Uribe pète un plomb!

Après 5 ans de pouvoir le cerveau d’Uribe est en surchauffe.

Depuis le début du scandale de la para-politique, on a vu quelques fois le Président intervenir, mais pas d’une manière très régulière. Cependant plus le scandale s’approche de lui plus ses déclarations sont fréquentes, et surtout moins intelligentes.

L’opposition et la justice ont continué à  révéler les liens de nombreux politiciens avec les paramilitaires. Le scandale, devenu presque normal, continue son chemin. Plusieurs massacres ont été élucidés, certains militaires ont été destitués et la famille du président a été mise en cause.

Le sénateur Petro a pourtant précisé que selon les sources qu’il possédait le Président n’était pas mis en cause. C’est son frère qui aurait eu à  faire avec les paramilitaires, pour ne pas dire que s’en était un. Petro, qui vit avec des gardes du corps en permanence, a mis sa famille à  l’abri suite à  de nombreuses menaces. Il ajoute que le Président ne favorise pas la découverte de la vérité en ne parlant pas du véritable problème.

La réponse du Président a été comme à  son habitude sèche et agressive. Il attaque l’opposition, l’accusant d’être composée de guérilleros ou de terroristes en civil.

Sa stratégie est l’attaque, et cette fois l’attaque s’est transformée en insulte. Il accuse par exemple Gaviria (président du parti de l’opposition) d’avoir toujours eu des relations avec la guérilla, Petro d’être un assassin et Navarro d’être un irresponsable… tout a été diffusé en direct à  la radio où Uribe avait téléphoné pour se défouler.

Très digne le Président…

Gaviria a demandé un examen psychiatrique parce qu’il se fait du souci pour le pays: quelques heures après sa crise de nerfs Uribe avait rendez-vous avec Ban Kim Moon.

Navarro a répondu que cela ne l’étonnait pas du Président, qui, selon lui est à  moitié un gamin de la rue.

Oui, c’est sûr, le débat vole haut, et le Président a sa large part de responsabilité.

Que dire pour sa défense … il est fatigué, il travaille beaucoup … oui c’est vrai. Il faudrait même qu’il pense à  prendre une semaine de vacances car ce n’est pas vraiment le moment de craquer. La situation pourrait être bien pire pour tout le monde.

Alors comme dirait certain: respire, et si ça suffit pas re-respire!

La foire d’empoigne

Il y a des jours où j’essaie d’en rire, d’autres, malgré tous les efforts possibles je n’y parviens pas. C’est plus fort que moi…

La para-telenovela continue, le célèbre massacreur à  la tronçonneuse continue à  raconter ses prouesses et selon la justice il n’aurait toujours pas révélé plus de 5% des ses actes. Alors on attend. Pour passer le temps la fiscalia (organe de justice colombien) a décidé de transmettre les confessions de monsieur en direct à  la télé, après tout c’est public et c’est mieux pour la réconciliation que tout le monde sache tout. Ou plutôt que tout le monde sache les 5% que Mancuso veut bien raconter.

En parallèle le scandale des politiciens qui ont eu des liens avec les paramilitaires continue, le président Uribe a été nommé plusieurs fois. L’opposition, qui, à  travers Petro a révélé ce scandale, continue ses recherches et démontre chaque un jour un peu plus sa perspicacité.

Uribe, fin politicien, n’a pas attendu pour répondre et en un discours il réussit à  passer d’accusé à  accusateur. Il faut, selon lui, mettre en examen l’Etat colombien pour ses liens avec la guérilla des FARC. Comme le souligne Samper (un ex-président corrompu avec les narcotrafiquants) il faut alors juger l’ex-président Pastrana pour les concessions qu’il a faites aux FARC pendant les négociations de paix.

Uribe veut aussi qu’on recherche les liens de ses détracteurs avec la guérilla. Il est clair que la guérilla n’est pas meilleure que les paras et il est clair aussi que les politiciens qui profitent de l’appui de la guérilla pour être élus ne valent pas mieux que ceux qui travaillent avec les paras. La question n’est pas là .

