La Lutte Antidrogue: l’échec colombien

La Colombie est une fois encore à  la tête des classements, à  la pointe de la technologie!

Sa lutte contre la drogue se poursuit et le nombre d’hectares détruit est chaque fois plus grand. En 2005 elle a même établi un nouveau record, plus de 170’000 hectares réduit en cendre. Réduit en cendre car la majeure partie de l’éradication se fait à  l’aide de la fumigation. Cependant et malheureusement la technique n’est pas vraiment efficace: le nombre d’hectares de culture a à  nouveau augmenté après 4 ans de diminution; on approche les 160’000 hectares de culture.

La fumigation a simplement réussi l’éclatement des zones de culture mais pas la diminution. Une critique rapide serait de dire que sans la fumigation ce serait pire, mais en regardant les autres exemples de lutte contre les cultures illicites en Bolivie et au Pérou on peut observer des résultats intéressants. L’éradication est un mal nécessaire, cependant elle peut être faite manuellement ce qui est tout aussi efficace et surtout moins polluant. Néanmoins le plus important est de proposer une alternative.

Les politiques suivies par les voisins andins sont à  priori plus efficaces, en tout cas ils ont réussi une diminution de 8 % en Bolivie et de 4 % au Pérou.

Le cas se vérifie aussi en Colombie, dans le département de Norte de Santander, au nord du pays. Un programme de substitution de culture a été mis en place. Le résultat a suivi, on note la plus grosse diminution d’hectares de culture.

Les producteurs de cocaïne, toujours à  la pointe, ont réussi à  augmenter leur productivité ce qui leur permet de battre, pour la 3e année consécutive, le record de production de pâte de cocaïne. La Colombie en produit 640 tonnes, c’est à  dire 70% de la production mondiale.

Le plus triste de l’histoire est que le gouvernement actuel vient de promettre à  Washington qu’il ordonnerait plus de fumigation. Il faut croire que les analyses, les études et les expériences de tous ne servent pas à  grand chose. Le gouvernement préfère continuer à  polluer plutôt que de se remettre en question.

Même la CIA a commencé à  émettre des réserves sur l’efficacité de la fumigation, elle constate que la quantité d’hectares cultivés ne descend pas en dessous d’un certain seuil, fixé par la demande…

Le problème devrait sûrement être abordé autant du côté de l’offre que celui de la demande, deux faces d’une même pièce. Mais ça aussi cela fait longtemps qu’on le sait !

La Démocratie en Amérique Latine

Ces derniers temps l’Amérique du Sud est redevenue à  la mode, on lit de plus en plus d’articles concernant ce continent. L’élection de la gauche dans la quasi totalité de la région suscite de nombreuses prises de position, l’unique président de droite est Uribe en Colombie. Mais dans cette vague rose il existe autant de président que de manière de gouverner à  gauche.

Pourtant un trait commun est bien présent dans l’histoire récente de l’Amérique du Sud. La période de démocratisation a débuté à  la fin des années 70.

L’arrivée du président Carter aux USA et sa politique de respect des droits de l’homme a modifié le jeu politique. L’appui aux dictatures cesse et la transition vers la démocratie commence. Celle-ci est, bien souvent, une collaboration entre les militaires et les forces conservatrices. On assiste à  un pacte entre les différentes élites pour prendre et conserver le pouvoir. Le but est bien sûr de ne pas perdre les différents privilèges acquis durant toutes ces années.

Dans les mêmes années une crise économique fait rage, les années 80 sont marquées par la crise de la dette, qui touche très fortement les pays sud-américains. Ces pays doivent changer leur modèle économique, passer d’un système protectionniste, de substitution des importations, à  une ouverture au marché mondial. Le paquet de réformes, connu sous le nom du “consensus de Washington” est imposé par le FMI. Le résultat de cette diminution de l’intervention de l’Etat va se faire d’une manière rapide et brusque, ce qui va entraîner une crise sociale. La population perd beaucoup de son pouvoir d’achat, les inégalités, déjà  énormes se creusent.

