Uribe réélu

Pour la première fois dans l’histoire de la Colombie un président est réélu. La victoire du président sortant est écrasante, 62 %, C’est aussi un record dans l’histoire, à  l’exception de l’époque où il y avait un candidat unique.

Uribe a été plébiscité selon El Tiempo après la campagne la plus ennuyante de l’histoire mais aussi la moins violente. On peut même sans trop de risque nommer Uribe comme responsable de ces 2 faits. Sa politique de sécurité démocratique ne respecte pas les droits de l’homme; elle a cependant permis de sécurisé le pays ce qui n’est pas négligeable.

L’ennui de la campagne est aussi une réussite d’Uribe, il n’a voulu participer à  aucun débat. Mais hier c’était sa journée, et il l’a conclue en beauté. Son discours était aussi bien que son résultat. Quel dommage qu’il ne nous ait pas fait profiter de ces capacités d’orateur pendant la campagne, préférant les raccourcis bêtes et le maccartisme simpliste. Hier, non seulement, il a fait un état des lieux du pays relativement objectif appelant les libéraux à  l’union nationale pour avancer dans le bon sens, mais il a aussi présenté des excuses à  Carlos Gaviria, candidat du Polo Democratico Alternativo, pour l’avoir offensé. Uribe a précisé qu’ils n’étaient pas ennemis mais compétiteurs et il espère que la gauche va être l’opposition nécessaire au renforcement de la démocratie.

Il est facile après coup de s’excuser et d’appeler à  l’union ou à  une opposition constructive, surtout lorsqu’on se souvient de ses réactions parfois violentes face aux critiques. Il ne faut pas nier le mérite d’Uribe en terme de sécurité et d’économie, les Colombiens se sentent plus sûr et la croissance économique est, depuis 5 ans, en nette progression. Cependant il est temps, maintenant, pour la Colombie d’arriver à  intégrer les combattants qui ont rendu les armes sous le premier mandat d’Uribe car les ex-paramilitaires continuent leurs activités sous d’autres formes. Dans plusieurs quartiers populaires de Bogotà¡ on entend des cas des pressions et menaces sur militants de gauche ou sur les jeunes qui osent sortir le soir.

Une possibilité d’opposition constructive pour la gauche, qui a promis de rester unie, serait de tenter d’intéresser le président à  la construction d’une vraie démocratie où le respect des idées serait réel. L’autre thème fondamental est la redistribution des richesses, dans ce domaine la Colombie est bientôt le pire exemple de toute l’Amérique du Sud et Uribe ne semble pas vouloir le comprendre. Le seul espoir vient du Chili, qui sert d’exemple à  la Colombie en matière économique depuis fort longtemps, et qui pourrait montrer la voie du libéralisme social.