La réponse de l’ex-candidat à  la présidence, aujourd’hui président du Polo (parti d’opposition) répond tranquillement qu’il veut bien qu’on enquête sur sa vie, mais il demande qu’on fasse la même chose pour Uribe.

Les politiciens de gauche ont, en général, moins peur des enquêtes car, contre eux elles sont constantes. Le cas de Petro est relativement fréquent: on accuse la gauche d’avoir des liens avec la guérilla, mais souvent les enquêtes démontrent que c’est faux. De plus la guérilla est maintenant tellement détestée, qu’avoir des liens avec eux est un suicide politique; ce qui n’était pas forcément le cas avec les paramilitaires.

La foire d’empoigne a commencé, cela ne ressemble plus à  grand chose, les accusations volent, les contre-accusations courent et finalement c’est toujours les même qui perdent: on va finir par ne plus savoir qui est qui et qui fait quoi ni comment. Uribe, comme bon président bien louche, réussit petit à  petit à  mettre des bâtons dans les roues à  la justice.

Pour le prochain épisode ce serait bien si la Colombie pouvait embaucher quelques centaines d’avocats, juristes et autres trucs dans le genre pour voir si la justice s’en sort.

Episode du jour

Écrire des scriptes de telenovela est un travail compliqué, il faut penser en 5 temps, tous les jours de la semaine (de lundi à  jeudi) on prépare l’épisode du Vendredi soir, l’épisode troublant qui va faire réfléchir tout le monde pendant le week-end. La semaine suivante il faudra alors penser 4 nouveaux épisodes d’explication et d’introduction au drame suivant. C’est un art c’est sûr, une technique qui s’apprend et se travaille. Le plus compliqué c’est qu’il faut aussi penser aux jours fériés, car là  c’est un épisode qui saute.

Reproduire cela dans la réalité est une chose carrément impossible!

Pourtant il existe plus d’une star de la politique qui tente cette prouesse. Je ne parle pas de Ségolène car elle, elle réussit un drame par jour, elle ne laisse pas aux spectateurs le temps de souffler: technique des telenovela des années 80, où à  chaque épisode la femme de ménage follement amoureuse du patron voit son rêve s’approcher puis s’éloigner et vice-et-versa…

Cette technique de racolage est un peu kitsch, bien qu’encore utilisée par certains; elle perd facilement de l’audience car n’est pas assez réelle.

En Colombie il existe des pros de la telenovela, et actuellement la vedette est Mancuso, un paramilitaire sans vergogne. Un type horrible qui donnerait des frisons à  Bob Denard, c’est vous dire!

Aujourd’hui (c’est vendredi ne l’oublions pas) paraissent dans les journaux ses confessions d’hier (tout est planifié). Il nous parle de l’année 1997, année de regroupement des AUC, et nous raconte comment il a planifié les massacres de Medellin (les sicaires, tristement connus à  cause du film La vierge des tueurs) avec le général de la IV brigade. Un général qui n’était pas moins que le chef de l’armée de terre à  l’époque.

Mancuso précise aussi qu’il a travaillé avec le secrétaire du gouvernement, mais le personnage est mort dans un accident d’avion… (hum hum) … le général aussi est mort d’ailleurs!
Il dit aussi avoir refusé de soutenir Uribe dans sa campagne présidentielle parce que deux paras ensemble ça ne marche pas!
Enfin il raconte aussi que ses premiers plaisir avec des armes à  feu ont eu lieu pendant les convivir… grande création d’Uribe quand il était gouverneur d’Antioquia.

Ouille ouille ouille … ça fait mal… vivement lundi pour la suite!

