Chavez appelle les FARC à la paix!

Un article dans le monde résume les dernières phrases de Chavez. Elles sont un peu surprenante dans le contexte mais elles ne sont pas incohérente avec les restes de son discour sur le sujet en général. Chavez a toujours appelé les FARC à  négocier, leur rendant souvent hommage mais acceptant le fait que leur combat est passé. Cependant il n’agirait pas de manière cohérente avec ses dire, en fournissant par exemple des armes à  la guérilla: un militaire venezuelien vient de se faire attraper avec 40 mille cartouches destinées aux FARC.

“Marulanda est mort, c’est le moment Cano ! (…) Je crois que l’heure est venue pour les FARC de libérer tous ceux qui sont dans la montagne [les otages]. Et sans rien en échange ! Ce serait un grand geste humanitaire”, a déclaré Hugo Chavez durant son programme radiotélévisé dominical “Allô Président”, dont la radio colombienne Radio Caracol diffuse un extrait sur son site Internet.

“En Amérique latine, un mouvement guérillero armé n’est plus à  l’ordre du jour, et cela il faut le dire aux FARC”, a poursuivi le chef de l’Etat vénézuélien. “C’est ce que je voulais dire à  Marulanda”, a ajouté le dirigeant, qui a regretté de ne pas avoir obtenu l’accord de la Colombie pour rencontrer l’ancien numéro un des FARC, mort fin mars. “Maintenant je le dis à  Cano : la guerre de guérillas fait partie du passé. Et vous, les FARC, vous devez savoir que vous êtes devenus une excuse pour l’Empire [américain] pour nous menacer. Le jour où il y aura la paix en Colombie, cela en sera fini de l’excuse de l’empire du terrorisme, comme [les Américains] le disent”, a estimé M. Chavez.

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C’est la première fois que le président vénézuélien adresse un message à  Alfonso Cano depuis que sa désignation à  la tête des FARC a été annoncée fin mai pour succéder à  Manuel Marulanda, leader historique de la guérilla. “Je dis à  Cano : allez, libérez tous ces gens, puis, avec un groupe de pays”, démarrons les négociations sur un accord de paix, a insisté Hugo Chavez. Selon lui, un moyen d’inciter les rebelles à  renoncer au champ de bataille pour la politique consisterait à  ce que les gouvernements étrangers les considèrent comme belligérants et non comme des “terroristes”. Pour le président vénézuélien, qui avait demandé en début d’année le retrait des FARC de la liste des organisations terroristes, considérant que les rebelles devaient être reconnus comme “des forces insurgées”, un tel groupe aurait des droits sur le plan international mais ne pourrait pas détenir des otages.

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Les FARC: la fin, enfin?

La situation colombienne a beaucoup évolué ses derniers temps. Depuis un peu moins d’une année les forces publiques ont réellement pris l’initiative sur la guérilla des FARC. L’année dernière les militaires commençaient à  pouvoir attaquer les campement de la guérilla de manière un peu plus directe qu’auparavant. La mort du “negro Acacio” débutait alors une série de coup fort, celle de Reyes, numéro 2 des FARC démontrait encore plus cette nouvelle capacité militaire. Ces progrès s’expliquent facilement à  travers plusieurs éléments: le premier et probablement le plus important est la réforme de l’armée entamée par le Président Pastrana (1998-2002). Ensuite le Plan Colombie a apporté à  l’armée colombienne des moyens qu’elle n’aurait jamais pu imaginer sans l’aide américaine, principalement en terme de mobilité, élément fondamental pour une lutte contre une guérilla. Le troisième élément, qui pourrait expliquer ces nouvelles victoires est une coordination de l’intelligence militaire. Au début 2007 le ministère de la défense a embauché un groupe d’anciens militaires israéliens chargé de compiler et d’analyser les informations des forces publiques. Jusqu’à  leur arrivée l’armée colombienne avait les moyens d’attaquer et la technologie adéquate mais bien souvent pas la formation. Intéressant de voir que les US n’ont fourni qu’une formation médiocre pour l’utilisation de leur matériel.

La politique de “sécurité démocratique” préparée par président Uribe a commencé à  avoir de réels effets, non seulement le repli de la guérilla un peu plus loin, à  partir du moment où les différentes forces ont commencé à  travailler ensemble et à  partager leurs informations.

