Les FARC: la fin, enfin?

La situation colombienne a beaucoup évolué ses derniers temps. Depuis un peu moins d’une année les forces publiques ont réellement pris l’initiative sur la guérilla des FARC. L’année dernière les militaires commençaient à  pouvoir attaquer les campement de la guérilla de manière un peu plus directe qu’auparavant. La mort du “negro Acacio” débutait alors une série de coup fort, celle de Reyes, numéro 2 des FARC démontrait encore plus cette nouvelle capacité militaire. Ces progrès s’expliquent facilement à  travers plusieurs éléments: le premier et probablement le plus important est la réforme de l’armée entamée par le Président Pastrana (1998-2002). Ensuite le Plan Colombie a apporté à  l’armée colombienne des moyens qu’elle n’aurait jamais pu imaginer sans l’aide américaine, principalement en terme de mobilité, élément fondamental pour une lutte contre une guérilla. Le troisième élément, qui pourrait expliquer ces nouvelles victoires est une coordination de l’intelligence militaire. Au début 2007 le ministère de la défense a embauché un groupe d’anciens militaires israéliens chargé de compiler et d’analyser les informations des forces publiques. Jusqu’à  leur arrivée l’armée colombienne avait les moyens d’attaquer et la technologie adéquate mais bien souvent pas la formation. Intéressant de voir que les US n’ont fourni qu’une formation médiocre pour l’utilisation de leur matériel.

La politique de “sécurité démocratique” préparée par président Uribe a commencé à  avoir de réels effets, non seulement le repli de la guérilla un peu plus loin, à  partir du moment où les différentes forces ont commencé à  travailler ensemble et à  partager leurs informations.

A partir du moment où l’armée commence à  démontrer sa supériorité de manière claire, il est normal de voir des pans entiers du groupe armé s’effondrer. Les guérilléros, qui bien souvent sont membres depuis plus d’une vingtaine d’années ne voient plus le bout de leur combat, une possible victoire devenant impossible. La mort d’Yvan Rios, membre du secrétariat, trahis par un de ses homme démontre en partie ce désespoir. La démobilisation de Katrina, la femme la plus haut placé chez les FARC, est encore plus fort dans sa symbolique.

Les FARC s’épurent, ils disent vouloir revenir à  un groupe plus restreint, plus mobile et plus sûr. Leur stratégie de repli serait donc en train de fonctionner malgré eux. Au milieu de ce contexte peu favorable pour leurs affaires, la mort supposée de leur leader historique, Tirofijo, peut modifier leur plan. S’il est vrai qu’on peut douter de cette mort, ce n’est pas la première fois et les FARC peuvent vouloir le faire passer pour mort pour assurer un meilleur repli, on peut croire que de toute façon du haut de ses 78 ans (dont 60 en guerre) Tirofijo ne soit plus vraiment capable de diriger le groupe armé.

La nouvelle tête des FARC, Alfonso Cano, est réputée brillante et plus politique, il serait donc judicieux de penser à  une proposition de négociation intéressante. Le gouvernement, qui doit de toute manière continuer son travail armé, a une opportunité probablement historique de négocier avec les FARC. Uribe l’a bien compris et a proposé samedi aux guérilléros qui veulent se démobiliser et libérer les otages une récompense et la possibilité d’aller en France pour bénéficier de l’asile politique. La proposition ne manque pas d’intérêt, selon ces dire certains seraint prêt à  l’accepter et peut-être même à  libérer Ingrid Bétancourt. Mais elle n’est en aucun cas suffisante, car s’il elle peut permettre de fragiliser encore un peu plus les FARC elle ne permettra surement pas d’en finir réellement.

Le problème d’une décomposition totale du mouvement est que cela le rend imprévisible, à  l’image des paramilitaires à  la fin des années 90, ce qui peut générer un certain nombre de problèmes. Le gouvernement a donc tout intérêt à  chercher une grande alliance, autant interne comme international, pour proposer une sortie politique au conflit. La gauche colombienne et la France ont la possibilité de jouer un rôle surement plus important que ne veuille l’admettre les conseillers du président colombien.

