La Liberté de la Presse

àŠtre journaliste n’a jamais été une tâche facile, mais il y a des endroits où la vie est plus confortable que d’autres. Je ne crois pas qu’un journaliste du Matin, même bleu, (Journal genevois) prenne beaucoup de risques, que ce soit physiques ou intellectuels. En Colombie la situation est un peu différente et les journalistes qui n’analysent pas les informations ne le font pas par paresse ou car la ligne éditoriale ne le permet pas (sauf pour El Tiempo) mais parce que la liberté qui leur est octroyée ne leur permet pas de s’engager.

La Colombie détient, dans le domaine de la liberté de la presse le triste record des violences toutes catégories. “Dans plusieurs régions contrôlées ou disputées par les guérillas et les groupes paramilitaires, la liberté de la presse est pratiquement inexistante, soit parce que la presse indépendante a été laminée, soit parce que l’autocensure s’est installée. Les journalistes colombiens vivent dans un climat permanent de crainte et d’insécurité. Certains sont assassinés car accusés d’être le bras politique de groupes subversifs ou de collaborer avec de tels groupes, d’autres sont victimes de “disparitions” de la part de guérilleros qui rejettent leur critique. Soumises à  des pressions constantes, certaines rédactions n’osent plus informer”.

Il n’est pas rare non plus que des journalistes soient assassinés après avoir dénoncé des affaires de corruption ou de fraudes impliquant des élus locaux, voire les collusions de ces derniers avec les groupes armés

Pourtant la Constitution de 1991 a introduit de nombreux changements. Elle a notamment introduit le droit à  l’information, la liberté de créer des médias ou encore la prohibition de la censure.

Le gouvernement a même adopté en 2000 un décret qui instaure le Programme de protection des journalistes. Il est placé sous la direction du Vice-ministre de l’intérieur.

Mais deux ans après, Uribe arrive au pouvoir et lance sa “Politique de défense et de sécurité démocratique”. Sa rhétorique face aux ONG n’est pas très commune: il y a “D’une part, les “ONG théoriques” et, d’autre part, les ONG dites “respectables” qui doivent être protégées par l’État. Enfin, les membres d’un troisième type d’ONG étaient présentés comme des “écrivains et politicards qui finalement sont au service du terrorisme et qui se cachent comme des lâches derrière le drapeau des droits de l’homme” (( OBSERVATOIRE POUR LA PROTECTION DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME, janvier 2004, Les défenseurs des droits de l’Homme à  l’épreuve du tout-sécuritaire, Éd. de l’aube, Paris, p. 67-68. )) . Selon le Président, cette dernière catégorie d’ONG ne devrait donc pas recevoir la protection de l’État.

La poursuite de sa logique l’amène, en 2004, à  faire adopter la loi antiterroriste. Celle-ci “dote l’armée de pouvoirs judiciaires et permet également aux forces de l’ordre de procéder à  des détentions de suspects sans mandat d’arrêt, à  des perquisitions sans autorisation légale, à  l’utilisation d’écoutes téléphoniques et à  l’interception de la correspondance privée auprès de personnes soupçonnées d’être liées à  des activités terroristes”.

Les journalistes (écrivains et politicards qui finalement sont au service du terrorisme) seraient de plus en plus exposés à  des investigations criminelles arbitraires.

Cependant le rapport annuel 2005 de reporter sans frontière commence par une note positive: “moins de journalistes ont été tués en 2004”, un seul à  été tué alors que la moyenne est à  5 par année. C’est un progrès! Mais la suite du rapport n’est pas vraiment positive, cela reste le pays le plus dangereux de la région, l’impunité des meurtriers continue, les pressions sont toujours les mêmes et proviennent toujours des mêmes personnes. Le processus de désarmement des paramilitaires n’a pas changé beaucoup de choses. Les prédateurs de la liberté de la presse ont encore de beaux jours devant eux en Colombie.

La source principale de cet article est la deuxième partie du le travail de mémoire de DEA de Vesna Dimcovski ainsi que le dernier rapport de reporter sans frontière

 

Uribe, antidémocrate?

