La mode

L’Amérique du Sud est vraiment une source d’inspiration sans fond, chaque heure représente une anecdote: l’Ambassadeur des Etats-Unis qui vient voir le Maire de Bogotà¡ car sa femme à  perdu son chien, le président Uribe qui réveille, à  2h du matin, toute la troupe de la garde présidentielle pour aller faire du cheval dans un parc de la ville, les histoires de séquestrations rocambolesques, etc. etc.

Une autre histoire fabuleuse est celle du Pérou, qui dans deux jours élit son nouveau président. Le choix doit être dur pour les Péruviens, je compatis sincèrement. Devoir élire soit un truand qui a déjà  montré sa capacité à  ruiner le pays à  la fin des années 80 soit un nationaliste à  moitié fou connu pour considérer les droits de l’homme comme superflus et les homosexuels de trop. Ollanta est un ex-militaire, paraît-il violent, qui veut suivre la vague bolivarienne et à  ce titre il est largement soutenu par Chavez.

La campagne péruvienne ne veut plus rien dire, tout le monde fait son petit commentaire: Chavez veut rompre ses relations avec le Pérou si le truand Garcia est élu; Fujimori, libéré sous caution, on ne sait pas pourquoi, fait sa politique depuis le Chili. Alan Garcia accuse Chavez d’envoyer des hommes pour perturber les élections, et bien sûr les uns accusent les autres de corruption et vice versa. à‡a ne s’annonce pas très joli.

On peut aussi parler de Chavez qui continue sa course à  l’armement. Il veut se défendre contre l’invasion des Etats-Unis, qui devrait entrer par le territoire colombien. Bien logiquement ça fait peur aux Colombiens, car même s’ils ont le meilleur armement de la région (directement fourni par les US à  travers le plan Colombie) on ne sait jamais ce qui peut se passer, peut-être que Chavez va craquer et lancer une attaque préventive….

Finalement à  Bogotà¡, c’est repos, on fait les comptes après les élections, et finalement tout le monde est content sauf les libéraux de Serpa, pour qui les résultats sont un peu durs à  avaler. La gauche festoie, elle n’a jamais eu autant de voix… Uribe prépare son nouveau gouvernement, ce qui ne va pas être très facile tellement de gens l’ont soutenu et il faut tous les remercier.

Mais, après cette petite mise en bouche politique, je me suis dit qu’il fallait que je parle d’autre chose, j’ai reçu des critiques: la politique, les conflits, les blabla et la vie alors? Ouais c’est vrai, surtout que les anecdotes sont tout aussi croustillantes, entre les entrées et sorties du Transmilleno qui ressemble plus au tournage de Godzilla qu’à  une scène de vie courante.

De plus je me suis souvenu que j’avais promis à  certains(es) suite à  la “dinde attitude” paru dans le Comet que je ferais une petite rubrique sur la mode à  Bogotà¡. La providence m’aidant, cette semaine était la semaine de la mode avec un certain nombre de défilés. Le temps de trouver 2 invitations (en VIP bien sûr!) et nous voilà  embarqués pour l’aventure des défilés. Les places VIP sont un échec, on voit bien mieux dans les normales mais bon on fait avec. Il y a une série de stylistes qui présentent leurs collections automne/hiver 2007. La première, Pepa Pombo est la plus intéressante, sa collection bien colorée, comme à  son habitude, est agréable à  regarder. Elle arrive à  combiner les couleurs d’une manière spectaculaire. La suite sera beaucoup plus triste le gris et le noir sont de rigueur, peu d’extravagance, certaines veste de Julieta Suà¡rez ont des coupes sympathiques mais rien de folichon.

Mais le plus triste de la soirée a été, pour moi, les mannequins. La mode européenne est arrivée jusqu’ici… les anorexiques, blondes, sans forme sont majoritaires. La musique est aussi top tendance, ambiance loundge, parfait pour s’endormir. Bref j’ai faim et je rêve d’une petite empanada pour me sauver de l’ennui. Après 2 heures on craque et on se sauve, la conclusion est que finalement la politique nous paraît plus divertissante, mais pour les motivées la semaine prochaine il y le fameux colombiamoda 2006 à  Medellin, sûrement magnifique, mais on n’ira pas…

Evo Nationalise!!!

