Mauritanie: Le coup d’Etat démocratique
A priori, on peut se demander ce que les termes « démocratique » et « coup d’Etat » peuvent bien avoir en commun. Quel sens peut-on trouver à une phrase composée de ces deux antinomies. Un coup d’Etat ne peut être démocratique, puisqu’il se solde immanquablement par un régime autocratique, voire oligarchique.
Brève présentation de la Mauritanie, tout d’abord. Grande comme deux fois la France, elle est composée de 3 millions d’habitants, dont 1 million de votants. Elle est sous le régime d’un parti unique depuis son indépendance (en 1960), et connaît une succession de coups d’Etat jusqu’en 1984, année où Maaouiya Ould Taya prend le pouvoir. Il le perd en 2005, lors du dernier coup d’Etat (réussi). Le pays est majoritairement arabe, officiellement musulman (le pays se nomme « République islamique de Mauritanie ») ethniquement très diversifié, et fait partie depuis peu du club des Etats producteurs de pétrole. Ca n’en reste pas moins un pays très pauvre du monde arabo-musulman.
C’est dans un contexte qu’il décrit comme sans issue, qu’Ely Ould Mohamed Vall renverse le président d’alors. Il explique, en effet, que le « droit le plus élémentaire pour un peuple est de disposer de sa propre liberté ». Or, invariablement depuis l’indépendance, le régime du parti unique décide à la place du peuple. Chaque nouveau dirigeant décrétait, jusqu’en 2005, que « le peuple n’était pas prêt pour la démocratie ». Cette situation aurait pu se perpétuer sans fin.
(suite…)