Bogotá: un record contre les armes!

imagen-3549705-1.JPG50’000 étudiants se donnent la main sur 25 kilomètres pour protester contre les morts violentes qui touchent la ville. Cette manifestation symbolique et historique, est un guiness. C’est aussi et surtout un appel aux groupes illégaux, présent en ville, à  arrêter de faire “chier”. La belle action, pacifique, est partie d’Usme, le quartier le plus au sud de la ville, pour aller jusqu’à  la station du transmilenio Heroe, dans le nord.

Il faut rappeler que dans des quartiers comme Ciudad Bolivar (sud de Bogotà¡) il existe un couvre-feu à  18h imposé par les paramilitaires… à  partir de 22h la sortie peut être mortelle.

PS: un ps juste pour les touristes: pas de soucis vous n’irez jamais à  Ciudad Bolivar, à  moins que quelqu’un vous y emmène… n’oublions pas que Bogotà¡ est une ville bien plus sûr que Caracas (par exemple)!

Maru

Ce texte est la suite du quatrième épisode et la fin d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel. Je tiens à  présicer que c’est rélllement l’histoire de Maru, et qu’elle a insisté pour qu’on utilise son vrai nom par envie de faire connaître son histoire. Histoire qui se répète relativement fréquemment…

“J’étais une pute mais je suis la preuve que l’on n’est pas condamné à  l’humiliation”

Elle reprend son travail d’hôtesse là  où elle l’avait laissé, dans un bordel voisin du club “La Piscine“, véritable institution de la débauche à  Bogota. C’est pour elle le réapprentissage d’un rythme infernal alcool, bazuco, travail sexuel. Au bout de quelques mois, elle fait cependant la rencontre d’une association de la zone, qui travaille auprès des habitants de rue et des personnes prostituées, et qui lui propose de collaborer avec elle sur certaines de ses activités de prévention. Exténuée par l’incandescence dans laquelle son existence se consume à  feu doux, Maru se sent véritablement investie d’une responsabilité vis-à -vis de ses soeurs dans le quartier, surtout vis-à -vis des plus jeunes qui y débarquent chaque semaine, ces gamines qui pour certaines ont à  peine l’âge de ses filles restées à  Medellin.

Elle commence à  s’engager activement dans les activités de prévention autour du VIH, de la réduction de la toxicomanie dans la zone, elle entreprend d’organiser les prostituées de la zone pour faire valoir leurs droits vis-à -vis des pouvoirs publics, des patrons d’établissements, des clients… Elle reprend aussi le chemin de l’école tous les matins, après ses nuits à  rallonge au tapin, dans un programme gouvernemental de formation pour adultes, où elle finit par obtenir son bachillerato, baccalauréat colombien. Au bout de quelques mois de collaboration informelle sur le terrain, l’association finit par lui proposer un emploi de coordinatrice des activités de mise en réseau dans la zone, une aubaine pour cette figure emblématique du quartier, connue de tous, des prostituées, des clients, de la police, mais surtout des différentes institutions publiques et privées qui y travaillent autour de la réduction des risques.

Cette emploi va permettre à  Maru d’envisager pour la première fois une véritable alternative à  la prostitution, concrète celle là , pas la poudre aux yeux des châteaux en Espagne. Pendant 3 ans, elle va y consacrer toute son énergie, tentant de prouver autour d’elle qu’il est possible de rompre cette dynamique vicieuse et avec les dérives qui l’accompagne. Elle va mobiliser, informer, rassembler, témoigner au quotidien de son expérience pour matérialiser aux yeux des autres frangines, des travestis, des habitants de rue, la possibilité de se reconstruire personnellement. “Moi aussi, j’étais une pute mais je suis la preuve que l’on n’est pas condamné à  l’humiliation” comme elle aime à  le répéter fièrement à  celles qui sont encore de l’autre côté du trottoir. Dans l’association Maru va également connaître l’amour, le vrai, pour la première fois, à  44 ans, après avoir été la demoiselle de déshonneur de tant d’hommes pendant 5 années. Elle va apprendre à  construire des projets à  deux, se rapprocher de ses filles à  grand coup de confessions et de dialogue pour regagner peu à  peu ses galons de mère de famille.

Nouveau départ…

Après ces 3 années à  écumer les rues du quartier au service des autres, Maru a décidé d’aller reconstruire sa vie de famille au Venezuela, là  où ses deux ainées se sont installées avec leurs maris. Elle va y emmener sa fille cadette de 18 ans, pour rattraper les années perdues ensemble, la voir grandir enfin. Là -bas, en famille, ils vont monter un commerce de nourriture colombienne à  destination de la diaspora établie en nombre de l’autre côté de la frontière. Un projet qui angoisse déjà  Maru mais qui signifie pour elle qu’une page s’est tournée, qu’une nouvelle vie commence, enfin.

