Mémoire où es-tu?

Une petite revue de presse nous apprend aujourd’hui que la vie bat son plein en Colombie. Tout d’abord El Tiempo nous annonce avec le plus grand plaisir que 10 mille munitions destinées aux FARC ont été interceptée par la police. Une autre nouvelle, moins sympathique, annonce que l’attentat de Cali qui a lieu la nuit passée est probablement un règlement de compte contre la police… Le résultat est un mort et 34 blessés.

Moi je me demande encore à  quoi ils servent ces attentats, j’attends toujours que quelqu’un m’éclaire. En termes de stratégie de guérilla, tout comme en termes d’intérêt de narco…je ne vois pas.

Sinon Semana nous parle (enfin) des résultats de la politique de Lucho (le maire de Bogotà¡), mais je reviendrai la dessus, il y a beaucoup à  dire. L’Espectador nous parle d’une photo qui fait scandale. Le ministre de l’économie avec les paramilitaires… ou le scandale de la para-politique qui continue. J’ai comme l’impression qu’il n’est pas prêt de finir celui là .

Mais voilà , aujourd’hui c’est le 9 avril! Je préfère arrêter là  ma revue de presse, cela me fait de la peine. Aujourd’hui est un jour vraiment important, qui à  mon goût devrait être férié. Mais non, que dal, un bref truc dans L’Espectador du week-end nous rappelle qu’en 1948 Gaità¡n, le candidat à  la présidence de l’époque, s’est fait assassiner. Un jour qui donna lieu à  une véritable révolution à  Bogotà¡, qui marque le début d’une longue confrontation, qui ensuite donna lieu à  la naissance des guérillas… les même qui pousseront la création des forces paramilitaires. Ces guérillas qui devaient recevoir les 10 mille munitions et qui sont peut-être derrière l’attentat de Cali.

Toutes les radios en parle, je laisse alors une dernière chance (demain) aux journaux avant de dire que c’est vraiment tous des incapables.

La nouvelle diplomatie

_42707113_araujo2203bodyafp.jpgLe nouveau ministre des Affaires étrangères, Fernando Araujo commence sa carrière en force. Il invente une nouvelle méthode pour les relations diplomatiques. La dernière grande proposition de réforme, depuis adoptée, avait été proposée par un président des Etats-Unis après la première guerre mondiale. En effet Wilson proposait dans ses 14 points de mettre fin à  la diplomatie des alliances secrète. Le temps des alliances de Bismark terminaient alors avec la première guerre mondiale. Mais voilà , après presque un siècle, Mr Araujo s’est sûrement dit que les diplomates devaient s’ennuyer, il propose une nouvelle forme de diplomatie: l’anecdote!

Un ami me disait toujours, en voyage : une heure, une anecdote. à‡a tombe bien parce que Araujo a passé 6 ans en voyage (forcé, et sûrement très dur), donc il a plein d’anecdotes. Il a fait part de ses premières histoires à  Washington. Tout d’abord pour défendre le plan Colombie et amadouer les députés US. J’avoue que je ne suis pas sur que cela fonctionne bien longtemps.

Mais la meilleure il a dit un peu après, selon son expérience Chavez serait le chef spirituel des FARC.
Il base ses accusations sur sa vie avec les FARC (comme détenu), il dit que les guérilleros
admirent Chavez. Il soutient alors que l’action de Chavez permet à  cette guérilla son développement en Colombie.

L’anecdote est mal passée, non seulement le gouvernement vénézuélien demande des explications, mais Uribe n’est pas non plus très content, Araujo a été rappelé à  l’ordre. Le Venezuela reste quand même le principal partenaire économique de la Colombie.

La diplomatie basée sur l’anecdote a relativement mal débutée, mais soyons patient, Wilson n’avait pas reçu un appui unanime à  ses débuts. Encore moins dans son pays.

Une belle leçon

Même si l’actualité du jour n’est pas à  la visite de l’Allemagne mais à  celle de Bill Gates, je voulais revenir sur un point qui m’a semblé intéressant.

