Autodéfense Unies de Colombie

Autodéfense Unies de Colombie

AUC

C’est une organisation illégal crée en avril 1994. Le but est de réunir dans une organisation semi centralisée les nombreux groupes “paramilitaires” indépendants qui existaient depuis fort longtemps.

Les sources de la création des “paramilitaires” viennent directement du gouvernement. En 1965 un décret visant à  “organiser la défense nationale” (décret 3398/1965) autorise le ministère de la guerre à  “armer des groupes de civils avec un matériel habituellement réservé aux forces armées”. Ceci donne un soutien juridique au mouvement paramilitaire. En 1968 le décret se transforme en législation permanente (loi 48) et en 1976, la revue des Forces Armées affirme que “si une guerre circonscrite et non conventionnelle entraîne trop de risques, les techniques paramilitaires sont une force sûre, utile et nécessaire aux objectifs politiques”.
En 1989 la Cour suprême la déclare la loi 48 inconstitutionnelle.

Parce que l’Etat a participé à  la création des paramilitaires le jésuite Javier Giraldo affirme qu'”une perspective historique nous interdit de définir le mouvement paramilitaire comme un “troisième acteur” dans le conflit” mais plutôt comme “le bras clandestin et illégal de l’Etat”

Le rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, présenté en 2001, confirme ce lien entre paramilitaire et Etat: “Le bureau a été témoin de déclarations des autorités de l’armée indiquant que le mouvement paramilitaire n’attente pas à  l’ordre constitutionnel et que, par conséquent, l’armée n’a pas à  le combattre.”

Ces positions même si elle ont une part de vrai ne peuvent suffire, car on ne peut pas comparer les paramilitaires Colombiens avec ceux qui existait au Salvador. En Colombie ils ne font pas parties de la stratégie de l’Etat, n’ont pas été formé ni armé par l’Etat. Ils se sont réunis en prétextant l’insuffisance étatique. S’il est vrai qu’il y a eu plusieurs collaborations entre ces groupes illégaux et l’Etat, on ne peut cependant pas les qualifier de “paramilitaires” au sens rigoureux du terme car ils sont indépendants. La preuve en est les négociations actuelles, l’Etat à  du négocier leur désarmement, eux même prirent cette décision, contrairement à  ce qui c’est passé au Salvador.

Si ce ne sont pas des paramilitaires que sont-ils ?

Le deuxième terme habituellement utilisé est “autodéfense”, cependant, une comparaison avec les autodéfenses péruviennes (à  l’époque du Sentier Lumineux) nous montre clairement que ce terme est aussi erroné. Des autodéfenses se définissent comme des groupes de paysans qui s’arment pour se défendre contre la présence de guérilla.

Le décret colombien de 1965 permettait cela, il a été déclaré anticonstitutionnel car on se rendait bien compte ces groupes n’avait rien d’autodéfense. En effet jusqu’en 1997 ils n’attaquent presque pas les guérillas. Suite à  une déclaration du gouvernement disant qu’il ne pouvait pas les reconnaître comme groupe politique car il massacrait seulement la population, les AUC commencèrent à  se confronter contre les guérillas. Leurs confrontations contre les FARC furent généralement une catastrophe pour eux, à  l’inverse contre l’ELN, car elle n’est pas organisée comme une armée.

Il est donc difficile de définir le groupe AUC, qui en réalité est plus une fédération de groupes différents, l’autorité centrale n’a pas de réelle autorité sur les différents chefs de groupe. Ils ont essayé de s’unir et de ce donner un identité politique avec un programme (copié sur celui de la guérilla) mais n’ont jamais fait quoique ce soit dans ce sens.

Ce qu’on peut voir, par contre, c’est la continuité de leur stratégie:

En 1980 des cartes du narcotrafic ont été établies, d’autres cartes ont été faites en 1995 après la création des AUC pour identifier les différents groupes. La ressemble est plus qu’une coïncidence. De même leur développement suit une logique implacable, ils ont réussit avec leur alliance et leurs attaques à  créer un couloir d’influence sûr entre la frontière du Venezuela et l’Atlantique. De l’endroit où ils cultivent la coca jusqu’à  l’endroit où ils l’exportent.