Ce 31 janvier 2007, elle quittera [a quitté] Bogota, elle laissera derrière elle cette énergie incroyable, le témoignage d’une femme de caractère qui a réussi à  se défaire des griffes du quartier Santa Fé, qui est parvenue à  accepter dignement son passé et à  le transformer en un exemple à  suivre pour les trop nombreuses “soeurs” qui resteront ici. Ce soir là  les phares blancs des taxis reprendront leur ballet régulier, déchirant d’un éclair la nuit glauque et pesante. Les anonymes d’une nuit partiront un à  un au bras des femmes vagabondes, monnayer en silence leurs plaisirs éphémères.

Texte complet

Case prison, case départ

Ce texte est la suite du troisième épisode d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel.

Alors le patron bienveillant lui propose un nouvel “emploi”, pour la récompenser qu’il dit, en Allemagne cette fois. Le réseau est bien implanté, il recycle les travailleuses sexuelles d’un pays à  l’autre, s’échange des “africaines” contre des “latinos”, au gré des envies des clients, de la tendance d’un marché du sexe en plein essor et en pleine diversification sur le Vieux Continent. Maru débarque donc en Allemagne avec 2000 euros en liquide dans sa valise, de quoi entrevoir une certaine stabilité pour l’avenir. Elle reprend le chemin du bordel dès son arrivée à  Frankfurt, accompagnée d’une de ses “soeurs”, comme elle nomme affectueusement ses compagnes de galère.

L’aventure tourne court. Après seulement 25 jours de service, la police locale débarque dans le bordel où elle exerce. Ils embarquent toutes les personnes en situation irrégulière comme elle, c’est-à -dire à  peu près toutes les étrangères établies ici sans papiers valables : filles de l’Est, africaines, latino-américaines. Direction la prison fédérale. Maru va y côtoyer d’autres étrangères pour qui l’aventure s’est terminée brutalement dans des conditions similaires. Jugée en comparution immédiate, elle hérite d’1 mois de prison ferme, et est surtout condamnée à  être expulsée manu militari une fois la peine purgée. Elle va donc faire l’expérience de la prison, dans un pays dont elle ignore tout jusqu’à  la langue, et qui vient surtout de mettre à  terre son Eldorado européen. Viol collectif organisé par ses compagnes de cellule lors de sa première nuit, violence physique et morale des toxicos ou anciennes prostituées, trafic de drogue entre gardiennes et détenues, journées de ménage de 8 heures payées 1 dollar pour s’aérer l’esprit et sortir de la cellule, Maru ressort traumatisée de son passage derrière les barreaux. Au mois de juillet 2003, elle est renvoyée par charter chez elle en Colombie, évidemment sans l’argent qu’elle avait amassé, confisqué par les services de police lors de son arrestation. A son arrivée à  l’aéroport de Bogota, elle doit simplement signer une décharge confirmant son expulsion d’Allemagne, qui au passage la prive définitivement de toute obtention future de visa pour l’espace Schengen. Elle repart en taxi vers un improbable avenir. Pour elle pas d’autre issue à  entrevoir pour préparer sa réinsertion rapide en Colombie: elle reprend le chemin des bordels du quartier Santa Fé. 5 mois après, c’est donc le retour à  la case départ.

Fait chaud!

Bogotà¡, depuis le parc Simon Bolivar

L’actualité française tourne beaucoup autour de l’environnement ces derniers temps. Nicolas Hulot fait signer son pacte à  tout le monde, Chirac tente une sortie onusienne en beauté et l’hiver s’est vraiment fait attendre. L’environnement est (enfin) devenu un thème important pour les médias. C’est bien!

Il nous reste à  espérer que le pacte Hulot serve à  quelque chose, que l’ONU de l’environnement se crée avant que New York soit sous les eaux et qu’on éteigne la tour Eiffel plus que 5 minutes.

A Bogotà¡ on a aussi droit à  la semaine environnement: El Tiempo a mis en ligne pendant une semaine un “dossier” qui ne disait rien mais qui montrait une photo d’un iceberg avec deux gros ours blanc à  la dérive… cela voulait tout dire, mais au moins ils en ont parlé. Il faut dire que les gens commencent à  se préoccuper. On a droit à  des températures record en ville, les cultures sèchent et de nombreux d’incendies ravagent le pays. Au jour d’aujourd’hui 13′000 hectares ont brulé, et comme le dit le ministre de l’environnement le gros problème c’est qu’on est pas du tout équipé. En matière de lutte contre le feu la Colombie a 40 ans de retard.

