Uribe et sa raison d’état

Hier soir Uribe est sorti faire son petit discours explicatif. Il nous a raconté que sa raison d’état c’était la France…Alors que pour certain Sarkozy viole la souveraineté colombienne, Uribe nous dit que les deux chefs d’état s’entendent à  merveille et qu’il se fait un plaisir à  participer à  la campagne de Sarkozy pour les législatives…

On aura tout vu…

Il a aussi dit clairement qu’il cherchait le soutien international et que Sarkozy lui offrait sur un plateau d’argent son soutient devant le G8.

Il dit n’avoir aucune garantie sur la réaction des FARC, mais l’impression que j’avais hier avant son discours me semble s’être confirmée…

Le jeu mentionné hier plus en détail donnerait à  peu près ça (pour répondre à  la demande d’un lecteur…):

Uribe libère unilatéralement

Uribe ne libère pas

FARC libèrent

2/3

3/0

FARC ne libèrent pas

0/2

1/1

Comme Uribe a prit l’initiative de libérer la colonne “Uribe ne libère pas” n’est pas une option possible, le statut quo (1/1) est déjà  rompu. Les FARC auraient donc le choix entre 0 ou 2.
Je considère que Uribe marquerai plus de point que les FARC si l’échange se fait, rendant le jeu un peu bancal mais c’est plus cohérent. Les FARC marquerai plus de point s’ils libéraient les otages de manière unilatérale et Uribe non.

La tendance dominante des FARC devrait être à  la libération, et c’est logique. L’attente est due à  la recherche de la maximisation de visibilité lors de la libération, mais les FARC n’ont aucun l’intérêt à  voir mourir leurs otages, donc un jour ou l’autre ils doivent les relâcher.

FARC/Uribe/Sarkozy: A quoi jouent-t-ils?

imagen-3580623-1.jpgDepuis une dizaine de jours les nouvelles s’enchaînent, Uribe prépare la libération des guérilléros qui aurait accepté le plan gouvernemental de démobilisation. Les FARC s’entêtent à  dire que les promesses d’Uribe sont un rideau de fumée pour cacher le scandale de la parapolitique, qui a prit des proportions inquiétantes pour la stabilité du gouvernement.

Sarkozy a mis du sien dans l’histoire, il est soi disant en contact régulier avec son homologue colombien, voulant garantir la non-intervention armée des militaires colombien pour sauver les otages. Il cherche aussi à  faciliter les discutions avec la guérilla.

En France les journaux titre à  l’optimiste, une grande avancée vers la libération des otages voire même une grande avancée vers la paix. Cependant au jour d’aujourd’hui il n’existe toujours aucune garantie de la bonne volonté de FARC de suivre ce mouvement de “paix”.

Essayer de comprendre les petits jeux de chacun n’est pas une tâche facile dans l’ambiance régnante. Que cherche Sarkozy? Pourquoi les FARC accepteraient-elles de libérer les otages sans rien y gagner? Pourquoi Uribe a-t-il changé sa stratégie de manière si abrupte?

Pour Sarkozy l’explication des élections à  venir et l’envie de faire la une des journaux comme étant le grand sauveur d’Ingrid Betancourt, et par la même occasion faire mieux que son prédécesseur n’est pas à  négliger. Cependant cette vision s’arrête au court terme, et il ne faut pas oublier que les relations franco-colombiennes sont réduites depuis plusieurs années à  cause de cette histoire. La libération d’Ingrid permettrait le renouement de ces relations. La Colombie est actuellement très attractive pour investir, ce serait dommage pour la France de perdre des opportunité. Sarkozy est sans doute prêt à  plus qu’on ne peut l’imaginer pour terminer avec cette histoire. Imaginer une rançon n’est pas complètement absurde, la France n’en serait pas à  son coup d’essai pour libérer ses citoyens séquestrés.

