La Caire bruyante, insomniaque, au klaxon facile et aux nuages bruns, d’où pas une goutte d’eau ne risque de tomber ; elle était au rendez-vous.
Les collines ensablées, guettant la première occasion de reprendre possession de ces insolentes rives verdoyantes qui jouxtent le Nil, ce second acte s’est jouée sans une seule accroche.
Palais entre deux mondes, reliant le ciel et la terre au temps des Pharaons, grâce aux cultes exécutés par des prêtres tondus, mais reliant aussi notre passé à notre présent au moyen des signes sacrés ornant les antres de temples gigantesques. On découvre que si le limon nourrissait la terre, les hiéroglyphes nourrissaient les âmes de l’antiquité.
Le décor est en place, les acteurs prêts à jouer, mais le spectacle qui se déroule sous les yeux du spectateur n’est pas exactement celui attendu.
Les guides tout d’abord, habiles metteurs en scène, étonnent par leur érudition. Capables de couvrir 4000 ans de crues, ils traversent avec aisance la suprématie égyptienne, ptolémaïque, nubienne, islamique et à nouveau égyptienne. Le temps où la magie de la crue s’opérait leur est aussi familière que l’histoire de son tarissement, avec la construction du barrage d’Assouan et la naissance du lac Nasser, un lac au moins aussi contesté que ne l’est l’homme qui lui donna son nom. Indépendance suivie de grandes souffrances : comment savoir si l’Égyptien se réfère à l’étendue d’eau où au défunt dictateur ?
Maintenir l’illusion dans un théâtre requiert un éclairage minutieusement préparé. Là encore, l’Égypte offre une lumière, un relief que l’on croirait créé par Amon-Râ lui-même, mettant en valeur ces visages burinés par le vent, ces bas-reliefs martelés il y a 4000, 3000 ou 1000 ans. Tellement de civilisations sont venues profiter de l’ombre égyptienne (ou projeter la leur) qu’on y perd son démotique, cette langue populaire du temps des pyramides.
Les sources de l’inépuisable vigueur des habitants ensuite, capables de toutes les métamorphoses imaginables : du lézard paressant dans une ruelle, les voici lancés toues dents dehors tels autant de sangsues sur les touristes qui, s’ils ne se méfient pas, risquent de se trouver dépossédés de tout leur sang. Groupés en escadrons parfois, les Égyptiens commerçants rappelles les nuées de mouches ; dans cette situation, il deviendra impossible d’observer un panorama millénaire s’offrant à vos yeux, un felouk voguant dans le lointain ou quelqu’autre merveille. Les insectes, tenaces, noircissent l’horizon, gâchent la vue.
Vaporiser un insecticide revient parfois à rugir pour couvrir le bruit de l’armada volante, quitte à perdre son calme. Une tranquillité pourtant nécessaire lorsqu’on veut atteindre la béatitude en écoutant le coeur vrombissant formé par les milliers, millions de musulmans remerciant la fin de journée lors du Ramadan. A une autre époque, des hommes imberbes encourageaient le disque solaire débutant sa lutte contre le serpent Apophis.
La continuité des traditions, dont l’origine se perd à l’aube de la civilisation humaine, est aussi palpable que sable ocre et terre noire dont est vêtu le sol égyptien. Il est ainsi fréquent de pouvoir observer des fêtes villageoises, dont les initiateurs vous soutiendront mordicus qu’elle est à caractère islamique ; poussant l’enquête, il est aisé de la faire remonter… aux dynasties pharaoniques.