A partir du moment où l’armée commence à  démontrer sa supériorité de manière claire, il est normal de voir des pans entiers du groupe armé s’effondrer. Les guérilléros, qui bien souvent sont membres depuis plus d’une vingtaine d’années ne voient plus le bout de leur combat, une possible victoire devenant impossible. La mort d’Yvan Rios, membre du secrétariat, trahis par un de ses homme démontre en partie ce désespoir. La démobilisation de Katrina, la femme la plus haut placé chez les FARC, est encore plus fort dans sa symbolique.

Les FARC s’épurent, ils disent vouloir revenir à  un groupe plus restreint, plus mobile et plus sûr. Leur stratégie de repli serait donc en train de fonctionner malgré eux. Au milieu de ce contexte peu favorable pour leurs affaires, la mort supposée de leur leader historique, Tirofijo, peut modifier leur plan. S’il est vrai qu’on peut douter de cette mort, ce n’est pas la première fois et les FARC peuvent vouloir le faire passer pour mort pour assurer un meilleur repli, on peut croire que de toute façon du haut de ses 78 ans (dont 60 en guerre) Tirofijo ne soit plus vraiment capable de diriger le groupe armé.

La nouvelle tête des FARC, Alfonso Cano, est réputée brillante et plus politique, il serait donc judicieux de penser à  une proposition de négociation intéressante. Le gouvernement, qui doit de toute manière continuer son travail armé, a une opportunité probablement historique de négocier avec les FARC. Uribe l’a bien compris et a proposé samedi aux guérilléros qui veulent se démobiliser et libérer les otages une récompense et la possibilité d’aller en France pour bénéficier de l’asile politique. La proposition ne manque pas d’intérêt, selon ces dire certains seraint prêt à  l’accepter et peut-être même à  libérer Ingrid Bétancourt. Mais elle n’est en aucun cas suffisante, car s’il elle peut permettre de fragiliser encore un peu plus les FARC elle ne permettra surement pas d’en finir réellement.

Le problème d’une décomposition totale du mouvement est que cela le rend imprévisible, à  l’image des paramilitaires à  la fin des années 90, ce qui peut générer un certain nombre de problèmes. Le gouvernement a donc tout intérêt à  chercher une grande alliance, autant interne comme international, pour proposer une sortie politique au conflit. La gauche colombienne et la France ont la possibilité de jouer un rôle surement plus important que ne veuille l’admettre les conseillers du président colombien.

Equateur et Venezuela: leurs rapports avec les FARC se précisent

Les fameux ordinateurs de Raul Reyes parlent beaucoup, ce sont des machines nouvelles générations parce qu’elles sont capable de produire de l’inédit chaque jours… C’est super bien en relation international parce que cela permets au chefs d’état, tous confondu, de s’adonner à  leur sport préféré: la blablate… et comme gouverner c’est fatiguant, ils préfèrent les ordinateur de Reyes. Pendant ce temps la population attends que le conflit s’arrête et les otages attendent la neige en Amazonie.

Si on revient un peu sur les détails on voit que ces temps on a de nouvelles (!!!) informations: Chavez a collaboré avec les FARC, les a aidé à  s’armer, les a financé… etc. Il leur a même demandé de former un peu les militaires venezueliens… Il faut aller lire les articles du journal Le monde et de El Pais. J’avoue que là  je ne suis pas septique. D’autres sources (de terrain comme on dit dans le jargon) le confirme. Et cela fait, parait-il, un moment que ça dure.

El Pais cite un mail daté du 8 février 2008 dans lequel Ivan Marquez explique qu’Hugo Chavez jouerait le rôle d’intermédiaire avec les autorités biélorusses. “L’ami de Biélorussie a suggérer de faire passer le paquet par le marché noir (…) Le 17 de ce mois, un haut responsable proche de notre ami de Biélorussie arrive à  Caracas pour finaliser l’affaire. Angel nous a demandé d’être présents pour s’accorder directement avec lui”, indiquerait le mail. Angel serait le pseudonyme de M. Chavez et “l’ami de Bielorussie” serait Và­ctor Sheiman, secrétaire du Conseil de sécurité biélorusse et proche du président Lukachenko.

Pour le reste le problème est que, bien souvent, le gouvernement colombien n’est pas très crédible, sans parler de ses liens avec les paramilitaires, parce que dès le moment où on veut bien écouter ce que disent les guérilléros il faut aussi écouter les paramilitaires… Si le gouvernement colombien n’est pas crédible c’est simplement parce qu’il veut on faire trop. Le coup de l’armement nucléaire était trop gros, trop faux, trop tout ce qu’on veut. On l’a d’ailleurs vite oublié.

Ensuite l’attaque contre Correa a été aussi très mal menée… et au niveau international c’est pas passé.

