Chavez, réélu!

Chavez, président du VenezuelaCe n’est pas très commun de savoir avec autant d’assurance qu’un président va être réélu. Ce dimanche au Venezuela auront lieu les élections présidentielles et même si l’opposition croit encore qu’elle peut gagner, la réélection de Chavez ne fait aucun doute.

Chavez s’est senti en telle confiance qu’il a préféré faire campagne contre G.W. Bush et l’impérialisme des États-Unis que contre un candidat d’opposition même pas capable de faire un discours de plus de 20 minutes. L’unique réussite de Rosales, est d’avoir unifié l’opposition contre Chavez. Il a du “ratisser” tellement large qu’en fin de compte il ne peut rien dire. Son électorat supposé est situé autant au centre gauche qu’à  l’extrême droite. Pouvoir plaire à  une telle diversité implique des propositions aussi large qu’inutile. Cependant en unifiant l’opposition il a réussi tout de même à  obtenir un bon 30% dans les sondages. On peut croire qu’il les obtiendra. On peut douter plus facilement de sa capacité à  rester leader d’une opposition constructive.

Chavez est donc seul, seul mais face à  un grand défi: l’abstentionnisme. Il a lui-même annoncé qu’il voulait obtenir 10 millions de voix et que ce serait sa victoire. Il risque bien fort d’être le premier président élu mais perdant, car le soutient que lui apporte la population est en forte diminution. Il faut dire que les problèmes ne manquent pas, par exemple les deux thèmes abordés par l’opposition, c’est à  dire le logement et la sécurité. Chavez avait promis la construction de plus de 100’000 logements pendant l’année. à€ peine 15’000 ont été réellement construit. Le thème de la sécurité n’est pas non plus très joyeux, le taux de criminalité atteint le top 3 de l’Amérique latine. Ce sont des thèmes repris par l’opposition c’est pourquoi Chavez n’a pas voulu en parler. S’il veut vraiment imaginer rester au pouvoir jusqu’en 2030 il va falloir qu’il traite le problème sérieusement.

 

En excluant l’idée que l’opposition trouve un leader, la chute de Chavez sera provoquée par sa base, revendiquant ses droits. La plus grande réussite de ce président hors du commun, a été d’enseigner au peuple qu’il a des droits et que la constitution du Venezuela est pour tous. Chavez a réussit à  inverser la tendance politique et pour le remplacer cela implique de faire un minimum de social. Le dépasser signifie rendre efficace les politiques sociales.


Chavez, nouveau leader des Non Alignés?

C’est dans le contexte de la guerre froide qu’apparaît le concept de tiers monde. L’invention de ce concept à  un mérite qu’on ne peut négliger: il rappelle l’existence d’une zone de la planète pour laquelle la question primordiale n’est pas sur quel camp s’aligner, mais quelle serait, à  son égard, l’attitude des Etats-Unis et de l’Union Soviétique.

En 1945 une grande partie de l’Asie, la quasi-totalité de l’Afrique, des caraïbes et de l’Océanie sont des colonies, leur priorité malgré une grande pauvreté est la libération nationale.

Le concept tiers monde permet de montrer les caractéristiques communes de ces pays en rappelant qu’ils ne font pas partie de la guerre froide.

En 1955 la conférence de Bandung, Indonésie, marque l’union des pays du tiers monde pour affirmer leur volonté d’en finir avec la domination impériale et proclamer leur refus de s’inscrire dans l’ordre bipolaire.

La lutte politique commence, la nationalisation du canal de Suez par Nasser en 1956, l’indépendance de nombreux pays Africains, la victoire de la révolution algérienne marque le début de ce mouvement qui se fixe des tâches immenses.

Mais bien souvent, pour ne pas dire toujours le bilan est tragique, les changements annoncés ne sont pas au rendez-vous, pire, l’unité de ce groupe est constamment en danger.