“Nous n’allons expulser aucune compagnie, mais elles gagneront moins qu’avant”

Un décret annonce la nationalisation des hydrocarbures, les multinationales ne pourront garder que 18% de leur production. Cette annonce a produit une série d’inquiétudes les multinationales recherchent déjà  comment attaquer ce décret sous prétexte qu’il ne respecte pas les délais légaux pour les entreprises.
L’inquiétude vient aussi des autres pays d’Amérique du Sud; ceci montre une fois de plus que la gauche n’est pas la même partout. Le Brésil perd beaucoup dans cette nationalisation, avec l’Argentine, ils ne voient pas d’un très bon oeil ce geste un peu spectaculaire.

On peut voir une certaine précipitation dans l’action d’Evo, à  peine arrivé à  son centième jour de présidence et déjà  contesté par ses propres troupes. Les sondages le donnaient en baisse, il fallait choisir: suivre les pas de Chavez ou écouter Lula qui lui conseillait de ne pas rompre avec le marché ni avec les USA. Le choix d’Evo semble avoir été fait, reste à  savoir si la Bolivie va pouvoir assumer. Elle possède des réserves importantes de gaz mais elle n’a pas les moyens du Venezuela; une rupture avec le marché ou avec les USA pourrait lui être fatale. Il faut espérer que Chavez soutienne Evo et la Bolivie, ce qui est probable.

Pérou: Bataille d’influence?

Ce dimanche, l’année électorale sud américaine continue, cette fois la scène se déroule au Pérou. L’ambiance est plutôt incertaine, diverses influences font rage, des plus loufoques au plus traditionnelles. Les sondages partagent les points entre les forces fujimoristes, l’ex président Alan Garcia, la gauche bolivarienne avec Humala et la conservatrice Lourdes Flores.

L’incertitude est grande car le Pérou est coutumier des grands coups d’éclats. Son histoire récente en est parsemé: depuis son élection en 1990, Fujimori est devenu l’acteur principal d’une série d’actes tous aussi rocambolesques les uns que les autres.

Au début de sa carrière politique il réussit à  maîtriser l’inflation du Pérou avec des mesures d’austérité très fortes. L’inflation était supérieure à  7000% en 1990, une année plus tard elle environne 130%.
Sa médiatisation continue lorsqu’il réussit à  faire emprisonner le chef du Sentier Lumineux, ce qui met fin à  cette organisation révolutionnaire. Il se fait à  nouveau remarquer lors de la libération des 72 otages de l’ambassade japonaise. L’opération montée par ses services est ambitieuse, il a fallu creuser un tunnel sous toute une rue pour accéder à  l’intérieur du bâtiment et tuer tous les terroristes (14). Un seul mort du côté des otages, Fujimori devient un héros au Japon pour cet acte.

La fin de son règne est tout aussi surprenante et médiatique car, après avoir changé la constitution en 1993 et fait valoir la non rétroactivité des lois il se présente une 3e fois à  la présidence et bien sûr il gagne. Seulement voilà , l’opposition commence à  se faire entendre et on découvre petit à  petit les faces cachées de ses mandats. Un grand nombre de vidéo font éclater un scandale de corruption qui a vite fait de rattraper Fujimori. Son bras droit, Montesino, est le premier touché, il doit quitter le pays. Quant à  Fujimori il tente encore de résister mais lors d’une visite au Japon il décide d’y rester. Il devient Japonais!

Une nouvelle fois Fujimori surprend, non seulement il a corrompu l’ensemble du gouvernement péruvien, il a réussi à  vendre des armes aux Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) mais en plus il arrive à  s’enfuir avec la caisse de l’Etat pour passer des jours tranquille au Japon.