Il ne faut pas oublier qu’une bonne telenovela ne raconte pas qu’une histoire, il existe toujours l’anecdote secondaire qui ensuite prend la vedette, c’est une technique qui permet de changer le script si l’audience diminue… (le script n’est jamais écrit en entier à  l’avance). Alors cette semaine le journal officiel (El Tiempo) a concentré tous ses efforts pour nous parler de l’arrestation d’un très célèbre trafiquant et de la découverte de 52 millions de dollars, un million d’Euro et quelque 25 millions de pesos et je ne sais pas combien de lingot d’or dans les murs de sa maison. Chaque jour un nouveau paquet. Ensuite c’était toute la discussion de comment répartir cet argent … La ville de Cali (lieu de la découverte) demande cette somme pour renforcer sa sécurité et développer son éducation. Cali a récemment pris le dessus à  Medellà­n en termes de trafic. Mais là  aussi il faudra attendre la semaine prochaine pour savoir ce qui va se passer…

Pour terminer il faut introduire l’anecdote suivante, une petite mise en bouche, faire apparaître un nouveau personnage. Cette semaine c’est Uribe qui s’invite avec une histoire bien loufoque: la possibilité d’un troisième mandat !!! Le débat à  été lancé par un industriel (il n’a sûrement pas eu l’idée tout seul rassurez-vous) et le journal officiel a sauté sur l’occasion pour allez interviewer des figures politiques, de droite bien sûr!

Moi je suggère pour la semaine prochaine qu’on invite Chavez pour qu’il nous explique l’élection à  vie… mais je propose c’est tout!

… savourons c’est le week-end!

Pour ceux qui l’ont manqué: épisode précédent

La para-telenovela

Le 19 décembre passé le célèbre paramilitaire Mancuso a commencé à  raconter ses crimes à  la Justice, mais le jour suivant la narration de ses exploits a été suspendue pour reprendre le 15 janvier. Il a pour l’instant assuré être l’auteur “intellectuel” de 336 assassinats y compris des Maires, ex-Maires, juges et personnes qu’il considérait infiltré de la guérilla. Il a aussi participé à  des prises d’otages, du trafic d’armes et à  plusieurs massacres. Il dit aussi avoir réalisé des pressions sur les électeurs pour qu’ils votent pour des personnes favorable aux paramilitaires.

Son CV est bien complet et on pourrait breveter une partie de son art: il a inventé la peine de mort pour Maire corrompu (selon ses dires). Le mieux c’est que l’histoire n’est pas finie, chaque jour un nouvel épisode arrive. C’est bien mieux qu’une telenovela, beaucoup plus croustillant, surtout quand il annonce que pour les massacres il obtenait des informations de la part de l’armée… c’est beau, très beau!

Les résultats parlent d’eux même: enfants, étudiants, professeurs, retraités; tous soi-disant membres de l’appareil militaire de la guérilla, assassinés grâce aux informations de l’armée, voire même de la justice dans certain cas.

Ses révélations font mal, pas seulement à  la justice ou à  l’armée, car tout ceci est bien connu depuis longtemps, pour eux c’est plutôt l’occasion de faire le ménage chez eux et d’essayer de construire quelque chose de nouveau, plus propre. Là  où cela fait le plus mal c’est au gouvernement, les premières réactions sont assez comiques, après avoir tant défendu la Loi de Justice et Paix, certains ont commencé à  la critiquer, d’autres (le ministre de l’intérieur par exemple) ont simplement dit que Mancuso était un menteur.

Il faut dire que les recherches commencent, et petit à  petit on découvre l’implication de certains hauts placés dans des massacres. Le scandale de la parapolitique est loin d’être fini…

Vivement le prochain épisode!

La météo des vagues politiques

UribeLe vent s’est gentiment levé, tout d’abord c’était trois petit élus du congrès qui était appelé à  comparaître devant la justice pour leur liens avec des paramilitaires. La participation de ses trois congressistes aux affaires paramilitaires était dénoncée depuis un certain temps par l’opposition, mais la justice a prit son temps. Rien de bien méchant, une petite veste suffisait au gouvernement pour se protéger, et bien que les congressistes soient membres du même parti qu’Uribe, celui-ci n’a pas senti le besoin de s’exprimer.

