L’insécurité démocratique 2

Un autre bilan suite aux 4 années de la politique de sécurité démocratique du président Uribe, tout aussi glorieux que le premier….

Le rapport vient cette fois de la fondation pour la liberté de la presse (FLIP).

On peut voir une augmentation des dénonciations des menaces contre les journalistes, pendant le seul premier semestre 2006 il y a eu 72 violations de la liberté de la presse et un journaliste a été tué.
Dans la région de Arauca, la police ne laisse pas sortir les journalistes du centre urbain, et ils sont toujours accompagnés d’escorte.

Les élections sont bien sûr l’explication de cette augmentation de menaces pendant ce semestre, jusque là  rien de nouveau. Il faut simplement remarquer que les menaces sont venues suite à  la volonté d’écrire sur les paramilitaire. Aucune critique de la démobilisation n’a été possible et pas non plus de la politique de sécurité démocratique. Dans ce contexte, sans aucun point de vue dissident, on comprend mieux comment Uribe arrive à  obtenir 60%.

Le rapport nous dit aussi que la majorité des menaces proviennent des paramilitaires démobilisés…

La justice n’aide pas non plus, les cas n’ont pas avancés. Les assassinats ne sont pas résolus et les menaces sont souvent classées sans suite. La seule manière sûre d’être et de rester journaliste est l’autocensure… La sécurité démocratique montre à  nouveau son antidémocratisme, la seule façon d’être en sécurité est de se taire.

L’insécurité démocratique 1

Le bilan des quatre années de sécurité démocratique du président Uribe s’avère de plus en plus difficile à  défendre.
On a entendu mille fois que le président était merveilleux (999 fois dans les éditoriaux du journal El Tiempo) et que la situation économique était presque bien, mais lorsqu’on se plonge un peu plus dans les analyses académiques on se pose quelques questions.
L’économie est censée être la deuxième meilleure réussite du “prophète”. Cependant, un rapport de l’Université Nacional nous explique dans un peu plus de 100 pages comment et pourquoi le gouvernement n’a pas su mettre à  profit la conjoncture favorable mondiale et américaine.
Certes la croissance du pays avoisine les 5% ces quatre dernière années et il ne faut pas nier un certain progrès, cependant la concentration des richesses a encore augmenté, atteignant le même niveau que les années 30. Le problème de la pauvreté est loin, très loin de pouvoir se résoudre… il empire. Il est clair pour tout le monde que les problèmes d’inégalités ne pourront pas changer, même avec une croissance de 5% si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires.

De plus, croire que la croissance est le fruit de la politique du gouvernement est un autre rêve, une rapide comparaison des croissances avec les pays voisins nous montre que la Colombie est à  la traîne (presque tous ont une moyenne au dessus de 6%).
On peut aussi remarquer que l’énorme flux de dollars dans le pays est une conséquence de la politique monétaire des Etats Unis et non d’un changement d’intérêt. Les taux sont restés stables et les investissements sont à  très grande majorité des investissements en portafolio, c’est à  dire à  court terme et volatiles.

Bref, l’économie colombienne a retrouvé son niveau d’avant crise (1999) mais n’ayant réaliser aucune réforme réelle elle n’a pas su profiter de cette fabuleuse envolée économique… la meilleure depuis 20 ans.

Mexique: la vague rose ne déferlera pas!

Calderon, nouveau président du MexiqueAprès deux jours de comptage on connaît enfin le nouveau président du Mexique. Le conservateur Felipe Calderon a été choisi par les Mexicains pour diriger le pays pour les 6 prochaines années.

La voie du libéralisme s’impose face à  la vague rose qui déferlait jusque là  en Amérique Latine. Pourtant le choix est loin d’être clair car le représentant de la gauche, Lopez Obrador suit de très près le candidat conservateur.

Obrador voulait mener une politique en faveur des pauvres, dans un pays où la moitié de la population vit avec moins de cinq dollars par jour. Ce rêve s’est arrêté, ou en tout cas mis en pause car la politique à  venir sera plus en faveur des entreprises et des investissements étrangers qu’en faveur des pauvres.

Mais la vraie victoire de ce jour fut celle de la démocratie, car les Mexicains se sont déplacés en masse, certains traversant la frontière pour aller voter. Le mouvement fut tellement grand que certains bureaux de vote ont manqué de bulletins.

Felipe Calderon ne prendra ses fonctions que le 1er décembre pour un mandat de six ans non renouvelable. Son principal défi devrait être la lutte contre la pauvreté, qui touche la moitié des 103 millions de Mexicains mais aussi la lutte contre l’insécurité.

Il succède à  Vicente Fox qui avait porté de nombreux espoirs de réformes, le résultat est mitigé car le pays est encore plus divisé. Les résultats économiques sont relativement bons, comme presque tous les pays d’Amérique Latine, la croissance est de retour et l’inflation se porte bien. Cependant les statistiques économiques ne peuvent s’arrêter à  la simple croissance. Le cas du Mexique est un exemple en la matière, l’intégration économique avec la première puissance économique mondiale a dopé les chiffres des exportations et de la croissance, cependant la situation du Mexicain moyen n’a guère changé.

On est confronté toujours au problème de la concentration de la richesse, et le fossé entre les riches et les pauvres se creuse.

Bref le nouveau président a du pain sur la planche, notamment tous les échecs de Vicente Fox: “Je n’ai pas réussi à  faire approuver la réforme fiscale, ni celle de l’énergie, ni celle des retraites. Ce sera au prochain gouvernement d’y parvenir car ces réformes sont très importantes. Tout comme il devra accélérer les créations d’emplois et les efforts en matière de santé et d’éducation.”


Le 2e pas d’Evo Morales

Les Boliviens ont élu ce dimanche 255 membres pour rédiger une nouvelle Constitution pour leur pays. Le MAS, parti d’Evo Morales est annoncé gagnant. D’après les premiers résultats il obtiendrait la majorité, mais une alliance sera nécessaire pour assurer la votation de la constitution approuvée à  la majorité des 2 tiers.

Evo Morales avait commencé fort avec la nationalisation des hydrocarbures et les différents programmes de stabilité du travail, de redistribution des terres, d’alphabétisation et de gratuité des soins. Il peut maintenant faire un deuxième pas.

Ecrire une nouvelle constitution donne la possibilité au gouvernement de graver la réforme agraire qui permet de transférer des terres publiques aux paysans, ainsi que l’appropriation des terres mal exploitées. Le but de cette nouvelle constitution est aussi d’offrir aux mouvements civiques un droit de regard sur les dépenses gouvernementales.

Elle permet enfin, comme le rappelle le journal el Deber, de terminer avec les derniers restes de la colonisation espagnole. Les institutions boliviennes suivent encore le modèle ibérique et l’élite gouvernante du pays était, avant l’arrivée d’Evo Morales, des descendants d’espagnols.

Ce même jour les Boliviens étaient appelés à  s’exprimer sur l’autonomie des départements. L’initiative vient du département de Santa Cruz, le plus riche du pays qui veut en finir avec le centralisme pesant de La Paz.

L’idée est gênante pour Evo Morales, car il aurait perdu une partie de sa marge de manoeuvre, il a donc milité contre, tout en assurant qu’il respecterait les résultats. Mais la question ne se pose plus car le référendum a été approuvé dans seulement 4 des 9 départements boliviens, le non l’emporte au niveau national.

Evo Morales a donc obtenu ce dimanche l’appui de son peuple, qui continue à  voir en lui la réponse pour plus de justice et d’égalité.