Sans entrer dans les détails du contenu de la visite, la comparaison de la forme de sa visite avec celle du président Bush est assez parlante. Bien sûr ce n’est pas comparable, les menaces ne sont pas les mêmes, les intérêts non plus, pourtant…

Bush a fait fermer la moitié de la ville, il n’a mis le nez dehors que lorsqu’il était dans l’enceinte du palais présidentiel, son carrosse était tellement blindé qu’il aurait même résisté à  une attaque nucléaire. Il est resté à  peine 6 heures sur le territoire.

Finalement sa visite ne laisse qu’une trace, celle de la sécurité.

Avec Mr Koehler c’était tout l’inverse. Non seulement la ville a fonctionné normalement, il est resté plusieurs jours, mais en plus il a été se promener dans les quartiers du centre, visiter l’ institut Goethe etc. Plusieurs impresarios ont fait le voyage avec lui, tranquille, venant faire des affaires d’une manière tout à  fait normale. Mais, et ça c’est la cerise sur le gâteau, il a parlé de développement, d’environnement, de responsabilité sociale… tout ça en soutenant certains efforts du président Uribe. Fait vraiment intéressant, pour une fois quelqu’un reconnait un certain mérite au président, en critiquant (de manière douce) une partie de son programme. Tout n’est pas blanc, ni noir, le manichéisme de Bush n’est pas la solution… celui de la France (par rapport à  la Colombie) ne l’est pas non plus!

Merci Mr Koehler.

Quand ce n’est pas le Président c’est le Vice…

…Président qui s’emballe. Mr Uribe est depuis quelques jours très occupé, après avoir reçu Mr Bush, il reçoit Mr Koehler, chef de l’Etat allemand et il doit ensuite retrouver Mr Gate à  Carthagène. Tout ceci ne lui laisse pas de temps pour faire des déclarations fracassantes, s’emballer et accuser l’opposition de tous les maux du monde. Mais il ne faut pas qu’on se fasse du souci, il a toujours avec lui son Vice-président, qui sert, comme son nom l’indique, à  le remplacer dans les moments de surmenage.

Mr Santos, ancien journaliste et directeur du journal El tiempo dont sa famille est propriétaire (ce n’est pas pour rien que je l’appelle le journal officiel!), nous a fait part de ses capacités pour remplacer le Président ces derniers jours.

La première, et la meilleure, est son accusation contre Mr Gaviria, président du Polo (parti de l’opposition) d’avoir recommandé à  l’ELN d’arrêter les négociations avec le gouvernement… fait, logiquement, nié par le concerné. La paix est un thème de tous les Colombiens, les divergences de partis n’ont pas leur place ici. Ensuite le porte parole de l’ELN a aussi nié, comme ceux qui étaient présents à  la réunion où les soi-disant propos auraient été tenu.

Bref, quand on n’a rien à  dire Mr Santos, vaut mieux fermer sa gueule…

La suivante est moins flagrante mais est tout de même intéressante. Mr Santos est parti à  Genève, au Conseil des Droits de l’Homme. Comme d’habitude, le représentant de la Colombie fait un petit discours. C’est fois c’était Mr Santos. Il a demandé que le conseil, avec sa réforme en cours, prenne en compte la particularité des pays… c’est bien connu, les Colombiens n’ont pas les mêmes droits fondamentaux que les Chinois.

Il a aussi profité pour attaquer les rapporteurs spéciaux des Nations Unies. D’abord celui des peuples indigènes qui, lors d’une visite en Equateur a osé prendre position sur les effets de la fumigation en Colombie. Les fumigations s’arrêtent à  la frontière, c’est bien connu que dans cette région il n’y a pas de vent. Le nitreroglesaretofate (produit hautement corrosif!) ne traverse jamais la frontière.

Pour terminer il attaque le groupe de travail (de l’Onu) sur l’utilisation des mercenaires. Eux alors, ils n’ont pas du tout respecté leur mandat, alors qu’ils étaient de visite en Equateur, ils ont aussi parlé de la Colombie. La première question qui me vient à  l’esprit serait de savoir pourquoi cette frontière est tellement poreuse ? Si même les informations traversent je n’ose pas imaginer les mercenaires.

En plus, sans vouloir jouer les troubles fêtes, le rapport en question, il ferait mieux de le lire, parce qu’il ne dit pas de mal de la Colombie, il fait simplement des comparaisons avec des faits mentionnés dans la presse colombienne.