Mais les appelés ont commencé à  parler, sauf un qui n’a pas voulu se rendre, et le vent à  prit un peu de force. D’autres se sont aussi mis à  souffler et des vagues sont apparues. La cour a commencé à  appeler d’autres congressistes, dont le frère de la canciller (ministre des affaires étrangère). Celui-ci, pas très malin, ou simplement rancunier, a annoncé que s’il allait à  la justice il emmènerait sa soeur.

Le jour où il a été voir le juge, sa soeur l’a accompagnée. Elle a ensuite crié à  qui veut l’entendre que ce rendez-vous était prévu depuis longtemps et qu’il n’avait rien à  voir avec l’histoire de son frère. On peut douter, en tout cas si c’est vrai, elle aurait besoin de cour de politique pour apprendre à  annuler les rendez-vous mal placé. Maintenant non seulement l’opposition mais aussi certains dirigeants des partis uribistes demandent sa démission. Le président continue de la soutenir, contre vents et marées, mais qu’elle soit directement impliquée ou non, ne change pas l’image qu’elle peut transporter du pays. La suspicion peut être pire que la vérité, et un voyage est prévu en Europe en février…
Les vagues ont continué à  grossir lorsque la justice a rendu public la liste des charges contre l’ex-directeur du DAS (service secret colombien). Non seulement il est accusé d’enrichissement personnel mais aussi de lien avec les paramilitaires. Apparemment il y a des preuves comme quoi le DAS a été utilisé pour servir les intérêts des paramilitaires et des narcotrafiquants. Cette fois les vagues ont commencé à  entrer directement dans le palais présidentiel, l’ex-directeur du DAS, comme la ministre des affaires étrangères sont des personnes directement nommées par le président. Uribe est alors sorti avec sa planche de surf et a commencé sa gestion de catastrophe naturelle.

Tout d’abord il a fait un long très long rappel des histoires de corruption du pays, parlant de comment avait été élu le président en 1982, des liens de Samper avec les narco etc. etc. Ensuite, et là  on peut lui attribuer un titre, il nous explique que toute cette tempête a lieu grâce à  sa loi de justice et paix et que sans son travail on ne connaîtrait pas la vérité.

Mais sa plus belle sortie, et là  cela devient du grand surf, est lorsqu’il demande aux congressistes qui l’ont soutenu mais qui ne sont pas encore en prison d’aller voter les réformes sur la capitalisation d’Ecopetrol et sur le système d’impôt.
Pas encore directement touché, malgré deux plaintes contre sa personne, Uribe ne perd pas le nord, il veut faire approuver ses réformes.

La dernière mesure de prévention anti-tsunami a été d’envoyer les chefs paramilitaires confortablement gardé dans une belle “prison” dans un centre de détentions de haute surveillance. La mesure est expliquée car il existait un risque que certains s’échappent. D’autres prétendent que c’est pour éviter que ces mafieux ne deviennent trop bavard.

La tempête s’est transformée en raz de marée, et pour l’instant Uribe arrive majestueusement à  le surfer, cependant la situation a changé, sa crédibilité est écornée, la communauté internationale, qui finance en partie le processus de paix commence à  poser des questions. Le porte parole des paramilitaires annonce que le processus de paix est en pleine agonie, car le gouvernement ne respecte pas ses promesses. Plusieurs groupes se sont déjà  reformés. Les perspectives ne sont pas vraiment bonnes, et l’annonce d’un tsunami n’est pas à  exclure. Mais, bien que tout le monde attende la vérité il ne faudrait pas que le processus de paix se termine, tout irrespectueux des droits de l’homme qu’il est. Il vaut mieux savoir où sont les paras que de les avoir dans la nature avec des tronçonneuses.