Il espère pourtant, depuis là -bas, influencer la politique péruvienne et même se faire réélire comme président! Il est tellement sûr de lui qu’il décide d’aller séjourner temporairement au Chili, étape sur le retour au Pérou.
Cependant il est tout de même fiché par Interpole sous l’accusation de corruption et de crimes contre l’humanité et a été déclaré inéligible par le tribunal constitutionnel du Pérou.

A peine arrivé au Chili il est donc arrêté par les autorités chiliennes. Depuis cet instant le gouvernement péruvien prie le Chili de l’extrader.
On pourrait croire qu’avec une telle histoire son influence s’arrête, et bien non!

Sa fille Keiko Fujimori, est en tête de liste du parti fujimoriste pour le Congrès à  Lima. Il est fort probable qu’elle soit la parlementaire la mieux élue. A ce titre, comme le veut la tradition, elle présiderait la séance inaugurale de la nouvelle Chambre et remettrait l’écharpe présidentielle au successeur de Toledo!

Le candidat suivant, Alan Garcia est aussi un acteur de l’histoire. Prédécesseur de Fujimori il a emmener le pays à  la ruine fin des années 80 et a fuit avec la caisse de l’Etat. Son charisme lui a tout de même permis d’arriver au second tour en 2000, année où il a été battu de peu par Toledo. Actuellement il est en 3e position dans les sondages et à  moins d’un miracle il ne devrait pas passer au deuxième tour. Son influence sur ces élections va venir de son soutien ou non a un des deux candidats au deuxième tour.


La grande surprise, qui n’en n’est plus une dans le contexte actuel de l’Amérique du Sud, est la montée en force du populiste de gauche Humala, proche d’Evo Morales et de Chavez. On l’appelle d’ailleurs le “Chavez péruvien”, ex-lieutenant-colonel il veut déclarer la guerre à  la corruption et au libéralisme économique. L’influence bolivienne est aussi très forte, les indiens et les métis sont majoritaires au Pérou et rêvent d’avoir “leur” président!

Le dernier candidat susceptible de s’opposer à  la gauche est une candidate. Lourdes Flores est donnée gagnante au deuxième tour grâce à  l’appui des forces fujimoristes et surtout de tout l’establishment blanc. La candidate conservatrice est à  la une de tous les journaux, elle est présentée comme la “sauveuse de la démocratie face à  la démagogie indigène”.

Cette situation rappelle étrangement les présidentielles de 1990 où l’opposant de Fujimori, Mario Vargas Llosa possédait l’appui inconditionné de toute la presse mais les électeurs votèrent en masse pour Fujimori par réflexe de rejet de la classe politique traditionnelle.

República Originaria de Bolivia

Le grand rêve d’Evo est changer les règles de son pays, il veut donner la possibilité aux indigènes de vivre dans la dignité, sans avoir l’impression pesante qu’ils se font voler.

Pour cela Evo veut que la Bolivie profite plus des exploitations de gaz, cependant il tient des propos moins radicaux que beaucoup d’autres mouvements indigènes et syndicaux. Il veut accepter la participation étrangère en collaboration avec le gouvernement.

Le fait de vouloir augmenter la participation de l’Etat dans les hydrocarbures n’a rien de très surprenant, car à  chaque fois que les prix augmentent les Etats concernés cherchent à  augmenter leur revenu. Ce n’est pas une idée propre aux pays à  tendance socialistes.

Il aborde aussi le thème de la plantation de coca d’une manière douce. Il veut défendre le droit à  la plantation sans que son pays devienne une plate-forme du narcotrafic. Pour cela il est conscient qu’il a besoin de l’aide américaine. Le résultat d’une politique tolérante de la culture peut être intéressante, on peut espérer un effet de diminution de culture illégale destinée à  la production de drogue. C’est une affaire à  suivre.

Evo admire Chavez et Castro certes, mais il a aussi de nombreux contacts avec Lula du Brésil et Tabaré Và¡squez d’Uruguay. En ajoutant la dépendance de la Bolivie aux financements nord américain on peut largement imaginer Evo suivant les pas d’un Lula, qui est aussi entré dans le monde de la politique par la grande porte, en faisant des annonces fracassantes. Cependant Lula n’a pas suivi les pas de Chavez, la volonté du Brésil d’avoir une place au Conseil de Sécurité a sûrement joué dans ce sens.

