Uribe/Chavez deux coqs dans une arène

chavez-25-novembre-2007.JPGJeudi dernier Uribe mettait fin à  la médiation de Chavez qui depuis 3 mois travaillait avec les FARC pour réussir le tant attendu échange humanitaire.

La raison invoquée était un appel de la part de Chavez à  un militaire colombien alors que Uribe lui avait expressément demander de ne pas le faire. Une blagounette, car en réalité tout le monde s’en fout de ce militaire.

Le truc c’est que depuis le début de cette médiation les FARC ont pu accéder à  une tribune sur la place publique qu’Uribe et ces copains avait jurer de ne jamais leur donner. Il mets donc fin au spectacle, accuse Chavez de ne pas respecter les accord et par la même occasion sollicite (pas lui directement mais ses copains) que la justice s’occupe de Cordoba (la sénatrice chargée de l’affaire) pour trahison à  la patrie.

C havez réagit tranquille, il accepte et regrette. Normal jusque là .uribe-26-novembre-2007.JPG

Et le week-end arrive et ça chauffe dans l’arène, le public doit vouloir du spectacle. Chavez veut congeler les relations entre la Colombie et le Venezuela. Il ajoute ensuite qu’il ne reviendra pas dans la CAN (marché commun andin) et que ce serait bien que ses militaires soient prêt. Il finit en concluant que les colombiens méritent un meilleur président.

Uribe, personnage connu pour son calme, exactement comme Chavez, rétorque rapidement en accusant Chavez de mettre le feu au continent et de vouloir instaurer un gouvernement avec les FARC en Colombie. Il l’accuse de légitimer le terrorisme et du même coup attaque Cordoba l’impliquant dans cette collaboration avec les terroristes.

On est bien là , avec deux coqs qui s’insultent, sauf que la Colombie et le Venezuela sont entre eux, le second partenaire commercial, qu’il sont voisins et frères, qu’il y a un grand nombre de colombiens au Venezuela et de venezueliens en Colombie et qu’à  force de dire des conneries les deux ploucs vont sûrement réussir à  faire chier tout le monde.

Maintenant les professionnels de la diplomatie vont devoir travailler dur pour essayer de rattraper les erreurs de deux élu qui ne semble pas trop comprendre ce que c’est une institution et comment ça fonctionne. Il va falloir ouvrir une zone démilitarisée pour que les deux chefs d’État puisse faire un échange verbal. Lula pourrait se charger de la médiation non?

Les réactions

Avant:

Uribe: “Nous ne pouvons accepter que ces bandits abusent des bons offices du président Chavez pour faire de la politique tout en continuant à  pratiquer le terrorisme”.

Chavez: promet une preuve de vie avant la fin de l’année, non seulement concernant Mme Ingrid Betancourt mais aussi les autres otages

Haut Commissaire pour la paix (Colombie): “S’il n’existe pas une formule pour la libération des otages, nous devrons comprendre que le travail de médiation n’avance pas”

Après:

Les différents comités Ingrid Betancourt: lance “un appel pressant au président français, Nicolas Sarkozy, pour qu’il intervienne immédiatement auprès de son homologue colombien”.

Ministre de l’économie (Colombie): La fin de la médiation ne mets pas en danger les relations commerciales entre les deux pays.

Uribe: “Nous ne pouvons pas mettre en danger la politique de Sécurité Démocratique”

Haut Commissaire pour la paix (Colombie): “La décision est irrévocable.”

Haut Commissaire pour la paix (Colombie): “Les FARC se sont dédiées à  se montrer dans les médias et non à  travailler.”

Sarkozy: continue à  penser que Chavez est la meilleure option pour libérer les otages.

Le Comité de soutien à  Ingrid Betancourt: “Alvaro Uribe a atomisé notre espoir, une nouvelle fois, en pratiquant l’art de l’hécatombe, seule discipline dans laquelle le président colombien est décidé à  exceller malheureusement”.

L’armée colombienne: “respecte la décision du président”.

Le gouvernement colombien: pense que Chavez et Cordoba était en train d’établir une agenda parallèle en appelant des fonctionnaires colombiens dans le dos du président.

Le gouvernement colombien: va reprendre ses efforts pour réaliser cet échange, mais en contact direct.

Le gouvernement venezuelien: accepte, c’est une décision souveraine de la Colombie, mais regrette car en seulement 3 mois il y avait eu beaucoup d’avancée.

