Zorro est de retour

eglise.JPGL’histoire de Zorro est bien connue et revenir dessus serait une erreur de ma part, je ne pourrais que mal la décrire. Pourtant cela ne m’empêche pas de m’intéresser de très prêt à  la renaissance de ce personnage. Le week-end dernier était prolongé, alors je me suis dis qu’il fallait que je me lance dans un reportage spécial pour ce blog. Je suis donc parti visiter le lieu de tournage de cette super-telenovela qui se déroule en Colombie. Pour filmer les aventure de Zorro, les producteurs ont choisi Villa de Leyva. C’est un village absolument magnifique, classé patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Sans aucun doute un des plus beau du pays.

Pour le tournage, il a été nécessaire de faire quelques ajustements, notamment sur la place centrale. On avait l’habitude la voir toute peinte de blanc (voir photo), mais voilà  les producteurs trouvaient l’ensemble un peu trop “moderne” alors, moyennant un somme bien rondelette, le village à  été repeint.

Bien sûr, comme c’est un patrimoine de l’humanité ils doivent le repeindre en blanc après le tournage. Mais ça n’a pas empêché quelques râleurs de crier au scandale.
Faut pas exagérer, c’est Zorro après tout.

Bon d’accord, à  Villa de Leyva j’ai passé 4 jours à  dormir, boire et manger…. J’ai pas du tout vu Zorro.

80 ans!

imagen-3461838-2.jpg

Cette année est pleine d’événement pour Gabriel Garcà­a Mà¡rquez. Tout d’abord aujourd’hui le prix Nobel colombien de littérature fête ses 80 ans. Ensuite son livre étoile, Cent ans de Solitude fêtera en juin ses 40 ans de publication et enfin en novembre 25 ans auront passé depuis qu’on lui remit le prix Nobel de littérature.

Hier l’Espagne lui a rendu hommage, Marà­a Teresa Fernà¡ndez de la Vega a commencé la lecture à  9 heures du matin (heure espagnol) par:

“Muchos aà±os después, frente al pelotà³n de fusilamiento, el coronel Aureliano Buendà­a, habà­a de recordar aquella tarde remota en que su padre le llevà³ a conocer el hielo”

De nombreuses personnalités ont continué la lecture jusqu’à  minuit, terminant le jour de l’anniversaire de Gabo (comme il est surnommé).

Il a transformé le journalisme colombien et marqué au minimum 3 générations d’écrivains en tout genre. Il vaguement tenté le militantisme, on l’a vu avec Fidel Castro mais en réalité il a peu écrit directement sur la politique. Par contre on retrouve de la politique dans certaines de ses nouvelles.

La Colombie lui rend hommage, le ministère de la culture à  reconstruit sa maison natale. Certains voudraient le voir revenir, il vit depuis 27 ans au Mexique. Il a soi-disant toujours adoré le Mexique, mais être costeà±o (de la côte caraïbe, forte densité paramilitaire) et intellectuel de gauche n’est pas la chose la plus facile.
Cet anniversaire est la grande nouvelle de la semaine, Gabo vole ainsi la vedette à  Bush… qui vient dimanche prochain, et tout le monde s’en fout !

Bon anniversaire Gabo!

Jaime Garzón

Jaime Garzà³n est un symbole pour la grande majorité des colombiens, c’était l’humoriste politique des années 90, probablement le plus critique et le plus drôle de toute l’histoire de la Colombie.

Après avoir fait des études d’avocat, flirté avec la guérilla de l’ELN, il a été maire d’une localité de Bogotà¡ pendant l’époque où Pastrana était Maire de la ville. Il a été finalement destitué car il ne respectait pas les règles. Un exemple assez parlant: la mairie centrale demande un rapport à  toutes ces localités sur la prostitution, Jaime Garzà³n répond alors que les seules putes qu’il y a dans sa localité (Sud de Bogotà¡, avec une zone rurale) sont les membres des FARC qui campent aux alentours.

Il a aussi été un des grands critiques du gouvernement Samper (1994-1998) et du “proceso 8000” (grand scandale de collaboration entre le gouvernement et les narcotrafiquants). En 1998 il interview les principaux candidats à  la présidence, où il est soi disant cireur de chaussure… c’est juste génial, il n’a peur de rien et n’a pas la langue dans sa poche.