Les FARC confirment la mort de leur chef Tirofijo

Alias Timochenco, membre du secrétariat des FARC a confirmé la mort du numéro 1 des FARC alias Tirofijo. Selon ses dires leur leader serait mort le 26 mars dernier d’un arrêt cardiaque et il aurait déjà  reçu la sépulture qu’il méritait. L’annonce a été transmise par Telesur au Venezuela. Le nouveau chef serait alias Alfonso Cano, membre “politique” de l’organisation.

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Alias Manuel Marulanda Vélez, alias Tirofijo est mort 8 fois

Manuel Marulanda Vélez, alias Tirofijo est mort. Le chef des FARC, le leader historique, le plus vieux guérilléros du monde est annoncé mort par le ministre de la défense Juan Manuel Santos. Selon la légende Tirofijo n’aurait pas vu de ville depuis 1963, date à  laquelle il aurait définitivement pris le maquis.

Sa première mort date de 1948, il était alors poursuivi par la police pour être libéral. On est en pleine époque de La Violencia, juste après l’assassinat de Gaitan. Tirofijo meurt une deuxième fois en 1964 après le bombardement de son campement… Bombardement de marquetalia, un des mythes fondateurs des FARC. Après cet épisode Manuel Marulanda Vélez va mourir plusieurs fois, autant au combat que de maladie.

En 1970 un journal colombien annonçait que le chef de la guérilla était en train de ramper dans la jungle et que les militaires le suivaient à  la trace grâce au sang qu’il perdait…

En 1995, le 18 mars, on annonce pour la 5e fois la mort du leader. En 2001 il se fait tuer par des paramilitaires. Et quelques temps plus tard on annonce qu’il est mort de maladie.

Si ces comptes sont juste aujourd’hui c’est le jour de sa 8e mort, attendons donc la confirmation, ou plutôt une réelle confirmation car même si le gouvernement l’a confirmé on peut sérieusement douter que cela soit vrai. De même la guérilla peut trouver un intérêt à  le faire passer pour mort. A priori il va être très dur de savoir si cette fois c’est pour de vrai, ou si Tirofijo a neuf vie… comme les chats.

En tout cas si c’est vrai il a rejoint son camarade Reyes

Tirofijo, le chef des FARC serait mort

Tirofijo et l\'ex président PastranaTirojijo le chef des FARC est annoncé mort par le gouvernement. Le ministre de la défense, Juan Manuel Santos dit avoir l’information suffisante pour pouvoir affirmer que les chef des FARC est mort le 26 mars dernier. Les raisons de la mort ne sont pas encore définies, selon le ministre de la défense, il y a eu 3 bombardement ce jour-là  qui auraient pu causer la mort de Tirofijo, cependant toujours selon lui la guérilla affirmerait qu’il serait mort d’un arrêt cardiaque. Affaire à  suivre bien logiquement.

Interpol garanti la validité des documents de l’ordinateur de Reyes

Interpol a donné son verdict, les ordinateurs de Raul Reyes n’ont pas été trafiqué. Les documents qui en sortent sont donc considéré comme valide.

Article dans Le monde:

Le Monde a eu accès à  une centaine de courriels qui traitent du Venezuela. “Le président Chavez a accepté sans sourciller la demande de 300”, écrit Ivan Marquez, un autre chef des FARC, après avoir été reçu par M. Chavez à  Caracas le 8 novembre 2007. D’autres courriels laissent penser qu’il s’agit de 300 millions de dollars. “Il faudrait préciser si c’est un prêt ou si c’est de la solidarité”, s’inquiète le dirigeant historique des FARC, Manuel Marulanda.

[…]

En février 2008, une rencontre secrète a lieu entre Ivan Marquez et le président vénézuélien. M. Chavez affirme qu’il dispose des “premiers 50 et d’un calendrier pour compléter les 200 sur l’année”. Il offre aux FARC un “quota de pétrole” et “des vieux lance-pierres qui marchent encore” (des fusils, selon Bogota) en provenance du Nicaragua. M. Marquez écrit : “L’ami de 348-6546-6447-6849-6471-6542 lui a suggéré de travailler le paquet par la voie du marché noir pour éviter des problèmes.” Ce chiffre serait le code pour la Biélorussie, fournisseur d’armes de Caracas. Révélés par le quotidien espagnol El Pais, ces documents ont provoqué la colère de M. Chavez, qui accuse la Colombie et les Etats-Unis d’ourdir un complot contre lui. Le rapport technique d’Interpol ne lèvera pas tous les doutes. “En filtrant les documents au compte-gouttes, Bogota prête le flanc aux suspicions de manipulation politique, note un diplomate latino-américain. On sait que la France a rencontré plusieurs fois les FARC pour obtenir la libération d’Ingrid Betancourt. Or, bizarrement, rien n’a encore paru sur le contenu de ces pourparlers.”