Uribe est évident intéressé par l’affaire, surtout en cette période où sa crédibilité internationale est remise en question, principalement aux Etats-Unis. Dans ce sens Uribe est en train de réaliser un coup risqué mais majestueux. Son revirement politique est palpable seulement au niveau interne, c’est-à -dire que s’il “perd” il perdra seulement de la crédibilité dans ces rangs. La majorité des Uribistes n’étant favorable à  aucune discussion avec les FARC. Perdre signifie que les FARC refusent de relâcher ne serait-ce qu’une partie des otages, alors qu’il aurait libérer plusieurs centaines de prisonnier. Ce “perdre” ne l’est pas forcément au niveau international, car il démontre au monde une certaine ouverture, un effort vers la paix et une volonté d’avancer, ce qui en surtout Europe est très important. Donc ce “perdre” est en réalité un “gagner moins”.

Quant aux FARC elles se retrouvent coincées, difficile de sortir de ce piège tendu par Uribe. S’ils acceptent de libérer des otages, leur possibilité d’être des “stars” d’un jour avec une zone démilitarisé est fichue. Pire encore s’ils refusent, car ils perdraient de la crédibilité en France et probablement en Europe, se reléguant au vulgaire statut d’organisation terroriste avec qui il est impossible discuter. Une brève application de la théorie de jeu nous dirait que les FARC vont relâcher une partie des otages, pour “perdre moins”. Fait qu’ils devraient nier jusqu’au dernier moment pour tenter de décrédibiliser Uribe, espérant qu’il fasse marche arrière.

Uribe sortirai alors grand vainqueur, ouvrant la porte à  une négociation plus ample et Sarkozy serait le sauveur de Jeanne d’arc. La seule véritable perdante est la justice colombienne, Uribe lui passant par dessus sans grande préoccupation. Le pouvoir du politique, qui dans certain cas bien particulier, s’avère nécessaire pour l’avancée d’un pays.

Un belle leçon de tango!

Voilà  un séjour qui se termine en beauté pour les argentins, ils pourront dire demain: “nous sommes venus, nous avons vu et nous avons perdu.”
Une belle équipe, Boca Junior, très belle équipe. Ils sont tous venus avec beaucoup d’envie, envie d’apprendre. Et c’est une leçon de tango qu’il leur a été offerte. En trois temps. Une heure et demi de pur plaisir où les argentins ont pu redécouvrir leurs racines. Les colombiens leur ont donné, avec beaucoup de talent, tous ce qu’ils avaient.
Apprendre à  danser le tango aux argentins n’est pas une tâche facile. Pas facile de montrer à  ceux qui étaient les maîtres que leur époque est passée, pas facile de ne pas les vexer en leur démontrant simplement qu’ils ne sont plus à  la page. Pas facile de dépasser grand père tout en lui montrant le plus grand respect…
Les colombiens de Càºcuta ont réussit tout ce qui était en leur pouvoir, maintenant il reste à  voir si les argentins supporteront…
Pour se rappeler que oui, c’était les grands maîtres en la matière je vous propose Carlos Gardel. Un grand parmi les grands, décédé en 1935 dans un accident d’avion aux alentours de Medellà­n.
Adios Muchachos… 3-1 beau match!
[audio:Carlos Gardel_Adios Muchacho.mp3]

Les pays les plus tranquille … et les moins..

Les dix premiers:
1. Norvège
2. Nouvelle-Zélande
3. Danemark
4. Irlande
5. Japon
6. Finlande
7. Suède
8. Canada
9. Portugal
10. Autriche

… et les dix derniers:
112. Angola
113. Côte d’Ivoire
114. Liban
115. Pakistan
116. Colombie
117. Nigeria
118. Russie
119. Israà«l
120. Soudan
121. Irak

Piqué sur Le temps (Genève). Etude publié dans The Economist.

La Colombie vient après le Pakistan, ça me scandalise. Surtout quand je discute avec un pote qui vit à  Islamabad et qui me raconte comment ça se passe. Enfin, il y encore du travail à  faire pour améliorer l’image de la Colombie… peut être que le plus efficace serait de résoudre le problème. (là  je prend mes rêves pour des réalités!)

l’économie colombienne s’emballe!

Depuis quelques temps les instances économiques colombiennes se préoccupent de la situation. Le dollar a littéralement chuté, passant en dessous de la barre des 2000 pesos. L’inflation s’est légèrement élevée. La Banque centrale préoccupée par l’inflation prit les premières mesures, augmentant le taux que les banques doivent garder en stock lorsque vous déposer de l’argent sur votre compte. Une mesure faite pour limiter les crédits.