Dépêche

Polo Democratico AlternativoIl y huit jours, une nouvelle est passée un peu inaperçue au milieu de l’énorme scandale qui touche actuellement la Colombie, et comme ma semaine fut particulièrement bien remplie je n’ai pas eu le temps d’en parler.

Dimanche dernier les élections internes du Polo Democratico Alternativo ont eu lieu et l’immense participation à  surpris plus les dirigeants du parti. L’année dernière environ 100’000 personnes s’étaient déplacées pour prendre part à  ces votations, cette année c’est plus de 500’000 qui sont devenus membres de ce parti. Les espérances ont été plus que dépassées, les organisateurs et les autorités ont été débordées, il manquait des bulletins, il a fallu prolonger l’ouverture des bureaux pour que tout le monde puisse voter.

L’image des longues queues à  travers tout le pays sont un excellent signe, non seulement pour le Polo qui se consolide, mais aussi pour la démocratie colombienne, qui petit à  petit acquiert une véritable opposition.

Au milieu de l’actuel scandale qui prend des proportions impressionnantes, le Polo a la possibilité de jouer un rôle clé. L’opposition est l’oxygène de la démocratie, la démocratie colombienne s’étouffe, un bon bol d’air lui fera le plus grand bien!

Chasse aux sorcières

le congrèsDepuis plusieurs mois des révélations plutôt embarrassantes touchent le parti de la U, le parti d’Uribe. De plus en plus de connexions avec les paramilitaires sont démontrées et le scandale commence vraiment à  prendre de l’ampleur car on ne parle plus seulement de détournement de fond ou de clientélisme mais de meurtres politiques et de massacres.

Les premières révélations viennent de la journaliste Claudia Lopez, qui dénonçait pendant les élections les méthodes des paramilitaires démobilisés. Après plusieurs mois d’enquête, le sénateur Pardo est revenu sur le thème est a démontré les liens de certains élu au congrès avec les paramilitaires. J’avais mentionné son discours il y a quelques temps. Le gouvernement s’est bien garder de soutenir l’enquête, et trois semaines après la justice s’est enfin décidée à  arrêter les congressistes. Devant l’évidence des faits, le gouvernement a du admettre que le processus en cour était comparable à  ce qui c’est passé avec Samper, il y a dix ans. Sa campagne avait été financée par les narcotrafiquants.

Les actuelles accusations sont bien plus graves, on parle d’organisation et promotion de groupes armés illégaux, appropriation de terres, meurtres aggravés, participations au massacre de plus de 20 paysans. Pour des élus le CV est plutôt diversifié.

L’approfondissement de l’enquête devrait mener à  une remise en question sérieuse de l’efficience de la Ley de Justicia y Paz, celle-ci établit que les paramilitaires doivent raconter tout ce qui c’est passé, dans le but de rétablir la vérité. Le doute s’installe, les critiques fusent, et le président devenu aveugle, sourd et muet a fini par dire que les congressistes devaient dire la vérité au pays, non! Sérieux président?

Son propre parti, le plus touché par les révélations, n’a jusqu’à  ce jour pas voulu s’exprimer. Pendant ce temps au congrès c’est la panique, la chasse aux sorcières a commencé… sauf que cette fois on chasse l’extrême droite…

Pendant ce temps les paramilitaires coulent des jours tranquilles dans des prisons de luxe, où chacun a sa petit chambre, avec toilette privée, télé, trois jours de visites par semaine, activités diverses, repas servi à  tables etc.

La paramilitarisation de l’Etat ne fait plus grand doute, mais le pouvoir exécutif, judiciaire et législatif sont d’uribiste, tout comme les différents organes de contrôles, la banque centrale, les services sociaux etc. Espérer un nettoyage radical est un doux rêve, mais c’est tout de même réjouissant de voir la justice se mêler un peu des affaires d’Etat.

Pathétique!