Les documents révélés sont une mine d’informations sur les FARC et leurs relations, émaillées d’incidents, avec le gouvernement vénézuélien. En 2000, M. Chavez reçoit officiellement une délégation des FARC, engagées dans des pourparlers de paix. Déjà , la guérilla fait savoir qu’elle veut de l’argent et des armes. Après la rupture du processus de paix, M. Chavez prend néanmoins ses distances avec les FARC, apparemment sur le conseil des Cubains. Aucune réunion “au sommet” n’aura lieu avant celle de novembre 2007.

Les faits validés sont plus ou moins les même autant chez El Tiempo comme chez El Espectador… Il nous reste à  attendre une réaction du Venezuela, peut être pas de son président, mais des autres…

Un seul truc me chagrine dans cette divulgation d’information, et j’attends avec impatience que cela sorte au grand jours, il n’y a rien sur l’Equateur et son président Correa, ni sur l’armement nucléaire, ni sur les relations française avec les FARC. Le doute restera-t-il complet?

Equateur et Venezuela: leurs rapports avec les FARC se précisent

Les fameux ordinateurs de Raul Reyes parlent beaucoup, ce sont des machines nouvelles générations parce qu’elles sont capable de produire de l’inédit chaque jours… C’est super bien en relation international parce que cela permets au chefs d’état, tous confondu, de s’adonner à  leur sport préféré: la blablate… et comme gouverner c’est fatiguant, ils préfèrent les ordinateur de Reyes. Pendant ce temps la population attends que le conflit s’arrête et les otages attendent la neige en Amazonie.

Si on revient un peu sur les détails on voit que ces temps on a de nouvelles (!!!) informations: Chavez a collaboré avec les FARC, les a aidé à  s’armer, les a financé… etc. Il leur a même demandé de former un peu les militaires venezueliens… Il faut aller lire les articles du journal Le monde et de El Pais. J’avoue que là  je ne suis pas septique. D’autres sources (de terrain comme on dit dans le jargon) le confirme. Et cela fait, parait-il, un moment que ça dure.

El Pais cite un mail daté du 8 février 2008 dans lequel Ivan Marquez explique qu’Hugo Chavez jouerait le rôle d’intermédiaire avec les autorités biélorusses. “L’ami de Biélorussie a suggérer de faire passer le paquet par le marché noir (…) Le 17 de ce mois, un haut responsable proche de notre ami de Biélorussie arrive à  Caracas pour finaliser l’affaire. Angel nous a demandé d’être présents pour s’accorder directement avec lui”, indiquerait le mail. Angel serait le pseudonyme de M. Chavez et “l’ami de Bielorussie” serait Và­ctor Sheiman, secrétaire du Conseil de sécurité biélorusse et proche du président Lukachenko.

Pour le reste le problème est que, bien souvent, le gouvernement colombien n’est pas très crédible, sans parler de ses liens avec les paramilitaires, parce que dès le moment où on veut bien écouter ce que disent les guérilléros il faut aussi écouter les paramilitaires… Si le gouvernement colombien n’est pas crédible c’est simplement parce qu’il veut on faire trop. Le coup de l’armement nucléaire était trop gros, trop faux, trop tout ce qu’on veut. On l’a d’ailleurs vite oublié.

Ensuite l’attaque contre Correa a été aussi très mal menée… et au niveau international c’est pas passé.

La réponse du premier concerné est claire: (interview de Marie Delcas pour Le monde)

Les documents de Raul Reyes semblent indiquer que le gouvernement équatorien entretenait des liens avec les FARC…

Je me moque de ces documents et de ce qu’en pensent les Etats-Unis, Interpol et la Colombie.

