Ouh la la !
Quelques malheureux dessins font couler une sacrée quantité d’encre. On en entend parler jusqu’en Colombie. A la vue de tout ce qui ce passe ici tous les jours on pourrait penser que c’est pour changer notre quotidien électoral relativement tendu. C’est vrai que la réflexion est intéressante. Dans une situation comme celle-ci, la question clé n’est pas celle de la liberté de presse ou d’expression. Il me semble que l’interrogation qui doit se poser est : jusqu’où la liberté (tout court) peut-elle aller ?
Un bon Anarchiste peut répondre sans doute, qu’elle n’a pas de limite. Pourtant, l’Anarchie n’est pas un bordel irrespectueux de la personne, au contraire c’est un monde parfait où tout le monde vit en harmonie. C’est un système qui fait appel à notre sens commun. Alors soyons un peu anarchistes, oublions pour une fois nos grands principes et faisons appel à notre sens commun: tentons une comparaison avec un fait qui s’est déroulé sous mes latitudes il y a environ un mois.
Une entreprise européenne de T-shirt légèrement alternatif s’est lancée dans la production de modèle à l’effigie des FARC (Forces Armées Révolutionnaire Colombienne), soit avec le portrait du chef soit avec un militaire et une banderole des FARC. Un pourcentage des ventes est reversé à l’organisation. Ce n’est pas un secret que les FARC ne sont pas vraiment une association caritative, donc je doute que l’argent récolté aille pour les enfants de paysan qui n’ont pas les moyens de se payer l’école. Non, les FARC s’achètent des 4à—4 derniers modèles et des bazookas derniers modèles aussi. Oui, ce sont des révolutionnaires qui avaient une idée de base intéressante et une partie de leur combat est encore d’actualité. Mais la méthode n’est plus: ils séquestrent, coupent des têtes, violent, maltraitent, etc.
A la vue de ces faits, revenons à la question de départ: la liberté. De quel droit cette entreprise finance une bande de barbare… simplement au nom de notre sacro-sainte liberté?
Eh bien ici cette liberté a choqué, choque encore.
La majorité des Colombiens rêvent de liberté qu’elle soit d’expression, de mouvement, de réunion, comme celles qu’on a en Europe. Mais je suis sûr qu’ils ne rêvent pas d’une liberté irrespectueuse.
Certains, sûrement, vont faire la différence entre des dessins qui, à priori ne sont pas une incitation à la violence et ces T-shirt qui financent une guerre. Certes il en existe une, mais je vois aussi un point terriblement commun: le manque de respect vis-à -vis d’une population.
Ce n’est pas une caricature qui choque, c’est la représentation d’Allah. Elle est interdite chez les musulmans, purement et simplement. On peut caricaturer Jésus, oui ; les chrétiens ne l’interdisent pas ; Bouddha aussi, si cela nous amuse ; mais Allah non.
Je finirai par la citation d’un ami :
“Si on ne doit pas transiger avec nos principes fondamentaux, rien ne sert de blesser gratuitement. La liberté d’expression devrait tendre à nous rendre un peu plus ouvert d’esprit, et non accrochés à des principes intangibles.” (lire l’article de Psykotik)
Et pour une fois je suis d’accord avec lui.