Les Farc et Sarko à la une!

Raul Reyes, porte-paroles de FARCAujourd’hui j’avais envie de parler d’autre chose, voir un peu les fonds de tiroir et sortir une vieille anecdote, une photo pourrie ou même vous raconter l’histoire de la sangria espagnole version colombienne… un vrai régal.

Bin non, hier les journaux étrangers (non colombiens) parlent de ça à  tout va, j’ai même reçu des mails pour savoir ce que j’en pensais… et là  je me suis dis merde. Je pense rien!

Le pire, en fin de compte c’est que c’est presque vrai. Les FARC proposent la même chose qu’il y a 6 mois, c’est à  dire une zone démilitarisée, ce que Uribe n’est pas près d’accepter. Uribe, quant à  lui, a proposé il y a peu de temps de libérer les FARC en prison de manière unilatérale.

D’un côté comme de l’autre ce sont des coups médiatiques, Uribe est un fan des sorties spectaculaires, et ça marche, sa popularité est toujours très élevée. Quant aux FARC, ils cherchent désespérément à  l’extérieur ce qu’ils ne trouveront plus à  l’intérieur. C’est à  dire de la reconnaissance. Alors Sarko est nouveau, il a tout promis à  tout le monde, les FARC le voient comme quelqu’un qui a de l’influence en Europe et dans l’Union Européenne. Ils auraient très envie que la négociation ait lieu, qu’on leur retire ce statut d’organisation terroriste qui les empêche d’avoir des liens avec des ONG européenne de manière officielle… Bref ils recherchent un peu de visibilité.

Que peut faire Sarko … grande question, moi je dirais qu’il doit être bien emmerdé. Si son but est de renouer de manière forte les relations franco-colombienne il ne fera rien qui va à  l’encontre d’Uribe et cherchera plus les relations économique entre les deux pays. Rappelons que la colombie est actuellement considérée comme un des pays en développement les plus attirant pour investir… (affaire à  suivre car depuis un petit mois plusieurs commencent à  se préoccuper de la surchauffe économique).

Sinon le cas Ingrid, c’est un peu l’épine dans le pied des relations franco-colombienne… un échange rapide entre Uribe et les FARC serait le mieux, un truc vite fait et discret, cela assurerai la survie des otages.. mais pour les deux cela veut dire un effort, Uribe doit accepter une petite zone démilitarisé, et les FARC accepter que ça se fasse sans télé … Uribe vient d’accepter l’idée que la France envoie un émissaire pour discuter avec les FARC, on va surement avoir d’ici 2 semaines une proposition d’échange, Uribe va faire mine d’accepter … et là  soit une bombe pète dans l’école de guerre à  Bogotà¡ comme il y a six mois… soit l’échange se fait vite fait comme si de rien était… mais cela ne va pas être facile ni pour Uribe et ni pour les FARC de penser aux otages sans vouloir gagner quelque chose…

Un otage s’échappe

Après huit ans aux mains des FARC le policier Jhon Frank Pinchao a réussit un miracle… s’échapper et survivre 17 jours en pleine jungle. Son état de santé n’est pas génial, mais l’espoir de vivre qu’il retrouve va vite le remettre en forme…

Il a été enlevé lors de la prise par les FARC de la ville de Mitu, capital du département Vaupés. Les FARC avait attaqué la ville avec plus de deux mille hommes, la police n’avait pas fait long feu.

Il a retrouvé sa famille et témoigne. Il raconte ses années de détention, de souffrance et stress. Il parle aussi des autres, il aurait connu les citoyens des US séquestrés, vivant mais un aurait une hépatite. Il confirme aussi que Clara Rojas (la candidate à  la vice présidence avec Ingrid Betancourt) a eu un enfant pendant sa captivité. Il aurait maintenant 3 ans.

Selon lui Ingrid va bien, elle est en bonne santé. Elle aurait même tenté de s’enfuir à  5 reprises. Cela contredit pas mal les mauvaises langues qui osent encore dire qu’elle a rejoint les FARC et que son enlèvement est un coup monté!