Des mouvements sociaux commencent à  apparaître et les syndicats s’organisent. Mais, comme les élites gouvernent de manière exclusive, ces mouvements n’ont aucun accès au pouvoir. Ils restent exclus du système.

Au fil des années la contestation progresse, mais les solutions proposées par les gouvernements en place sont toujours les mêmes : libéraliser, privatiser et ouvrir le marché. Les problèmes ne se résolvent pas.

A la fin des années 90, les crises sociales réussissent plusieurs fois à  faire tomber les gouvernements, et finalement dans de nombreux pays les représentants des mouvements sociaux prennent le pouvoir.

L’arrivée de ces mouvements correspond à  un rejet du système existant, incapable de résoudre les problèmes de la population. Ce rejet se transforme alors en désaveu de la démocratie. Une enquête du PNUD de 2004 nous dit que presque 60% de la population pense que la démocratie ne peut pas résoudre leurs problèmes. Cette part importante de la population serait prête à  céder quelques unes de ces libertés fondamentales pour obtenir plus de justice sociale et résoudre ces problèmes économiques.

L’élection de Chavez, de Morales et les 45% de Ollanta proviennent en grande partie du rejet d’un système associé au néolibéralisme et aux conservateurs. Mais en fin de compte, dans le cas du Venezuela et probablement de la Bolivie on assite à  un virement à  360° car leur gouvernement exclut une part de la population de toute initiative.

Le Brésil de par son système qui oblige tout parti à  faire une coalition pour accéder au pouvoir, n’est pas tombé dans cet excès et l’image de l’Etat auprès de la population s’en sortira sûrement renforcée, contrairement aux autres.

Alan, le retour

Il n’est plus nécessaire d’attendre le résultat officiel du 11 juin pour affirmer qu’Alan Garcia est, à  nouveau, le président du Pérou. Il a été choisi comme moindre mal face à  Humala Ollanta, ex-militaire décrit comme le “Chavez Péruvien” et soupçonné d’aventuriste dans ses propositions.

Garcia a promis qu’il avait mûri depuis son dernier mandat de président qui prit fin en 1990 et qui est considéré comme le pire de l’histoire péruvienne. Il explique cela en disant qu’il n’avait que 35 ans et que son parti n’avait pas gouverné depuis plus de 50 ans. Le résultat a été environ 3000% d’inflation; il était préférable alors de courir acheter du matériel lorsqu’on recevait un salaire pour pas qu’il ne se déprécie pas trop.

Ensuite Garcia a fui le pays car il était accusé de corruption et de violation des droits de l’homme. Il a échappé au jugement pour être resté suffisamment longtemps en dehors du pays mais les accusations de corruption ont été démontrées.
La mise en garde est donnée, le quotidien libéral de Lima Peru 21
titre: “Ce n’est pas un chèque en blanc, M. Garcia”.

Son mandat s’annonce difficile; il va devoir construire une majorité parlementaire, son parti n’a que 36 sièges sur les 120 du Congrès, même Ollanta en a obtenu 45. De plus au vu de son passé il est fort possible que les élus réfléchiront à  deux fois avant de le soutenir.


Malgré tout le Pérou suit la tendance sud-américaine et penche à  gauche, Garcia comme social-démocrate devrait s’inscrire dans le mouvement modéré de la gauche suivant les pas de Lula. Il reste à  savoir si avec le peu de crédibilité et de soutien qu’il possède il va pouvoir réellement effectuer une quelconque réforme dans ce pays fracturé par les inégalités sociales malgré une excellente croissance économique ces dernières années.

La mode

L’Amérique du Sud est vraiment une source d’inspiration sans fond, chaque heure représente une anecdote: l’Ambassadeur des Etats-Unis qui vient voir le Maire de Bogotà¡ car sa femme à  perdu son chien, le président Uribe qui réveille, à  2h du matin, toute la troupe de la garde présidentielle pour aller faire du cheval dans un parc de la ville, les histoires de séquestrations rocambolesques, etc. etc.