Et le problème est que les preuves sont plus qu’insuffisante, mélangées une intervention remplie de mensonges. L’attaque ne s’est pas du tout réalisée comme le gouvernement colombien l’annonce. (sans parler des nombreux changement dans leur version, par exemple ici)… même les militaires colombiens l’acceptent en messe basse, et l’ambassadeur des US refuse donner des détails…

Le résultat est que Correa bénéficie du soutient de presque toute l’Amérique Latine et de l’Espagne sur la question. Ce qui amène à  des conclusions qui ne plaisent guère en Colombie… pourtant (j’en parlais déjà  là  tiens..).

Vous avez évoqué la possibilité de reconnaître aux FARC le statut de belligérant…

Si les FARC, qui ont une armée organisée et qui contrôlent une partie du territoire, cessent leurs actions terroristes, s’ils cessent les prises d’otages, s’ils respectent le droit humanitaire, nous pourrons les reconnaître comme un interlocuteur afin de négocier la paix. La France a exactement la même position que l’Equateur. (Le ministre français des affaires étrangères) Bernard Kouchner me l’a confirmé (à  Quito fin avril). Si c’est pour négocier la libération des otages ou, mieux encore, la paix en Colombie, l’Equateur est prêt à  tout. Ne comptez jamais sur nous pour la guerre.

Alors au jour d’aujourd’hui, si on a probablement suffisamment d’info pour croire que Chavez a soutenu (et soutient?) les FARC, la possibilité que telles affirmations soit valide pour le cas de Correa est chaque jour un peu plus réduite. La crédibilité international du gouvernement d’Uribe ne devrait donc pas s’améliorer.

Plusieurs articles à lire

Dans le Figaro international une belle série d’articles parle de la Colombie et de l’Amérique du Sud. C’est assez rare, donc ça mérite bien un déplacement.

Un Baron de la drogue tué en Colombie:

La police colombienne a tué mardi Miguel Angel Mejia, l’un des narcotrafiquants colombiens les plus recherchés, après qu’un informateur a conduit les officiers jusqu’au ranch où il se cachait.

Connu comme l’un des deux «Jumeaux», Miguel Angel Mejia, était à  la tête de l’un des plus gros gangs de trafiquants de drogue de Colombie. Il a été tué lors d’un raid par 14 officiers de police à  La Union, dans le nord de la Colombie, a précisé le ministre de la Défense Juan Manuel Santos. Croyant d’abord avoir tué son frère Victor, la police a finalement identifié Miguel Angel après l’avoir autopsié.

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Pourquoi est-il aussi difficile de libérer Ingrid Bétancourt:

Prisonnière depuis plus de six ans dans la jungle colombienne, Ingrid Betancourt est aujourd’hui la victime d’une queue de comète historique. Le mouvement de guérilla communiste qui la détient est un anachronisme, une survivance du passé en voie d’extinction. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie n’ont plus le vent en poupe.

En Colombie, le président Alvaro Uribe avait fait sa priorité de l’écrasement des Farc et de la restauration de l’autorité de l’État sur un territoire à  la géographie impossible, grand comme deux fois la France. Il est en passe de réussir. Il a doublé les effectifs de ses forces de sécurité et considérablement modernisé l’armée grâce aux États-Unis. Les forces colombiennes ont repris le contrôle des routes et repoussé au fin fond de la jungle la guérilla, dont les effectifs ne cessent de fondre. Porté par le retour des investisseurs internationaux et par une croissance économique de 7 % l’an, Uribe a les moyens de financer des programmes de réinsertion sociale pour les guérilleros repentis, ainsi que la construction d’infrastructures dans les campagnes reculées, afin de gagner à  la cause du gouvernement la paysannerie, naguère vivier du recrutement des Farc.

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Kouchner n’a pas convaincu Uribe de travailler avec Chavez:

Bernard Kouchner, en visite en Colombie, s’est entretenu lundi avec le président Alvaro Uribe, pour tenter une nouvelle fois de débloquer les négociations en vue d’un accord humanitaire visant à  échanger des guérilléros colombiens prisonniers contre des otages des Farc, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt.

Aucun communiqué n’a été publié à  l’issue de l’entretien, signe que les choses n’ont guère progressé. Le président colombien, à  qui sa fermeté à  l’égard des Farc et les succès de son armée sur le terrain valent une immense popularité dans son pays, n’a pas changé sa position. Il refuse toujours de redonner un rôle de médiateur à  son homologue vénézuélien, Hugo Chavez, qui est très populaire parmi les 8 000 guérilleros de base des Farc.