Un bonne nouvelle, suffisamment rare pour être relevée, maintenant on peut lui souhaiter bon courage, lui c’est pas sûr qu’il soit nommé ministre!

Une anecdote pourrie

dscf2157.JPGCette maison était, il y a quelques longues années, un genre d’auberge. Elle donne sur la cascade la plus haute de Colombie (400 m de chute) et sur tout le canyon qui va avec, la vue est donc tout simplement magnifique. Mais voilà , il est très connu que les FARC ont un penchant pour le luxe et les belles vues. Ils se sont donc approprié la demeure, laissant les touristes et les propriétaires bien déçu. Les années passant, les fêtes se suivirent jusqu’à  qu’un plouc de la guérilla, sûrement complètement ivre laissa tomber une grenade, tuant nombreux de ses camarades et détruisant tout l’intérieur de la maison.

Ils ont aujourd’hui quitté les lieux, laissant à  l’abandon cette construction, à  moitié explosée.

Les touristes reviennent petit à  petit, se réappropriant les lieux pendant la journée, attendant désespérément que la guérilla laisse la population retrouver ses terres.

Les FARC dans l’ombre

Secratariat des FARCDepuis quelques temps l’actualité en Colombie est largement retournée à  l’avancement du conflit, une certaine préoccupation refait petit à  petit surface.

Uribe avait annoncé qu’il terminerait en 4 ans avec la guérilla. Après 4 ans il disait qu’il avait beaucoup avancé mais qu’il manquait encore quelques petits trucs à  régler. Il s’est donc fait réélire.

Face à  la menace et à  la guerre menée par le gouvernement lui-même soutenu par les Etats-Unis, la guérilla recule. Une raison stratégique très simple. Depuis le début du Plan Colombie l’armée s’est dotée d’hélicoptère Black Hawk ce qui lui a permis de gagner en mobilité et en force de frappe. L’armée reprend alors le dessus lors des affrontements contre la guérilla, qui avait réussi à  la fin des années 90 à  passer à  une guerre de position. Chose extrêmement rare pour une guérilla.

Uribe, reprenant les rennes après Pastrana continue la reforme en profondeur de l’armée et à  grand coup publicitaire augmente sensiblement la sécurité dans le pays.

La partie publicitaire a autant d’importance que le renforcement de l’armée. En terme de sécurité la sensation de la population est aussi importante que la réalité, voire même plus sur le court terme, car les gens ressortent et reprennent le contrôle des espaces publics, le rendant plus sûr de fait.

La guérilla, à  nouveau en infériorité face à  l’armée, se replie, après avoir vaguement tenté le combat. Le repli est totalement stratégique, elle quitte ses zones d’influences traditionnelles activement attaquées par l’armée pour se réfugier vers les frontières (Venezuela et Equateur) et vers la mer (océan Pacifique et mer Caraïbes). Les raisons sont évidentes, cela facilite énormément ses exportations de drogues et les frontières lui permettent de se réfugier en pays voisin, plus ou moins consentant.Uribe

Finalement le résultat à  été un déplacement de la guérilla et son changement de stratégie. Elle a repris ses activités de guérilla “traditionnelle” (sabotage, petites attaques avec 4-5 guérilleros etc.) suivant la stratégie du foco développé par Ernesto Che Guevara.

Mais la guérilla est encore bien vivante. Les FARC se sont même donné le luxe dernièrement de réaliser leur 9e conférence générale, la dernière a eu lieu en 1993. Il est possible que le secrétariat général de cette organisation n’ait pas pu se réunir physiquement, mais par internet. Une bonne vidéo conférence depuis la jungle …

En tout cas le message est fort, ils préparent leur plan pour les quatre années à  venir. Ils veulent lancer une grande offensive à  la fin du mandat d’Uribe, histoire de lui dire au revoir. Pour cela ils planifient une diversification financière, voulant récolter plus de fond de l’extorsion. Jusque là  c’était plutôt le business de l’ELN, simplement depuis quelques temps ils ne sont plus vraiment en bon terme et une guerre fait rage entre les deux guérillas. On compterait plus de 600 morts entre les deux mais surtout un nombre très élevé de réfugiés, beaucoup partant au Venezuela. De plus l’ELN est en train de négocier sa sortie avec le gouvernement. Un espace serait donc libre pour les FARC.