Ce qui est sûr c’est qu’Evo est le seul, actuellement, à  posséder suffisamment de légitimité face aux mouvements sociaux de 2003 pour gouverner. Mais il n’a pas beaucoup de temps pour agir; Les entreprises l’accusent de démagogie, de ne pas avoir l’expérience de l’administration. Parmi la gauche on le prévient qu’il doit réaliser les réformes voulues par la masse : c’est à  dire la nationalisation sous peine de perdre l’appui d’une partie de ses troupes. De plus les USA le considèrent comme une menace pour l’équilibre de la région.

Sa tâche va être difficile, mais s’il arrive à  mener à  bout les réformes dont il rêve on devrait pouvoir d’ici quelques années parler de la « Repàºblica Originaria de Bolivia » comme d’un pays stable … ce qui n’est pas arrivé depuis longtemps!

Source

 

 

Evo Morales


Evo Morales, premier président indigène de BolivieIl n’a été qu’une fois au ciné dans sa vie et la dernière fois qu’il a mis une cravate c’était lorsque qu’il était trompettiste, il y a plus de 20 ans. Pourtant Evo, comme il aime apparemment se faire appeler, n’est pas né de la dernière pluie. Il a été berger de lamas, cultivateur de riz puis de coca. Sa première expérience de leader c’était avec une équipe de foot de son quartier. Je ne dis rien de bien nouveau en suggérant ses origines populaires. Très populaire même, 4 de ses frères et soeurs sont morts alors qu’ils n’avaient pas 3 ans.

Il a ensuite suivi ce qu’on appelle une formation continue, a participé à  de nombreuses réunions de syndicats, de nombreux séminaires à  travers toute l’Amérique latine. Petit à  petit, à  force de former des groupes, des syndicats il a été reconnu comme un leader socialiste. Il a su ensuite s’entourer d’académiciens comme Garcà­a Linera, professeur en sciences sociales de l’Université Publique.

Son combat date au minimum du début des années 80. L’imposition du «consensus de Washington» en 1985 a marqué sa carrière politique. Ce fameux consensus du FMI appliqué à  de nombreuses économies en crise crée en Bolivie (comme dans bien d’autres pays) un appauvrissement de la population. Le petit «plus» ajouté par les USA est le financement de la lutte anti-narcotrafic. Par cela, ils entendent la destruction des cultures de coca… et donc la ruine de milliers de paysans, déjà  appauvris par les réformes économiques.

Evo fait alors partie des militants cocaleros. Le slogan des protestations «vive la coca, dehors les gringos» est encore bien connu aujourd’hui.

Les manifestations, qui ne se limitent pas à  défendre la culture de coca, durent mais les privatisations continuent (compagnies pétrolières, télécommunications, système électrique etc.).

Plusieurs violentes confrontations ont lieu, notamment en 1994, 1996 puis en 2000 où la loi martiale fini par être décrétée, mais finalement le gouvernement doit faire marche arrière.

En 2002 les élections présidentielles donnent gagnant le rival d’Evo, mais les élections, bien que très serrées, laissent un goût amer de démocratie sous tutelle: Les USA ont menacé les Boliviens que s’ils votaient pour Evo les différentes aides à  la Bolivie seraient supprimées.

Le gouvernement qui ne représentent pas le peuple et continue avec ses réformes impopulaires et injustes provoque un tel mécontentement qu’une révolution éclate. La police et les travailleurs n’arrivent juste pas à  renverser le gouvernement mais celui-ci perd toutes formes de popularité.

Presque 3 ans plus tard, de nouvelles élections amènent, enfin, un indigène au pouvoir. Fin janvier Mr Bush a, de manière très cordiale, félicité et souhaité bonne chance au nouveau Président de Bolivie. Une semaine plus tard les USA annoncent que leur aide pour la lutte contre le trafic de drogue allait diminuer de 80 millions à  67 millions de dollars.