Idéologiquement à  l’opposé

Le président Uribe a expliqué au ministre des Affaires étrangères que sa priorité restait de battre militairement les Farc. En ce qui concerne les médiations pour obtenir la libération des otages, le chef de l’État colombien s’en tient à  celles qu’il a confiées à  l’Église et au Parti communiste colombien. Pourtant, ces médiations n’ont jamais réussi. Seul Chavez est parvenu à  faire libérer des otages par les Farc, deux le 10 janvier dernier (dont Clara Rojas, l’ancienne directrice de cabinet d’Ingrid), et quatre le 27 février (dont l’ancien sénateur Luis Eladio Perez, compagnon de détention et de cavale ratée d’Ingrid).

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L’US Navy se déploie autour de l’Amérique latine:

Désireux de faire face à  la montée en puissance des gouvernements de gauche dans leur arrière-cour, les États-Unis recréent la IVe Flotte.

C’est désormais officiel : le Pentagone va ressusciter sa IVe Flotte, avec pour mission de patrouiller dans les eaux latino-américaines et des Caraïbes. Créée pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger le trafic dans l’Atlantique Sud, la structure a été dissoute en 1950. «En rétablissant la IVe Flotte, nous reconnaissons l’immense importance de la sécurité maritime dans cette région», a déclaré l’amiral Gary Roughead, chef des opérations navales du Pentagone.

Basée à  Mayport, en Floride, la flotte travaillera sous la double tutelle de la marine américaine et du commandement Sud de l’armée, chargé de l’Amérique du Sud et des Caraïbes. Elle sera commandée par le vice-amiral Joseph Kernan et devrait disposer d’un porte-avions nucléaire.

Pour Alejandro Sanchez, analyste au Council on Hemispheric Affairs, un centre d’études sur l’Amérique latine établi à  Washington, «le rétablissement de la IVe Flotte est plus un geste politique que militaire, destiné à  faire face à  la montée en puissance des gouvernements de gauche dans la région». Le Pentagone ne prend pas la peine de camoufler ses intentions : «le message est clair : que cela plaise ou non aux gouvernements locaux, les États-Unis sont de retour après la guerre d’Irak», explique Sanchez.

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2 coups fort contre l’extradition

L’extradition est une procédure juridique par laquelle un Etat livre l’auteur d’une infraction à  un État étranger qui le réclame, pour qu’il puisse y être jugé ou exécuter sa peine…

C’est une chose relativement commune, cependant en Colombie cela a pris une tournure totalement différente de la norme. Presque tous les cas de narcotrafic sont extradé aux USA pour être jugé pour des crime commis en Colombie, qui touche les US.

Le système sert principalement pour éviter que les délinquants en question continuent leur traffic depuis la prison. C’est presque une constante chez ces gens.

Hormis la violation de la souveraineté, l’extradition génère un problème relativement grand selon de quel coté on se place. En général les crimes sont jugés et condamnés, les trafiquants passent de longue années en prison. Donc, en soit la justice fait son job. Le problème est que les trafiquants sont rarement seulement des trafiquants mais aussi des assassins, des monstres tueurs… des paramilitaires… et maintenant des guérilléros. Alors lorsqu’ils partent aux USA ils emmènent avec eux toutes leurs vérités, autant leurs relations avec la politique et le pouvoir que l’histoire de leur victimes. Et les familles de ces dernière peuvent rester sans jamais savoir si leurs enfants sont morts, disparus, torturés, séquestrés…

L’extradition n’aide pas, ni pour la vérité, ni pour la construction du pays, ni pour la réconciliation…

Alors les deux dernières nouvelles me réjouissent.. d’une manière bien différente, certes, mais peut-être elles freineront un processus qui a pris une ampleur sans précédent depuis le gouvernement d’Uribe (600 extraditions).

La première est la décision de la justice d’empêcher l’extradition de alias Macaco, un célèbre chef paramilitaires qui a beaucoup de chose à  raconter sur la région d’Antioquia (lieu d’origine du président). Bien logiquement le gouvernement va faire appel mais l’idée est là , le paramilitaire ne partira pas avant d’avoir dédommagé ses victimes, d’avoir payé ses crimes ici et d’avoir raconté toute la vérité. L’action des associations des victimes a fonctionné.