Une autre histoire fabuleuse est celle du Pérou, qui dans deux jours élit son nouveau président. Le choix doit être dur pour les Péruviens, je compatis sincèrement. Devoir élire soit un truand qui a déjà  montré sa capacité à  ruiner le pays à  la fin des années 80 soit un nationaliste à  moitié fou connu pour considérer les droits de l’homme comme superflus et les homosexuels de trop. Ollanta est un ex-militaire, paraît-il violent, qui veut suivre la vague bolivarienne et à  ce titre il est largement soutenu par Chavez.

La campagne péruvienne ne veut plus rien dire, tout le monde fait son petit commentaire: Chavez veut rompre ses relations avec le Pérou si le truand Garcia est élu; Fujimori, libéré sous caution, on ne sait pas pourquoi, fait sa politique depuis le Chili. Alan Garcia accuse Chavez d’envoyer des hommes pour perturber les élections, et bien sûr les uns accusent les autres de corruption et vice versa. à‡a ne s’annonce pas très joli.

On peut aussi parler de Chavez qui continue sa course à  l’armement. Il veut se défendre contre l’invasion des Etats-Unis, qui devrait entrer par le territoire colombien. Bien logiquement ça fait peur aux Colombiens, car même s’ils ont le meilleur armement de la région (directement fourni par les US à  travers le plan Colombie) on ne sait jamais ce qui peut se passer, peut-être que Chavez va craquer et lancer une attaque préventive….

Finalement à  Bogotà¡, c’est repos, on fait les comptes après les élections, et finalement tout le monde est content sauf les libéraux de Serpa, pour qui les résultats sont un peu durs à  avaler. La gauche festoie, elle n’a jamais eu autant de voix… Uribe prépare son nouveau gouvernement, ce qui ne va pas être très facile tellement de gens l’ont soutenu et il faut tous les remercier.

Mais, après cette petite mise en bouche politique, je me suis dit qu’il fallait que je parle d’autre chose, j’ai reçu des critiques: la politique, les conflits, les blabla et la vie alors? Ouais c’est vrai, surtout que les anecdotes sont tout aussi croustillantes, entre les entrées et sorties du Transmilleno qui ressemble plus au tournage de Godzilla qu’à  une scène de vie courante.

De plus je me suis souvenu que j’avais promis à  certains(es) suite à  la “dinde attitude” paru dans le Comet que je ferais une petite rubrique sur la mode à  Bogotà¡. La providence m’aidant, cette semaine était la semaine de la mode avec un certain nombre de défilés. Le temps de trouver 2 invitations (en VIP bien sûr!) et nous voilà  embarqués pour l’aventure des défilés. Les places VIP sont un échec, on voit bien mieux dans les normales mais bon on fait avec. Il y a une série de stylistes qui présentent leurs collections automne/hiver 2007. La première, Pepa Pombo est la plus intéressante, sa collection bien colorée, comme à  son habitude, est agréable à  regarder. Elle arrive à  combiner les couleurs d’une manière spectaculaire. La suite sera beaucoup plus triste le gris et le noir sont de rigueur, peu d’extravagance, certaines veste de Julieta Suà¡rez ont des coupes sympathiques mais rien de folichon.

Mais le plus triste de la soirée a été, pour moi, les mannequins. La mode européenne est arrivée jusqu’ici… les anorexiques, blondes, sans forme sont majoritaires. La musique est aussi top tendance, ambiance loundge, parfait pour s’endormir. Bref j’ai faim et je rêve d’une petite empanada pour me sauver de l’ennui. Après 2 heures on craque et on se sauve, la conclusion est que finalement la politique nous paraît plus divertissante, mais pour les motivées la semaine prochaine il y le fameux colombiamoda 2006 à  Medellin, sûrement magnifique, mais on n’ira pas…