Lula de novo

Lula président du BrésilAprès un premier tour mouvementé par des scandales de corruption sortis de tous les côtés, Lula a remporté aisément le second tour. Il a réussit à  ranimer sa campagne et à  convaincre 60% des électeurs de le réélire.
Nombreux sont les déçu qui malgré les scandales de corruption ont finalement voté pour lui, se rappelant que, grâce ses politiques d’allocation mensuelle, 11,1 familles mangent.

Le dernier scandale en date est très récent, il y a à  peine un mois, deux proches du parti de Lula étaient arrêtés par la police en possession de quelque 800’000 dollars destiné à  acheter un dossier compromettant sur le candidat de l’opposition.

Lula a lui même reconnu que, lui et son gouvernement, ont fait des erreurs, mais le peuple brésilien a préféré voir toutes les réussite de Lula.
Lorsqu’il est arrivé au pouvoir l’économie du pays frôlait la catastrophe, pourtant il est parvenu à  éponger la dette du FMI, à  contrôler les dépenses publiques, les exportations ont explosée et l’inflation a été maîtrisée. Le premier pas, du contrôle économique, a été plus que réussit.

Même si cette première partie n’est pas directement une politique sociale elle permet de mettre en place de manière saine la politique d’aide aux familles.
Le programme de Lula est dans ce sens un vrai programme de développement durable.

Pourtant de nombreuses critiques ont émergé, principalement de la classe moyenne, qui s’est sentie délaissée. La réforme des retraites a laissé les fonctionnaires mécontents et les impôts n’ont pas été baissés.

Mais l’opposition n’a pas su construire une attaque, son programme s’est fait en fonction de celui de Lula voulant démontrer que le travail du gouvernement était mauvais. Or les familles pauvres peuvent manger et les enfants aller à  l’école: c’est un grand progrès dans ce pays tellement inégalitaire.

Lula promet de continuer et de promotionner la croissance pour qu’elle atteigne 5%, ce qui devrait être possible surtout si on se rappelle qu’a son arrivée, de nombreux investisseurs ont fui le pays par peur du “syndicaliste barbu”. Cette peur s’est dissipée et Lula a démontré qu’on pouvait gouverner en mélangeant une bonne gestion économique et des politiques sociales.
Il lui faut maintenant réussir à  unir le pays autour de son programme, ce qui, une nouvelle fois est une chose possible, plusieurs opposants se sont proposés pour participer à  son gouvernement.
Finalement ce deuxième tour est une aubaine, il a permis une renaissance du leader qu’est Lula: on a pu le revoir lever des foules et avoir envie de se battre pour son projet.

 

Histoire de vins

Bouteille de Guelbenzu 2004Je ne vais choquer personne en disant que la Colombie n’est pas vraiment un pays de vin. Ni le climat ni le relief ne permettent la culture du précieux raisin. Mais les amateurs de vins n’entreront pas en déprime grave en venant en Colombie, sauvée de l’absence du sang du Christ par son allié: le Chili.

Imaginez vous bien que la Colombie est un pays moderne, doté de centre commerciaux gigantesque où tout est importé. Même si je ne suis pas un partisan de l’importation à  outrance (ça pollue beaucoup) il faut quand même pas se laisser mourir. Pour cela je choisis le vin chilien, excellent, moins cher et moins coûteux en transport que le vin français. De plus, actuellement tous les professionnels du vin s’accordent pour dire que le vins chilien à  connu ces dernières années un virage qualitatif. Je cite: il est dorénavant possible de dénicher des vins amples, riches et charpentés, sans retrouver cette lourdeur, cette sensation volumineuse auxquelles ils nous avaient habitués. (( Le chili dans la cour des grands, le Devoir (Québec) du vendredi 6 octobre. )) Alors on est content, on peut accompagner les succulents mets colombiens avec un vin chilien amplement charpenté!

Voir plus d’info et la route du vin au Chili

Pathétique!