La tolérance religieuse est également toujours de mise. En Nubie, région dont la seule évocation rappelles les hommes à la peau noire d’ébène, on conservait autrefois les dieux locaux, auxquels on ajoutait simplement une partie du panthéon de Memphis (ou de Thèbes, selon l’époque impériale). Dans l’Egypte moderne, il n’est pas rare de voir les Coptes, ces chrétiens orthodoxes convertis avant même que l’Islam n’entre en terre d’Egypte, jeûner pour le Ramadan à la façon des fidèles de Mahomet : pas de cigarettes, boisson ou nourriture du lever du soleil jusqu’à sa disparition à l’horizon. Solidaires d’un des cinq piliers de l’Islam, destiné à faire comprendre ce qu’est la pauvreté (« Je le suis déjà, bon sang », vous lanceront certains Égyptiens), les chrétiens d’Egypte partagent joies et peines avec leurs frères. Car précisions que les deux croyances se retrouvent aussi pour participer aux fêtes, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes. N’oublions pas que la coexistence des religions monothéistes est d’actualité depuis 14 petits siècles… Au même titre que d’autres pays maghrébins, ou que de la Turquie, cette expérience est aujourd’hui sans prix.
A un moment ou à un autre, le rideau tombe sur le devant de la scène, et les spectateurs repartent affronter la réalité. Douche froide, les si doux baiser qu’auraient échangés Ramsès II et Néfertari, auréolée d’un parfum agréablement capiteux, le tout au clair de Lune, ne sont qu’une reconstruction bêtement romantique d’un roi guerrier et bâtisseur et de son épouse principale. Les romans courtois n’allaient fleurir que 3 millénaires plus tard, et le romantisme mièvre presque 4. Faisons foin de tout anachronisme, et n’essayons pas de comprendre l’ Égypte antique (ou contemporaine) à travers le prisme des valeurs occidentales. L’Égypte a et avait d’autres soucis.
Tout ça parce que la dictature Moubarak laisse l’État se retirer de régions géographiques et sociales, qui sont immédiatement comblées par les factions extrémistes. Et celles-ci, résistantes non seulement à un gouvernement perçu comme faible avec l’extérieur, mais résistantes aussi à la décadence occidentale, sont les seules à redonner fierté et identité à une population qui rêve de renouer avec son grandiose passé. Une fierté qui agace fortement parfois : on recherche encore l’Egyptien suffisamment courageux pour oser répondre un « je ne sais pas », plutôt qu’inventer toute une histoire qui n’a aucun rapport avec votre question. Ce qui arrivera le jour où la circulation du Caire se fera sans klaxons.
L’Egypte grouille de vie, une vie alimentée par le cycle éternel d’Amon-Râ et par le désormais rythme serein du Nil. Oui, le mystère est enfin percé. Ses habitants, malgré tous les interdits religieux mis en avant (à juste titre…) en Occident, respirent la joie de vivre. Ils ne respectent aucun code de la route, mais il n’y a pas d’accident. Ils n’ont rien à manger, mais ils vous offrent avec un sourire lumineux leur pain rassis. Ils remercient Allah et le Christ, comme leurs ancêtre remerciaient le disque solaire. D’ailleurs, ne sont-ils pas persuadés qu’Amon est l’origine du « Amen » juïf, chrétien et musulman ?
J’espère pouvoir revoir cette terre de contrastes, inch’allah. Parce que je ne suis pas resté 40 jours dans une famille égyptienne, je ne suis pas Égyptien ; mais à défaut de l’être, je suis reparti avec l’Égypte, antique et moderne, en moi.
Références
- le président iranien n’a évidement rien d’arabe[↩]
je trouve sa passionan si tu veu vien voir mon blog :http://leszamis49.com.skyblog
moi je capte que dall le truc que je veux savoir c les atouts du nil
Je te donnerai la réponse quand je comprendrai ta question… 🙂
et de me dire la reponse 🙂 je suis féniant lol 😉
est ce que tu parle: à quel age sont ils pharaons ?
merci de me repondre 😀
C’est dommage, moi je cherche à avoir des commentaires intelligents.
Comme quoi, dans la vie, il faut se contenter de ce que l’on a 😆
c un peut nul parce quue moi je cherchait la vie des pharaon comment il vivaient :p :choler:
:aie: décidement les gens sont méchant!
Moi j’aime bien quand tu parles :love:
J’en doute pas, l’extrême droite et moi, c’est une longue histoire d’inimitié partagée.
Tu as déjà lu des ouvrages de Christian Jacq ? 8) 😆 :p
Je prefère t’entendre parler (dans le cas présent écrire) des Pharaons que de politique.
Whatever happened to the Pharaohs?
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