Me revoilà!

Après quelques semaines d’absence me voilà  de retour sur la toile, c’est impressionnant comme le temps passe vite, quelques jours de vacances, un déménagement et hop un mois de passé. Mais le temps ne s’arrête pas pour autant, Bogotà¡ est une ville qui bouge et rebondit, pour ne pas parler du pays qui lui avance à  mille.

Il est bien sûr impossible de reprendre tout ce qui s’est passé mais je voulais quand même signaler une ou deux bonnes anecdotes.

La première est une histoire de bidons, une de ces histoires qui nous permet de ne pas oublier que Garcà­a Marquez est colombien. La scène débute il y a environ 6 mois, en pleine jungle un groupe de militaires découvre un certain nombre de bidons remplis de dollars appartenant au FARC. Les militaires, pas fous, les récupèrent; ils les cachent dans un autre lieu qu’ils entourent de mines antipersonnelles. Quelques temps plus tard les problèmes commencent car ils mènent une vie qui n’a pas grand chose à  voir avec les salaires des soldats de la nation. Des hauts colonels s’en mêlent, et tout le monde est plus au moins fâchés car chacun n’a pas eu sa part du gâteau. Finalement cela arrive aux oreilles du grand chef réputé très honnête, le président est aussi mis au courant; ensemble ils préparent une expédition pour récupérer les millions. Etrangement la préparation prend beaucoup de temps. Le partage a du être aussi chaotique que la nomination du gouvernement.

Ce serait vraiment sous estimer les FARC que de penser qu’ils ne vont rien faire, bien qu’ils ne soient pas à  quelques centaines de millions près. Pendant que les grands se chamaillent, les rebelles retrouvent deux soldats devenus riche; ils leur promettent la lune. Ils récupèrent les bidons, tuent les 2 pauvres militaires et s’en vont.

Finalement c’est un peu comme s’il ne s’était rien passé, juste deux morts au combat, seulement voilà  les capitaines, colonels et autres ont commencé à  parler, fâchés de ne pas avoir eu leur part…

C’est pour ce genre d’histoire que la Colombie est parfaite pour organiser la coupe du monde de football en 2014. Elle a peu de chance car les pays d’Amérique Latine vont certainement soutenir le Brésil. Pourtant ce serait l’occasion de voir des miracles: la France gagner au tir au but, Zidane prenant de l’élan sur 50 mètres, Rooney faisant une grande omelette sur le terrain… Bref du vrai spectacle.

Je sais que cela va être dur, surtout en voyant les réactions des gens qui ne connaissent rien à  la Colombie, mais on a encore le temps de faire évoluer un peu les footeux.

La “hormiga culona”

Je reproduis ici un article paru dans le Nouvel Observateur sur une des nombreuses richesses de la Colombie. J’ajoute une petite photo pour que vous vous fassiez une idée concrète de la chose. En tout cas c’est succulent et très fin mais bien sûr il faut supporter l’idée.

La “hormiga culona”, une fourmi de Colombie qui séduit les gourmets –par Joshua Goodman—


BARICHARA, Colombie (AP) –Hormiga culona-photo par Fab.

Le mets a ce goût d’exotique qui ravit les gastronomes aux papilles en mal de sensations nouvelles et d’agapes raffinées venues de l’étranger. Appréciée depuis des siècles par les habitants d’une région du nord de la Colombie, la “hormiga culona”, fourmi à  laquelle on prête aussi des vertus médicinales, commence à  franchir les frontières pour atterrir dans les assiettes occidentales.

Si nombre de personnes éprouvent de la répulsion à  l’idée de consommer cet insecte à  l’abdomen très développé, qui agirait naturellement contre les troubles de l’érection et dont les protéines renforceraient les défenses contre le cancer, certains ont humé les parfums agréables de l’argent qu’ils pourraient retirer de l’exportation de ce plat très populaire dans la province ensoleillée de Santander.

Ainsi, l’an dernier, un commerçant local a exporté plus de 400kg de ces grosses fourmis, dont une grande partie avaient été enrobées de chocolat belge pour être vendues comme friandises à  6 euros la demi-douzaine dans des magasins londoniens comme Harrods ou Fortnum & Mason.

Mais à  l’heure où la fourmi gagne ses galons hors des frontières colombienne, elle semble perdre du terrain à  Santander, où sa population diminue de façon inquiétante.

