à  ses débuts. Encore moins dans son pays.

Une belle leçon

Même si l’actualité du jour n’est pas à  la visite de l’Allemagne mais à  celle de Bill Gates, je voulais revenir sur un point qui m’a semblé intéressant.

Sans entrer dans les détails du contenu de la visite, la comparaison de la forme de sa visite avec celle du président Bush est assez parlante. Bien sûr ce n’est pas comparable, les menaces ne sont pas les mêmes, les intérêts non plus, pourtant…

Bush a fait fermer la moitié de la ville, il n’a mis le nez dehors que lorsqu’il était dans l’enceinte du palais présidentiel, son carrosse était tellement blindé qu’il aurait même résisté à  une attaque nucléaire. Il est resté à  peine 6 heures sur le territoire.

Finalement sa visite ne laisse qu’une trace, celle de la sécurité.

Avec Mr Koehler c’était tout l’inverse. Non seulement la ville a fonctionné normalement, il est resté plusieurs jours, mais en plus il a été se promener dans les quartiers du centre, visiter l’ institut Goethe etc. Plusieurs impresarios ont fait le voyage avec lui, tranquille, venant faire des affaires d’une manière tout à  fait normale. Mais, et ça c’est la cerise sur le gâteau, il a parlé de développement, d’environnement, de responsabilité sociale… tout ça en soutenant certains efforts du président Uribe. Fait vraiment intéressant, pour une fois quelqu’un reconnait un certain mérite au président, en critiquant (de manière douce) une partie de son programme. Tout n’est pas blanc, ni noir, le manichéisme de Bush n’est pas la solution… celui de la France (par rapport à  la Colombie) ne l’est pas non plus!

Merci Mr Koehler.

Quand ce n’est pas le Président c’est le Vice…

…Président qui s’emballe. Mr Uribe est depuis quelques jours très occupé, après avoir reçu Mr Bush, il reçoit Mr Koehler, chef de l’Etat allemand et il doit ensuite retrouver Mr Gate à  Carthagène. Tout ceci ne lui laisse pas de temps pour faire des déclarations fracassantes, s’emballer et accuser l’opposition de tous les maux du monde. Mais il ne faut pas qu’on se fasse du souci, il a toujours avec lui son Vice-président, qui sert, comme son nom l’indique, à  le remplacer dans les moments de surmenage.

Mr Santos, ancien journaliste et directeur du journal El tiempo dont sa famille est propriétaire (ce n’est pas pour rien que je l’appelle le journal officiel!), nous a fait part de ses capacités pour remplacer le Président ces derniers jours.

La première, et la meilleure, est son accusation contre Mr Gaviria, président du Polo (parti de l’opposition) d’avoir recommandé à  l’ELN d’arrêter les négociations avec le gouvernement… fait, logiquement, nié par le concerné. La paix est un thème de tous les Colombiens, les divergences de partis n’ont pas leur place ici. Ensuite le porte parole de l’ELN a aussi nié, comme ceux qui étaient présents à  la réunion où les soi-disant propos auraient été tenu.

Bref, quand on n’a rien à  dire Mr Santos, vaut mieux fermer sa gueule…

La suivante est moins flagrante mais est tout de même intéressante. Mr Santos est parti à  Genève, au Conseil des Droits de l’Homme. Comme d’habitude, le représentant de la Colombie fait un petit discours. C’est fois c’était Mr Santos. Il a demandé que le conseil, avec sa réforme en cours, prenne en compte la particularité des pays… c’est bien connu, les Colombiens n’ont pas les mêmes droits fondamentaux que les Chinois.

Il a aussi profité pour attaquer les rapporteurs spéciaux des Nations Unies. D’abord celui des peuples indigènes qui, lors d’une visite en Equateur a osé prendre position sur les effets de la fumigation en Colombie. Les fumigations s’arrêtent à  la frontière, c’est bien connu que dans cette région il n’y a pas de vent. Le nitreroglesaretofate (produit hautement corrosif!) ne traverse jamais la frontière.

Pour terminer il attaque le groupe de travail (de l’Onu) sur l’utilisation des mercenaires. Eux alors, ils n’ont pas du tout respecté leur mandat, alors qu’ils étaient de visite en Equateur, ils ont aussi parlé de la Colombie. La première question qui me vient à  l’esprit serait de savoir pourquoi cette frontière est tellement poreuse ? Si même les informations traversent je n’ose pas imaginer les mercenaires.

En plus, sans vouloir jouer les troubles fêtes, le rapport en question, il ferait mieux de le lire, parce qu’il ne dit pas de mal de la Colombie, il fait simplement des comparaisons avec des faits mentionnés dans la presse colombienne.

Alors c’était simplement sa manière de dire qu’il refusait la visite officielle du groupe de travail sur les mercenaires? Si c’est le cas c’est dommage, parce que c’était pour le bien-être des Colombiens qui se font sauvagement exploiter en Irak pour 1000 dollars.