Uribe: un lourd bilan

Uribe est arrivé au pouvoir en 2002. Les discutions de paix avec les FARC venaient d’être rompues et il était nécessaire de reprendre le contrôle du territoire cédé aux FARC. L’armée, avait commencé une grande réforme et bénéficiait déjà  du soutien massif des Etats Unis. Uribe lance alors sa politique de sécurité démocratique, basée en grande partie sur l’armée et sa capacité accrue. Les réussites militaires sont nombreuses, les FARC reculent, et retrouvent petit à  petit la taille d’une guérilla « normale », puissante mais pas dangereuse au point de pouvoir prendre le dessus face à  une armée régulière. Les FARC perdent plusieurs têtes, et finalement se réadaptent à  la nouvelle situation, elles sont actuellement à  nouveau capable de prendre l’initiative dans les combats.
Un deuxième volet de la politique d’Uribe est la négociation avec les paramilitaires, qui aboutit à  la mise en place de la loi de « justice et paix » et la démobilisation de la majorité des groupes paramilitaires. Plus de 30 mille déposeront de vieilles armes et tenteront de reprendre une vie civile. Mais à  peine démobilisé, plusieurs groupes se reforment et continue à  contrôler leur territoire. Finalement ils se réarmeront et reprendront du service, en menaçant et tuant tout leur opposant. Les dernières élections du congrès en sont un exemple, le pouvoir des « ex » paramilitaires est toujours bien en place. Et plus grave encore, on dénonce déjà  la collaboration de certaine force officielle (police ou armée).
L’armée, boustée par un politique de prime aux guérilleros mort, se lâche et commence à  tuer des jeunes pour les déguiser ensuite et les faire passer pour des guérilleros mort. Après plusieurs années de pratique la justice réussit enfin a se saisir du cas et de nombreux militaires sont arrêter et jugé. Les hauts gradés ne sont pas vraiment inquiétés et les responsables politiques se défilent. Les conséquences pour l’armée sont immenses, son image retrouve le niveau des pires époques, le moral est dans les chaussettes et la volonté au combat s’en fait ressentir grandement.
La colonne vertébrale de la politique Uribitienne est donc gravement touchée, pourtant on continue à  vanter ses mérites…
Une visite du reste de la situation n’est guère plus encourageante. La situation économique est catastrophique, comme c’était prévu, dès qu’une crise allait pointer le bout de son nez les conséquences sociales seraient terrible : la crise à  eu lieu, les capitaux frivoles, qu’Uribe voulait tant, sont reparti. Rien n’a été construit pendant ces 10 années de croissance incroyable. Tout est parti dans le financement d’une armée en dépression. Le fossé entre riche et pauvre s’est encore agrandi. Le taux de chômage est un des pire de l’Amérique du Sud.
La corruption, elle, est en forme. Il suffit de voir le programme « inventé » par l’ancien ministre de l’agriculture (surnommé Uribito, tellement ils se ressemblent et sont proche). Il a utilisé des fonds publics pour financer les grandes familles propriétaires colombiennes. On ne parle pas des magouilles pour modifier la constitution pour qu’Uribe fasse son deuxième mandat : les personnes qui ont vendu leur vote sont en prison, par contre celle qui ont payé n’ont jamais été inquiétée. Ni de ceux qui on fait campagne pour le 3e mandat de leur grand chef… Ceux-ci seront bientôt jugés.
Et pour finir en beauté, le scandale du DAS (service secret colombien), qui a été utilisé par le pouvoir exécutif (les preuves existent maintenant) pour attaquer l’opposition, les syndicats etc. Il fut un temps où on appelait ca le terrorisme d’Etat… maintenant c’est devenu de la lutte anti-terroristes, avec des cibles plutot surprenante.
La liste est longue, probablement sans fin, alors au lieu de m’attarder sur la concentration du pouvoir, la désinstitutionalisation, les tensions diplomatique avec les voisins et tout autres « dommages collatéraux » d’une sécurité démocratique aux résultats très passagers, je préfère penser que Mockus sera prochainement élu et trouvera la force et les soutiens nécessaire à  une normalisation post-uribitiene.

Mockus: ni vert ni de gauche!