Alors c’était simplement sa manière de dire qu’il refusait la visite officielle du groupe de travail sur les mercenaires? Si c’est le cas c’est dommage, parce que c’était pour le bien-être des Colombiens qui se font sauvagement exploiter en Irak pour 1000 dollars.

Bush en Amérique Latine: la Colombie à la loupe

_42538371_070205usabody.jpgLe président Bush entame une tournée en Amérique Latine où il va visiter le Brésil, l’Uruguay, la Colombie, le Guatemala et le Mexique. Il vient faire un tour de courtoisie, parler des inégalités et de la pauvreté. Le changement de rhétorique est flagrant, cela fait 6 ans qu’il ne parle que de lutte anti-terroriste et d’accord économique.

Bush tente dans le social, et bien qu’il se défende de vouloir faire de la concurrence à  Chavez, il est difficile de ne pas voir une petite volonté de récupérer la part de l’influence perdue dans son jardin. Certains ont même appelé son voyage la “tournée anti-Chavez”

Dans un même temps Bush a annoncé une forte diminution de l’aide apportée au continent, les deux dernières années l’apport était de 722 millions de dollars, il a cette fois demandé au congrès 443 millions de dollars. Bien sûr les diminutions touchent les fonds de développement alternatif, l’argent dédié à  la lutte contre le narcotrafic et les guérillas ne diminue pas. Par exemple le Pérou perd 20 millions de dollars d’aide, l’Equateur perd un million, le Brésil passe de 6 à  1 million…

imagen-3462041-1.jpgPour certains analystes, c’est une preuve de plus que le gouvernement de Bush laisse de côté l’Amérique Latine et se concentre au moyen orient. La visite était là  pour faire passer la pilule. Pourtant il est difficile d’imaginer que le gouvernement des Etats-Unis veut vraiment négliger l’Amérique Latine, toutes les négociations autour des différents traités économiques nous disent le contraire. Simplement le budget des USA n’est pas vraiment extensible et l’Amérique Latine n’est pas dans une situation de détresse infinie, au contraire, les résultats économiques sont, dans l’ensemble, plutôt bon.

La Colombie est le seul pays où l’aide ne diminue pas et la visite du président Bush arrive à  un moment critique dans les relations entre les deux pays. Uribe est considéré, à  juste titre, comme le meilleur allié. Cependant depuis que le scandale de la para-politique (le Washington-post parle de para-gate) est entré au congrès des Etats-Unis les déclarations contre le gouvernement colombien se font de plus en plus fréquentes. La présidente du congrès a même réalisé une réunion avec des ONG pour avoir un autre point de vue sur les négociations entre le gouvernement colombien et les paramilitaires. La démission de la ministre des affaires étrangère pour les liens de toutes sa famille avec les paramilitaires n’est pas passé inaperçu. Certains démocrates ont déjà  annoncé que le vote du traité de libre échange se compliquera, de même le Plan Colombie.

Le sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis a même annoncé que son gouvernement serait content si un échange humanitaire avec les FARC avait lieu. Uribe s’y oppose férocement.

La dernière histoire en date est la phrase du vice-ministre du travail colombien, disant que les syndicalistes (menacés de mort) exagèrent en dénonçant leurs menaces, et que ceci promeut la violence et le sang. Cette petite phrase, pourtant très commune ici, n’a pas été au goût du représentant de la Chambre des Etats-Unis, qui a demandé une rectification immédiate. Comme il le dit, c’est typiquement ce genre de déclarations qui nous font douter du respect des droits l’homme en Colombie.

Bogotà¡ sous haute surveillancePourtant le climat entre les deux présidents est toujours bon et leurs discussions ne devraient pas tourner autour des paramilitaires. Alors la visite de Bush en Colombie ne sert pas à  grand-chose. Celui qu’il faut convaincre que le gouvernement colombien n’a rien à  voir avec les paramilitaires c’est le congrès des Etats-Unis pas son président, et cela s’annonce plus compliqué.