Le gouvernement s’est quant à  lui préoccupé pour la chute du dollar (ou la montée du pesos comme vous voulez). Le “lobby” des exportateurs étant relativement présent et puissant. Très vite le gouvernement s’est accordé pour lui donner un subside, pour lui permettre de continuer à  être compétitif sur le marché mondial. à‡a a du sens, sauf si la mesure s’éternise, ce qui, malgré tout, est largement probable.

Ensuite on a eu droit à  une limitation des investissements étrangers, plus ou moins le même jour qu’un journal de business US disait que la Colombie était un des pays en voie de développement les plus intéressant pour investir. C’est vous dire l’effet…

Bref le dollar continu à  baisser. Le stress commence à  monter, aussi vite que la bourse fait des sienne. Les critiques s’élèvent, les mesures sont inefficientes, et la même question revient, que faire?

Les économistes, tous plus diplômé les uns que les autres commencent à  entrer en scène. Il faut faire ci, ça ou sou… cependant rien de bien novateur sous les tropiques. La réévaluation, pourquoi pas? laissez courir le pesos jusqu’à  ce qu’il stabilise, et profiter de ce que peut apporter la réévaluation… un payement de dette par exemple. Même le FMI s’en mêle: la réévaluation n’est pas synonyme de ralentissement économique. Ce qui n’est pas faux, simplement le FMI n’est pas vraiment l’institution qu’on écoute le plus, surtout en Amérique Latine.

C’est là  qu’est sorti une proposition qui retiendra mon attention: la dollarisation. Dans mon esprit la dollarisation était plutôt la solution ultime en cas crise désespérée, type Equateur. Mais pas forcement, pourquoi se limiter. L’idée de la dollarisation est simplement de remplacer la monnaie nationale par le dollar. L’Equateur, El Salvador, Panama sont des pays dollarisés. L’expérience au niveau macroéconomique n’est généralement pas une catastrophe, cela facilite les exportations et l’intégration dans le marché mondial, réduit les coûts de transaction. Bref beaucoup de petits avantages qui favorisent les grandes entreprises. Dans les défauts on compte, entre autres, la perte d’indépendance de la politique monétaire, la perte d’un symbole national et bien sûr, le plus important, des problèmes pour les petits.

Même si ce n’est pas pour tout suite l’idée est présente dans quelques esprits. De plus, les grands économistes de ce monde le voient comme quelque chose presque inévitable. Cependant avant d’imaginer une dollarisation de la Colombie voire même du continent il faudrait peut-être renforcer le partenariat avec le sub-continent, savoir s’associer avec une région plus ou moins similaire à  l’économie du pays. Avoir une politique monétaire commune avec (ou plutôt imposé par) les Etats-Unis ne me semble pas vraiment être la meilleure idée pour un pays avec une économie en construction. Mundell a gagné un prix Nobel pour dire ce genre de truc il y a quarante ans… c’est sûrement pas pour rien!

Shakira se marie!

Je réponds à  la demande d’un lecteur qui voulait avoir un peu de nouvelle de Shakira. Et c’est vrai qu’après la séparation de Juanes je me devais de vous dire que Shakira se marie. Selon mes sources c’est pour septembre et cela aura lieu en République Dominicaine. Elle se marie avec Antonio de la Ràºa, fils de l’ex-président Argentin. Cela fait 7 ans qu’ils sont ensemble.

Comme je sais qu’il y a des fans, voici la vidéo de son clip “la tortura”:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=8HgPICgjbsc[/youtube]

Les Farc et Sarko à la une!

Raul Reyes, porte-paroles de FARCAujourd’hui j’avais envie de parler d’autre chose, voir un peu les fonds de tiroir et sortir une vieille anecdote, une photo pourrie ou même vous raconter l’histoire de la sangria espagnole version colombienne… un vrai régal.

Bin non, hier les journaux étrangers (non colombiens) parlent de ça à  tout va, j’ai même reçu des mails pour savoir ce que j’en pensais… et là  je me suis dis merde. Je pense rien!

Le pire, en fin de compte c’est que c’est presque vrai. Les FARC proposent la même chose qu’il y a 6 mois, c’est à  dire une zone démilitarisée, ce que Uribe n’est pas près d’accepter. Uribe, quant à  lui, a proposé il y a peu de temps de libérer les FARC en prison de manière unilatérale.