Il est vrai qu’à  la vue de l’admiration d’Evo pour Chavez et Fidel, les USA ont quelques soucis à  se faire. Cependant si leur but est qu’Evo et son parti optent pour une gauche raisonnable à  la manière du Chili, avec Mme Bachelet, ou du Brésil, avec Lula on pourrait légitimement se demander s’ils suivent une bonne politique pour arriver à  leur fin.

Source : «Evo sin suéter», Gatopardo, Marzo 2006

Le périple divin de l’émeraude

La légende nous suggère que l’El Dorado se trouve en Colombie, et c’est une des grandes raisons pour laquelle je suis presque sûr de retrouver, un jour, une trace de Corto Maltese dans ce pays. (cf intro)

Mais pour attirer ce marin de légende, la Colombie possède d’autres atouts. Une motivation pourrait être la guérilla (on l’a déjà  vu en soutenir une, cf Tango) mais en regardant la tournure que celle-ci a pris, j’ai quelques doutes. Il y a l’or aussi, mais les mines s’épuisent par ici. De plus leur intérêt n’a jamais été vraiment fabuleux. Par contre l’émeraude est largement à  la hauteur de notre homme. Et la Colombie est le pays par excellence de ce bijou, qui nous rappelle la profondeur de la nature, puisque c’est ici qu’on trouve les plus belles et les plus grosses.

A travers l’histoire cette pierre a toujours provoqué une grande fascination, les anciens Incas et les Aztèques la vénéraient comme pierre sacrée. Ce joyau aurait une provenance divine:

Pour certains il s’agirait d’une pierre tombée du Ciel (lapis e coeli). Il est apparemment d’usage de relier cette lapis e coeli au célèbre et énigmatique épisode de la Bible tiré des prophéties d’Isaïe:

“14:12 Comment es-tu tombé du ciel, Astre brillant, Fils de l’Aurore? Comment as-tu été précipité à  terre…”

D’autres pour des raisons assez obscures, la prétendent adressée à  l’Ange déchu, Lucifer porteur initial de la Lumière Divine. Dans sa chute, l’Émeraude qu’il portait à  son front, symbole et signe de son dépôt, serait tombée sur le sol, en signe de déchéance. Les anges, non rebelles, l’auraient reprise et emportée au Ciel.

Finalement Richard Wagner dans son récit Lohengrin ne parle plus de l’Émeraude tombée du front de Lucifer qui est rapportée par les anges sur terre, mais bien la Coupe précieuse qui servit au Christ, le Graal:

Dans un pays lointain, inaccessible à  vos pas, se trouve un château nommé “Montsalvat”; un temple lumineux se dresse en son milieu, si précieux que sur Terre, rien de tel n’est connu; à  l’intérieur, un vase doté d’un pouvoir miraculeux y est gardé comme le Saint des Saints; pour être confié aux soins des plus purs parmi les hommes, il fut apporté par une troupe d’anges; chaque année, du ciel s’approche une colombe, pour fortifier de nouveau sa vertu miraculeuse.”

Corto est bien capable de venir dans ce pays lointain, pour affronter la troupe d’anges et tenter l’entrée dans “Montsalvat”. Il admirerait simplement le temple lumineux, pour ensuite entrer dans le jardin de Dieu, l’éternel printemps, et voir ce vert, vif, intense et profond qu’est l’émeraude.

L’analyse biblique de l’émeraude se poursuit et nous amène à  la comparaison entre Lucifer, porteur de lumière, et Prométhée, voleur du Feu des dieux. Alors se pose la question “Lucifer avait-il volé la Lumière pour la donner aux hommes?”

Je suis convaincu, à  nouveau, que la question pourrait préoccuper notre marin. Tout au moins pour justifier certains de ses actes ou amis. Même le diable serait capable d’aider l’humanité! Alors imaginez Raspoutine!