L’autre est complètement différente: c’est l’annulation du jugement de Simon Trinidad. Trinidad est le guérilléro des FARC le plus “gradé” détenu. Il est accusé de trafic de drogue et c’est la 3e fois que son jugement est annulé. Le problème est qu’il a été impossible de convaincre les jurés de la culpabilité du personnage.. et 3 fois de suite, ça commence à  faire. Pourtant ce n’est pas faute de moyen, on estime que les USA ont dépensé presque un million de dollar pour faire venir des témoins et rassembler des preuves. Mais rien n’y fait Trinidad, qui se défend tout seul, s’en sort, on arrive pas a le lier directement avec le trafic de drogues… alors qu’en colombie on aurait pu le juger sans problème pour assassinat, rébellion, subversion etc.etc.

L’académie et le terrorisme

Après le bombardement du campement de Raul Reyes une longue série d’histoires a éclatée au grand jour. Hormis les continuelles tension entre la Colombie et l’Équateur qui n’en finissent plus, le thème qui fait la une ces derniers temps est la mort de 4 étudiants mexicains en même temps que le chef guérilléro. Uribe et son gouvernement ont affirmé à  plusieurs reprises que ces jeunes étaient des complices de la guérilla, des délinquants, des terroristes … ah ce mot, qu’est ce qu’il est beau et complet il signifie tout ce qu’on veut.
Le fait est que ces étudiants, qui pouvaient certes être des sympathisants de la guérilla (faudrait-il encore le prouver) était apparemment en train de réaliser une recherche sur la guérilla, et comme Reyes étaient plus ou moins le seul qui acceptait, ou était autorisé pour accepter, des visites les académiciens comme les journalistes ont été lui rendre visite.
Pas de chance pour les mexicains ils se sont fait descendre… c’est peut être le risque du métier? de la même manière que les journalistes sont parfois (trop souvent!) des victimes des conflits de par le monde. Cependant ceci n’autorise pas un gouvernement (ou n’importe qui d’autre) à  salir leur mémoire, à  blesser leur famille etc.
Prenons un autre exemple, que je connais bien puisque c’est moi. Je fais de la recherche sur la privatisation de la guerre et l’utilisation de compagnies militaires privées dans le conflit colombien. Le fait que ce soit un thème relativement nouveau m’a conduit à  réaliser une ou deux études de terrain. J’ai été faire des interviews de militaires, de contratiste etc… Et je pourrais aussi vouloir en faire chez les FARC pour savoir si eux ont aussi recours à  ce genre d’entreprise. Ceci n’implique pas le moins du monde que je partage leurs idées, encore moins que je participe à  leur lutte ou que je sois un terroriste (bien que avec ce mot on peut s’attendre au pire). Simplement je fais de la recherche pour mieux comprendre un phénomène qui a un impact non négligeable sur la vie du pays. Et cette recherche ne va pas forcément servir aux FARC, mais plutôt au gouvernement ou à  l’État dans son ensemble.
Bref faut arrêter un peu le délire, confondre les étudiants ou les chercheurs avec des terroristes n’est pas franchement une preuve d’intelligence. Après je ne dis pas tout le monde est beau et gentil mais jusqu’à  preuve du contraire on est innocent!

Les FARC et Ingrid Betancourt

Un journaliste, David Beriain, a réussit a passer 10 jours chez les FARC et il rapporte une série de vidéo inédite. Depuis la fin des négociation en 2002 il existe très peu de journalistes qui ont peu s’approcher des FARC. La publication a débuté hier avec une vidéo montrant la vie dans les campement:

Et la suivante, celle d’aujourd’hui, nous parle d’ingrid Betancourt et des otages… rien de bien encourageant.

Un article sur rue89 que nous envoie Dul vaut aussi le détour:

L’assassinat de Raul Reyes, numéro deux des Forces armées révolutionnaires colombiennes, n’a pas seulement interrompu les négociations pour la libération d’Ingrid Betancourt. Dans le camp des Farc, l’armée de Colombie est également “tombée” sur un groupe d’étudiants mexicains attaqués avant leur interview de Raul Reyes. Ils étaient cinq. L’une a survécu, les autres ont été massacrés. Sur les images saisies après le drame, on voit des corps presque nus, des restes humains éparpillées; sur un étendoir, les étudiants avaient suspendu leurs jeans pour la nuit.

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