La réponse du premier concerné est claire: (interview de Marie Delcas pour Le monde)

Les documents de Raul Reyes semblent indiquer que le gouvernement équatorien entretenait des liens avec les FARC…

Je me moque de ces documents et de ce qu’en pensent les Etats-Unis, Interpol et la Colombie.

Et le problème est que les preuves sont plus qu’insuffisante, mélangées une intervention remplie de mensonges. L’attaque ne s’est pas du tout réalisée comme le gouvernement colombien l’annonce. (sans parler des nombreux changement dans leur version, par exemple ici)… même les militaires colombiens l’acceptent en messe basse, et l’ambassadeur des US refuse donner des détails…

Le résultat est que Correa bénéficie du soutient de presque toute l’Amérique Latine et de l’Espagne sur la question. Ce qui amène à  des conclusions qui ne plaisent guère en Colombie… pourtant (j’en parlais déjà  là  tiens..).

Vous avez évoqué la possibilité de reconnaître aux FARC le statut de belligérant…

Si les FARC, qui ont une armée organisée et qui contrôlent une partie du territoire, cessent leurs actions terroristes, s’ils cessent les prises d’otages, s’ils respectent le droit humanitaire, nous pourrons les reconnaître comme un interlocuteur afin de négocier la paix. La France a exactement la même position que l’Equateur. (Le ministre français des affaires étrangères) Bernard Kouchner me l’a confirmé (à  Quito fin avril). Si c’est pour négocier la libération des otages ou, mieux encore, la paix en Colombie, l’Equateur est prêt à  tout. Ne comptez jamais sur nous pour la guerre.

Alors au jour d’aujourd’hui, si on a probablement suffisamment d’info pour croire que Chavez a soutenu (et soutient?) les FARC, la possibilité que telles affirmations soit valide pour le cas de Correa est chaque jour un peu plus réduite. La crédibilité international du gouvernement d’Uribe ne devrait donc pas s’améliorer.

Le colombien Herbin Hoyos Medina reçoit un prix journalistique

Herbin Hoyos Medina est connu pour son travail radio “las voces del secuestro” (les voix du séquestré), où il permet aux familles des otages de s’exprimer et de s’adresser aux leurs retenus dans les entrailles de la jungle.

Il a été lui même séquestré pendant quelques semaines, et depuis il se dédie à  donner un espoir à  ceux qui reste privé de liberté. Son travail est connu, sans vraiment l’être par ici, rappelons nous que cela ne fait pas très longtemps qu’on parle des otages, après presque 6 ans d’oubli… Lui ne les a jamais oublié et des milliers d’otages qui l’écoutent le disent, sans cette émission on aurait craqué.

Il recevra mardi 6 mai le prix “Perfil Internacional a la Libertad de Expresià³n“, pour son travail pour la liberté d’expression… Il le recevra en Argentine…

Via perfil.com envoyé par Patrick.

Plusieurs articles à lire

Dans le Figaro international une belle série d’articles parle de la Colombie et de l’Amérique du Sud. C’est assez rare, donc ça mérite bien un déplacement.

Un Baron de la drogue tué en Colombie:

La police colombienne a tué mardi Miguel Angel Mejia, l’un des narcotrafiquants colombiens les plus recherchés, après qu’un informateur a conduit les officiers jusqu’au ranch où il se cachait.

Connu comme l’un des deux «Jumeaux», Miguel Angel Mejia, était à  la tête de l’un des plus gros gangs de trafiquants de drogue de Colombie. Il a été tué lors d’un raid par 14 officiers de police à  La Union, dans le nord de la Colombie, a précisé le ministre de la Défense Juan Manuel Santos. Croyant d’abord avoir tué son frère Victor, la police a finalement identifié Miguel Angel après l’avoir autopsié.

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Pourquoi est-il aussi difficile de libérer Ingrid Bétancourt:

Prisonnière depuis plus de six ans dans la jungle colombienne, Ingrid Betancourt est aujourd’hui la victime d’une queue de comète historique. Le mouvement de guérilla communiste qui la détient est un anachronisme, une survivance du passé en voie d’extinction. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie n’ont plus le vent en poupe.

En Colombie, le président Alvaro Uribe avait fait sa priorité de l’écrasement des Farc et de la restauration de l’autorité de l’État sur un territoire à  la géographie impossible, grand comme deux fois la France. Il est en passe de réussir. Il a doublé les effectifs de ses forces de sécurité et considérablement modernisé l’armée grâce aux États-Unis. Les forces colombiennes ont repris le contrôle des routes et repoussé au fin fond de la jungle la guérilla, dont les effectifs ne cessent de fondre. Porté par le retour des investisseurs internationaux et par une croissance économique de 7 % l’an, Uribe a les moyens de financer des programmes de réinsertion sociale pour les guérilleros repentis, ainsi que la construction d’infrastructures dans les campagnes reculées, afin de gagner à  la cause du gouvernement la paysannerie, naguère vivier du recrutement des Farc.