Il a animé tout une génération mais les paramilitaires, qui n’ont pas du tout d’humour l’ont fait assassiné. Il est mort le 13 août 1999 et au jour d’aujourd’hui personne n’a été jugé pour ce crime. Vous pouvez découvrir une partie de ces interviews ici, un petit niveau d’espagnol est requis.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sQXgvph-F3Q[/youtube]

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Fr6YdIYuc98[/youtube]

Je n’ose pas imaginer ce qu’il pourrait dire aujourd’hui. En écoutant ses histoires il m’a fait penser à  une figure mythique de l’humour français qui a aussi tragiquement disparu.

Musique Colombienne

Un peu, pour ne pas dire complètement, par hasard je suis tombé sur un texte sur la musique colombienne. C’est un texte très “académique”, tout droit sorti de JSTOR (périodique académique en ligne très cher, qu’on trouve en général dans les universités). Je me suis dit qu’il fallait que je vous fasse profiter de cette découverte plutôt exceptionnelle, car elle est en français. Bien sûr je ne vais pas mettre tout en ligne, surtout pas sans demander l’autorisation… mais une petite sélection des paragraphes qui m’ont plu. Pour ceux que ça intéresse vraiment vous pouvez le trouver sous JSTOR: La musique Colombienne par le Professeur Enirto de Lima. Si vous n’avez pas accès à  cette magnifique base de données faites-moi signe, je me ferai un plaisir de vous envoyer le document.

La musique Colombienne par le Professeur Enirto de Lima:

“Bref exposé historique de la musique en Colombie. Il n’y a rien de plus intéressant dans l’histoire des peuples que l’étude de leur folklore.

Lorsque que l’Amérique fut découverte par Christophe Colomb, le 12 octobre 1492, les indigènes avaient déjà  leur musique: danses pleines de rythmes syncopés et de chansons langoureuses. Leurs instruments étaient complètement primitifs. Ils jouaient de la flûte et autres instruments similaires.

Dès que les Espagnols s’établirent ici définitivement (dernière années du XV siècle), et leur domaine se fit chaque jour plus puissant, commencèrent à  arriver en Amérique les musiciens de la péninsule. Peu à  peu la Colombie fut envahie par de nombreux artistes qui jouaient et chantaient la musique espagnole, laquelle arrivait pleine de l’influence arabe. Voilà  l’origine de notre musique. Elle est mélancolique et d’une fraîcheur et délicatesse extraordinaires. “

[…]

L’auteur décrit ensuite les différents: Pasillo, Bambuco, Torbellino, Danza, Porro, Cumbiamba, entre autres.

Puis c’est au tour des instruments typiques : Alfandoque, Carà¡ngano, Carraca, Castruera, Marimba, Requinto, Bandola, Capador, entre autres.

Il parle ensuite des différentes écoles, associations et éditeurs de musique en Colombie, et de quelques auteurs connus comme messieurs Uribe Holguin, Gonzalo Vidal, Zamudio, Borrero, Escobar entre autres.

Il conclut :


Les étrangers qui se sont établis en Colombie ont pris une large part dans le développement de la culture musicale.Des musiciens allemands, français, hollandais, italiens et espagnols ont contribué efficacement au progrès de l’art musical colombien. Par exemple, l’hymne national a été composé par un italien, Oreste Sindici ; diverses chansons et autres musiques très appréciées sont dues à  des étrangers qui après avoir vécu en Colombie quelques années sont devenus plus colombiens que les nationaux, car les conditions caractéristiques des habitants sont sincérité et loyauté dans l’amitié, profonde hospitalité et grande noblesse de sentiments. “

Et voici pour terminer l’hymne national colombien:

[audio:himno_nacional_colombia.mp3]

 

Fête au Théâtre!

La Candelaria est non seulement le nom du vieux quartier de Bogotà¡ mais c’est aussi une troupe de théâtre, réputée comme étant la meilleure du pays. Cette année la troupe, dirigée par el Maestro Garcia, a fêté ses quarante ans.

