La fête de l’Espagnol

Après le congrès de l’Académie de la Langue Espagnole qui s’est déroulé à  Medellin la semaine dernière et a approuvé la nouvelle Grammaire de l’Espagnol, voici le congrès de la Langue Espagnole qui débute à  Carthagène. 1200 académiciens vont discuter du présent et du futur de la langue. L’espagnol est la 4e langue la plus parlée dans le monde après le Chinois, l’Anglais et l’Hindou.

Ce congrès a débuté en hommage à  Gabriel Garcà­a Marquez (qui vient de fêter ses 80 ans). Le roi d’Espagne et Bill Clinton sont en première ligne pour cet événement. Clinton a dit a plusieurs reprises qu’il était un fan de Gabo; c’est même, selon lui, son héro de la littérature. Plein d’autres personnalités de la littérature espagnole sont présentes: àlvaro Mutis, Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa, Tomas Eloy Martà­nez, Antonio Muà±oz Molina etc. etc.

à‡a en fait du monde qui passe par la Colombie!!!

Zorro est de retour

eglise.JPGL’histoire de Zorro est bien connue et revenir dessus serait une erreur de ma part, je ne pourrais que mal la décrire. Pourtant cela ne m’empêche pas de m’intéresser de très prêt à  la renaissance de ce personnage. Le week-end dernier était prolongé, alors je me suis dis qu’il fallait que je me lance dans un reportage spécial pour ce blog. Je suis donc parti visiter le lieu de tournage de cette super-telenovela qui se déroule en Colombie. Pour filmer les aventure de Zorro, les producteurs ont choisi Villa de Leyva. C’est un village absolument magnifique, classé patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Sans aucun doute un des plus beau du pays.

Pour le tournage, il a été nécessaire de faire quelques ajustements, notamment sur la place centrale. On avait l’habitude la voir toute peinte de blanc (voir photo), mais voilà  les producteurs trouvaient l’ensemble un peu trop “moderne” alors, moyennant un somme bien rondelette, le village à  été repeint.

Bien sûr, comme c’est un patrimoine de l’humanité ils doivent le repeindre en blanc après le tournage. Mais ça n’a pas empêché quelques râleurs de crier au scandale.
Faut pas exagérer, c’est Zorro après tout.

Bon d’accord, à  Villa de Leyva j’ai passé 4 jours à  dormir, boire et manger…. J’ai pas du tout vu Zorro.

La nouvelle diplomatie

_42707113_araujo2203bodyafp.jpgLe nouveau ministre des Affaires étrangères, Fernando Araujo commence sa carrière en force. Il invente une nouvelle méthode pour les relations diplomatiques. La dernière grande proposition de réforme, depuis adoptée, avait été proposée par un président des Etats-Unis après la première guerre mondiale. En effet Wilson proposait dans ses 14 points de mettre fin à  la diplomatie des alliances secrète. Le temps des alliances de Bismark terminaient alors avec la première guerre mondiale. Mais voilà , après presque un siècle, Mr Araujo s’est sûrement dit que les diplomates devaient s’ennuyer, il propose une nouvelle forme de diplomatie: l’anecdote!

Un ami me disait toujours, en voyage : une heure, une anecdote. à‡a tombe bien parce que Araujo a passé 6 ans en voyage (forcé, et sûrement très dur), donc il a plein d’anecdotes. Il a fait part de ses premières histoires à  Washington. Tout d’abord pour défendre le plan Colombie et amadouer les députés US. J’avoue que je ne suis pas sur que cela fonctionne bien longtemps.

Mais la meilleure il a dit un peu après, selon son expérience Chavez serait le chef spirituel des FARC.
Il base ses accusations sur sa vie avec les FARC (comme détenu), il dit que les guérilleros
admirent Chavez. Il soutient alors que l’action de Chavez permet à  cette guérilla son développement en Colombie.

L’anecdote est mal passée, non seulement le gouvernement vénézuélien demande des explications, mais Uribe n’est pas non plus très content, Araujo a été rappelé à  l’ordre. Le Venezuela reste quand même le principal partenaire économique de la Colombie.