Un autre point qui me semble important à  relever, est que les FARC cherchent à  combler leur faiblesse militaire. Lors du dernier combat majeur entre l’armée et la guérilla certains tirs de ce qui pouvait ressembler à  des bazookas artisanaux ont été effectués, visant les hélicoptères. De plus, selon certaines sources, les FARC seraient en contact avec certains groupes des pays de l’Europe de l’Est pour acheter des missiles terre-air… Chose qui représente un réel danger pour les forces armées.

Uribe a fait un premier pas lors des ses quatre premières années de pouvoir, il a su utiliser les ressources de l’armée et une bonne stratégie de communication, le problème est qu’une bonne politique de sécurité doit évoluer après 5 ou 6 ans de fonctionnement. Les truands, brigands, terroristes ou guérilleros s’adaptent bien plus vite que les armées à  tout changement.

Les déficiences de la politique de Sécurité Démocratique commencent à  apparaître, et la plus grande erreur d’Uribe, et pour ça j’ai toujours été contre sa réélection, est qu’il n’a pas profité de la situation de sécurité passagère pour construire la paix, la vraie, la paix sociale. Cette paix qui se construit à  travers les générations, mais qui est réelle. Il a préféré et préfère encore le populisme avec ses “conseils communautaires”, largement comparables aux “Allo président” du voisin Chavez.

Les FARC sont mortes?

Ce matin dans le journal officiel, un fidèle disciple s’emballe légèrement. Il titre sa tribune libre “signaux de fin“, faisant référence au conflit. Pour lui c’est fait, Uribe a gagné la guerre, ou plutôt grâce à  sa politique de modernisation de l’armée, les FARC ont perdu. En lisant cet article je n’ai pas pu m’empêcher de sourire, un de ces sourires qui sort tout seul, mais qui est bien jaune. J’avais presque envie de fermer le journal, à  quoi bon lire ce genre de truc débile…

Oui, les militaires ont récupéré une bonne partie des 180 communes perdues, ils ont repoussé, dans bien des cas, la guérilla dans les entrailles de la jungle. Ils se sont passablement modernisés, et il faut noter ici que ce programme a commencé sous la présidence de Pastrana, et a été poursuivi avec un certain degré de réussite par les gouvernements d’Uribe. La touche plus personnelle d’Uribe est tout le travail qui se fait pour changer l’image des militaires et des forces publiques en général. Chose tout à  fait intelligente lorsqu’on sait que le thème de sécurité est très fortement lié à  la perception. Alors, avoir confiance dans les forces publiques de son pays est une chose fondamentale pour se sentir en sécurité.

Mais revenons à  nos moutons, les FARC auraient-elles perdu?

Il est peut-être nécessaire de revisiter les théories de guérilla pour vite se rendre compte que notre cher analyste fait une erreur grossière en prenant pour preuve de leur échec le mouvement constant des guérilleros. Le problème est que les FARC avaient acquis tellement de pouvoir au début des années 2000 qu’elles ne se comportaient plus comme une guérilla “normale”, mais plus comme une armée régulière.

La fin des négociations en 2002 et la reprise des combats ont petit à  petit forcé les guérilleros à  se replier dans la jungle et les montagnes. Mais d’ici à  croire qu’ils aient été vaincu il y a un bon pas à  faire. Cette tendance est pourtant relativement commune, et pas seulement chez les partisans du président. Un grand nombre d’académiciens ont commencé à  étudier depuis 4 ou 5 ans la situation de post-conflit. C’est même devenu une belle mode dans les universités. Je me souviens très de ma première entrevue dans une uni, où on me faisait gentiment comprendre qu’un autre “gringo” qui venait étudier le conflit cela ne les intéressaient pas, par contre pour toute la partie analyse comparative de situation de post-conflit ils étaient très ouverts…

J’ai été patient et finalement 6 mois plus tard, les mêmes m’ont embauché pour une recherche sur une nouvelle facette du conflit… et oui il est n’est pas encore fini.