La campagne pour les présidentielles s’est enflammée. Après le retrait forcé d’Uribe, le débat politique a repris en Colombie. Il est possible, depuis peu, d’imaginer des alternatives, de penser que la sécurité démocratique (labelisé mais pas encore brevetée par Uribe) soit reprise par quelqu’un d’autre que le messie tyranique.
Plusieurs candidats se veulent des héritiers naturels de se qu’on appelle l’Uribisme. Santos, ex-ministre de la défense, responsable d’une attaque contre le pays voisin, coupable d’avoir utiliser le symbole de la Croix Rouge de maniere illégale et surtout, responsable de la disparition de milliers de jeunes (les fameux falsos positos), détient pour l’instant les meilleures posibilitées de remplacer son maitre adoré. Il faut dire quand terme de violation des droits de l’homme c’est probablement celui qui s’en rapproche le plus.
L’autre candidat de l’Uribisme, la conservatrice Sanin, est déjà  plus ou moins à  l’ouest, elle s’est fait torpillé sa campagne par son compagnon de parti, le nain de jardin proche du grand maitre, qui lui aussi traine des casseroles pleine de pot de vin et de corruption… Arias, connu comme Uribito.
Cependant la grande nouvelle du moment ce n’est pas que les Uribistes soient des corrompus, violeur des droits de l’homme, massacreur et allié des paramilitaires, la nouvelle de la campagne c’est le phénomène Mockus.
Mockus est un ancien maire de Bogotà¡, ancien recteur de l’Université National…. connu pour avoir imaginer des politiques complètement folle pour éduquer les gens de Bogotà¡ … et le pire c’est que ca a marché! Il a aussi montré son cul en public, il s’est présenté comme MONSIEUR éthique pendant pas mal de temps.
Il n’a pas de grosse machine politique qui le suive sinon une bonne série de compagnon de route, tel que Fajardo, ancien maire de Medellin, Lucho garzon, ancien maire de Bogotà¡, Peà±alosa, ancien maire de Bogotà¡…. Bref un panel de gens expérimenté et intéressant, venant d’horizon différent.
Mockus tente alors de mobiliser la Colombie a travers internet, le bouche à  oreille, les artistes, intellectuels etc etc… Une campagne qui ressemble dans l’idée (pas les moyens) à  celle du grand pays du nord.
Bref Mockus secoue un peu le panorama politique d’une Colombie complétement hypnotisée par 8 ans de pouvoir d’un gars qui s’est pris pour dieu, mais que la loi a ramené sur terre. (rien à  voir mais le pape aurait besoin de la même chose, enfin je dis ca je dis rien).
Maintenant il reste à  savoir si Mockus, du parti vert mais qui n’a rien d’écolo, arrivera à  créer la surprise. Il a l’énorme avantage de proposer une équipe de personalités qui se complète si elles arrivent à  s’entendre. Et une équipe est bien plus intéressante qu’un dieu entouré de larbin neuneu.

Les artistes colombiens pour Mosckus:
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=v8HU4qxbC_k[/youtube]

Une dose de personalité

La dose personelle de “drogue” a été interdite en Colombie… la folie répressive du gouvernement actuel. Zero prévention, 100% répression. C’est beau: on tape, on enferme etc. C’est assez généralisé comme comportement, pas forcément efficace mais bien à  la mode.
On limite les libertés individuelles, que ce soit sur la thématique de l’homosexualité, de l’avortement, de la consommation de drogue… les “valeurs catholiques” sont revenue au grand galot en Colombie.
Alors pour ceux qui veulent montrer qu’on à  le droit d’être soi-même et que cela n’empêchera pas les curés de prier, faite un tour le vendredi 26 mars à  la 85 # 15 à  18h. Plus d’info ici.

élection: on prend les mêmes et on recommence

Le pouvoir legislatif (sénat et congrès) a été remplacé ce dimanche. Enfin ceux qui n’était pas en prison. Les résultats, même encore provisoire, ne sont pas une grande surprise.
Les deux partis qui se veulent de la lignée d’Uribe remporte facilement le plus grand nombre de sièges. Il faut cependant noter qu’aucun des deux partis n’obtient la majorité, il leur faudra donc s’allier. Uribe ne pouvant être candidat à  la présidence, on peut esperer que les deux partis ne soient pas toujours d’accord et donc que le futur gouvernement en place soit, au moins de temps en temps, obliger de discuter ses politiques.
Le parti “Cambio radical” (aussi à  droite) souffre d’une belle défaite, pour avoir tenté la voie “sans Uribe”… Les libéraux se mantiennent. Et le polo démocratique, alliance de gauche, n’ayant toujours pas réussit à  mettre à  plat ses différences internes, perd un ou deux sièges.
Le panorama politique reste plus ou moins identique, on peut s’attendre à  retrouver 20% des nouveaux élus sous les verrous d’ici quelque temps. Sans compter ceux qui échappent à  la justice…. et ils sont surement aussi nombreux. Les groupes paramilitaires détiennent toujours une grande partie du congrès. Les gagnants ne s’en plaignent pas.
La seule nouveauté, qui peut apporter une lueur de débat est l’entrée en jeu d’un nouveau parti: “partido verde” composé de figures indépendantes de la politique colombienne. Les 3 anciens maires de Bogotà¡ (Mokus, Peà±alosa et Lucho) en tête ont réussit à  placer plusieurs sénateurs… Mais c’est pas encore garanti que cette équipe de caractériels soit capable de s’entendre sur le long terme!