Cette année, la “récolte” -qui commence généralement aux environs de Pâques et s’étend jusqu’à  juin- a été l’une des plus mauvaises, les paysans de la colonie de Barichara faisant état d’un butin inférieur de moitié à  la normale.

Des entomologistes colombiens remarquent qu’un changement de climat, attribué à  un hiver rigoureux et d’un retard des pluies du printemps, pourrait gêner le vol nuptial de la reine des fourmis. Mais le coupable est plus probablement à  rechercher du côté des champs de haricots, tomates et tabac, qui ont remplacé les dernières régions sauvages. C’est un “dilemme pour le fermier: ‘Dois-je la tuer ou la manger?”‘, explique Andres Santamaria, qui a reçu l’équivalent de 40.000 dollars (environ 31.100 euros) de subvention du gouvernement de Santander pour développer un programme d’élevage des fourmis orienté vers l’exportation.

Une chose est sûre, ce n’est pas leur découverte à  l’étranger qui menace la survie de ces insectes. “Nous n’allons jamais manger toutes les fourmis des Colombiens”, observe Todd Dalton, un chef londonien de 30 ans amateur d’exotisme et créateur de la marque de produits alimentaires Edible. Il a vendu l’an dernier une centaine de kilogrammes des fameuses fourmis, la plupart enrobées de chocolat, avec d’autres spécialités comme des sucettes renfermant un scorpion.

A Barichara et dans la province de Santander, les “fourmis à  gros cul” sont traditionnellement consommées grillées avec du sel en guise d’en-cas. “En France, on les apprécie tellement qu’on commence à  les appeler ‘le caviar de Santander”‘, souligne Stephane Le Tirant, conservateur à  l’Insectarium de Montréal.

Quel que soit son avenir à  l’étranger, la “hormiga culona”, source de fierté locale, peut se vendre jusqu’à  24 dollars (19 euros) le kilo dans la région de Santander où les images de la fourmi se déclinent partout, du logo d’une société d’autocars à  la loterie de la province, baptisée “La Culona”.

Marc Beltra

Il y a quelque temps je parlais des chiffres et de la Colombie, affirmant que le pays ne se résumait pas à  de telles statistiques. Il me semble pourtant que de la même manière il ne faut pas voir la Colombie qu’à  travers des chiffres on ne peut pas oublier que derrière chaque chiffre il existe des histoires souvent déchirantes.

On parle souvent d’Ingrid Betancourt par solidarité nationale. Elle est française par alliance. Mais on oublie, ou on ne connaît pas, l’histoire de Marc Beltra, jeune français disparu en Colombie. Un petit hommage donc à  cet étudiant français de 23 ans, disparu en décembre 2003 dans le sud de la Colombie.

Il était assistant de français à  l’Université Javeriana de Bogotà¡, et il a disparu après avoir franchi la frontière brésilienne à  Leticia, chef-lieu du département de l’Amazone.

Il comptait se rendre dans des villages indiens à  bord d’une pirogue. Il n’y a depuis aucune nouvelle, on a retrouvé ses affaires abandonnées au bord d’un chemin.

En espérant une belle fin à  cette histoire je vous recommande le blog réalisé à  son honneur.

Uribe: seul au Monde!

UribeBogotà¡, lundi 7 août.

La ville est déserte et il pleut, c’est un jour idéal pour rester au lit et regarder des vieux films comme Amores Perros, un classique Mexicain absolument génial.

Aujourd’hui est un jour férié, mais contrairement à  d’habitude il n’y a ni ciclovia ni fiesta… La ley seca fait rage et tous les resto et boite de nuit sont fermés. Les seuls qui traînent dans les rues sont les militaires, ils n’arrêtent pas de patrouiller, de fouiller plus ou moins toutes les voitures, à  tous les coins de rue. Cela fait une semaine que l’ambiance a tourné au vinaigre, les forces de l’ordre sont sur les dents, les hélicoptères et les tanks mènent un balai incessant l’investiture du président a lieu aujourd’hui.

Plusieurs attentats ont déjà  eu lieu, les FARC ont annoncé qu’ils allaient faire du bruit, et leur bruit fait souvent des morts, la semaine dernière un attentat à  la voiture piégée a tué un mendiant et blessé une vingtaine de militaires dans le sud de Bogotà¡. Au Nord-est du pays 15 militaires ont été tués dans une embuscade.