Voilà  comment on pourrait résumer l’actualité colombienne ces derniers jours. Mercredi dernier le sénateur Gustavo Petro a démontré les liens de certains sénateurs avec les paramilitaires, a dénoncé (avec à  l’appui d’un certain nombres de preuves) l’infiltration des paramilitaires dans l’ensemble de l’Etat. La gravité de ses accusations approche le célèbre “proceso 8000” qui est l’épisode le plus noir des 20 dernières années pour l’Etat colombien. Les liens du gouvernement avec les narcotrafiquants avaient détruit toute crédibilité des politiciens.

La première anecdote bien pathétique est que le discours de Petro était diffusé à  la télévision nationale et comme par hasard la transmission n’a pas fonctionnée dans toute la région du nord du pays, les “terres paramilitaires” n’ont pas eu droit à  la vérité. Problème technique paraît-il, étrange le problème technique s’est produit au moment où Petro prenait la parole pour se régler à  la fin de son discours.

Jusque là  tout allait bien, dans la mesure du possible bien sûr. Uribe changeait de discours, on commençait même à  croire qu’il s’était détendu … Mais non!

Le lendemain un attentat avait lieu dans l’école de guerre de Bogotà¡, toute l’attention s’est alors dirigée sur les restes de cette voiture oubliant les allégations de Petro;

Uribe profitait alors pour nous faire un magnifique discours de seigneur de guerre accusant les FARC d’être responsables de l’attentat et donc de tuer tout espoir de discution. Le président exclut donc tout échange humanitaire, la seule manière pour les pauvres otages de sortir un jour de la jungle est grâce à  une intervention militaire. Autant dire que la seule sortie possible est entre 4 planches.

Les FARC ont déjà  nié leurs responsabilités dans l’attentat, et bien que ce ne soit pas vraiment des personnes de confiance on peut largement douter de leur implication dans l’attentat. Quant à  Uribe, il est vraiment content, il peut faire la guéguerre et dire à  la communauté internationale: j’ai essayé c’est eux qui n’ont pas voulu !

Les militaires aussi sont très content, ils ont eu peur pendant quelques semaines … une négociation, … ça mène à  la paix, c’est pas bon ça !

Pour se rendre compte à  quel point c’est pathétique il faut savoir qu’a la fin de son discours Uribe a été décrit par El Tiempo comme étant “redevenu l’homme qu’il était auparavant. Le guerrier de toujours. Son visage le disait. Il était radieux.”

Le soir même dans toutes les casernes du pays une fête spontanée a débuté, les militaires fêtant le retour de leur seigneur!

Merci à  Gustavo Petro d’avoir tenté d’apporter un peu de vérité sur la grande farce gouvernementale, une question me reste toutefois sans réponse: qui, parmi ceux qui ont un brin de pouvoir de décision, est d’accord de faire un effort pour la paix dans ce pays?

Musée de l’Or

Bogotà¡ est une ville d’altitude où le beau temps n’est pas vraiment constant. Après avoir eu 2 mois et demi de plus ou moins beau nous avons retrouvé le bonheur de la pluie, j’en avais déjà  parlé mais je ne pensais pas que la “saison du beau” était si courte. Un ami anglais me dit que c’est pire que Londres … j’avoue que je commence à  le croire!

Heureusement Bogotà¡ est une ville où les activités ne manquent pas, entre les cinés, théâtres et musées il y a de quoi s’occuper. Alors en ce dimanche pluvieux nous sommes retourné visiter el Museo del Oro, le musée qui possède la plus grande collection du monde de pièce en or.

representation de la scène d'intronisation du cacique

La majorité des pièces en exposition sont d’une beauté à  vous couper le souffle même après plusieurs visites. De plus la présentations faite par civilisation permet de retracer une partie de l’histoire de la Colombie. Sans aucun doute les Muiscas (région de Bogotà¡) sont les plus perfectionnistes dans leur travail de l’or et la célèbre légende de l’El Dorado se fonde sur une de leur coutume d’intronisation d’un cacique qui devait s’immerger, entièrement couvert de poudre d’or, dans la lacune de Guatavita près de Bogotà¡.
photo par Fab.

Échange humanitaire: un virage politique d’Uribe?

Uribe, président colombienDepuis quelques semaines on voit se dessiner une autre ligne politique en Colombie. Pour certains c’est un virage brutal. Le président colombien s’est décidé à  négocier avec un groupe terroriste. Aveux de faiblesse ou pragmatisme politique?