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Kouchner n’a pas convaincu Uribe de travailler avec Chavez:

Bernard Kouchner, en visite en Colombie, s’est entretenu lundi avec le président Alvaro Uribe, pour tenter une nouvelle fois de débloquer les négociations en vue d’un accord humanitaire visant à  échanger des guérilléros colombiens prisonniers contre des otages des Farc, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.

Aucun communiqué n’a été publié à  l’issue de l’entretien, signe que les choses n’ont guère progressé. Le président colombien, à  qui sa fermeté à  l’égard des Farc et les succès de son armée sur le terrain valent une immense popularité dans son pays, n’a pas changé sa position. Il refuse toujours de redonner un rôle de médiateur à  son homologue vénézuélien, Hugo Chavez, qui est très populaire parmi les 8 000 guérilleros de base des Farc.

Idéologiquement à  l’opposé

Le président Uribe a expliqué au ministre des Affaires étrangères que sa priorité restait de battre militairement les Farc. En ce qui concerne les médiations pour obtenir la libération des otages, le chef de l’État colombien s’en tient à  celles qu’il a confiées à  l’Église et au Parti communiste colombien. Pourtant, ces médiations n’ont jamais réussi. Seul Chavez est parvenu à  faire libérer des otages par les Farc, deux le 10 janvier dernier (dont Clara Rojas, l’ancienne directrice de cabinet d’Ingrid), et quatre le 27 février (dont l’ancien sénateur Luis Eladio Perez, compagnon de détention et de cavale ratée d’Ingrid).

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L’US Navy se déploie autour de l’Amérique latine:

Désireux de faire face à  la montée en puissance des gouvernements de gauche dans leur arrière-cour, les États-Unis recréent la IVe Flotte.

C’est désormais officiel : le Pentagone va ressusciter sa IVe Flotte, avec pour mission de patrouiller dans les eaux latino-américaines et des Caraïbes. Créée pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger le trafic dans l’Atlantique Sud, la structure a été dissoute en 1950. «En rétablissant la IVe Flotte, nous reconnaissons l’immense importance de la sécurité maritime dans cette région», a déclaré l’amiral Gary Roughead, chef des opérations navales du Pentagone.

Basée à  Mayport, en Floride, la flotte travaillera sous la double tutelle de la marine américaine et du commandement Sud de l’armée, chargé de l’Amérique du Sud et des Caraïbes. Elle sera commandée par le vice-amiral Joseph Kernan et devrait disposer d’un porte-avions nucléaire.

Pour Alejandro Sanchez, analyste au Council on Hemispheric Affairs, un centre d’études sur l’Amérique latine établi à  Washington, «le rétablissement de la IVe Flotte est plus un geste politique que militaire, destiné à  faire face à  la montée en puissance des gouvernements de gauche dans la région». Le Pentagone ne prend pas la peine de camoufler ses intentions : «le message est clair : que cela plaise ou non aux gouvernements locaux, les États-Unis sont de retour après la guerre d’Irak», explique Sanchez.

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Les FARC et Ingrid Betancourt

Un journaliste, David Beriain, a réussit a passer 10 jours chez les FARC et il rapporte une série de vidéo inédite. Depuis la fin des négociation en 2002 il existe très peu de journalistes qui ont peu s’approcher des FARC. La publication a débuté hier avec une vidéo montrant la vie dans les campement:

Et la suivante, celle d’aujourd’hui, nous parle d’ingrid Betancourt et des otages… rien de bien encourageant.

Un article sur rue89 que nous envoie Dul vaut aussi le détour:

L’assassinat de Raul Reyes, numéro deux des Forces armées révolutionnaires colombiennes, n’a pas seulement interrompu les négociations pour la libération d’Ingrid Betancourt. Dans le camp des Farc, l’armée de Colombie est également “tombée” sur un groupe d’étudiants mexicains attaqués avant leur interview de Raul Reyes. Ils étaient cinq. L’une a survécu, les autres ont été massacrés. Sur les images saisies après le drame, on voit des corps presque nus, des restes humains éparpillées; sur un étendoir, les étudiants avaient suspendu leurs jeans pour la nuit.

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