Il y a quatre ans la première investiture du président Uribe s’est soldée par une vingtaine de morts lors du vague de roquettes sur le centre ville.

Bref le jour de l’investiture du président colombien n’est pas un jour où on met le pied dehors. On essaye même de quitter cette ville, si sympathique d’habitude, pour aller voir la campagne colombienne, encore plus riche qu’on ne l’imagine.

Pourtant la journée fut calme, les arrestations ces derniers jours et les prises d’explosif aurait-elles suffit à  faire taire la guérilla en ce jour historique ?

Il faut croire.

Uribe a pu succéder à  lui même en toute tranquillité. Voir même un peu seul. La majorité des dirigeants d’Amérique Latine se sont excusés, ne donnant pas forcément d’explication. Les Etats-Unis, soi disant le plus grand allié n’ont envoyé que le secrétaire au commerce. Le message est un peu dur pour le président qui voudrait donner a son second mandat un axe plus internationaliste.

Son gouvernement est considéré par les voisins comme un vassal des Etats-Unis proche des paramilitaires. La Colombie risque de rester encore isolée quelques années.

L’insécurité démocratique 2

Un autre bilan suite aux 4 années de la politique de sécurité démocratique du président Uribe, tout aussi glorieux que le premier….

Le rapport vient cette fois de la fondation pour la liberté de la presse (FLIP).

On peut voir une augmentation des dénonciations des menaces contre les journalistes, pendant le seul premier semestre 2006 il y a eu 72 violations de la liberté de la presse et un journaliste a été tué.
Dans la région de Arauca, la police ne laisse pas sortir les journalistes du centre urbain, et ils sont toujours accompagnés d’escorte.

Les élections sont bien sûr l’explication de cette augmentation de menaces pendant ce semestre, jusque là  rien de nouveau. Il faut simplement remarquer que les menaces sont venues suite à  la volonté d’écrire sur les paramilitaire. Aucune critique de la démobilisation n’a été possible et pas non plus de la politique de sécurité démocratique. Dans ce contexte, sans aucun point de vue dissident, on comprend mieux comment Uribe arrive à  obtenir 60%.

Le rapport nous dit aussi que la majorité des menaces proviennent des paramilitaires démobilisés…

La justice n’aide pas non plus, les cas n’ont pas avancés. Les assassinats ne sont pas résolus et les menaces sont souvent classées sans suite. La seule manière sûre d’être et de rester journaliste est l’autocensure… La sécurité démocratique montre à  nouveau son antidémocratisme, la seule façon d’être en sécurité est de se taire.

L’insécurité démocratique 1

Le bilan des quatre années de sécurité démocratique du président Uribe s’avère de plus en plus difficile à  défendre.
On a entendu mille fois que le président était merveilleux (999 fois dans les éditoriaux du journal El Tiempo) et que la situation économique était presque bien, mais lorsqu’on se plonge un peu plus dans les analyses académiques on se pose quelques questions.
L’économie est censée être la deuxième meilleure réussite du “prophète”. Cependant, un rapport de l’Université Nacional nous explique dans un peu plus de 100 pages comment et pourquoi le gouvernement n’a pas su mettre à  profit la conjoncture favorable mondiale et américaine.
Certes la croissance du pays avoisine les 5% ces quatre dernière années et il ne faut pas nier un certain progrès, cependant la concentration des richesses a encore augmenté, atteignant le même niveau que les années 30. Le problème de la pauvreté est loin, très loin de pouvoir se résoudre… il empire. Il est clair pour tout le monde que les problèmes d’inégalités ne pourront pas changer, même avec une croissance de 5% si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires.

De plus, croire que la croissance est le fruit de la politique du gouvernement est un autre rêve, une rapide comparaison des croissances avec les pays voisins nous montre que la Colombie est à  la traîne (presque tous ont une moyenne au dessus de 6%).
On peut aussi remarquer que l’énorme flux de dollars dans le pays est une conséquence de la politique monétaire des Etats Unis et non d’un changement d’intérêt. Les taux sont restés stables et les investissements sont à  très grande majorité des investissements en portafolio, c’est à  dire à  court terme et volatiles.