La discussion s’est établie entre le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) pour réaliser un échange de prisonniers. L’échange dit “humanitaire” pourrait être le premier pas vers un accord de paix plus global.

On est bien loin des annonces guerrières de la première campagne du président. Selon ses dires, on ne négociait pas avec des terroristes, en Colombie il n’y avait pas de conflit armé, seulement une bande de terroristes sanguinaires…
Il a été élu la première fois, en 2002, pour faire la guerre. Le bilan de son premier mandat est plutôt mitigé: la violence a diminué, les routes sont plus sûres et l’économie a repris mais les FARC sont loin, très loin, d’être vaincues et les inégalités ont empiré. Le processus de paix avec les paramilitaires est entaché par un grand nombre d’irrégularités.

La campagne pour sa réélection s’est faite sans programme; un mystère total régnait sur les quatre années futures. Pour ses partisans ultraconservateurs c’était évident qu’il allait poursuivre sa politique de guerre. Mais une volonté politique de négocier fait son apparition. Le doute s’installe, ses troupes commencent à  hurler à  la trahison, “on ne peut pas négocier avec des terroristes, c’est inhumain” “on ne vous a pas élu pour ça”!

Il faut savoir qu’Alvaro Uribe Velez n’est pas né de la dernière pluie. Autant le président Bush est réputé limité intellectuellement, autant Uribe est un homme intelligent travailleur, avec ses idées (qu’on aime ou pas) mais c’est surtout un opportuniste, très pragmatique. Son énorme défaut, au niveau politique, est qu’il est très mal entouré, mais là  aussi c’est volontaire: cela lui permet de tout diriger.

Or la situation actuelle piétine et sa cote de popularité est en baisse; un échange de prisonniers avant Noà«l serait une bouffée d’air.

De plus sa politique de guerre coûte très cher, même si les FARC se sont repliées dans la jungle une victoire militaire est jugée impossible par tous les experts, militaires ou civils.
Uribe en est bien conscient, l’opportunité de cet échange est une ouverture importante pour débuter un nouveau programme. Après avoir démobilisé les paramilitaires, être entré en négociation avec l’Armée de Libération Nationale (ELN), l’autre guérilla encore au combat, il pourrait concentrer ses efforts sur les FARC.

Il avait dit que pour terminer avec le conflit, il voulait d’abord réduire le nombre d’acteurs illégaux à  un. Pour cela, il a été d’accord de donner un poids politique majeur aux paramilitaires, de négocier avec des “terroristes” (l’ELN) alors pourquoi ne serait-il pas prêt à  négocier avec des “narco guérilla terroristes”.

Du côté des FARC l’intérêt n’est pas négligeable non plus. Tout d’abord ils veulent envoyer un message à  la communauté internationale. Les Etats Unis et l’Union Européenne les ont ajoutés à  leur liste d’organisation terroriste, ce qui les dérange profondément. L’échange humanitaire leur permettrait de montrer qu’ils respectent les conventions de Genève, et donc qu’ils sont un acteur armé dans un conflit. Un enjeu d’importance symbolique, surtout si on pense au dernier échange de prisonniers qui a eu lieu, sous la présidence de Pastrana (1998-2002) et qui s’est transformé en La journée des FARC. Tout est passé en direct à  la télévision, Manuel Marulanda (chef des FARC) a eu droit à  son moment de gloire et a pu faire un joli discours.

L’échange apporterait un peu d’humanité à  la situation colombienne et permettrait la libération de certains otages, dont Ingrid Betancourt et d’autres qui sont dans la jungle depuis huit ans. De plus, les deux acteurs principaux ont la possibilité de s’en sortir gagnant, les seuls mécontents sont les ultraconservateurs, qui ne supportent pas la négociation avec leurs pires ennemis. Les mêmes extrémistes qui, sans vergogne, ont offert sur un plateau d’argent la vie légale aux paramilitaires.