Au mois de septembre ils ont eu la bonne idée de présenter un récapitulatif de la majorité (toute?) de leur oeuvres collectives, mais ils n’avaient pas organisé de fête. Le week-end passé le manque a été comblé et par chance j’ai été invité…

Le résultat était bien sympathique, une dizaine de groupes de musique, de poètes et d’artiste sont venus rendre hommage à  cette troupe. J’ai tenté de filmer quelques passages, et même si je ne suis pas très doué pour ce genre d’exercice je vais quand même mettre en ligne quelques moments. La première de la série une interprétation par Fer et Poli (acteurs de la Candelaria) d’une chanson (camino verde) de leur pièce El Paso. Cette pièce raconte l’histoire d’un village perdu au fin fond de la Colombie, où il ne se passe jamais rien jusqu’au jour où des trafiquants arrivent et chamboulent tout. C’est une oeuvre collective et à  été mise en scène avant l’apparition des trafiquants. Comme le dit el maestro Garcia avant chaque représentation: ce n’est pas de notre faute si l’histoire nous a donné raison…

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=49hwLpOhdqE[/youtube]

Je mettrais en ligne la suite dans les prochains jours.

Botero: la polémique!

BoteroBotero est sûrement le peintre colombien le plus connu à  travers le monde, et en ce moment il est sujet d’une polémique aux Etats-Unis.
Ce n’est qu’après de nombreuses tentatives qu’il a enfin réussit à  exposer ses dernières créations. Sa nouvelle série arbore les tortures réalisées par les militaires nord-américains dans la prison d’Abu Ghraib en Irak.

Les peintures représentent des hommes dénudés et torturés, et comme toujours chez Botero ce sont des hommes gros. Un certain nombre de critiques se sont alors élevée; tout d’abord certain pense que l’obésité est passée de mode dans l’art ou même qu’elle n’est plus en rapport avec la réalité. Certain vont même jusqu’à  dire qu’en représentant des personnes grosses il y a une volonté de généraliser les actes de tortures à  toute la population des Etats-Unis.

Ensuite pour le Washington post cette exposition est une offense au peuple américain (Nord-américain, merci!). D’autres encore disent que sa peinture s’est vraiment transformée et que maintenant il a perdu de son côté artistique au profit du militantisme politique et social. Il justifie lui même son inspiration du côté politique, disant qu’il a voulu laisser une trace de ses horreurs pour que le monde ne les oublie pas.

Pourtant si on regarde l’histoire de Botero et ses oeuvres, il a toujours représenté des gens gros et il s’est presque toujours inspiré de la réalité, actuelle ou historique. Lorsqu’il peignait des scènes de la guérilla et ses massacres dans les années 50 et 60, on ne lui reprochait pas de représenter des guérilleros dodus… alors qu’on sait très bien qu’à  cette époque il ne mangeait pas bien.

De plus je crois, mais j’avoue que je n’en sais rien, que Botero n’en a que faire de la mode dans l’art. Il a déjà  fait sa place et forgé le respect pour ne pas devoir se soucier de cela.
Et pour conclure il ne me semble pas qu’on puisse critiquer un artiste parce qu’il puise son imagination dans la politique, on pourrait plus facilement ouvrir un débat et critiquer, ou mieux discuter, ses idées si on ne les partage pas.
Mais là  on parle déjà  de démocratie!

Les revues intelligentes ne sont pas rentables et alors?

MalpensantePendant que chez nous certain défende la création de journaux gratuit comme moyen de démocratisation de l’information ici, en Colombie, on fête les dix ans de la revue Malpensante. Elle n’a, parait-il, jamais été rentable. Ils produisent à  perte depuis dix ans alors la question évidente serait comment font-ils pour continuer? …. Mais il paraît que cette question ne se pose pas.
L’intérêt immense de cette revue est que c’est probablement la seule qui va vraiment à  contre courant de toutes les idées imaginables, probablement même à  contre courant d’elle même, dans la mesure du possible.

Pour son anniversaire Malpensante s’est offert un petit festival où elle a invité différentes personnalités du monde culturel: poètes, écrivains, journalistes etc.

Pendant 3 jours tout ce beau monde est venu parler de différents thèmes et Fernando Vallejo, écrivain colombien, s’est particulièrement fait remarquer. Il a réussit en un temps record à  “pourrir” le monde entier et particulièrement Medellin. Selon lui la Colombie est le pire endroit du monde et Medellin est le pire qui existe en Colombie… C’est dire!