Bref, l’économie colombienne a retrouvé son niveau d’avant crise (1999) mais n’ayant réaliser aucune réforme réelle elle n’a pas su profiter de cette fabuleuse envolée économique… la meilleure depuis 20 ans.

La Lutte Antidrogue: l’échec colombien

La Colombie est une fois encore à  la tête des classements, à  la pointe de la technologie!

Sa lutte contre la drogue se poursuit et le nombre d’hectares détruit est chaque fois plus grand. En 2005 elle a même établi un nouveau record, plus de 170’000 hectares réduit en cendre. Réduit en cendre car la majeure partie de l’éradication se fait à  l’aide de la fumigation. Cependant et malheureusement la technique n’est pas vraiment efficace: le nombre d’hectares de culture a à  nouveau augmenté après 4 ans de diminution; on approche les 160’000 hectares de culture.

La fumigation a simplement réussi l’éclatement des zones de culture mais pas la diminution. Une critique rapide serait de dire que sans la fumigation ce serait pire, mais en regardant les autres exemples de lutte contre les cultures illicites en Bolivie et au Pérou on peut observer des résultats intéressants. L’éradication est un mal nécessaire, cependant elle peut être faite manuellement ce qui est tout aussi efficace et surtout moins polluant. Néanmoins le plus important est de proposer une alternative.

Les politiques suivies par les voisins andins sont à  priori plus efficaces, en tout cas ils ont réussi une diminution de 8 % en Bolivie et de 4 % au Pérou.

Le cas se vérifie aussi en Colombie, dans le département de Norte de Santander, au nord du pays. Un programme de substitution de culture a été mis en place. Le résultat a suivi, on note la plus grosse diminution d’hectares de culture.

Les producteurs de cocaïne, toujours à  la pointe, ont réussi à  augmenter leur productivité ce qui leur permet de battre, pour la 3e année consécutive, le record de production de pâte de cocaïne. La Colombie en produit 640 tonnes, c’est à  dire 70% de la production mondiale.

Le plus triste de l’histoire est que le gouvernement actuel vient de promettre à  Washington qu’il ordonnerait plus de fumigation. Il faut croire que les analyses, les études et les expériences de tous ne servent pas à  grand chose. Le gouvernement préfère continuer à  polluer plutôt que de se remettre en question.

Même la CIA a commencé à  émettre des réserves sur l’efficacité de la fumigation, elle constate que la quantité d’hectares cultivés ne descend pas en dessous d’un certain seuil, fixé par la demande…

Le problème devrait sûrement être abordé autant du côté de l’offre que celui de la demande, deux faces d’une même pièce. Mais ça aussi cela fait longtemps qu’on le sait !

Uribe réélu

Pour la première fois dans l’histoire de la Colombie un président est réélu. La victoire du président sortant est écrasante, 62 %, C’est aussi un record dans l’histoire, à  l’exception de l’époque où il y avait un candidat unique.

Uribe a été plébiscité selon El Tiempo après la campagne la plus ennuyante de l’histoire mais aussi la moins violente. On peut même sans trop de risque nommer Uribe comme responsable de ces 2 faits. Sa politique de sécurité démocratique ne respecte pas les droits de l’homme; elle a cependant permis de sécurisé le pays ce qui n’est pas négligeable.

L’ennui de la campagne est aussi une réussite d’Uribe, il n’a voulu participer à  aucun débat. Mais hier c’était sa journée, et il l’a conclue en beauté. Son discours était aussi bien que son résultat. Quel dommage qu’il ne nous ait pas fait profiter de ces capacités d’orateur pendant la campagne, préférant les raccourcis bêtes et le maccartisme simpliste. Hier, non seulement, il a fait un état des lieux du pays relativement objectif appelant les libéraux à  l’union nationale pour avancer dans le bon sens, mais il a aussi présenté des excuses à  Carlos Gaviria, candidat du Polo Democratico Alternativo, pour l’avoir offensé. Uribe a précisé qu’ils n’étaient pas ennemis mais compétiteurs et il espère que la gauche va être l’opposition nécessaire au renforcement de la démocratie.