La diplomatie basée sur l’anecdote a relativement mal débutée, mais soyons patient, Wilson n’avait pas reçu un appui unanime à  ses débuts. Encore moins dans son pays.

Les para-bananes

para-bananeOui, depuis quelques temps on invente plein de nouveaux mots en Colombie. Après les paramilitaires, la para-politique, la para-manifestation, la para-telenovela, le para-football voici la para-banane!
Qu’est-ce que c’est? Facile, une entreprise de production de bananes qui s’est lancé dans la production de paramilitaires.

Depuis la création des AUC en 1997, la multinationale étasunienne a commencé à  financer le groupe illégal. Plusieurs centaines de versements ont été effectués, représentant au final la modique somme de 1,7 million de dollars.

Banadex, la filiale de Chiquita en Colombie est devenue le premier contributeur des paramilitaires, avec l’accord du siège à  New York. Mais, comme si cela ne suffisait pas, elle a aussi participé à  l’armement de ce groupe. En novembre 2001 elle procède à  la livraison de 3400 fusils AK 47 et 4 millions de cartouches. Selon Castaà±o (chef des AUC, aujourd’hui mort) c’était leur meilleur coup. Le tout a pu se réaliser à  grand coup de corruption des fonctionnaires locaux.

L’entreprise se défend en disant que c’était pour sa protection et celle de ses employés. Pourtant la région d’implantation de la firme a été le théâtre de massacres et d’assassinats perpétrés par les paramilitaires, même parmi les employés de Chiquita… sûrement des contestataires.
Malgré le classement en 2001 par les Etats-Unis des AUC comme organisation terroriste, l’entreprise va continuer les versements se rendant coupable de crime fédéral.

C’est finalement pour cette raison que l’entreprise sera jugée aux Etats-Unis, et non en Colombie, où on est toujours pas prêt à  enquêter sur la responsabilité du secteur privé dans le conflit.

En 2003 l’enquête contre Chiquita commence, principalement grâce à  deux journalistes colombien et étasunien. Comme par hasard peu de temps de temps après Chiquita vend Banadex, sa filiale colombienne à  Banacol. Mais elle aussi est soupçonnée de financer les groupes illégaux.

Chiquita s’en sort avec une amende de 25 millions de dollars, pour l’instant. Ce cas n’est bien sûr pas isolé, mais c’est le premier jugement. Il faut maintenant espérer que la justice colombienne se lance dans la brèche ouverte par les Etats-Unis et ouvre des enquêtes sur la responsabilité du secteur privé.

On pourrait alors inventer des nouveaux mots: para-entreprise, para-impresario, voir même para-PDG…

Une belle leçon

Même si l’actualité du jour n’est pas à  la visite de l’Allemagne mais à  celle de Bill Gates, je voulais revenir sur un point qui m’a semblé intéressant.

Sans entrer dans les détails du contenu de la visite, la comparaison de la forme de sa visite avec celle du président Bush est assez parlante. Bien sûr ce n’est pas comparable, les menaces ne sont pas les mêmes, les intérêts non plus, pourtant…

Bush a fait fermer la moitié de la ville, il n’a mis le nez dehors que lorsqu’il était dans l’enceinte du palais présidentiel, son carrosse était tellement blindé qu’il aurait même résisté à  une attaque nucléaire. Il est resté à  peine 6 heures sur le territoire.

Finalement sa visite ne laisse qu’une trace, celle de la sécurité.

Avec Mr Koehler c’était tout l’inverse. Non seulement la ville a fonctionné normalement, il est resté plusieurs jours, mais en plus il a été se promener dans les quartiers du centre, visiter l’ institut Goethe etc. Plusieurs impresarios ont fait le voyage avec lui, tranquille, venant faire des affaires d’une manière tout à  fait normale. Mais, et ça c’est la cerise sur le gâteau, il a parlé de développement, d’environnement, de responsabilité sociale… tout ça en soutenant certains efforts du président Uribe. Fait vraiment intéressant, pour une fois quelqu’un reconnait un certain mérite au président, en critiquant (de manière douce) une partie de son programme. Tout n’est pas blanc, ni noir, le manichéisme de Bush n’est pas la solution… celui de la France (par rapport à  la Colombie) ne l’est pas non plus!