C’est maintenant qu’une petite aide du grand voisin du nord sera la bienvenue, pour une fois Uribe pourrait demander autre chose que des armes…

Le plus triste de l’histoire est que depuis deux mois j’étais super content, je pouvais enfin profiter de la ville avec du soleil. Cela faisait un an et demi que j’attendais ça. Errer dans le parc Simon Bolivar, véritable poumon au milieu de la ville (un peu comme Central Park à  New York), était un véritable plaisir. Maintenant ça sent le brûlé.

La tentation du large

Ce texte est la suite du deuxième épisode d’une série titrée “Un regard sur la prostitution en Colombie: Maru, princesse du quartier Santa Fe à  Bogotà¡â€ écrit par Sablebel.

2002 représente un véritable tournant pour elle. Enfin c’est ce qu’elle croit entrevoir. Des “amis” de circonstance lui proposent de se faire la malle pour l’Espagne, pour de bon. Tous frais payés qu’ils disent. Pas besoin de galérer pour les démarches et les papiers qu’ils promettent. Elle aura juste à  travailler pour eux pendant 3 mois à  son arrivée, là  où ils lui ont trouvé du boulot, histoire de rembourser les 15 millions de pesos qu’ils auront déboursés pour elle en avance. Fausses lettres d’accueil, faux contrat de travail, des promesses plein la tête, des projets plein les valises. Le rêve européen est en marche.

L’endroit en question où ils lui ont débusqué un travail, comme ils disent, n’est rien moins qu’un des plus grands bordels de Galice. Une boîte de nuit où se pressent tous les week-ends près de 2500 personnes, discrètement “pris en charge” par environ 250 prostituées venues de tous horizons, principalement d’Amérique Latine, dont environ 70% de colombiennes, mais aussi d’Europe de l’Est pour la touche exotique sans doute.

La filière est grossière, comme dans la plupart des pays d’Amérique Latine me direz-vous, là  où les colombiennes viennent chaque année gonfler les rangs des “filles de joie” payées sèchement. La chair de latino est également particulièrement appréciée de ce côté de l’Atlantique. Maru y découvre la violence et les propositions indécentes de clients persuadés d’être dans leur bon droit, elle y apprend les cadences infernales, près de 40 passes par nuit, pour rembourser sa dette dans les 3 mois impartis. Une pression insupportable de la part des “amis” colombiens établis ici pour contrôler le bout de la filière.

Les filles sont logées dans des hébergements collectifs. Pas de bon de sortie, elles doivent rester cachées pendant 3 mois à  l’abri des regards, surtout si elles veulent rêver à  de nouvelles alternatives une fois les 3 mois écoulés et la quille en poche. Et pas question de s’échapper entre-temps, la filière n’a quand même pas oublié de prendre les contacts de leurs familles restées en Colombie, au cas où. Au bout des 3 mois, Maru s’est bien débrouillée, très bien même, son patron est même fier d’elle, c’est une des premières à  avoir remboursé sa dette aussi rapidement. Il faut dire qu’elle plait aux hommes, elle sait s’y prendre en amour paraît-il, de quoi les faire revenir d’une semaine sur l’autre. Alors ils lui donnent son bon de sortie. Mais après avoir goûté à  des salaires européens rapidement gagnés, difficile de revenir dans le civil, payée au lance-pierre.

Journée sans voiture

Journée sans voiture (El tiempo)Aujourd’hui Bogotà¡ est une ville sans voiture. Enfin presque, car il y a quand même 40’000 taxis et 14’000 bus. Le trafic est plus fluide et la pollution diminue de plus de la moitié. La seule chose qui ne change pas c’est le bruit immonde de ces bus pourri. Le transmilenio fonctionne parfaitement mais le réseau est loin d’être complet alors il existe toujours une quantité énorme de petits bus qui tombent en ruine, polluent un max (le jour où ils ont fait grève la pollution à  aussi diminué de moitié) et conduisent n’importe comment.

Aujourd’hui c’est un peu “leur journée”, c’est triste à  dire mais en fin de compte les chauffeurs de bus sont bien content, ils peuvent même faire des course entre eux. L’invention de la journée sans voiture n’a bien sûr pas ce but et chaque année le débat autour de cette journée fait rage. Les détracteurs parlent des pertes économiques soit disant immense et du transmi encore plus plein que plein. Mais cette journée a été décidé par référendum en 2000 et finalement améliore la vie de 75% de la population, alors profitons pour sortir nos vélos!