Il est facile après coup de s’excuser et d’appeler à  l’union ou à  une opposition constructive, surtout lorsqu’on se souvient de ses réactions parfois violentes face aux critiques. Il ne faut pas nier le mérite d’Uribe en terme de sécurité et d’économie, les Colombiens se sentent plus sûr et la croissance économique est, depuis 5 ans, en nette progression. Cependant il est temps, maintenant, pour la Colombie d’arriver à  intégrer les combattants qui ont rendu les armes sous le premier mandat d’Uribe car les ex-paramilitaires continuent leurs activités sous d’autres formes. Dans plusieurs quartiers populaires de Bogotà¡ on entend des cas des pressions et menaces sur militants de gauche ou sur les jeunes qui osent sortir le soir.

Une possibilité d’opposition constructive pour la gauche, qui a promis de rester unie, serait de tenter d’intéresser le président à  la construction d’une vraie démocratie où le respect des idées serait réel. L’autre thème fondamental est la redistribution des richesses, dans ce domaine la Colombie est bientôt le pire exemple de toute l’Amérique du Sud et Uribe ne semble pas vouloir le comprendre. Le seul espoir vient du Chili, qui sert d’exemple à  la Colombie en matière économique depuis fort longtemps, et qui pourrait montrer la voie du libéralisme social.

Fin des campagnes électorales

Ce week-end on a eu le plaisir d’assister au final des différentes campagnes électorales des candidats à  la présidence. Les élections vont se dérouler dimanche prochain et l’ambiance n’est pas vraiment au folklore.

Depuis quelque temps la campagne a pris une tournure qui n’a rien d’intéressant. Je me plaignais du manque de débat pour les élections du congrès et du sénat, et bien je ne sais plus quoi dire pour les élections présidentielles. Le débat s’est réduit malgré les efforts de nos 3 candidats non-présidents.

Il y a d’abord Mockus, ancien Maire de Bogotà¡, personnage intelligent et cultivé, qui a une expérience administrative longue et réussie. Il n’a aucune chance mais tente de discuter et il montre un respect envers les autres …

Ensuite Serpa, le candidat officiel libéral, un grand-père sympathique, le problème est qu’il n’est pas soutenu pas l’élite, même pas celle de son parti. Il vient du peuple et s’est payé l’uni en vendant des bricoles au coin de la rue. Cela n’empêche qu’il possède le Cv le plus complet de tous. Il a été juge, à  9 ou 10 niveau différent (municipal, etc. etc.) ensuite magistrat, congressiste, sénateur, ministre, ambassadeur, et j’en passe car je ne me souviens plus.

Le candidat du Polo Democratico, Gaviria, va probablement passer au deuxième tour contre Uribe. Ce n’est pas un politicien, mais un académicien, il manque de charisme mais son discours est vraiment intelligent. Depuis qu’il a commencé sa campagne les intentions de vote en sa faveur ont plus que doublé. Certain veulent le comparer avec Chavez, ou le présenter comme un communiste que veut donner le pays au FARC, c’est une erreur d’appréciation immense. Tout d’abord il n’a jamais eu un seul contact avec les FARC, ensuite il n’a pas grand chose de communiste. Son discours est très libéral (même parfois plus que Serpa), il ne veut en rien rompre les relations avec les USA, et au niveau économique il demande simplement que les traités (le TLC dans ce cas) soit juste… Comme personnage de gauche il défend bien sûr les droits de l’homme et le social, mais il ne veut pas rompre avec l’idée de renforcer la présence de l’Etat dans la société colombienne. Ce que fait Uribe avec l’augmentation de la présence militaire.

Leyva était candidat, il a renoncé après de nombreux problème de sécurité, principalement dans les régions Des-paramilitarisées, mais aussi car la loi de garantie n’était pas du tout respectée : normalement chaque candidat a droit à  un temps de parole égal dans les médias mais quand Uribe parle 7h les autres parlent 15 minutes…

La campagne d’Uribe a été marquée par des insultes contre les autres candidats, ou contre les étudiants qui ont osé le questionner sur sa politique économique. Son principal conseiller a dit que le pays avait 3 ennemis : les groupes terroristes, les amis des groupes terroristes (ONG, Journalistes..) et les académiciens…

Sinon la police a retrouvé le corps d’un conseiller d’un candidat (de gauche, comme par hasard). L’enquête a conclu à  une chute alors qu’il faisait son jogging et que les chiens de la rue lui auraient mangé les bras… Une autopsie privée nous dit que qu’il a reçu un coup à  la tête et que le bras on été coupé (c’est apparemment clair) pour éviter qu’on puisse voir les détails des tortures qu’il lui on été affligées aux mains.