Je conclurais avec un vieux dicton: “vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué n’a jamais été un bon négoce”. Dans ce cas, surveiller ses arrières ne serait pas un mal, surtout lorsqu’on sait que même les paramilitaires se reforment. Ils seraient déjà  5000 selon Mancuso, sans parler de tous ceux qui ne se sont jamais démobilisés.
Construire et penser la paix depuis Bogotà¡ est finalement très facile, depuis le Putumayo, Buenaventura ou El Chocà³ c’est sûrement moins simple.

“Ingrid est en bonne santé …

Et c’est tant mieux” … c’est en gros ce que nous dit le gouvernement colombien à  travers son journal officiel d’information (El tiempo). Selon eux Ingrid Betancour est gardée en bonne condition et se porte bien, et même si la mère d’Ingrid dit ne pas avoir reçu ces infos, le gouvernement assure que ses sources sont fiables. Il ajoute aussi qu’Ingrid n’aura pas un traitement différent que les autres otages. D’après Santos, le gouvernement est dans l’obligation constitutionnelle de réaliser un sauvetage militaire- c’est bien la première fois que j’entends que la constitution d’un pays indique qu’il faut mettre ses citoyens en danger.

Le 23 février prochain Ingrid Betancour “fêtera” 5 longues années dans la jungle en compagnie des FARC, elle a beau être en bonne santé c’est long. On attend toujours des nouvelles de Marc Beltra qui vient de fêter ses 25 ans, mais rien même pas un signe de volonté des gouvernements (français ou colombien) de faire quelque chose. Penser qu’il y a quelques mois on était proche d’un échange humanitaire et qu’il a été interrompu pour une voiture brûlée, par les FARC soi disant mais il n’existe toujours aucune preuve, laisse un goût amer dans la bouche. Même si ce n’était pas la libération de tous les otages, réunir une centaine de familles n’aurait fait de mal à  personne…

Échange humanitaire: un virage politique d’Uribe?

Uribe, président colombienDepuis quelques semaines on voit se dessiner une autre ligne politique en Colombie. Pour certains c’est un virage brutal. Le président colombien s’est décidé à  négocier avec un groupe terroriste. Aveux de faiblesse ou pragmatisme politique?

La discussion s’est établie entre le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) pour réaliser un échange de prisonniers. L’échange dit “humanitaire” pourrait être le premier pas vers un accord de paix plus global.

On est bien loin des annonces guerrières de la première campagne du président. Selon ses dires, on ne négociait pas avec des terroristes, en Colombie il n’y avait pas de conflit armé, seulement une bande de terroristes sanguinaires…
Il a été élu la première fois, en 2002, pour faire la guerre. Le bilan de son premier mandat est plutôt mitigé: la violence a diminué, les routes sont plus sûres et l’économie a repris mais les FARC sont loin, très loin, d’être vaincues et les inégalités ont empiré. Le processus de paix avec les paramilitaires est entaché par un grand nombre d’irrégularités.

La campagne pour sa réélection s’est faite sans programme; un mystère total régnait sur les quatre années futures. Pour ses partisans ultraconservateurs c’était évident qu’il allait poursuivre sa politique de guerre. Mais une volonté politique de négocier fait son apparition. Le doute s’installe, ses troupes commencent à  hurler à  la trahison, “on ne peut pas négocier avec des terroristes, c’est inhumain” “on ne vous a pas élu pour ça”!

