La nouvelle diplomatie

_42707113_araujo2203bodyafp.jpgLe nouveau ministre des Affaires étrangères, Fernando Araujo commence sa carrière en force. Il invente une nouvelle méthode pour les relations diplomatiques. La dernière grande proposition de réforme, depuis adoptée, avait été proposée par un président des Etats-Unis après la première guerre mondiale. En effet Wilson proposait dans ses 14 points de mettre fin à  la diplomatie des alliances secrète. Le temps des alliances de Bismark terminaient alors avec la première guerre mondiale. Mais voilà , après presque un siècle, Mr Araujo s’est sûrement dit que les diplomates devaient s’ennuyer, il propose une nouvelle forme de diplomatie: l’anecdote!

Un ami me disait toujours, en voyage : une heure, une anecdote. à‡a tombe bien parce que Araujo a passé 6 ans en voyage (forcé, et sûrement très dur), donc il a plein d’anecdotes. Il a fait part de ses premières histoires à  Washington. Tout d’abord pour défendre le plan Colombie et amadouer les députés US. J’avoue que je ne suis pas sur que cela fonctionne bien longtemps.

Mais la meilleure il a dit un peu après, selon son expérience Chavez serait le chef spirituel des FARC.
Il base ses accusations sur sa vie avec les FARC (comme détenu), il dit que les guérilleros
admirent Chavez. Il soutient alors que l’action de Chavez permet à  cette guérilla son développement en Colombie.

L’anecdote est mal passée, non seulement le gouvernement vénézuélien demande des explications, mais Uribe n’est pas non plus très content, Araujo a été rappelé à  l’ordre. Le Venezuela reste quand même le principal partenaire économique de la Colombie.

La diplomatie basée sur l’anecdote a relativement mal débutée, mais soyons patient, Wilson n’avait pas reçu un appui unanime à  ses débuts. Encore moins dans son pays.

Les para-bananes

para-bananeOui, depuis quelques temps on invente plein de nouveaux mots en Colombie. Après les paramilitaires, la para-politique, la para-manifestation, la para-telenovela, le para-football voici la para-banane!
Qu’est-ce que c’est? Facile, une entreprise de production de bananes qui s’est lancé dans la production de paramilitaires.

Depuis la création des AUC en 1997, la multinationale étasunienne a commencé à  financer le groupe illégal. Plusieurs centaines de versements ont été effectués, représentant au final la modique somme de 1,7 million de dollars.

Banadex, la filiale de Chiquita en Colombie est devenue le premier contributeur des paramilitaires, avec l’accord du siège à  New York. Mais, comme si cela ne suffisait pas, elle a aussi participé à  l’armement de ce groupe. En novembre 2001 elle procède à  la livraison de 3400 fusils AK 47 et 4 millions de cartouches. Selon Castaà±o (chef des AUC, aujourd’hui mort) c’était leur meilleur coup. Le tout a pu se réaliser à  grand coup de corruption des fonctionnaires locaux.

L’entreprise se défend en disant que c’était pour sa protection et celle de ses employés. Pourtant la région d’implantation de la firme a été le théâtre de massacres et d’assassinats perpétrés par les paramilitaires, même parmi les employés de Chiquita… sûrement des contestataires.
Malgré le classement en 2001 par les Etats-Unis des AUC comme organisation terroriste, l’entreprise va continuer les versements se rendant coupable de crime fédéral.

C’est finalement pour cette raison que l’entreprise sera jugée aux Etats-Unis, et non en Colombie, où on est toujours pas prêt à  enquêter sur la responsabilité du secteur privé dans le conflit.

En 2003 l’enquête contre Chiquita commence, principalement grâce à  deux journalistes colombien et étasunien. Comme par hasard peu de temps de temps après Chiquita vend Banadex, sa filiale colombienne à  Banacol. Mais elle aussi est soupçonnée de financer les groupes illégaux.

Chiquita s’en sort avec une amende de 25 millions de dollars, pour l’instant. Ce cas n’est bien sûr pas isolé, mais c’est le premier jugement. Il faut maintenant espérer que la justice colombienne se lance dans la brèche ouverte par les Etats-Unis et ouvre des enquêtes sur la responsabilité du secteur privé.

On pourrait alors inventer des nouveaux mots: para-entreprise, para-impresario, voir même para-PDG…