Pathétique!

Voilà  comment on pourrait résumer l’actualité colombienne ces derniers jours. Mercredi dernier le sénateur Gustavo Petro a démontré les liens de certains sénateurs avec les paramilitaires, a dénoncé (avec à  l’appui d’un certain nombres de preuves) l’infiltration des paramilitaires dans l’ensemble de l’Etat. La gravité de ses accusations approche le célèbre “proceso 8000” qui est l’épisode le plus noir des 20 dernières années pour l’Etat colombien. Les liens du gouvernement avec les narcotrafiquants avaient détruit toute crédibilité des politiciens.

La première anecdote bien pathétique est que le discours de Petro était diffusé à  la télévision nationale et comme par hasard la transmission n’a pas fonctionnée dans toute la région du nord du pays, les “terres paramilitaires” n’ont pas eu droit à  la vérité. Problème technique paraît-il, étrange le problème technique s’est produit au moment où Petro prenait la parole pour se régler à  la fin de son discours.

Jusque là  tout allait bien, dans la mesure du possible bien sûr. Uribe changeait de discours, on commençait même à  croire qu’il s’était détendu … Mais non!

Le lendemain un attentat avait lieu dans l’école de guerre de Bogotà¡, toute l’attention s’est alors dirigée sur les restes de cette voiture oubliant les allégations de Petro;

Uribe profitait alors pour nous faire un magnifique discours de seigneur de guerre accusant les FARC d’être responsables de l’attentat et donc de tuer tout espoir de discution. Le président exclut donc tout échange humanitaire, la seule manière pour les pauvres otages de sortir un jour de la jungle est grâce à  une intervention militaire. Autant dire que la seule sortie possible est entre 4 planches.

Les FARC ont déjà  nié leurs responsabilités dans l’attentat, et bien que ce ne soit pas vraiment des personnes de confiance on peut largement douter de leur implication dans l’attentat. Quant à  Uribe, il est vraiment content, il peut faire la guéguerre et dire à  la communauté internationale: j’ai essayé c’est eux qui n’ont pas voulu !

Les militaires aussi sont très content, ils ont eu peur pendant quelques semaines … une négociation, … ça mène à  la paix, c’est pas bon ça !

Pour se rendre compte à  quel point c’est pathétique il faut savoir qu’a la fin de son discours Uribe a été décrit par El Tiempo comme étant “redevenu l’homme qu’il était auparavant. Le guerrier de toujours. Son visage le disait. Il était radieux.”

Le soir même dans toutes les casernes du pays une fête spontanée a débuté, les militaires fêtant le retour de leur seigneur!

Merci à  Gustavo Petro d’avoir tenté d’apporter un peu de vérité sur la grande farce gouvernementale, une question me reste toutefois sans réponse: qui, parmi ceux qui ont un brin de pouvoir de décision, est d’accord de faire un effort pour la paix dans ce pays?