Il faut savoir qu’Alvaro Uribe Velez n’est pas né de la dernière pluie. Autant le président Bush est réputé limité intellectuellement, autant Uribe est un homme intelligent travailleur, avec ses idées (qu’on aime ou pas) mais c’est surtout un opportuniste, très pragmatique. Son énorme défaut, au niveau politique, est qu’il est très mal entouré, mais là  aussi c’est volontaire: cela lui permet de tout diriger.

Or la situation actuelle piétine et sa cote de popularité est en baisse; un échange de prisonniers avant Noà«l serait une bouffée d’air.

De plus sa politique de guerre coûte très cher, même si les FARC se sont repliées dans la jungle une victoire militaire est jugée impossible par tous les experts, militaires ou civils.
Uribe en est bien conscient, l’opportunité de cet échange est une ouverture importante pour débuter un nouveau programme. Après avoir démobilisé les paramilitaires, être entré en négociation avec l’Armée de Libération Nationale (ELN), l’autre guérilla encore au combat, il pourrait concentrer ses efforts sur les FARC.

Il avait dit que pour terminer avec le conflit, il voulait d’abord réduire le nombre d’acteurs illégaux à  un. Pour cela, il a été d’accord de donner un poids politique majeur aux paramilitaires, de négocier avec des “terroristes” (l’ELN) alors pourquoi ne serait-il pas prêt à  négocier avec des “narco guérilla terroristes”.

Du côté des FARC l’intérêt n’est pas négligeable non plus. Tout d’abord ils veulent envoyer un message à  la communauté internationale. Les Etats Unis et l’Union Européenne les ont ajoutés à  leur liste d’organisation terroriste, ce qui les dérange profondément. L’échange humanitaire leur permettrait de montrer qu’ils respectent les conventions de Genève, et donc qu’ils sont un acteur armé dans un conflit. Un enjeu d’importance symbolique, surtout si on pense au dernier échange de prisonniers qui a eu lieu, sous la présidence de Pastrana (1998-2002) et qui s’est transformé en La journée des FARC. Tout est passé en direct à  la télévision, Manuel Marulanda (chef des FARC) a eu droit à  son moment de gloire et a pu faire un joli discours.

L’échange apporterait un peu d’humanité à  la situation colombienne et permettrait la libération de certains otages, dont Ingrid Betancourt et d’autres qui sont dans la jungle depuis huit ans. De plus, les deux acteurs principaux ont la possibilité de s’en sortir gagnant, les seuls mécontents sont les ultraconservateurs, qui ne supportent pas la négociation avec leurs pires ennemis. Les mêmes extrémistes qui, sans vergogne, ont offert sur un plateau d’argent la vie légale aux paramilitaires.

Uribe accepte une zone démilitarisée pour négocier

Ce matin on peut lire dans de nombreux journaux qu’Uribe a (enfin) accepté une zone démilitarisée. Il prévoit de retirer ses troupes de deux municipalités afin de discuter avec les FARC de la libération des otages.

Les FARC veulent faire un échange: la libération de 500 guérilleros contre celles de 58 otages (personnalités politiques et militaires) dont quelques Nord américains ainsi que notre chère Ingrid Betancourt.

“Il a y une volonté politique de négocier” … nous dit le gouvernement. Sans vouloir jouer les troubles fêtes il faut contextualiser un peu cette nouvelle magnifique. Depuis la seconde investiture d’Uribe, les scandales se suivent et s’accumulent. Après les tonneaux remplis de dollars les militaires ont été accusé d’avoir monté les attentats qui ont eu lieu à  Bogotà¡ il y a quelques mois. Le processus de paix avec les paramilitaires a été sérieusement entaché suite à  son application des trafiquants jugé une années plus tôt par le même gouvernement comme “Narco à  100%”. Le gouvernement à  aussi du céder à  de nombreuses requêtes des paras.

Les colombiens commencent à  se rendre compte que les ¾ des partisans d’Uribe élus soit au Congrès soit au Sénat n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils vont faire maintenant qu’ils ont été élus. Pour finir le gouvernement est en train de changer le mode d’imposition, il veut augmenter la TVA sur les produits de base (riz, pommes de terre, sel, etc.), le but étant de rendre les pauvres encore plus pauvre!