Voilà  comment on pourrait résumer l’actualité colombienne ces derniers jours. Mercredi dernier le sénateur Gustavo Petro a démontré les liens de certains sénateurs avec les paramilitaires, a dénoncé (avec à  l’appui d’un certain nombres de preuves) l’infiltration des paramilitaires dans l’ensemble de l’Etat. La gravité de ses accusations approche le célèbre “proceso 8000” qui est l’épisode le plus noir des 20 dernières années pour l’Etat colombien. Les liens du gouvernement avec les narcotrafiquants avaient détruit toute crédibilité des politiciens.

La première anecdote bien pathétique est que le discours de Petro était diffusé à  la télévision nationale et comme par hasard la transmission n’a pas fonctionnée dans toute la région du nord du pays, les “terres paramilitaires” n’ont pas eu droit à  la vérité. Problème technique paraît-il, étrange le problème technique s’est produit au moment où Petro prenait la parole pour se régler à  la fin de son discours.

Jusque là  tout allait bien, dans la mesure du possible bien sûr. Uribe changeait de discours, on commençait même à  croire qu’il s’était détendu … Mais non!

Le lendemain un attentat avait lieu dans l’école de guerre de Bogotà¡, toute l’attention s’est alors dirigée sur les restes de cette voiture oubliant les allégations de Petro;

Uribe profitait alors pour nous faire un magnifique discours de seigneur de guerre accusant les FARC d’être responsables de l’attentat et donc de tuer tout espoir de discution. Le président exclut donc tout échange humanitaire, la seule manière pour les pauvres otages de sortir un jour de la jungle est grâce à  une intervention militaire. Autant dire que la seule sortie possible est entre 4 planches.

Les FARC ont déjà  nié leurs responsabilités dans l’attentat, et bien que ce ne soit pas vraiment des personnes de confiance on peut largement douter de leur implication dans l’attentat. Quant à  Uribe, il est vraiment content, il peut faire la guéguerre et dire à  la communauté internationale: j’ai essayé c’est eux qui n’ont pas voulu !

Les militaires aussi sont très content, ils ont eu peur pendant quelques semaines … une négociation, … ça mène à  la paix, c’est pas bon ça !

Pour se rendre compte à  quel point c’est pathétique il faut savoir qu’a la fin de son discours Uribe a été décrit par El Tiempo comme étant “redevenu l’homme qu’il était auparavant. Le guerrier de toujours. Son visage le disait. Il était radieux.”

Le soir même dans toutes les casernes du pays une fête spontanée a débuté, les militaires fêtant le retour de leur seigneur!

Merci à  Gustavo Petro d’avoir tenté d’apporter un peu de vérité sur la grande farce gouvernementale, une question me reste toutefois sans réponse: qui, parmi ceux qui ont un brin de pouvoir de décision, est d’accord de faire un effort pour la paix dans ce pays?

Fin des campagnes électorales

Ce week-end on a eu le plaisir d’assister au final des différentes campagnes électorales des candidats à  la présidence. Les élections vont se dérouler dimanche prochain et l’ambiance n’est pas vraiment au folklore.

Depuis quelque temps la campagne a pris une tournure qui n’a rien d’intéressant. Je me plaignais du manque de débat pour les élections du congrès et du sénat, et bien je ne sais plus quoi dire pour les élections présidentielles. Le débat s’est réduit malgré les efforts de nos 3 candidats non-présidents.

Il y a d’abord Mockus, ancien Maire de Bogotà¡, personnage intelligent et cultivé, qui a une expérience administrative longue et réussie. Il n’a aucune chance mais tente de discuter et il montre un respect envers les autres …

Ensuite Serpa, le candidat officiel libéral, un grand-père sympathique, le problème est qu’il n’est pas soutenu pas l’élite, même pas celle de son parti. Il vient du peuple et s’est payé l’uni en vendant des bricoles au coin de la rue. Cela n’empêche qu’il possède le Cv le plus complet de tous. Il a été juge, à  9 ou 10 niveau différent (municipal, etc. etc.) ensuite magistrat, congressiste, sénateur, ministre, ambassadeur, et j’en passe car je ne me souviens plus.