Elections douteuses en Equateur

Lac San Pablo d'où on peut voir la montagne ImbaburaDimanche dernier, le 15 octobre, c’était au tour du peuple équatorien de se présenter aux urnes pour élire son nouveau président. L’ambiance n’était pas à  la joie. L’Equateur est devenu coutumier d’une forte instabilité ces dernières années. Depuis 1997 trois présidents ont été démis de leur fonction, on ne compte plus le nombre de fois où le pays a changé sa constitution ni le nombre de manifestations populaires. Pourtant il fallait aller voter, c’est obligatoire et les deux candidats qui passèrent le premier tour ne sont pas des politiciens issus des partis traditionnels, qui eux sont totalement délégitimés.

Le candidat conservateur est un milliardaire, qui a fait fortune dans le monde de la banane, sa campagne fut probablement la plus populiste de toute. Noboa a distribué des ordinateurs, des médicaments et des habits à  la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est à  dire 60% de la population.

Il va se confronter au second tour contre le candidat qui se défini lui même comme “gauchiste chrétien”. Correa est le candidat “anti-système”, intéressé par la révolution bolivarienne, c’est un nationaliste fort en gueule, ex ministre de l’économie. Il promeut un moratoire sur le paiement de la dette extérieure et l’éloignement des Etats-Unis, voulant rompre les négociations sur le traité de libre échange. Son programme passe aussi, évidemment, par une Assemblée constituante.

Il était annoncé, par les sondages, grand vainqueur du premier tour avec 36% d’intention de vote. Le résultat est bien différent, il lui accorde 22,5% derrière Noboa qui obtiendrait 26%. Même si le résultat ne change pas l’existence du deuxième tour, le fait que le système de comptage soit tombé en panne après le dépouillement de 70% de vote a laissé planer un doute.
Les partisans de Correa sont alors descendu dans la rue pour crier au scandale “on essaye de nous voler la victoire”.

Dans ce contexte on peut imaginer la campagne pour le deuxième tour tout aussi intéressante que la première partie, d’ailleurs les échanges d’insultes ont déjà  commencé. Noboa annonce que “le peuple devra choisir entre la position de Rafael Correa, une position communiste, dictatoriale comme celle de Cuba, où les gens gagnent 12 dollars par mois, et [sa] position, qui est celle de l’Espagne, du Chili, des Etats-Unis, de l’Italie, où existent la liberté et la démocratie” et Correa appelle à  une alliance nationale pour que le pays ne devienne pas une grande ferme de la banane.

Le peuple équatorien est appelé à  élire son président le 26 novembre prochain, d’ici là  on peut s’attendre à  tout dans ce magnifique petit pays latino-américain.

140000

140’000 personnes pour le troisième et dernier jour du festival rock de Bogotà¡. Depuis samedi une quarantaine de groupes se sont présentés lors du plus grand festival de rock en plein air d’Amérique Latine. Chaque jour était représentatif d’un style différent, on a d’abord eu droit au métal, ensuite au punk, et pour terminer au ska.

L’ambiance était agréable même si les règles de sécurité frôlaient l’absurde, on devait entrer à  pieds nus, pour montrer patte blanche! Et bien sûr la police manquait fondamentalement d’humour, un jeune provocateur voulant faire le malin s’est déshabillé et a tenté de passer le contrôle en caleçon, le pauvre s’est fait sortir à  coups de matraques!
Mais on peut comprendre la tension de la police, la veille (dimanche) un groupe de punks a réussi à  blesser 7 policiers.

Les groupes invités étaient autant de la scène locale qu’international, parmi eux on a pu voir Fear Factory (USA) ou El sie7e, il faut aussi noté la participation de Manu Chao qui nous a fait l’honneur de 2 concerts. Tout d’abord en compagnie de Dr Krapula (star local de Ska); les deux sont apparemment intimes et ont décidé de lancer le projet Seikywia (proyecto seikywia) qui se consacre au soutien des indigènes pour qu’ils fassent valoir leurs droits.

Ensuite Manu Chao est revenu le soir pour le final du festival, et son concert a déchaîné 140000 personnes pendant une heure et demie!
Il ne nous reste plus qu’à  espérer qu’il sorte un album (genre “radio seikywia“) et qu’il réussisse à  rendre la Colombie à  la mode…