Uribe rompt la médiation de Chavez

chavez-uribe.jpgLa nouvelle est tombée, tout le monde en parle. C’est à  la une des nombreux journaux, de nombreux blogs et ce sera le sujet de discussions favori de tous les internationalistes et politologues du coin.

Uribe avait admit la médiation de Chavez pour son “affinité avec les FARC“, mais là  c’en n’est trop. L’épisode continue, une histoire merveilleusement triste où l’on joue avec la vie d’une cinquantaine de personne.

Depuis plus d’une année le thème de l’échange humanitaire est revenu sur le devant de la scène, en grande partie grâce au divers groupe de pression, autant ONG que la Mairie de Bogotà¡ ou des individus comme le Professeur Moncayo. Le thème ameute la communauté international grâce (ou à  cause) de la présence Ingrid Betancourt, une franco- colombienne otage depuis 2002.

Il y a eu plusieurs échanges humanitaires au cour de l’histoire, simplement Uribe a été élu avec la promesse d’en finir avec les terroristes que sont les FARC. Il les déteste particulièrement. Négocier avec eux était donc exclut. Mais la mode, la pression international et l’envie d’être le président qui en termine avec tous les acteurs armés du pays le poussa à  se lancer dans un semblant de négociation. Simplement il ne veut en aucun cas perdre sa réputation d’homme fort, sa carte pour la réélection à  l’infini.

Alors au moindre écart il rompt les négociations. L’année dernière c’était un attentat dans l’école de guerre. Après cet échec il accepte finalement de revenir dans l’arène, mais avec un médiateur. Chavez est l’homme l’idéal, les FARC l’admire, il est capable de toutes les bourdes du monde pour donner une excuse au gouvernement d’Uribe de rompre les négociations si ça tourne mal.

Pour Chavez c’est une aubaine, il peut se faire remarquer au niveau international et évite qu’on parle de ses réformes. En terme de négociation c’est un homme intéressant, capable de parler avec les deux parties. L’idée est excellente pour tout le monde. Le spectacle commence. Les FARC sont partout, jusqu’au palais présidentiel du Venezuela. Piedad Cordoba, sénatrice colombienne mandatée par le gouvernement réalise plusieurs voyages, rencontrant des guérilleros dans la jungle ou prisonniers au USA.

La présence des FARC sur les écrans et les journaux devient presque grotesque, les “terroristes sanguinaires” redeviennent des guérilleros.

Chavez fait sa bourde, il parle avec l’état major de l’armée colombienne alors qu’Uribe lui avait expressément dit qu’il ne pouvait pas le faire. Mais plus que l’appel aux militaires c’est le commentaire de Chavez comme quoi Uribe aurait dit qu’il accepterait éventuellement une réunion avec Tirofijo (chef des FARC) pour parler de paix. C’était un thème secret et qui en Colombie ne serait pas apprécié par tout le monde.

Uribe met fin à  la médiation de Chavez. Sarkozy intervient vaguement. Aujourd’hui on en est là , mais l’histoire ne s’arrêtera pas.

La situation actuelle est donc au point mort, l’échange humanitaire est repoussé. Les FARC sont content, ils gardent leurs otages encore un moment, Uribe montre une fois de plus que négocier n’est pas la bonne voie, et Chavez… Chavez a fait son clown à  Paris, il a évité qu’on parle de sa constitution.

Dans un mois ou deux on recommence. On repousse encore une fois, comme on le fera sûrement 2 ou 3 autres fois. Le thème de l’échange humanitaire pourrait être un bon thème pour la campagne de 2010. Il permettrait à  Uribe et ses suiveurs d’accuser la gauche de vouloir donner le pays à  la guérilla.

Histoire de week end

Enfin le week-end! et en musique siouplé: Raul Paz (ici au Paléo festival de Nyon en 2004)

[audio:23 – Raul Paz – Mua Mua Mua.mp3]

Et comme l’hiver approche il est temps de se réchauffer les neurones et de rêver de voyages, allez visiter Histoire de voyageur, un blog d’aventures, de voyages et de rencontres. Dul, le créateur, s’adonne au plaisir montagnard au Pérou, Guillaume poursuit des lions en Afrique et Greg (enfin plus SBF*) traverse l’Himalaya sur le toit d’un bus.

à  voir et à  suivre!