Le président Alvaro Uribe se fait appeler depuis quelques semaines “président candidat” pour nous rappeler que la campagne électorale colombienne bat son plein. Cependant il reste fidèle à  lui-même: il ne répond pas aux questions qu’on lui pose, continue ses grandes promesses médiatiques et n’argumente jamais ses décisions. Comme toujours il soigne son image et pour cela il est prêt à  tout.

Depuis une semaine maintenant un scandale, sans égal depuis 10 ans, tente avec grande peine d’éclater. La principale revue d’actualité hebdomadaire du pays, Semana, a mis à  jour, après une longue investigation, les différents liens entre le gouvernement actuel et les paramilitaires, ainsi qu’une immense fraude lors de l’élection du présidentielle de 2002.

Les départements du Nord du pays, sous contrôle paramilitaire, auraient “exagéré” leur soutien au candidat Uribe. La fraude, de plus de 300 000 votes (sur 10 millions) a permis, selon les journalistes, d’éviter un 2e tour aux élections présidentielles.

La deuxième partie du scandale est le résultat de la première, Uribe pour remercier ses fidèles a offert un certains nombres de postes, notamment ceux des services secrets (DAS), à  des proches des paramilitaires. Avec la mise en place de la politique de “sécurité démocratique” le DAS a eu un rôle grandissant. Les écoutes, les fouilles et la persécution de syndicalistes, journalistes et défenseurs des Droits de l’homme sont devenu monnaie courante du gouvernement. Le directeur informatique du DAS, Mr Rafael Garcà­a, a commencé à  parler et affirme qu’il aurait eu connaissance d’une liste de syndicalistes et d’intellectuels livrée par le DAS aux milices d’extrême droite. Un certain nombre d’entre eux ont été assassinés ou ont du s’exiler. Mr Garcà­a assure aussi que l’élection d’Uribe doit beaucoup au soutien financier et pratique de “nombreuses personnes liées au trafic de drogue”.

Suite à  ce genre d’informations il était normal d’attendre de la part du président un semblant d’explication. A la place, Uribe a tenu un discours, des plus abjecte, à  l’encontre de la presse.

Il a attaqué, de manière frontale, les journalistes et la revue qui a publié les articles en les jugeant “frivole” et “irresponsable”. Il les accuse de mener une campagne “contre les institutions démocratiques”.

Le Che disait que la Colombie, la plus vieille démocratie d’Amérique Latine, était le pays qui réprimait plus les libertés individuelles que tous les autres pays qu’il avait alors visités. On peut penser, malheureusement, que c’est encore vrai.

De plus, le seul quotidien distribué sur tout le territoire, El Tiempo, ne soutient pas son homologue Semana, il faut dire que les propriétaires sont de la famille du vice-président et que la rédaction a annoncé son soutient au président depuis fort longtemps.

Il ne nous reste plus qu’à  compter sur l’opposition politique pour espérer que l’affaire soit réellement abordée. Les débats ont commencé au congrès et normalement le thème est à  l’ordre du jour le 2 mai, cependant les élus pro-uribe contre attaque déjà  en disant que les questions posées ne sont pas correctes car elles se basent sur le fait qu’il y a eu une agression du président contre la presse…


Avec le non-respect constitutionnel pour sa réélection, le financement de sa campagne avec de l’argent de la drogue, l’utilisation des services de l’Etat pour réaliser des pressions contre ses opposants, les fraudes électorales, son conservatisme à  outrance, son goût pour la politique spectacle et sa main dure, la comparaison d’Uribe avec l’ancien président péruvien Fujimori devient inévitable.

Dieu et les Pingouins

Gays, Homo, Marica …etc etc

La quantité de terme existant dépasse ma connaissance. Par contre le nombre de pays qui leur accordent des droits est bien limité. En Colombie le thème a de la peine à  être abordé, les conservateurs, proche du gouvernement actuel l’ont exclus de toute discutions…

Il faut dire qu’ici les Marica ne sont pas franchement bien vu. La société est très machiste (même si on rencontre de nombreuses femmes avec des postes à  responsabilité) et un vrai macho se doit de détester les homosexuels.