Deux mois après le début de son second mandat Uribe commence à  voir son image sérieusement encornée. Ses troupes ne vivent pas en harmonie, de plus en plus de critiques internes apparaissent.

Le moment est parfait pour faire une annonce fracassante, détourner l’attention des média et de la population vers d’autre fait pour faire passer la pilule, et voter la réforme des impôts. La volonté de négocier est peut être réelle, l’échange aura peut être bien lieu (et je l’espère) simplement je ne peux pas m’empêcher d’être sceptique face aux promesses d’Uribe, et encore plus face à  la réponse des FARC.

La démobilisation des paramilitaires

 

La Ley de paz y justicia n’a, pour l’instant, bénéficié qu’aux paramilitaires. L’article 73 laissait penser que cela se déroulerait ainsi car il annonce que la loi ne s’applique qu’aux faits antérieurs à  sa promulgation. Or ni les FARC ni l’ELN n’avaient commencé à  négocier avec le gouvernement au moment de la promulgation de loi. De plus ils ont continué leurs actions illégales ce qui rend difficile le fait qu’ils bénéficient de celle-ci.

Le simple fait que cette amnistie n’est pas appliquée pour tous les groupes armés rend le cas de la Colombie original et compliqué. Tout d’abord original, car on assiste à  une amnistie en cas de conflit et non de post-conflit. Les paramilitaires ont été créés en réponse aux FARC, cependant les FARC continuent d’exister. Le premier problème surgit sur le terrain, comment ceux qui finançaient les paras pour leur défense, vont-ils réagir face au vide créé par la démobilisation? Il existe 3 solutions, soit ils acceptent que les FARC prennent le territoire, ce dont je doute, soit l’Etat arrive à  contrôler le territoire, ce qui n’est pas facile, en sachant que cela fait plus de 20 ans qu’il ne le contrôle pas, soit ils refont appel aux paras. Pour l’instant la situation dans certaines régions est réellement compliquée: la population se retrouve entre 3 feux, les FARC essayent de profiter de la démobilisation pour étendre leur influence, les paras résistent malgré le fait qu’ils aient rendu leurs armes et l’Etat envoie un maximum de troupes pour tenter de contrôler le tout.

L’originalité du cas colombien n’est donc pas vraiment un avantage pour construire une paix durable. L’amnistie a conduit quelque 30’000 paramilitaires à  rendre un peu plus de 15’000 armes. Le rapport de 1 arme pour 2 hommes peut s’expliquer, il n’y a pas que les combattants qui se sont rendus à  la justice mais aussi les informateurs, financiers, etc. On peut tout de même douter, les paramilitaires n’ont jamais eu une réputation d’être mal armés.

De là , apparaît un autre problème: que faire des 30’000 démobilisés? Le gouvernement en attendait la moitié, réussir à  réinsérer tous ces combattants va être une tâche difficile; pour cela il faut réussir à  leur donner un statut légal. La justice doit pouvoir déterminer la position de chacun. Actuellement le risque le plus grand est la paralysie du système judiciaire transitaire qui conduirait à  une amnistie totale et une amnésie généralisée. Ceci peut entraver une possible réconciliation. La réponse du gouvernement à  cette critique est que la loi, donc la justice transitoire, ne s’adresse qu’aux délits graves; les cas de délits mineurs doivent être conduit devant la justice “normale”, qui devrait, elle, statuer sur l’amnistie de ces personnes.

Un autre point m’amène à  être critique envers cette loi; j’ai rapidement abordé dans mon article précédent (problème éthique), est l’effectivité de cette démobilisation. Nous avons vu que lors des élections les pressions paramilitaires n’ont pas cessé malgré leur démobilisation. La violence, elle aussi, continue; le 25 février dernier, dans un département du Nord, un démobilisé a assassiné le maire d’un village, un autre a tué le commandant des forces de police…

Ajoutez à  cela que les paramilitaires détiennent le pouvoir économique dans les régions où ils se sont démobilisés, on peut alors douter grandement de l’efficience de l’application de cette loi. Il me semble assez juste de croire que la loi va permettre de légaliser des combattants, fatigués de se battre mais qui ne veulent pas perdre leur pouvoir illégalement acquis. Cependant, on ne peut pas conclure maintenant sur un processus si jeune alors que dans de nombreux pays la réussite d’un tel processus ne se mesure qu’après une quinzaine d’années.