La court dit NON

il fut un jour où, en Colombie, un sauveur arriva. IL promit mont et merveille, richesse et paix. IL convainc la majorité, repoussant les méchants dans les contrées éloignées et inhospitalière du pays. IL profita d’une bonne conjoncture économique qui lui permit de mener à  bien une guerre sans fin, mais personne, à  part ses amis et sa famille ne profita vraiment de cette augmentation de capital. Ses sous-fifres se chargeront même de redistribuer les impôts des pauvres aux riches familles propriétaires.
Ses soldats, poussés par les primes qu’IL leur promirent, tueront sauvagement des milliers de jeunes innocent, les faisant passer pour des membres de la force du mal. Ses généraux violeur de droit de l’homme et alliés du narcotrafic furent promut aux postes d’ambassadeurs.
IL continua sa croisée, modifiant la constitution écrite par ses ancêtres, et réduit a néant le système de santé, limita la liberté de la presse, mis sur écoute tous ses opposants. IL, toujours omniprésent, réussit a s’approprier tous les pouvoirs, ou presque. L’exécutif et le législatif sont totalement sous son contrôle. Les différentes institutions sécuritaire, économique, sociale, etc dépendent de sa parole. Une partie de la justice est aussi à  sa botte, mais heureusement pas toute.
La court constitutionnelle lui a dit non. IL voulait rester, encore et encore, peut être même pour toujours, ses amis avaient organisé une campagne pour récolter des millions de signatures pour organiser un référendum. Cette campagne entachée de corruption en tout genre a fini sa course dans les mains de la justice.
Comme IL l’a admis lui même, l’Etat de Droit est au dessus de la l’Etat d’opinion, la majorité n’est pas au-dessus des lois.
Uribe ne pourra pas faire de 3e mandat, une nouvelle vie politique commence. Il reste 3 mois avant les élections, trois mois pour débattre, trois mois pour convaincre de la vivacité démocratique d’un pays. Uribe laissera des traces. Le pays est en crise économique, crise diplomatique, crise social, son système de santé est au bord de l’explosion, les paramilitaires se sont réarmés, les FARC sont toujours là , la violence a repris de plus belle dans les campagnes. Les Etats Unis diminuent leur aide.
Uribe est passé, j’espère qu’il ne reviendra pas.

On est mal

Uribe aujourd’hui: “je lutterai depuis n’importe quelles tranchées jusqu’au dernier jour de ma vie”
J’ai envie de dire que Chavez dirait pas mieux, Castro non plus. Mais Uribe est de droite alors, on peut pas le critiquer de la même manière. Depuis la gauche on appelle les dictateurs de droite des facho, et depuis la droite des cocos. Uribe est de droite, c’est donc un facho… enfin depuis la gauche sinon c’est un messie. Du coup mon gros problème c’est que je ne sais pas comment on peut définir ces dictateurs en herbe depuis le centre. Ceci est, bien sûr, une pure reflexion scientifique…

Livre sur la Colombie

Il est assez difficile de trouver des livres sur la situation colombienne qui ne soit pas des récits d’otages qui tombe amoureux puis qui ne s’aiment plus et finalement qui se retrouve à  la fin et qui se présente au sénat. La complexité du « cas » colombien ne rend pas facile l’analyse et fatigue très vite le lecteur… le sujet n’est pas vraiment à  la mode dans les milieux académiques. Bref quand on en trouve un on est content. Et moi j’en ai trouvé un nouveau, enfin on me l’a trouvé… « Le conflit armé en Colombie et la communauté internationale » de Pietro Lazzeri, aux éditions l’Harmattan. C’est une étude sérieuse et complète, sans être mortellement académique, à  mon sens il est abordable par un public intéressé. Il fait le point, un peu d’histoire interne, et une analyse du rôle des acteurs étrangers en Colombie.
Il est sorti en 2004, entre temps Uribe est presque déjà  devenu un dictateur et il s’est passé mille trucs mais rien à  changé, le livre est donc une excellente façon de se mettre au point sur le sujet.

PS : En bonus il y a une préface du regretté prof. Pierre du Bois de l’institut de relations internationales de Genève.

Un amical soir glauque

Un soir de semaine, début de semaine en général, je retrouve mon pote. Nous avons pris cette habitude, et nous buvons une petite bière devant le couché de soleil précoce de Bogotà¡. Le rouge sang du ciel nous donne souvent envie de faire durer le plaisir, refaire le monde est tout un art, c’est long et ca doit l’être sinon ca n’a pas de sens. On se prépare donc quelque chose à  manger, simple, et on s’achète une bouteille de rhum. La ville s’endort devant les bais vitrée de mon salon, et nous continuons jusqu’à  la mort naturelle de la bouteille. La soirée s’arrête, mon pote appelle un taxi, on se reverra à  la fin de la semaine, pour faire la fête cette fois.
Mais ce soir là  est différent, c’est son anniversaire, et une fête pour l’occasion est prévu le vendredi. Alors le mardi, pas grand monde n’est chaud pour sortir. Il vient chez moi. Comme d’habitude, nous partageons une bière devant mes baies vitrée du 10e étage. Le rhum ne nous motive pas, la haute cuisine non plus. Nous retrouvons la rue et nous commençons notre quête, de tienda en tienda*. On marchera une trentaine de rues, buvant une bière à  chacune d’entre elle. On partage aussi un hamburger et un hot dog au coin de la rue. La nuit avance, surement plus vite que nous, et à  3h les derniers refuges ferment leurs portes, nous sommes ivres dans des ruelles perdues de Bogotà¡. Il est temps pour nous de retrouver nos demeures, le monde a largement été refait, et continue de tourner.

*petit magasin où on trouve en général des cigarettes, de l’alcool et toutes sortes de conneries inimaginables…