Ingrid Betancourt s’immisce dans la campagne présidentielle Française

imagen-3448503-1.jpgCinq ans se sont écoulés depuis l’annonce par Pastrana de la fin du processus de paix entamé 3 ans auparavant entre les FARC et le gouvernement colombien. Ce jour fut d’une grande désillusion pour la majorité des Colombiens même si les derniers mois des négociations la crise était sous-jacente.

Peu de temps après Ingrid Betancourt et Clara Rojas sont enlevée par les FARC en replis vers la jungle. Ingrid Betancourt n’a pas voulu écouter les avertissements, elle a cru que la guérilla la laisserait passer pour aller rendre visite à  un élu de son parti. Elle a eu confiance, confiance en elle. Elle a toujours eu beaucoup de force et de courage pour ses combats politiques. Au point de sacrifier sa vie de famille, pour une femme venant d’une famille conservatrice dans un pays très conservateur c’est plutôt exceptionnel.

La suite de l’histoire est le jeu du chat et de la souris, où Ingrid Betancourt et les autres otages ne sont que de la marchandise. Alvaro Uribe est élu trois mois après la fin du processus de paix, pour, cette fois, exterminer la guérilla. Uribe est un homme intelligent, relativement bien formé et nourrit de haine contre la guérilla à  cause de l’assassinat de son père. Il maintient alors une poigne de fer pour arriver à  ses fins.

Cinq ans plus tard il a réussi à  sécuriser les axes principaux du pays mais les FARC sont toujours bien là . Les guérilleros ont simplement repris une lutte de guérilla, en petits groupes très mobiles. Ils ne se comportent plus comme une armée régulière.

La politique de sécurité du Président Uribe ne laisse pas de place pour la négociation. Bien qu’il se dise finalement disposé à  l’accepter, il n’est pas prêt pour payer le prix. Hier encore il refusait d’ouvrir une zone démilitarisée, condition préalable pour la guérilla. Ce qui le pousse une fois de plus à  annoncer une nouvelle offensive.

La grande peur des familles des otages est l’organisation des secours par l’intervention armée. Il existe quelques cas isolés de réussite, notamment celle du nouveau ministre des affaires extérieures, mais la majorité finissent en bain de sang. La guérilla assassine ses otages lorsqu’elle se sent attaquée.

La libération d’Ingrid Betancourt et des autres otages risque de prendre encore du temps, à  moins que le président se décide à  accepter la dernière proposition en date des 3 pays “amis” (France, Suisse et Espagne) de sécuriser une zone pour négocier.

Pendant ce temps le cas Ingrid Betancourt continue à  faire couler beaucoup d’encre. L’ambassade de France à  Bogotà¡ attend 150 journalistes, l’affaire Betancourt a le mérite d’attirer les médias sur la Colombie, bien trop souvent oubliée. Il suffit de voir la quantité d’articles paru cette semaine pour s’en rendre compte. (Le monde ; Libération, Le Figaro, La croix, L’Express)

Certains l’idolâtrent, d’autres la critiquent mais finalement tout le monde est d’accord pour dire que cinq années c’est beaucoup trop. L’affaire, qui c’était déjà  invité au gouvernement français avec comme porte parole Mr De Villepin, est arrivée dans la campagne présidentielle. Ségolène Royal a déjà  reçu les enfants Betancourt, faisant une série de promesses mais sans prendre position sur le sauvetage armé. Quant à  Mme Buffet elle a annoncé son opposition à  ce type d’action. D’autres visites sont apparemment prévues, de nouvelles promesses attendues.

Pourtant comme le souligne Daniel Pécault, grand spécialiste de la Colombie, lors d’une interview accordée à  L’Express, la France peut simplement faire savoir que, le jour où les Farc s’engageront à  négocier des accords humanitaires ou de paix, elle facilitera le dialogue, malgré cette estampille de “terroriste” que les FARC ont de la peine à  supporter.

En attendant de meilleurs auspices pour les otages, on ira soutenir l’idée de l’échange humanitaire en dansant la salsa sur la place Bolivar lors du concert organisé par la mairie de Bogotà¡.