 

 

La Ley de Justicia y Paz

Après l’expérience des négociations du Président Pastrana qui ont malheureusement échoué le Président Uribe est arrivé au pouvoir avec une proposition totalement différente. Tout d’abord la reprise des hostilités contre les FARC avec le but de les anéantir par les armes. Ensuite son gouvernement a fait une proposition de loi pour l’amnistie partielle des groupes armés illégaux, qui devrait permettre la démobilisation de ceux-ci. Cette loi est, en tout cas en théorie, adressée aux paramilitaires comme aux FARC qui ont commis des atrocités telles que la torture, l’enlèvement, le génocide etc. Le but principal, annoncé dans le premier article, est de promouvoir le droit des victimes à  la vérité, la justice et la réparation.

En de nombreux points la loi n’est pas respectueuse du Droit International (DI) comme par exemple lorsqu’elle définit les victimes. La définition inclus les membres de la force publique qui ont souffert de blessures. Le DI Humanitaire considère qu’un soldat blessé au combat n’est pas une victime. Cette loi permet aux militaires de bénéficier des avantages concédés aux victimes. Hormis le droit à  la vérité, la victime a le droit à  la réparation c’est à  dire l’indemnisation, la réhabilitation et la garantie de non répétition des actes.

Ensuite la loi met en place un système de justice transitionnelle pour favoriser la révélation de la vérité. Une audience préliminaire est suivie d’une investigation de 60 jours. Ces 60 jours sont censés permettre à  la police judiciaire de réunir tous les faits. Cela peut paraître insensé car de nombreuses enquêtes durent depuis plusieurs années et aucun résultat ne permet de conclure quoi que ce soit. La loi, telle qu’elle existe, ne permettrait pas aux victimes de connaître la vérité, une nouvelle fois la loi n’est pas conforme avec le DI.

Le thème suivant concerne les peines, elles sont allégées, le but est motiver les groupes illégaux à  déposer les armes. Le maximum autorisé par la loi est 8 ans. De plus il existe la possibilité de faire une peine alternative: c’est à  dire de se compromettre à  contribuer à  sa resocialisation à  travers le travail, les études ou l’enseignement pendant le temps de privation de la liberté et promouvoir les activités orientées à  la démobilisation des groupes armés.

Il existe aussi un devoir de réparation et de restitution. Les membres des groupes armés doivent rendre les biens qu’ils ont obtenus par la force, principalement les terres. Ils doivent aussi payer leurs victimes en guise de réparation. Le problème est qu’ils ont apparemment le droit de payer avec l’argent obtenu illicitement, ce qui peut paraître quelque peu grotesque.

L’autre possibilité pour promouvoir la réparation est la mise en place par l’Etat de programmes de réparations collectives tel que des actes symboliques en mémoire des morts, des monuments ou même des programmes de développement institutionnel pour les municipalités qui ont souffert de la violence. Cela devrait être fait de même que la mise en place d’une commission de réparation et de réconciliation qui devrait être créé d’ici quelques mois.

Cette loi est un exemple de justice transitionnelle, ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’un Etat fait recours à  ce genre de méthode. L’exemple le plus connu est celui de l’Afrique du sud où les commissions de vérité mise en place dans ce pays ont été une réussite, les victimes ont pu connaître leur histoire et les bourreaux ont demandé pardon. C’est un échange, la vérité contre le pardon, qui peut permettre la réconciliation.

Dans le cas de la Colombie il reste encore beaucoup de chemin à  faire mais il faut, c’est presque un devoir, garder espoir.