Episode du jour

Écrire des scriptes de telenovela est un travail compliqué, il faut penser en 5 temps, tous les jours de la semaine (de lundi à  jeudi) on prépare l’épisode du Vendredi soir, l’épisode troublant qui va faire réfléchir tout le monde pendant le week-end. La semaine suivante il faudra alors penser 4 nouveaux épisodes d’explication et d’introduction au drame suivant. C’est un art c’est sûr, une technique qui s’apprend et se travaille. Le plus compliqué c’est qu’il faut aussi penser aux jours fériés, car là  c’est un épisode qui saute.

Reproduire cela dans la réalité est une chose carrément impossible!

Pourtant il existe plus d’une star de la politique qui tente cette prouesse. Je ne parle pas de Ségolène car elle, elle réussit un drame par jour, elle ne laisse pas aux spectateurs le temps de souffler: technique des telenovela des années 80, où à  chaque épisode la femme de ménage follement amoureuse du patron voit son rêve s’approcher puis s’éloigner et vice-et-versa…

Cette technique de racolage est un peu kitsch, bien qu’encore utilisée par certains; elle perd facilement de l’audience car n’est pas assez réelle.

En Colombie il existe des pros de la telenovela, et actuellement la vedette est Mancuso, un paramilitaire sans vergogne. Un type horrible qui donnerait des frisons à  Bob Denard, c’est vous dire!

Aujourd’hui (c’est vendredi ne l’oublions pas) paraissent dans les journaux ses confessions d’hier (tout est planifié). Il nous parle de l’année 1997, année de regroupement des AUC, et nous raconte comment il a planifié les massacres de Medellin (les sicaires, tristement connus à  cause du film La vierge des tueurs) avec le général de la IV brigade. Un général qui n’était pas moins que le chef de l’armée de terre à  l’époque.

Mancuso précise aussi qu’il a travaillé avec le secrétaire du gouvernement, mais le personnage est mort dans un accident d’avion… (hum hum) … le général aussi est mort d’ailleurs!
Il dit aussi avoir refusé de soutenir Uribe dans sa campagne présidentielle parce que deux paras ensemble ça ne marche pas!
Enfin il raconte aussi que ses premiers plaisir avec des armes à  feu ont eu lieu pendant les convivir… grande création d’Uribe quand il était gouverneur d’Antioquia.

Ouille ouille ouille … ça fait mal… vivement lundi pour la suite!

Il ne faut pas oublier qu’une bonne telenovela ne raconte pas qu’une histoire, il existe toujours l’anecdote secondaire qui ensuite prend la vedette, c’est une technique qui permet de changer le script si l’audience diminue… (le script n’est jamais écrit en entier à  l’avance). Alors cette semaine le journal officiel (El Tiempo) a concentré tous ses efforts pour nous parler de l’arrestation d’un très célèbre trafiquant et de la découverte de 52 millions de dollars, un million d’Euro et quelque 25 millions de pesos et je ne sais pas combien de lingot d’or dans les murs de sa maison. Chaque jour un nouveau paquet. Ensuite c’était toute la discussion de comment répartir cet argent … La ville de Cali (lieu de la découverte) demande cette somme pour renforcer sa sécurité et développer son éducation. Cali a récemment pris le dessus à  Medellà­n en termes de trafic. Mais là  aussi il faudra attendre la semaine prochaine pour savoir ce qui va se passer…

Pour terminer il faut introduire l’anecdote suivante, une petite mise en bouche, faire apparaître un nouveau personnage. Cette semaine c’est Uribe qui s’invite avec une histoire bien loufoque: la possibilité d’un troisième mandat !!! Le débat à  été lancé par un industriel (il n’a sûrement pas eu l’idée tout seul rassurez-vous) et le journal officiel a sauté sur l’occasion pour allez interviewer des figures politiques, de droite bien sûr!

Moi je suggère pour la semaine prochaine qu’on invite Chavez pour qu’il nous explique l’élection à  vie… mais je propose c’est tout!

… savourons c’est le week-end!

Pour ceux qui l’ont manqué: épisode précédent

6 thoughts on “Episode du jour

  1. Definitivement dans mon pays…:épisode d’un jour, épisode de toujours… serait temps d’en finir avec cette telenovela que empoisone le peuple colombien depuis si longtemps…(fidèle en lecture…continue la suite de l’histoire…)

  2. Je suis bien d’accord, elle empoisonne… cependant j’ai l’impression, je ne sais pas si je me trompe, que dans les épisodes contemporains il y a plus de vérité que dans ceux des années 90-95 et qu’il y a aussi moins de violence… c’est l’impression que j’ai à la lecture des articles de l’époque … mais je n’étais pas là donc ça reste une impression personnelle. Peut-être peux-tu nous en dire plus???

  3. Notre Ségolène fait bourde sur bourde ce qui règle le problème de savoir pour qui on peut voter quoique personnellement je me pose toujours la question. allez zou on barre. Chez vous même le comique est dangereusement lourd.

  4. “Chez vous même le comique est dangereusement lourd.”
    Que voulez-vous dire par là?

  5. Tes impressions sont peut être justes! il doit y avoir un rapport entre les sombres années 90’s et un raz-le-bol generalisé qui fait bouger le collectif et contraindre le gouvernement et ses institutions à un peu plus de transparence. Si je fais le bilan et malgré mon insoucience de l’époque(j’etais une ado!!)personne n’était à l’abri! en zone rurale comme urbaine!..l’information quotidienne: masacres, guerilla,”paras”,cartels,sicarios,attentats, corruption,gouffre financier,expatriation,narcos et autres..une période dorée pour certains mais qui nous a réduits à un “narco-Etat” où l’argent et la manipulation ont balayé le peu de démocratie et de liberté qui nous restait..

  6. Pingback: Corto en Colombie ? » La foire d’empoigne

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