Contrairement aux FARC la drogue n’est pas un moyen pour leur objectif politique mais un but en soit.

Au départ le financement a pu provenir des grands propriétaires terriens voir de certains secteurs du pouvoir politique ou de certaines compagnies colombiennes et étrangères avec comme soi-disant mission de protéger les commerçants, propriétaires terriens et la population sous contrôle de la guérilla. En réalité il est clair depuis 20 ans que ces groupes sont des narcotrafiquants qui profitent des insuffisantes de l’Etat et le rendent encore plus faible.

Elles ont d’ailleurs ouvertement reconnu qu’elles finançaient leurs actions à  80% grâce au narcotrafic.

On attribue aux AUC la majorité des massacres et assassinats sélectifs qui ont été réalisé ses 20 dernières années. D’après les Nations Unies ils sont responsables de 80% des violations des Droits de l’Homme. Leur politique en la matière est de supprimer les bases réelles ou supposées de la guérilla. Pourtant les AUC bénéficient de bien plus de soutient de la part de la population que les FARC. Ils ont réussit à  travers de manoeuvres médiatiques à  ce faire passer pour des défenseurs du peuple. Nombreux sont ceux qui pensent que c’est un “mal utile”. Je crois qu’il est important de se rendre compte le préjudice que les AUC ont fait d’une part la population mais aussi à  l’Etat, le rendant chaque fois un peu plus faible et corrompu.

L’élection d’Uribe en 2002, que le chef des AUC considère comme “l’homme le plus proche de notre philosophie” a permit la mise en place d’un processus de démobilisation dans le cadre de la Ley de Justicia y Paz. La teneur de cette démobilisation donne lieu à  une polémique, mais comme le souligne l’Ambassadeur des Etats-Unis à  Bogotà¡ elle a permit de déstructurer une organisation par le simple fait que les chefs se sont rendu à  la justice. Car, contrairement au FARC leur organisation ressemble plus à  des clans avec des chefs de guerre. La disparition d’un chef rend la survie du groupe très difficile.


Pour certain c’est un cheminement logique pour assigner un nouveau rôle à  ce mouvement. Du fait de l’implication dans le narcotrafic des AUC, des multiples dénonciations internationales dont ils ont été l’objet et de la nouvelle donne de l’après-11 septembre 2001 les Etats-Unis ont été “contraint” de les considérer comme organisation terroriste. Leur présence visible offrait alors plus d’inconvénients que d’avantages, il fallait alors les réintégrer discrètement dans les appareils légaux de l’Etat, où ils peuvent continuer le même travail en sous-main.

Le dernier scandale (avril 2006) qui lie les services secrets colombiens aux paramilitaires et aux massacres de syndicalistes nous laisse croire qu’il y a du vrai dans cette dernière analyse.

Mais, pour ne pas sombrer dans les théories du complot on pourrait réfléchir au pourquoi, au niveau du groupe des AUC, ils sont d’accord de se démobiliser. Car un groupe illégal ne négocie jamais gratuitement. Or si on regarde bien les points de la négociations on voit qu’ils sont uniquement juridique: ils concernent les biens, les peines et l’extradition. Il n’existe rien de politique. Si on ajoute à  cela un petit coup d’oeil sur les cartes actuelles de leur présence sur le territoire on peut se rendre comte qu’ils ont réussit à  maîtriser totalement leur couloir nécessaire pour leur trafic. Toute la démobilisation s’est faite avec une certaine logique et dans les points vraiment stratégiques les groupes sont restés en place, ou, comme le soutient l’OEA, les armes n’ont pas été rendues.

NOTE :

Les sources de ce document sont majoritairement des sources anti-AUC, il est très difficile de trouver des supporters de ce groupe. De plus leur site n’est pas franchement explicite sur leurs activités, et ce n’est pas non plus le gouvernement qui va nous donner des informations.
Un article du monde diplomatique ne semble intéressant, sinon mes sources sont mes cours d’uni!

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