Il faut aussi penser que notre gentilhomme de fortune n’est point fou: une émeraude, qu’elle provienne de Lucifer ou non, peut valoir des millions de dollars. Alors pourquoi se priver d’une aventure enrichissante!

Bien sûr une telle entreprise ne s’improvise pas, il lui faut connaître les différentes réincarnations de la lumière de Lucifer à  travers l’histoire. La route de notre marin a dû être longue, car les premières émeraudes proviennent de l’époque des Pharaons égyptiens (3000-1500 avant notre ère) mais leur mines étaient déjà  épuisées quand elles furent redécouvertes. Ensuite, on retrouve la trace de l’émeraude dans les anciennes écritures sacrées de l’hindouisme. Elles étaient fort prisées pour leur pouvoir de guérison.

Apportaient-elles la protection de Lucifer?

 

C’est à  ce moment qu’apparaît l’une des plus grandes émeraudes du monde dite “du Grand Moghols”. Découverte en 1695, elle pèse 217,80 carats et mesure environ 10 cm. de haut. L’une de ses faces est couverte de textes de prières. Une autre comporte des ornementations florales foisonnantes, gravées dans la matière.

La couleur verte de cette semi divinité est aussi un symbole, que ce soit dans la Rome antique où c’était la couleur de Venus, déesse de l’amour et de la beauté, ou pour l’Islam où elle symbolise l’unité de leur religion.

 

D’un point de vue plus terrien (ou marin) l’émeraude est un silicate de béryllium et d’aluminium. Elle fait partie de la famille des béryls. Cependant le béryl pur n’a aucune coloration. La couleur n’apparaît que lorsque des traces de certains éléments s’ajoutent au processus d’élaboration. L’émeraude gagne sa couleur grâce aux traces de chrome.
De manière générale, ces éléments sont concentrés dans l’écorce terrestre à  des endroits complètement différents de ceux où se trouve le béryllium, de telle sorte qu’il ne devrait pas du tout exister d’émeraude!
Toutefois, au cours de bouleversements tectoniques d’importance extrême, ces éléments antinomiques ont été mis en contact. Le processus de cristallisation est dû à  des températures extrêmement élevées et à  des pressions gigantesques.

 

Lucifer interviendrait-il pour retrouver son bien?

 

On trouve la trace de ces forces immenses dans le coeur même de cette pierre. Ce processus impressionnant et brutal qui contribue à  la création de cette beauté incomparable laisse des traces: des fissures plus ou moins apparentes, un mini-cristal ou une petite bulle…

Connaissant tout cela il reste une question en suspend: Pourquoi la Colombie et pourquoi Bogotà¡? Tout d’abord, comme je l’ai dit plus haut la Colombie produit les plus grosses et les plus belles émeraudes, ensuite les gisements les plus important se situent dans un périmètre de 100 kilomètres autour de Bogotà¡. Alors comme pied à  terre Bogotà¡ est le lieu parfait. Corto ne peut être qu’ici!

Pour l’explication divine cliquez ICI

Pour l’explication scientifique cliquez ICI

A gauche toute!

« A gauche toute !»
C’est le nouveau slogan en Amérique du Sud. Après Chavez, Lula, Kirchner voilà  que Evo Morales est élu en Bolivie et Michelle Bachelet au Chili.

En regardant une carte d’Amérique Latine on voit que la gauche est en pôle position. Elle est favorite au Pérou et au Mexique. La Colombie est la tache sur cette belle perspective apparente. Je dis apparente car en réalité ce n’est pas une gauche unie et solidaire qu’on trouve en Amérique Latine mais plusieurs.

En effet, en regardant d’un peu plus près, on peut voir que l’équipe de Chavez ne fait pas l’unanimité. Michelle Bachelet, première femme au pouvoir dans un pays latino, est la continuation du pouvoir en place. Son élection est logique car le gouvernement satisfait en majorité les chiliens, l’économie se porte assez bien, la réconciliation avance …etc.

Cependant le modèle économique utilisé est toujours le même. C’est-à -dire celui instauré par Pinochet qui est, et pas grand monde ne le contredit, un système vraiment intéressant et sain.