Merci Mr Koehler.

Quand ce n’est pas le Président c’est le Vice…

…Président qui s’emballe. Mr Uribe est depuis quelques jours très occupé, après avoir reçu Mr Bush, il reçoit Mr Koehler, chef de l’Etat allemand et il doit ensuite retrouver Mr Gate à  Carthagène. Tout ceci ne lui laisse pas de temps pour faire des déclarations fracassantes, s’emballer et accuser l’opposition de tous les maux du monde. Mais il ne faut pas qu’on se fasse du souci, il a toujours avec lui son Vice-président, qui sert, comme son nom l’indique, à  le remplacer dans les moments de surmenage.

Mr Santos, ancien journaliste et directeur du journal El tiempo dont sa famille est propriétaire (ce n’est pas pour rien que je l’appelle le journal officiel!), nous a fait part de ses capacités pour remplacer le Président ces derniers jours.

La première, et la meilleure, est son accusation contre Mr Gaviria, président du Polo (parti de l’opposition) d’avoir recommandé à  l’ELN d’arrêter les négociations avec le gouvernement… fait, logiquement, nié par le concerné. La paix est un thème de tous les Colombiens, les divergences de partis n’ont pas leur place ici. Ensuite le porte parole de l’ELN a aussi nié, comme ceux qui étaient présents à  la réunion où les soi-disant propos auraient été tenu.

Bref, quand on n’a rien à  dire Mr Santos, vaut mieux fermer sa gueule…

La suivante est moins flagrante mais est tout de même intéressante. Mr Santos est parti à  Genève, au Conseil des Droits de l’Homme. Comme d’habitude, le représentant de la Colombie fait un petit discours. C’est fois c’était Mr Santos. Il a demandé que le conseil, avec sa réforme en cours, prenne en compte la particularité des pays… c’est bien connu, les Colombiens n’ont pas les mêmes droits fondamentaux que les Chinois.

Il a aussi profité pour attaquer les rapporteurs spéciaux des Nations Unies. D’abord celui des peuples indigènes qui, lors d’une visite en Equateur a osé prendre position sur les effets de la fumigation en Colombie. Les fumigations s’arrêtent à  la frontière, c’est bien connu que dans cette région il n’y a pas de vent. Le nitreroglesaretofate (produit hautement corrosif!) ne traverse jamais la frontière.

Pour terminer il attaque le groupe de travail (de l’Onu) sur l’utilisation des mercenaires. Eux alors, ils n’ont pas du tout respecté leur mandat, alors qu’ils étaient de visite en Equateur, ils ont aussi parlé de la Colombie. La première question qui me vient à  l’esprit serait de savoir pourquoi cette frontière est tellement poreuse ? Si même les informations traversent je n’ose pas imaginer les mercenaires.

En plus, sans vouloir jouer les troubles fêtes, le rapport en question, il ferait mieux de le lire, parce qu’il ne dit pas de mal de la Colombie, il fait simplement des comparaisons avec des faits mentionnés dans la presse colombienne.

Alors c’était simplement sa manière de dire qu’il refusait la visite officielle du groupe de travail sur les mercenaires? Si c’est le cas c’est dommage, parce que c’était pour le bien-être des Colombiens qui se font sauvagement exploiter en Irak pour 1000 dollars.

Tinto, por favor!

cafe.JPGQuoi de meilleur qu’un bon tinto (café noir en Colombie) après le repas de midi pour être prêt pour une bonne sieste! A mon sens un bon café est irremplaçable et ça tombe bien, la Colombie est le deuxième exportateur mondial de café, après le Brésil. Mais contrairement à  celui-ci la Colombie exporte surtout du café de qualité supérieure.
Les régions de culture principales se trouvent dans la cordillère centrale et de l’est. Les plantations les plus importantes se trouvent dans la chaîne de montagnes moyenne à  Medellà­n, Armenia et Manizales.

L’arbre de café nécessite entre 3 et 4 ans avant de pouvoir produire. Ensuite sa production est d’environ 500 grammes à  l’année. Lorsqu’il est bien rouge il est ramassé, puis dépulpé (à  l’aide d’une machine). Il est lavé (ce qui, paraît-il, relève son arôme) et enfin séché.