Il a aussi attaqué l’ancien Maire de Bogotà¡ l’accusant d’électrocuter les chiens de rue. Sinon le gouvernement d’Uribe est le pire que n’à  jamais connu la Colombie, mais ceux de Pastrana et de Gaviria n’ont pas été bien mieux! Les espagnols sont responsables de massacrer des ours etc. Les religions chrétiennes et musulmanes sont des plaies de ce monde…
Par contre il défend les curés pédérastes, en disant qu’un môme de 14 ans, si un curé ne le masturbe pas, il le fait tout seul…

Forcément sa prestation a fait réagir et c’était, sans doute aucun, le but. Jusqu’où peut aller la provocation et comment la maîtriser pour qu’elle reste compréhensible par la majorité. Une provocation trop acerbe est-elle utile pour l’avancée d’un débat?… voilà  un sujet pour le prochain numéro de Malpensante, dont la tradition de non rentabilité devrait se poursuivre. Pourvu que ça dure!

Musée de l’Or

Bogotà¡ est une ville d’altitude où le beau temps n’est pas vraiment constant. Après avoir eu 2 mois et demi de plus ou moins beau nous avons retrouvé le bonheur de la pluie, j’en avais déjà  parlé mais je ne pensais pas que la “saison du beau” était si courte. Un ami anglais me dit que c’est pire que Londres … j’avoue que je commence à  le croire!

Heureusement Bogotà¡ est une ville où les activités ne manquent pas, entre les cinés, théâtres et musées il y a de quoi s’occuper. Alors en ce dimanche pluvieux nous sommes retourné visiter el Museo del Oro, le musée qui possède la plus grande collection du monde de pièce en or.

representation de la scène d'intronisation du cacique

La majorité des pièces en exposition sont d’une beauté à  vous couper le souffle même après plusieurs visites. De plus la présentations faite par civilisation permet de retracer une partie de l’histoire de la Colombie. Sans aucun doute les Muiscas (région de Bogotà¡) sont les plus perfectionnistes dans leur travail de l’or et la célèbre légende de l’El Dorado se fonde sur une de leur coutume d’intronisation d’un cacique qui devait s’immerger, entièrement couvert de poudre d’or, dans la lacune de Guatavita près de Bogotà¡.
photo par Fab.

140000

140’000 personnes pour le troisième et dernier jour du festival rock de Bogotà¡. Depuis samedi une quarantaine de groupes se sont présentés lors du plus grand festival de rock en plein air d’Amérique Latine. Chaque jour était représentatif d’un style différent, on a d’abord eu droit au métal, ensuite au punk, et pour terminer au ska.

L’ambiance était agréable même si les règles de sécurité frôlaient l’absurde, on devait entrer à  pieds nus, pour montrer patte blanche! Et bien sûr la police manquait fondamentalement d’humour, un jeune provocateur voulant faire le malin s’est déshabillé et a tenté de passer le contrôle en caleçon, le pauvre s’est fait sortir à  coups de matraques!
Mais on peut comprendre la tension de la police, la veille (dimanche) un groupe de punks a réussi à  blesser 7 policiers.

Les groupes invités étaient autant de la scène locale qu’international, parmi eux on a pu voir Fear Factory (USA) ou El sie7e, il faut aussi noté la participation de Manu Chao qui nous a fait l’honneur de 2 concerts. Tout d’abord en compagnie de Dr Krapula (star local de Ska); les deux sont apparemment intimes et ont décidé de lancer le projet Seikywia (proyecto seikywia) qui se consacre au soutien des indigènes pour qu’ils fassent valoir leurs droits.

Ensuite Manu Chao est revenu le soir pour le final du festival, et son concert a déchaîné 140000 personnes pendant une heure et demie!
Il ne nous reste plus qu’à  espérer qu’il sorte un album (genre “radio seikywia“) et qu’il réussisse à  rendre la Colombie à  la mode…

Pub

Putumayo Music World est un label de musique maintenant relativement bien connu dans le monde pour ses compilations de musique folklorique de tous les continents. Parmi les nombreuses activités de cette compagnie, elle finance divers projet de développement dont un qui débute maintenant en Colombie. L’idée est de rendre hommage à  la région qui a donné son nom à  la compagnie: Putumayo, une des régions les plus touchée par le conflit.
La compagnie va verser un dollar de chaque CD “Radio Latinoà  l’ONG United for Colombia pour un programme de soutient aux enfants victimes des mines. Je crois qu’il est inutile de rappeler que la Colombie est le second pays, après l’Afghanistan, en quantité de victimes des mines antipersonnelles, mais je le fais quand même.
Alors en achetant ce CD non seulement vous écouterez de la bonne musique latine, mais en plus vous participerez à  une bonne cause!