*Sans blog fixe

Facebook ou l’art d’être un – – – – – – – discret

facebook.jpgFacebook est probablement le truc le plus à  la mode sur internet actuellement. Selon certain c’est même le début de la fin de l’e-mail, les facebook, Myspace, Twitter ou encore Messenger vont en finir avec ses boites mails encombrantes.

D’autres se préoccupent pour les informations qui y sont stockée et finalement utilisée à  des fins commerciales pas tout à  fait recommandables.

Sans rentrer dans ce débat, je ne suis pas franchement indiqué pour ça, je voulais voir un autre détail de Facebook, ou plutôt de ses utilisateurs, qui me tends passablement.

Avec Facebook il est possible de créer des groupes en tout genre, autant des trucs débiles comme “pour l’extermination des gens qui portent des chaussettes avec les sandales” ou alors des groupes d’expatriés, d’amoureux de Paris, de Genève ou de Bogotà¡. On trouve aussi des groupes politiques, les candidats profitent de cette publicité facile.

Parmi ces derniers groupes on trouve à  nouveau de tout. Et c’est là  ou je veux en venir. Je crois qu’il n’y a pas un jour où je ne vois pas passer un de ses groupe de merde qui prône la violence, l’intolérance ou la discrimination. Et ça particulièrement dans le cas colombien. Hier, par exemple, je reçois une invitation pour intégrer le groupe (de 10 mil personnes tout de même) qui “refuse que la Colombie soit gouverner par la gauche”, mettant dans le même sac tout les dirigeants du Polo et les FARC. Des groupes à  l’image de celui-ci il en existe des dizaines (pour pas dire des centaines), et l’extrême gauche n’est pas en reste les “éliminons les suiveurs d’Uribe” existe aussi, bien que moins nombreux à  ma connaissance., et j’ai (heureusement) pas encore vu un groupe de soutient aux FARC.

Facebook, comme beaucoup de truc sur internet, est aussi un outil de propagande, où les connards peuvent rester discret.

Les militaires sudaméricains

à  lire dans Le Monde

Par Paulo A. Paranagua:

Depuis la chute du mur de Berlin et le reflux des dictatures, les militaires d’Amérique latine s’interrogent sur leurs missions et leur place dans la société. La fin de la guerre froide a rendu caduque la “doctrine de sécurité nationale”, qui a servi à  justifier les coups d’Etat des années 1960 et 1970. La plupart des armées d’Amérique latine ont opéré à  la fois un repli sur leurs missions traditionnelles de défense et un redéploiement vers des missions de paix sous mandat des Nations unies. Les militaires sont ainsi parvenus à  redorer leur blason auprès de leurs opinions publiques et auprès de l’opinion internationale.

[…]

Aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de menace de guerre en Amérique latine, en dépit de quelques différends frontaliers. Les litiges sont en voie de règlement par la négociation. Le 8 octobre, le Honduras et le Nicaragua ont accepté la décision de la Cour internationale de justice de La Haye concernant quatre îles que les deux pays se disputent. Le Chili et la Bolivie n’ont pas de relations diplomatiques à  cause de la vieille revendication d’un débouché sur la mer pour les Boliviens, mais le dialogue entre leurs diplomates a bel et bien commencé.

Plutôt que le terrorisme, le véritable problème de la région est le crime organisé, qui infiltre, contamine et affaiblit les Etats. Les polices sont souvent débordées. Et les Etats-Unis exigent des résultats dans la lutte contre la drogue, comme l’a rappelé, au mois d’octobre, le secrétaire à  la défense Robert Gates, lors de sa première tournée en Amérique latine. La Colombie, seul pays de la région avec un conflit armé interne dopé par le narcotrafic, reste un cas à  part. Ailleurs, la participation des forces armées à  des missions de sécurité publique provoque la controverse, du Mexique au Brésil, en passant par l’Amérique centrale, ébranlée par les maras (gangs de jeunes violents).

[…]

“MILITARISER LA VIE POLITIQUE”

Echaudé par l’histoire, le général chilien refuse également tout ce qui risquerait de “dénaturer” l’institution militaire. “La politisation des armées n’est pas bonne pour la société, car elle tend à  militariser la vie politique, souligne-t-il. Elle est préjudiciable aussi pour les militaires, qui doivent servir l’Etat et non le gouvernement du moment.” Cette critique s’adresse explicitement au président vénézuélien, le lieutenant-colonel Hugo Chavez.

A tout ça j’ajouterai le défi de la privatisation, mais on n’en reparlera bientôt.