Or ce système économique se rapproche de celui de la Colombie et du Mexique et son développement logique est l’entrée dans un marché commun avec les Etats-Unis. Donc on imagine facilement que le Chili, la Colombie et le Mexique s’allient pour faire avancer les négociations dans ce sens.

De l’autre côté on retrouve en tête de file notre ami démagogue Chavez avec ses camarades Castro, Lula, Kirchner, Morales et probablement Humala (candidat favori au Pérou). Cette ligue anti-Etats-Unis prône un système d’un capitalisme différent, où le FMI qui aligne bourde sur bourde rentrerais à  la maison (mais pour cela il faut avoir les moyens). Cette ligue avance plus dans une direction de marché commun sans les Etats-Unis. Il essaye petit à  petit de se défaire de la politique de bon voisinage américaine, de gagner en indépendance. Le Brésil et l’Argentine ont, en décembre, payé par avance des dettes qu’ils ont avec le FMI. Le but est bien sûr de réduire les intérêts à  payer mais c’est aussi une manière de gagner en indépendance économique.

Plusieurs gauches sont donc présentes, et même si elles partagent de nombreuses valeurs communes, les intérêts de chaque pays resteront probablement les facteurs principaux des politiques extérieures de chacun. Je ne crois pas encore dans l’alliance sud-américaine contre le grand voisin du Nord même si celui-ci perd un peu de son influence.

Chavez une star?

On connaît tous le très people Chavez. Il est partout, c’est l’homme de l’année en Amérique du Sud, la nouvelle référence du mouvement alter mondialiste. Au point qu’un Forum Social s’est déroulé à  Caracas. Chavez La Star, crie à  l’Assemblée Générale ce que beaucoup pensent tout bas et nous rappelle son ami Fidel dans ces heures de gloire. Bush est son terroriste… il en faut un à  chacun pour être heureux.

Il adore les grands coups médiatiques, où il est sûr de se faire des ennemis comme lorsqu’il envoie du pétrole aux familles pauvres de Boston, ou lorsque qu’il achète des tracteurs en Iran.

C’est un démagogue, aucun doute possible. Il aime le pouvoir c’est sûr aussi, l’assemblée est prête à  voter une loi pour la réélection infinie. Pourtant comme le souligne Semana (du 26.12.2005 au 9.01.2006) son discours révolutionnaire en période de globalisation est un anachronisme. Certes la révolution socialiste des années 60 n’a plus aucun sens, mais Chavez a réussi à  donner vie à  son discours. En partie grâce à  Bush et son impérialisme forcené mais aussi, car il a su utiliser le pétrole. Il a compris que c’était une arme très puissante au niveau international et cela lui assure des alliés régionaux.

Le pétrole lui assure aussi un revenu bien conséquent qui lui permet d’investir dans l’éducation et la santé. Il est clair que les résultats ne sont pas instantanés mais le nombre d’analphabètes diminue progressivement. On peut penser à  Cuba où certes il y a de nombreuses carences mais la population reçoit une éducation relativement poussée par rapport à  ses voisins.

Mais Chavez, l’idole des alters, à  aussi une face obscur: c’est un ancien putschiste, et cette partie de l’histoire il l’a effacée des manuels scolaires. Grave? Je crois, oui. Personne n’est parfait et tout le monde le sait, alors pourquoi vouloir voiler l’histoire? Pourquoi vouloir biaiser le savoir? Investir pour l’éducation est problablement la meilleure chose que peut faire un gouvernement pour son pays mais aprendre des choses fausses, à  quoi ça sert?

On peut craindre alors que Chavez se Fidélise trop. Qu’il devienne un «président» indétrônable, que la liberté de la presse monopolisée n’ait plus le goût de la critique, que finalement l’histoire se répète. On peut craindre tout cela et c’est légitime mais on peut aussi espérer qu’il réussisse son pari. Pour qu’on puisse rêver encore quelques années qu’un monde meilleur est possible.