Lors d’une interview donnée au journal Le Temps de Genève, le vice-président colombien, Fransisco Santos accuse la Suisse d’être incohérente dans ses relations avec les FARC. Il affirme que le gouvernement colombien admet le processus de médiation que la Suisse, la France et l’Espagne sont en train de réaliser pour la libération des otages. Cependant, il ne comprend pas pourquoi le gouvernement suisse accepte la présence de représentants des FARC sur son territoire et accepte de loger la page web de cette organisation. Dans la même interview, Fransisco Santos espère que le gouvernement suisse va réagir et interdire lesdits représentants ainsi que la page web.
La réponse du Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE) a été immédiate. Tout d’abord le gouvernement suisse considère les FARC comme partie intégrante du conflit colombien et elle ne possède pas de législation interdisant ces organisations, contrairement à l’Union Européenne. La seule organisation interdite sur le sol suisse est Al Quaida, cela à cause d’une décision du Conseil de Sécurité de l’ONU.
De plus le DFAE n’a pas connaissance d’une quelconque présence de membres de FARC sur son sol et le simple lien avec cette organisation ne suffirait pas à mener une action judiciaire à leur encontre.
Historiquement la Suisse est un pays démocratique et pour cette raison elle accepte, dans n’importe quel contexte, la présence de différentes idéologies sur son territoire. Lénine, Kropotkine, les nazis, le mouvement Dada sont passés, ou se sont réfugiés en suisse. Aujourd’hui on trouve des membres du Hamas, des juifs les plus conservateurs, des islamistes etc. On trouve aussi des organisations comme la Croix Rouge Internationale, qui joue un rôle important dans le conflit colombien, une partie de l’ONU, l’OIT, etc. et un nombre incalculable d’ONG.
La loi suisse permet cette diversité et tant que sa souveraineté n’est pas en danger, elle n’a aucune raison d’intervenir. De même la page web des FARC n’a aucune raison d’être interdite. Que le gouvernement colombien soit content ou non, la Suisse fonctionne d’une manière démocratique, chaque individu peut penser comme il veut. Si le gouvernement suisse se mettait à faire un nettoyage de toutes les pensées qui se réunissent sur son territoire la liberté d’expression serait sérieusement en danger.
Peut-être le vice-président colombien ne comprend pas l’importance de la liberté d’expression dans une démocratie?