Et pourtant tous les discours religieux extrémistes prétendant que c’est contre la volonté de dieu, sont de beaux mensonges

Les pingouins (qui sont des animaux parfaitement normaux jusqu’à  preuve du contraire) entretiennent des relations homosexuelles. La dernière nouvelle[1] en date (car ce n’est pas la première fois) se passe dans un zoo allemand. Les mâles, en manque de femelle, ont commencé à  avoir des relations entre eux. Les vétérinaires s’en sont rendus compte et ont fait venir des femelles d’un zoo suédois. Le problème (qui n’en est peut-être pas un) est que les belles Suédoise n’ont pas convaincu. L’attitude des pingouins n’a pas changé : les mâles sont resté fidèles.

Alors si la nature le pratique c’est sûrement que dieu l’a voulu, non ?


[1] Lire El Tiempo

Quelle liberté?

Ouh la la !

Quelques malheureux dessins font couler une sacrée quantité d’encre. On en entend parler jusqu’en Colombie. A la vue de tout ce qui ce passe ici tous les jours on pourrait penser que c’est pour changer notre quotidien électoral relativement tendu. C’est vrai que la réflexion est intéressante. Dans une situation comme celle-ci, la question clé n’est pas celle de la liberté de presse ou d’expression. Il me semble que l’interrogation qui doit se poser est : jusqu’où la liberté (tout court) peut-elle aller ?

Un bon Anarchiste peut répondre sans doute, qu’elle n’a pas de limite. Pourtant, l’Anarchie n’est pas un bordel irrespectueux de la personne, au contraire c’est un monde parfait où tout le monde vit en harmonie. C’est un système qui fait appel à  notre sens commun. Alors soyons un peu anarchistes, oublions pour une fois nos grands principes et faisons appel à  notre sens commun: tentons une comparaison avec un fait qui s’est déroulé sous mes latitudes il y a environ un mois.

Une entreprise européenne de T-shirt légèrement alternatif s’est lancée dans la production de modèle à  l’effigie des FARC (Forces Armées Révolutionnaire Colombienne), soit avec le portrait du chef soit avec un militaire et une banderole des FARC. Un pourcentage des ventes est reversé à  l’organisation. Ce n’est pas un secret que les FARC ne sont pas vraiment une association caritative, donc je doute que l’argent récolté aille pour les enfants de paysan qui n’ont pas les moyens de se payer l’école. Non, les FARC s’achètent des 4à—4 derniers modèles et des bazookas derniers modèles aussi. Oui, ce sont des révolutionnaires qui avaient une idée de base intéressante et une partie de leur combat est encore d’actualité. Mais la méthode n’est plus: ils séquestrent, coupent des têtes, violent, maltraitent, etc.

A la vue de ces faits, revenons à  la question de départ: la liberté. De quel droit cette entreprise finance une bande de barbare… simplement au nom de notre sacro-sainte liberté?

Eh bien ici cette liberté a choqué, choque encore.

La majorité des Colombiens rêvent de liberté qu’elle soit d’expression, de mouvement, de réunion, comme celles qu’on a en Europe. Mais je suis sûr qu’ils ne rêvent pas d’une liberté irrespectueuse.

Certains, sûrement, vont faire la différence entre des dessins qui, à  priori ne sont pas une incitation à  la violence et ces T-shirt qui financent une guerre. Certes il en existe une, mais je vois aussi un point terriblement commun: le manque de respect vis-à -vis d’une population.

Ce n’est pas une caricature qui choque, c’est la représentation d’Allah. Elle est interdite chez les musulmans, purement et simplement. On peut caricaturer Jésus, oui ; les chrétiens ne l’interdisent pas ; Bouddha aussi, si cela nous amuse ; mais Allah non.

Je finirai par la citation d’un ami :

“Si on ne doit pas transiger avec nos principes fondamentaux, rien ne sert de blesser gratuitement. La liberté d’expression devrait tendre à  nous rendre un peu plus ouvert d’esprit, et non accrochés à  des principes intangibles.” (lire l’article de Psykotik)

Et pour une fois je suis d’accord avec lui.