L’autre moment fort était le meurtre de la soeur d’un ex-président, actuel chef du parti libéral et opposant à  Uribe.

Bien sûr le journal El Tiempo s’est empressé, comme à  chaque fois, de nous dire que c’était les FARC et que pour ça il fallait voter Uribe et sa politique de sécurité démocratique. Il faut dire que ce journal a réussit à  combler ce que ne disait pas Uribe qui n’a jamais voulu participer à  aucun débat. Le seul quotidien national s’est chargé de démontrer tous les jours à  quel point le président est bon, grand et gentil. Le problème est qu’on ne sait toujours pas ce qu’il va faire pendant son prochain mandat. Depuis 3 jours il parle de négocier avec les FARC, chose qui est totalement incohérente avec le reste de ses idées… Comment peut-on négocier avec des terroristes? Il existe aussi un bruit comme quoi il voudrait réformer le congrès. Les congressistes de son parti commencent à  avoir peur et préféreraient qu’il ne gagne pas au premier tour, car une reforme du congrès faite par Uribe veut dire une diminution du pouvoir du congrès, déjà  faible et une centralisation du pouvoir entre ses mains.

La tournure autoritaire du président devient évidente et même El Tiempo a du mal à  le cacher. Le seul point positif que j’ai réussit à  percevoir dans cette fin de campagne est le lent réveil de la population, les critiques contre les mensonges répétitifs du gouvernement et contre l’autoritarisme d’Uribe, le problème est qu’ici la gauche fait encore peur, comme si la révolution communiste allait se reproduire.

La Suisse incohérente?

Lors d’une interview donnée au journal Le Temps de Genève, le vice-président colombien, Fransisco Santos accuse la Suisse d’être incohérente dans ses relations avec les FARC. Il affirme que le gouvernement colombien admet le processus de médiation que la Suisse, la France et l’Espagne sont en train de réaliser pour la libération des otages. Cependant, il ne comprend pas pourquoi le gouvernement suisse accepte la présence de représentants des FARC sur son territoire et accepte de loger la page web de cette organisation. Dans la même interview, Fransisco Santos espère que le gouvernement suisse va réagir et interdire lesdits représentants ainsi que la page web.

La réponse du Département Fédéral des Affaires Etrangères (DFAE) a été immédiate. Tout d’abord le gouvernement suisse considère les FARC comme partie intégrante du conflit colombien et elle ne possède pas de législation interdisant ces organisations, contrairement à  l’Union Européenne. La seule organisation interdite sur le sol suisse est Al Quaida, cela à  cause d’une décision du Conseil de Sécurité de l’ONU.

De plus le DFAE n’a pas connaissance d’une quelconque présence de membres de FARC sur son sol et le simple lien avec cette organisation ne suffirait pas à  mener une action judiciaire à  leur encontre.

Historiquement la Suisse est un pays démocratique et pour cette raison elle accepte, dans n’importe quel contexte, la présence de différentes idéologies sur son territoire. Lénine, Kropotkine, les nazis, le mouvement Dada sont passés, ou se sont réfugiés en suisse. Aujourd’hui on trouve des membres du Hamas, des juifs les plus conservateurs, des islamistes etc. On trouve aussi des organisations comme la Croix Rouge Internationale, qui joue un rôle important dans le conflit colombien, une partie de l’ONU, l’OIT, etc. et un nombre incalculable d’ONG.

La loi suisse permet cette diversité et tant que sa souveraineté n’est pas en danger, elle n’a aucune raison d’intervenir. De même la page web des FARC n’a aucune raison d’être interdite. Que le gouvernement colombien soit content ou non, la Suisse fonctionne d’une manière démocratique, chaque individu peut penser comme il veut. Si le gouvernement suisse se mettait à  faire un nettoyage de toutes les pensées qui se réunissent sur son territoire la liberté d’expression serait sérieusement en danger.

Peut-être le vice-président colombien ne comprend pas l’importance de la liberté d’expression dans une démocratie?

Version espagnole