Musée de l’Or

Bogotà¡ est une ville d’altitude où le beau temps n’est pas vraiment constant. Après avoir eu 2 mois et demi de plus ou moins beau nous avons retrouvé le bonheur de la pluie, j’en avais déjà  parlé mais je ne pensais pas que la “saison du beau” était si courte. Un ami anglais me dit que c’est pire que Londres … j’avoue que je commence à  le croire!

Heureusement Bogotà¡ est une ville où les activités ne manquent pas, entre les cinés, théâtres et musées il y a de quoi s’occuper. Alors en ce dimanche pluvieux nous sommes retourné visiter el Museo del Oro, le musée qui possède la plus grande collection du monde de pièce en or.

representation de la scène d'intronisation du cacique

La majorité des pièces en exposition sont d’une beauté à  vous couper le souffle même après plusieurs visites. De plus la présentations faite par civilisation permet de retracer une partie de l’histoire de la Colombie. Sans aucun doute les Muiscas (région de Bogotà¡) sont les plus perfectionnistes dans leur travail de l’or et la célèbre légende de l’El Dorado se fonde sur une de leur coutume d’intronisation d’un cacique qui devait s’immerger, entièrement couvert de poudre d’or, dans la lacune de Guatavita près de Bogotà¡.
photo par Fab.

140000

140’000 personnes pour le troisième et dernier jour du festival rock de Bogotà¡. Depuis samedi une quarantaine de groupes se sont présentés lors du plus grand festival de rock en plein air d’Amérique Latine. Chaque jour était représentatif d’un style différent, on a d’abord eu droit au métal, ensuite au punk, et pour terminer au ska.

L’ambiance était agréable même si les règles de sécurité frôlaient l’absurde, on devait entrer à  pieds nus, pour montrer patte blanche! Et bien sûr la police manquait fondamentalement d’humour, un jeune provocateur voulant faire le malin s’est déshabillé et a tenté de passer le contrôle en caleçon, le pauvre s’est fait sortir à  coups de matraques!
Mais on peut comprendre la tension de la police, la veille (dimanche) un groupe de punks a réussi à  blesser 7 policiers.

Les groupes invités étaient autant de la scène locale qu’international, parmi eux on a pu voir Fear Factory (USA) ou El sie7e, il faut aussi noté la participation de Manu Chao qui nous a fait l’honneur de 2 concerts. Tout d’abord en compagnie de Dr Krapula (star local de Ska); les deux sont apparemment intimes et ont décidé de lancer le projet Seikywia (proyecto seikywia) qui se consacre au soutien des indigènes pour qu’ils fassent valoir leurs droits.

Ensuite Manu Chao est revenu le soir pour le final du festival, et son concert a déchaîné 140000 personnes pendant une heure et demie!
Il ne nous reste plus qu’à  espérer qu’il sorte un album (genre “radio seikywia“) et qu’il réussisse à  rendre la Colombie à  la mode…

En Avant!!!

Il y a quelques années Bogotà¡ était encore un lieu vraiment hostile pour les homosexuels. L’homosexualité était considérée comme un délit, alors la police pouvait les embarquer. C’est bien connu: les forces de l’ordre travaillent avec zèle lorsqu’il s’agit de “tare social”.

Selon certains témoignages les homos se faisaient embarquer et emmener dans les montagnes environnantes pour être déshabillé et lavé à  l’eau froide (à  3000 mètres d’altitude). Ensuite la police les abandonnait laissant avec leurs habits quelques kilomètres plus bas.

Dans certains quartiers où la présence paramilitaires reste forte les homos sont susceptibles de se faire tuer… ils appellent ça le nettoyage social. L’extrême droite a toujours eu beaucoup d’imagination.

Petit à  petit les choses changent, jamais assez vite bien sûr, mais au moins elle change. La mairie de Bogotà¡ a lancé une nouvelle politique publique en faveur des droits des homos : “Bogotà¡ Territoire de Diversité”

Même s’il ne faut pas espérer de changement du jour au lendemain on peut se réjouir de la reconnaissance officielle d’une transformation de la mentalité déjà  en cour.

On a déjà  pu voir une campagne d’affichage dans toute la ville appelant au respect malgré les protestations de l’église catholique.

La liberté avance, l’église recule.

On pourrait utiliser la même phrase de conclusion pour le résultat du jugement qui opposait l’église et la revue pour homme Soho. Une photo représentant la dernière cène avec une femme au sein nu à  la place de Marie Magdeleine (ou Jean selon la version) était à  l’origine de la discorde. Le tribunal a préféré la liberté d’expression comme valeur de la société colombienne … on ne peut que s’en réjouir.