Un nouveau Ministre!

imgarticulo_t6_43107_2007219_164247.jpg Uribe joue fort. C’est un beau coup politique qu’il vient de réaliser, à  peine six heures après la démission de la ministre des affaires extérieures il nomme son remplaçant. L’heureux élu n’est autre que Fernando Araàºjo. Il s’est échappé miraculeusement de l’emprise des FARC il y a à  peine deux mois. Bien qu’il ait le même nom que son prédécesseur, il n’a rien à  voir avec elle. C’est un homme respecté et habitué au pouvoir, il a déjà  été ministre pendant la présidence de Pastrana. Mais surtout, il est perçu comme un héros: après avoir été retenu pendant six ans en otage il a réussi à  survivre à  5 jours de course dans la jungle, échappant ainsi aux FARC. Uribe s’entoure une fois de plus de personnes qui ont été victimes du conflit, particulièrement de la guérilla. Il réussit un coup médiatique très fort, mais Fernando Araàºjo va devoir devenir diplomate, notamment pour négocier avec les Etats-Unis. Après six dans la jungle, coupé du monde, la tâche ne va pas être facile.

Elle démissione

Marà­a Consuelo Araàºjo

La pression externe a été trop grande et au gouvernement le débat interne a conclu que c’était mieux.

Il est vrai que le débat de la para-politique est arrivé jusqu’au congrès des Etats-Unis. Quelques figures démocrates ont demandé que le cas de la Colombie soit étudié avec plus de sérieux. Ils ne veulent pas que leur argent soit donné à  n’importe qui. Le scandale colombien pourrait ainsi affecter la signature définitive du traité de libre échange ainsi que le Plan Colombie.

Patrick Leahy, sénateur démocrate du Vermont, conclut en disant que le scandale actuel confirme les préoccupations que beaucoup ont eu sur les infiltrations des paramilitaires. Il demande un peu de temps pour analyser la situation.

Avec de telles déclarations et les intérêts en jeu, la tête de la “canciller” ne valait pas beaucoup.
Marà­a Consuelo Araàºjo quitte le gouvernement, sage décision? peut-être…pour l’image du pays sans doute. Bien que ce ne soit pas du tout le moment que le gourvernement s’effondre…

Le suspens pour la suite reste complet…

À l’ombre!

Cette semaine la justice a franchi le pas: huit parlementaires ont été mis en prison pour leurs liens avec les paramilitaires. Un neuvième a disparu, un mandat d’arrêt international a été lancé.

Comme le dit le ministre de l’intérieur: “c’est un dur moment pour la coalition”, tous les huit soutenaient le président et on été élu sur la base d’un programme de soutien à  celui-ci.

Parmi les huit on retrouve le frère de la ministre des affaires extérieures, il avait déjà  fait beaucoup parler de lui au début du scandale de la parapolitique. La ministre avait fait la plus grande erreur politique en l’accompagnant devant le juge, et depuis ce jour l’opposition réclame sa démission, jugeant qu’elle n’est pas apte à  représenter le pays. La mise à  l’ombre de son frère a remis de l’huile sur le feu, sans parler de son père qui est aussi accusé d’avoir travaillé avec les paramilitaires et de son autre frère aussi appelé à  comparaître devant la justice pour les mêmes raisons. Mais une fois de plus Uribe est sorti, avec tout son poids politique, pour la défendre. Son argumentation est qu’elle travaille très bien et qu’elle n’a rien à  voir avec les contacts de son frère ou de son père. De plus pour lui, céder à  la pression de l’opposition serait un grand échec.

L’opposition a peut être raison de douter, mais tant qu’il n’existe pas de preuve contre sa personne il n’existe pas de raison de l’accuser à  tort ou pire de la juger. C’est parait-il une femme très intelligente, de plus avec une formation en relations internationales. C’est probablement la première fois que la Colombie a un(e) ministre des affaires extérieures avec une formation dans le domaine.

Le raccourci de dire que si un membre de ta famille est paramilitaire ou guérillero tu l’es forcément est passablement dangereux, surtout en Colombie où finalement après 60 années de violence il est fort probable de trouver au minimum un cousin éloigné qui a eu quelque chose à  voir (de gré ou de force) avec un des groupes.

Le travail de l’opposition a été jusque là , énorme et efficace, se serait dommage de perdre de la crédibilité en confondant la justice et les règlements de compte personnel.