Les années 70 représentent l’apogée du mouvement, l’idée alors défendue est la nécessité d’un nouvel ordre économique. Le tiers monde étant cantonné dans le rôle de fournisseur de matière première à  bas prix et d’acheteur d’équipement et de services de plus en plus chers. L’OPEP et le choc pétrolier apporte beaucoup d’espoir mais finalement reste sans lendemain et quelques années la crise de la dette a raison de l’unité.

Cependant le mouvement continue d’exister et se réunit régulièrement comme à  la Havane la semaine dernière, Cuba assumant actuellement la présidence.

Cette rencontre a été forte en symbole, il y a 40 ans avait lieu la réunion de la Tricontinentale à  la Havane (janvier 1966) avec un Fidel Castro jeune leader de la révolution cubaine. A l’époque il déclarait “la cordillère des Andes deviendra la Sierra Maestra de l’Amérique latine”, aujourd’hui il passe le flambeau. Son frère Raul conforte sa position comme successeur probable mais surtout Chavez devient le leader incontestable du mouvement des Non Alignés. Après la renaissante de la contestation contre l’impérialiste avec le mouvement alter mondialiste, pourrait-on revoir un groupe de pays uni? La solidarité affichée entre la Venezuela, l’Iran, voire même la Chine est elle juste une façade où les idées ne vont pas plus loin que les discours? Autant de questions difficiles à  répondre, l’histoire nous montre que les crises économiques ont eu raison de la solidarité entre les pays du Sud.

Chavez une star?

On connaît tous le très people Chavez. Il est partout, c’est l’homme de l’année en Amérique du Sud, la nouvelle référence du mouvement alter mondialiste. Au point qu’un Forum Social s’est déroulé à  Caracas. Chavez La Star, crie à  l’Assemblée Générale ce que beaucoup pensent tout bas et nous rappelle son ami Fidel dans ces heures de gloire. Bush est son terroriste… il en faut un à  chacun pour être heureux.

Il adore les grands coups médiatiques, où il est sûr de se faire des ennemis comme lorsqu’il envoie du pétrole aux familles pauvres de Boston, ou lorsque qu’il achète des tracteurs en Iran.

C’est un démagogue, aucun doute possible. Il aime le pouvoir c’est sûr aussi, l’assemblée est prête à  voter une loi pour la réélection infinie. Pourtant comme le souligne Semana (du 26.12.2005 au 9.01.2006) son discours révolutionnaire en période de globalisation est un anachronisme. Certes la révolution socialiste des années 60 n’a plus aucun sens, mais Chavez a réussi à  donner vie à  son discours. En partie grâce à  Bush et son impérialisme forcené mais aussi, car il a su utiliser le pétrole. Il a compris que c’était une arme très puissante au niveau international et cela lui assure des alliés régionaux.

Le pétrole lui assure aussi un revenu bien conséquent qui lui permet d’investir dans l’éducation et la santé. Il est clair que les résultats ne sont pas instantanés mais le nombre d’analphabètes diminue progressivement. On peut penser à  Cuba où certes il y a de nombreuses carences mais la population reçoit une éducation relativement poussée par rapport à  ses voisins.

Mais Chavez, l’idole des alters, à  aussi une face obscur: c’est un ancien putschiste, et cette partie de l’histoire il l’a effacée des manuels scolaires. Grave? Je crois, oui. Personne n’est parfait et tout le monde le sait, alors pourquoi vouloir voiler l’histoire? Pourquoi vouloir biaiser le savoir? Investir pour l’éducation est problablement la meilleure chose que peut faire un gouvernement pour son pays mais aprendre des choses fausses, à  quoi ça sert?

On peut craindre alors que Chavez se Fidélise trop. Qu’il devienne un «président» indétrônable, que la liberté de la presse monopolisée n’ait plus le goût de la critique, que finalement l’histoire se répète. On peut craindre tout cela et c’est légitime mais on peut aussi espérer qu’il réussisse son pari. Pour qu’on puisse rêver encore quelques années qu’un monde meilleur est possible.