Dans le même ordre d’idée la cour constitutionnelle, ultime instance juridique du pays, avait autorisé l’avortement il y a peu de temps, elle va un peu plus loin aujourd’hui en enlevant la possibilité aux institutions médicales de refuser l’avortement pour raison de conscience dans les cas de viols, malformation du fétus et de danger pour la femme.

Les choses bougent et on ne peut que s’en réjouir!

La mode

L’Amérique du Sud est vraiment une source d’inspiration sans fond, chaque heure représente une anecdote: l’Ambassadeur des Etats-Unis qui vient voir le Maire de Bogotà¡ car sa femme à  perdu son chien, le président Uribe qui réveille, à  2h du matin, toute la troupe de la garde présidentielle pour aller faire du cheval dans un parc de la ville, les histoires de séquestrations rocambolesques, etc. etc.

Une autre histoire fabuleuse est celle du Pérou, qui dans deux jours élit son nouveau président. Le choix doit être dur pour les Péruviens, je compatis sincèrement. Devoir élire soit un truand qui a déjà  montré sa capacité à  ruiner le pays à  la fin des années 80 soit un nationaliste à  moitié fou connu pour considérer les droits de l’homme comme superflus et les homosexuels de trop. Ollanta est un ex-militaire, paraît-il violent, qui veut suivre la vague bolivarienne et à  ce titre il est largement soutenu par Chavez.

La campagne péruvienne ne veut plus rien dire, tout le monde fait son petit commentaire: Chavez veut rompre ses relations avec le Pérou si le truand Garcia est élu; Fujimori, libéré sous caution, on ne sait pas pourquoi, fait sa politique depuis le Chili. Alan Garcia accuse Chavez d’envoyer des hommes pour perturber les élections, et bien sûr les uns accusent les autres de corruption et vice versa. à‡a ne s’annonce pas très joli.

On peut aussi parler de Chavez qui continue sa course à  l’armement. Il veut se défendre contre l’invasion des Etats-Unis, qui devrait entrer par le territoire colombien. Bien logiquement ça fait peur aux Colombiens, car même s’ils ont le meilleur armement de la région (directement fourni par les US à  travers le plan Colombie) on ne sait jamais ce qui peut se passer, peut-être que Chavez va craquer et lancer une attaque préventive….

Finalement à  Bogotà¡, c’est repos, on fait les comptes après les élections, et finalement tout le monde est content sauf les libéraux de Serpa, pour qui les résultats sont un peu durs à  avaler. La gauche festoie, elle n’a jamais eu autant de voix… Uribe prépare son nouveau gouvernement, ce qui ne va pas être très facile tellement de gens l’ont soutenu et il faut tous les remercier.

Mais, après cette petite mise en bouche politique, je me suis dit qu’il fallait que je parle d’autre chose, j’ai reçu des critiques: la politique, les conflits, les blabla et la vie alors? Ouais c’est vrai, surtout que les anecdotes sont tout aussi croustillantes, entre les entrées et sorties du Transmilleno qui ressemble plus au tournage de Godzilla qu’à  une scène de vie courante.

De plus je me suis souvenu que j’avais promis à  certains(es) suite à  la “dinde attitude” paru dans le Comet que je ferais une petite rubrique sur la mode à  Bogotà¡. La providence m’aidant, cette semaine était la semaine de la mode avec un certain nombre de défilés. Le temps de trouver 2 invitations (en VIP bien sûr!) et nous voilà  embarqués pour l’aventure des défilés. Les places VIP sont un échec, on voit bien mieux dans les normales mais bon on fait avec. Il y a une série de stylistes qui présentent leurs collections automne/hiver 2007. La première, Pepa Pombo est la plus intéressante, sa collection bien colorée, comme à  son habitude, est agréable à  regarder. Elle arrive à  combiner les couleurs d’une manière spectaculaire. La suite sera beaucoup plus triste le gris et le noir sont de rigueur, peu d’extravagance, certaines veste de Julieta Suà¡rez ont des coupes sympathiques mais rien de folichon.

Mais le plus triste de la soirée a été, pour moi, les mannequins. La mode européenne est arrivée jusqu’ici… les anorexiques, blondes, sans forme sont majoritaires. La musique est aussi top tendance, ambiance loundge, parfait pour s’endormir. Bref j’ai faim et je rêve d’une petite empanada pour me sauver de l’ennui. Après 2 heures on craque et on se sauve, la conclusion est que finalement la politique nous paraît plus divertissante, mais pour les motivées la semaine prochaine il y le fameux colombiamoda 2006 à  Medellin, sûrement magnifique, mais on n’ira pas…

Il pleut il pleut et il pleut!