Le candidat du Polo Democratico, Gaviria, va probablement passer au deuxième tour contre Uribe. Ce n’est pas un politicien, mais un académicien, il manque de charisme mais son discours est vraiment intelligent. Depuis qu’il a commencé sa campagne les intentions de vote en sa faveur ont plus que doublé. Certain veulent le comparer avec Chavez, ou le présenter comme un communiste que veut donner le pays au FARC, c’est une erreur d’appréciation immense. Tout d’abord il n’a jamais eu un seul contact avec les FARC, ensuite il n’a pas grand chose de communiste. Son discours est très libéral (même parfois plus que Serpa), il ne veut en rien rompre les relations avec les USA, et au niveau économique il demande simplement que les traités (le TLC dans ce cas) soit juste… Comme personnage de gauche il défend bien sûr les droits de l’homme et le social, mais il ne veut pas rompre avec l’idée de renforcer la présence de l’Etat dans la société colombienne. Ce que fait Uribe avec l’augmentation de la présence militaire.

Leyva était candidat, il a renoncé après de nombreux problème de sécurité, principalement dans les régions Des-paramilitarisées, mais aussi car la loi de garantie n’était pas du tout respectée : normalement chaque candidat a droit à  un temps de parole égal dans les médias mais quand Uribe parle 7h les autres parlent 15 minutes…

La campagne d’Uribe a été marquée par des insultes contre les autres candidats, ou contre les étudiants qui ont osé le questionner sur sa politique économique. Son principal conseiller a dit que le pays avait 3 ennemis : les groupes terroristes, les amis des groupes terroristes (ONG, Journalistes..) et les académiciens…

Sinon la police a retrouvé le corps d’un conseiller d’un candidat (de gauche, comme par hasard). L’enquête a conclu à  une chute alors qu’il faisait son jogging et que les chiens de la rue lui auraient mangé les bras… Une autopsie privée nous dit que qu’il a reçu un coup à  la tête et que le bras on été coupé (c’est apparemment clair) pour éviter qu’on puisse voir les détails des tortures qu’il lui on été affligées aux mains.

L’autre moment fort était le meurtre de la soeur d’un ex-président, actuel chef du parti libéral et opposant à  Uribe.

Bien sûr le journal El Tiempo s’est empressé, comme à  chaque fois, de nous dire que c’était les FARC et que pour ça il fallait voter Uribe et sa politique de sécurité démocratique. Il faut dire que ce journal a réussit à  combler ce que ne disait pas Uribe qui n’a jamais voulu participer à  aucun débat. Le seul quotidien national s’est chargé de démontrer tous les jours à  quel point le président est bon, grand et gentil. Le problème est qu’on ne sait toujours pas ce qu’il va faire pendant son prochain mandat. Depuis 3 jours il parle de négocier avec les FARC, chose qui est totalement incohérente avec le reste de ses idées… Comment peut-on négocier avec des terroristes? Il existe aussi un bruit comme quoi il voudrait réformer le congrès. Les congressistes de son parti commencent à  avoir peur et préféreraient qu’il ne gagne pas au premier tour, car une reforme du congrès faite par Uribe veut dire une diminution du pouvoir du congrès, déjà  faible et une centralisation du pouvoir entre ses mains.

La tournure autoritaire du président devient évidente et même El Tiempo a du mal à  le cacher. Le seul point positif que j’ai réussit à  percevoir dans cette fin de campagne est le lent réveil de la population, les critiques contre les mensonges répétitifs du gouvernement et contre l’autoritarisme d’Uribe, le problème est qu’ici la gauche fait encore peur, comme si la révolution communiste allait se reproduire.