Pourtant pendant longtemps il était difficile de consommer du bon café en Colombie, mais maintenant ce n’est plus du tout le cas: Juan Valdez le célèbre paysan qui se promène avec sa mule à  travers le monde, (il est même présent à  Time Square entre Coca Cola et Mac Donald) et Oma se chargent de nous fournir les meilleurs grains… pour le plus grand plaisir de nos papilles!

Bush en Amérique Latine: la Colombie à la loupe

_42538371_070205usabody.jpgLe président Bush entame une tournée en Amérique Latine où il va visiter le Brésil, l’Uruguay, la Colombie, le Guatemala et le Mexique. Il vient faire un tour de courtoisie, parler des inégalités et de la pauvreté. Le changement de rhétorique est flagrant, cela fait 6 ans qu’il ne parle que de lutte anti-terroriste et d’accord économique.

Bush tente dans le social, et bien qu’il se défende de vouloir faire de la concurrence à  Chavez, il est difficile de ne pas voir une petite volonté de récupérer la part de l’influence perdue dans son jardin. Certains ont même appelé son voyage la “tournée anti-Chavez”

Dans un même temps Bush a annoncé une forte diminution de l’aide apportée au continent, les deux dernières années l’apport était de 722 millions de dollars, il a cette fois demandé au congrès 443 millions de dollars. Bien sûr les diminutions touchent les fonds de développement alternatif, l’argent dédié à  la lutte contre le narcotrafic et les guérillas ne diminue pas. Par exemple le Pérou perd 20 millions de dollars d’aide, l’Equateur perd un million, le Brésil passe de 6 à  1 million…

imagen-3462041-1.jpgPour certains analystes, c’est une preuve de plus que le gouvernement de Bush laisse de côté l’Amérique Latine et se concentre au moyen orient. La visite était là  pour faire passer la pilule. Pourtant il est difficile d’imaginer que le gouvernement des Etats-Unis veut vraiment négliger l’Amérique Latine, toutes les négociations autour des différents traités économiques nous disent le contraire. Simplement le budget des USA n’est pas vraiment extensible et l’Amérique Latine n’est pas dans une situation de détresse infinie, au contraire, les résultats économiques sont, dans l’ensemble, plutôt bon.

La Colombie est le seul pays où l’aide ne diminue pas et la visite du président Bush arrive à  un moment critique dans les relations entre les deux pays. Uribe est considéré, à  juste titre, comme le meilleur allié. Cependant depuis que le scandale de la para-politique (le Washington-post parle de para-gate) est entré au congrès des Etats-Unis les déclarations contre le gouvernement colombien se font de plus en plus fréquentes. La présidente du congrès a même réalisé une réunion avec des ONG pour avoir un autre point de vue sur les négociations entre le gouvernement colombien et les paramilitaires. La démission de la ministre des affaires étrangère pour les liens de toutes sa famille avec les paramilitaires n’est pas passé inaperçu. Certains démocrates ont déjà  annoncé que le vote du traité de libre échange se compliquera, de même le Plan Colombie.

Le sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis a même annoncé que son gouvernement serait content si un échange humanitaire avec les FARC avait lieu. Uribe s’y oppose férocement.

La dernière histoire en date est la phrase du vice-ministre du travail colombien, disant que les syndicalistes (menacés de mort) exagèrent en dénonçant leurs menaces, et que ceci promeut la violence et le sang. Cette petite phrase, pourtant très commune ici, n’a pas été au goût du représentant de la Chambre des Etats-Unis, qui a demandé une rectification immédiate. Comme il le dit, c’est typiquement ce genre de déclarations qui nous font douter du respect des droits l’homme en Colombie.

Bogotà¡ sous haute surveillancePourtant le climat entre les deux présidents est toujours bon et leurs discussions ne devraient pas tourner autour des paramilitaires. Alors la visite de Bush en Colombie ne sert pas à  grand-chose. Celui qu’il faut convaincre que le gouvernement colombien n’a rien à  voir avec les paramilitaires c’est le congrès des Etats-Unis pas son président, et cela s’annonce plus compliqué.