C’est incroyable, on m’avait promis les tropiques et me voilà  dans les montagnes avec du froid et de la pluie. Bogotà¡ s’élève à  2600 mètres d’altitude, comme le dit le slogan c’est 2600 mètres plus près des étoiles. Si on vous invite à  vivre au sommet de l’Himalaya et qu’on vous dit que c’est 8000 mètres plus près des étoiles, ça beau être joli vous y réfléchirez à  deux fois. Certes, la ville est sympathique mais n’oubliez pas votre petite laine, sortez couvert comme dirait maman.

Il n’empêche que toute cette eau venue du ciel ne représente pas la divinité qui vient nous sauver des futures crises que va engendrer cette ressource naturelle. Le problème est que si on ne compte pas sur une divinité pour nous sauver du futur manque d’eau, sur qui pouvons nous compter? Sur l’Etat? Sur le marché? En tout cas la décision qu’on prise nos gouvernements est de compter sur une divinité… rassurons-nous elle devrait arriver.

Au forum mondial de l’eau à  Mexico les gouvernements se réunissaient pour parler, souvenez vous il y a deux mois, c’est paru dans le journal à  la même page que les annonces pour la vente de voitures.

Ils ont parlé… et ils ont conclu…qu’on allait droit dans le mur mais que leurs politiques étaient les bonnes. C’est un peu comme l’équipe de foot de Marseille, quand ils perdent ils ne changent rien pour être sûr de bien comprendre pourquoi ils perdent.
Le résultat est que la Banque Mondiale, les gouvernements Européens et Nord Américains ont juré sur la force du marché pour régler le problème. La théorie économique nous dit que le marché se régule automatiquement, il faut donc tout simplement attendre que ce divin marché veuille bien fixer le prix du patrimoine naturel pour que la défense de celui-ci devienne effective. L’économie est très belle sur le papier et les bases théoriques sont nécessaires pour comprendre le fonctionnement d’une économie mais en ce qui concerne sa capacité à  nous assurer un futur plein de verdure j’ai encore quelques doutes.

Alors attendons qu’une belle divinité veuille bien nous sauver et nous apporter de l’eau, comme Lucifer l’a fait avec la lumière et Prométhée avec le feu.

L’autre possibilité sera d’écouter un peu ce qu’on appelle la “société civile” c’est à  dire les ONG et autre groupement de ce genre. Mais imaginez si elles ont raison, il faudra admettre que le marché ne fonctionne pas tout seul, elles gagneront en crédibilité et il faudra leur donner une représentation plus forte…

Pour ça il faut qu’on soit vraiment sûr de se tromper, on ne changera d’équipe qu’au moment où on sera vraiment sûr à  100% qu’on se trompe.
C’est incroyable ce qu’on peut apprendre en regardant le foot!

Désarmer Bogotá?

Légaliser le port d’arme pour mieux contrôler les armes en circulation? Ou interdire toutes armes sauf celles des forces de l’ordre?

La gauche démocrate semble avoir résolu la question: le Maire de Bogotà¡, Lucho Garzà³n a envie de désarmer la ville et pour cela il est en train de mettre en place un référendum.

Le but est que le peuple puisse faire contrepoids à  un gouvernement et un congrès conservateurs. Les conservateurs, avec les militaires, ne veulent en aucun cas d’une interdiction de port d’armes. Plusieurs raisons sont invoquées, la principale est que tout le monde possède le droit à  se défendre. Il est relativement facile de savoir à  quoi nous mène ce genre d’idées. Il suffit de comparer le nombre de meurtres entre les pays où le port d’arme est autorisé avec ceux où il est illégal. Michael Moore, dans le film Bowling For Colombine, nous montre le cas des Etats-Unis, tristement célèbre. Le film Elephant est un autre exemple. L’Organisation Mondiale de la Santé a fait une étude qui montre que les armes n’apportent en aucun cas plus de sécurité à  celui qui la porte mais au contraire elles augmentent le risque qu’un simple vol se transforme en un fait fatal. Ceci semble logique.

Les militaires s’opposent à  cette interdiction est le revenu rapporte la vente des armes et surtout des permis. Les permis représentent environ 1800 millions de pesos (720 000 €) par année, cette somme permettrait aux militaires de maintenir en état tous leurs logements. Ceux-ci contestent et prétendent que cela ne représente que 5% de tous leurs revenus.

Cependant la Mairie de Bogotà¡ ne base sa volonté ni sur des questions d’argent ni sur la comparaison avec d’autres pays mais simplement sur le fait que les vols et les attaques sont de plus en plus souvent avec armes. Le problème est qu’en Colombie il est, apparemment, relativement facile de trouver des armes sur le marché noir. Deux raisons à  cela: la première, évidente, est due au conflit présent, la seconde est un peu plus complexe et donne un argument de choc pour défendre cette proposition. Les permis de port d’arme doivent être renouvelés régulièrement et coûtent cher, de plus si cela n’est pas fait dans les temps l’amende est lourde. Alors, ce qui se passe souvent est que les possesseurs d’armes les déclarent volées et les revendent au marché noir. Le résultat statistique est lourd: pour 100 armes en circulation on estime que seules 15 sont légales.