D’un côté comme de l’autre ce sont des coups médiatiques, Uribe est un fan des sorties spectaculaires, et ça marche, sa popularité est toujours très élevée. Quant aux FARC, ils cherchent désespérément à  l’extérieur ce qu’ils ne trouveront plus à  l’intérieur. C’est à  dire de la reconnaissance. Alors Sarko est nouveau, il a tout promis à  tout le monde, les FARC le voient comme quelqu’un qui a de l’influence en Europe et dans l’Union Européenne. Ils auraient très envie que la négociation ait lieu, qu’on leur retire ce statut d’organisation terroriste qui les empêche d’avoir des liens avec des ONG européenne de manière officielle… Bref ils recherchent un peu de visibilité.

Que peut faire Sarko … grande question, moi je dirais qu’il doit être bien emmerdé. Si son but est de renouer de manière forte les relations franco-colombienne il ne fera rien qui va à  l’encontre d’Uribe et cherchera plus les relations économique entre les deux pays. Rappelons que la colombie est actuellement considérée comme un des pays en développement les plus attirant pour investir… (affaire à  suivre car depuis un petit mois plusieurs commencent à  se préoccuper de la surchauffe économique).

Sinon le cas Ingrid, c’est un peu l’épine dans le pied des relations franco-colombienne… un échange rapide entre Uribe et les FARC serait le mieux, un truc vite fait et discret, cela assurerai la survie des otages.. mais pour les deux cela veut dire un effort, Uribe doit accepter une petite zone démilitarisé, et les FARC accepter que ça se fasse sans télé … Uribe vient d’accepter l’idée que la France envoie un émissaire pour discuter avec les FARC, on va surement avoir d’ici 2 semaines une proposition d’échange, Uribe va faire mine d’accepter … et là  soit une bombe pète dans l’école de guerre à  Bogotà¡ comme il y a six mois… soit l’échange se fait vite fait comme si de rien était… mais cela ne va pas être facile ni pour Uribe et ni pour les FARC de penser aux otages sans vouloir gagner quelque chose…

Grève générale

Bogotà¡, 23 maiHier s’est déroulé la plus grande manifestation que j’ai vu depuis je me suis établit en Colombie. Je me souvenais de la grève des taxis en juillet 2001 comme le plus gros bordel jamais vu à  Bogotà¡. un de ces jours où rien de fonctionne et tout le monde se tend.

Hier c’était différent, une manifestation où étudiants, professeurs, syndicats se retrouvent et s’amusent. La pluie a largement accompagné les manifestants, mais cela n’a empêché personne de poursuivre gentiment sa marche à  travers la ville. C’était vraiment une manif’ bonne enfant et sympathique contre la politique de développement du gouvernement. Une politique qui va droit dans le mur en terme d’éducation, en terme social etc. Bref exactement ce qu’il faut en ce moment!

Coup bas à la justice Colombienne

Uribe a annoncé hier qu’il voulait donner quelques avantages aux para-politiciens enfermé depuis quelques temps. Le week-end dernier l’Espectador préparait le terrain en nous disant que les pauvres petits étaient en pleine déprime dans leur prison. Snif…

Uribe, bon homme qu’il est, il a surement été touché par les témoignages de tous ces congressistes … qui le soutienne rappelons le!

En deux mots, Mr le président veut amnistier les truands qui ont financé, soutenu, appuyé les paramilitaires ou encore été soutenu par ces même monstres… Les seuls qui resteraient enfermés serait ceux qui ont participé (d’une manière ou d’une autre) à  des “délits atroces”. Il s’invente une sorte de Ley de Justicia y Paz où les corrompus avec les paramilitaires bénéficieraient de la liberté en échange de la vérité…

Un cas flagrant d’abus de pouvoir, de copinage et d’acceptation du pouvoir paramilitaire. Comme le dit si bien “Colombia Hoy“, la plus vieille démocratie d’Amérique [latine] s’éloigne à  grand pas de l’Etat de Droit… c’est clair, Uribe a dû oublier ce que c’était la séparation des pouvoirs et l’institutionnalité.

Encore un élément qui va plaire aux démocrates ricains… c’est sûr!