Le but de ce blog n’est pas de militer pour la politique du maire (de plus je doute avoir un quelconque impact) j’espère vraiment que cette proposition sera entendue pour tenter, tout au moins, un pas vers une ville plus paisible!

Festival à Bogotá

Défilé d'inaugurationSamedi dernier, 1 avril, le dixième Festival Iberoaméricain de Théâtre a débuté par un magnifique défilé dans les rues de Bogotà¡. On a pu admirer, parmi d’autre, le carnaval Blancos y Negros de Pasto (Colombie), le carnaval de Barranquilla (Colombie) ou encore le carnaval de d’Oruro (Bolivie) qui a été déclaré Patrimoine Oral de l’Humanité par l’UNESCO. Même la police chargée de la sécurité du défilée était maquillée et a profité du défilé.

C’est le plus grand festival de théâtre du monde, il réuni des groupes de théâtre, bien sûr mais aussi de danse et de musique qui proviennent de 45 pays. Toute la ville va être animée pendant 17 jours avec des représentations dans les parcs, les cinés, les théâtres etc. Depuis 18 ans (il a lieu tous les deux ans) Bogotà¡ se transforme en la capital du monde artistique avec des spectacles impressionnants et bien souvent unique.

Cette année l’invité d’honneur est la Russie, mère patrie du théâtre moderne, les pays des Balkans, ayant suivis la tradition sont les invités spéciaux

Alors pendant plus de 2 semaines le théâtre va être au coeur de la ville et dans le coeur de la population, un bon moment de paix et de plaisir pour montrer à  tout le monde que la Colombie est un pays magnifique!

site officiel

Transmilenio

Un bus, de toutes les couleurs, dévale la pente à  toute allure, il est poursuivi par un gigantesque nuage de poussière. La route est étroite et sinueuse, elle paraît interminable. Le bus est rempli à  craquer, les gens s’accrochent comme ils peuvent aux barres d’acier, qui elles-mêmes ont du mal à  rester fixées au plafond. Sur le toit, les valises côtoient les sacs de patates et les chèvres, le tout est amarré sommairement. La musique est à  plein volume, tellement fort que le son devient inaudible, les gens doivent crier pour tenter de discuter … C’est un peu une boîte de nuit sur roues, avec un inconscient au volant. On a le coeur qui palpite, de joie ou de peur. L’aventure sud-américaine bat son plein…

Si cela vous fait rêver, Bogotà¡ ne sera qu’une étape car ce n’est pas ici que vous trouverez ce fameux cliché.

Bogotà¡ est une métropole, ses 6,5 millions d’habitants se déplacent majoritairement en bus, mais les chèvres sur le toit et la musique à  fond sont des variables d’un autre temps. La ville a doté ses habitants d’un système de transport relativement moderne. Il fonctionne comme un métro : c’est-à -dire qu’on paye à  l’entrée et ensuite il existe un réseau avec différentes stations et lignes qui s’entrecroisent. Simplement ce n’est pas un métro, ni un train, … mais un bus. Les bus sont exactement les mêmes qu’on trouve à  Genève ou à  Paris. Tout beaux, tout neufs et les utilisateurs en prennent bien soin. C’est leur Transmilenio!

TransmilenioIl a été créé dans le but de diminuer le niveau de pollution de la ville et fait partie d’un programme du protocole de Kyoto. Il faut dire que l’ancien système (qui existe encore dans certains quartiers) n’était pas des plus écolo. C’était une série de petits bus, cars ou vans super vieux et qui crachaient un monstrueux nuage de fumée noire …

Les seules différences, qui peuvent surprendre le touriste, résident dans les éléments qui entourent ces bus. Tout d’abord, à  chaque entrée, il y a un ou deux militaires qui surveillent et fouillent éventuellement les sacs. Mais pour quelqu’un qui passe plus de deux semaines en Colombie cela devient vite normal, à  chaque fois qu’on entre dans un bar, un centre commercial ou un bâtiment public on passe par cette étape.

Ensuite l’entrée et la sortie du bus est une épopée : le service n’est pas encore tout à  fait suffisamment développé, alors il manque parfois un peu de place. Les gens s’emboutissent souvent sans laisser l’opportunité à  ceux qui désirent sortir de réaliser leur souhait.

Un certain nombre de publicités tentent d’expliquer qu’il est préférable de laisser sortir les autres avant de monter à  bord … je crois que cela devrait arriver le jour où il y aura suffisamment de bus.

Pour l’instant on parle de Transmi lleno* et moi ça me fait bien rire !

*lleno veut dire plein, en espagnol

Le site et ses photos