Mon ami Psykotik a participé à l’organisation du festival des droits de l’homme à Genève et comme on le sait bien l’organisation d’évènement laisse beaucoup de temps libre. Il en a donc profité pour écrire plein de chose sur son blog. A voir, à lire et à méditer:
La montée du populisme en Europe : la gauche s’autocongratule:
à‡a commence mal. Le documentaire La machine populiste est un affront fait à l’intelligence des spectateurs. Un pamphlet sans créativité qui, sous prétexte de dénoncer les idées populistes de l’extrême droite, a une forme insupportable et un fond inexistant. Durant 52 minutes, on attend un argument. Une enquête. Une information. Autre chose que des gros plans suggestifs et subjectifs des leaders honnis par une assemblée soucieuse des droits humains, des images baignant dans une musique suffisamment noire pour bien faire comprendre au spectateur que c’est le mal incarné qui est à l’écran. Ralentis, discours coupés à la seconde près, aucun recul, on se croirait pris dans la tourmente d’un quelconque film de propagande de l’ancienne RDA. Le rideau se ferme, le calvaire prend fin, la prise d’otage est terminée : le public est enfin libre de penser ce qu’il veut, la chape de plomb se lève. Le sens critique refait surface.
Pendant presque une heure, il n’y a rien eu à se mettre sous la dent. Des clichés, des images d’archives, des interviews de quelques intellectuels qui définissent le populisme, des questions mille fois abordées posées à trois leaders qui ne font que répéter leur programme. Le néant de l’information, une simple vidéo pour nous rappeler combien il est bon de ne pas le ressembler. Nous voilà réconfortés, nous sommes du bon côté de la barrière.
Le chasseur de dictateur – the dictator hunter:
Le premier film, qui lui est nommément consacré, the dictator hunter, a un côté hollywoodien dérangeant. Assez peu de place est donnée aux victimes de Habré, et Brody y fait l’objet d’un culte quelque peu dérangeant pour un homme qui se veut avant tout un outil actionné par la défense. On y découvre comment il a mis sa vie personnelle de côté des années durant et quelle souffrance anime les victimes et leurs proches de cette dictature longue de 8 ans (de 1982 à 1990). Un travail de longue haleine, qu’il poursuit malgré les déconvenues uniquement pour éviter l’oubli. Car depuis plusieurs années, l’ancien président a trouvé refuge au Sénégal, dans une confortable villa d’où il peut toiser sans remords ses anciens citoyens venus lui demander de rendre des comptes.
Comme l’explique Brady, “tuez une personne, et vous êtes accusé de meurtre. Tuez-en 40, et vous êtes interné dans un asile. Déchaînez la violence et assassinez-en 40′000, et vous voilà à l’abri de représaillesâ€. Jusqu’à Brady, aucun ancien dirigeant africain n’avait été traduit en justice. L’impunité des crimes dictatoriaux semble totale; le seul dirigeant qui aurait pu faire l’objet d’une accusation, Slobodan Milosevic, est mort dans les geôles de La Haye. Le courage de cet homme pourrait faire basculer cette coutume : l’Union africaine (UA) a décidé, il y a un an et demi, sous la pression des activistes des droits de l’homme de juger son ancien membre au Sénégal. Au Tchad, le procès n’aurait pu avoir lieu. Et établir le tribunal en Belgique, pays d’où a été activée la procédure à l’origine, serait politiquement problématique, puisque les dirigeants africains actuels ont le sentiment qu’il s’agit d’une affaire africaine. On préfère laver le linge sale en famille.
La Chine tombe dans le piège des droits de l’homme
Les Etats-Unis viennent, bien malgré eux, de tendre un piège magistral à la Chine. Condolezza Rice, en abaissant d’un niveau la catégorie de violeur des droits de l’homme de l’Empire du Milieu, a provoqué une réaction de ce dernier en deux temps : ce fut d’abord sur la défensive que la Chine rétorqua ne pas commettre de violations, puis il fit place à l’attaque : les USA seraient eux-mêmes des violeurs de ces mêmes droits.
Si les Russes veulent l’autocratie, qu’ils l’aient – entre stéréotypes et réalités
A un journaliste français qui lui demanda si en éradiquant le terrorisme tchétchène, il ne risquait pas d’éradiquer la population tchétchène elle-même, Vladimir Poutine répondit “si vous voulez devenir un islamiste radical et êtes prêt à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Nous avons un pays multi-confessionnel, nous avons des spécialistes de cette question et je vous recommande de pratiquer cette opération de façon à ce que rien ne repousseâ€. Cela se passait lors d’un sommet Union européenne-Russie à Bruxelles, le 11 novembre 2002, en présence d’un Romano Prodi qui peine à cacher son dégoût, et qui pourtant ne pourra condamner l’incident – il “doutera†que Poutine ait réellement proféré ces paroles. A en voir son air médusé, il semble pourtant qu’il ait très bien compris les propos du président russe.
Mauritanie: Le coup d’Etat démocratique
C’est pourtant en pariant sur la réussite d’un coup d’Etat de transition, un “changement†comme il préfère dénommer son acte, que Ely Ould Mohamed Vall renverse Maaouiya Ould Taya, au pouvoir depuis plus de vingt ans en Mauritanie. Jusque-là directeur de la sécurité du pays, il profite du départ de Ould Taya en août 2005, qui se rend aux obsèques du roi saoudien Fahd, et prend le pouvoir à la tête d’un junte. Il promet de remettre le pouvoir à la population “au plus tard dans 2 ansâ€. Personne n’est dupe, la communauté internationale, l’Union européenne et l’Union africaine, tous condamnent la prise de pouvoir contraire au droit international, et demandent à Vall de rendre les rênes. Et 19 mois plus tard, Vall et sa cohorte se retirent. L’ancien président a pris la peine de s’expliquer sur ce coup d’Etat lors de la 9ème et dernière journée du 6ème Festival international du film sur les droits humains.
Le chant pour celui qui désire vivre
Les Inuits – “hommesâ€, dans cette langue – sont paradoxalement emplis de tabous, et pourtant aussi libres que l’ours qui hiberne, le loup qui prend son temps pour choisir sa proie, ou le phoque qui cherche le trou idéal pour reprendre sa respiration. Lorsque le voyage est difficile, le voyageur s’arrête et se transforme en sédentaire. Lassé par une vie trop confortable, au bout d’un mois, d’une année et d’une décade, il reprend le chemin du nomadisme. Il mange quand il le peut, chasse, vie et meurt. Il aime, inconditionnellement, mais sans être esclavagiste : il a une, deux ou trois femmes, tout dépend de sa capacité à entretenir ses concubines. Si elles sont mal traitées, elles vont voir ailleurs. Si un autre homme désire l’une d’entre elles, l’affrontement est inévitable. Car la violence est omniprésente, générée par la mouvance des choses; comme les glaces groenlandaises, tout se redéfinit à chaque hiver, à chaque précipitation. Neigera-t-il, ne neigera-t-il pas ? De cela, les esprits décident, l’homme se contentant de faire ce que l’instant et l’instinct lui conseillent de faire. Sa seule responsabilité, c’est lui-même, rien n’est écrit.
Quel hommage 🙂
Par contre, précision : je n’ai pas participé à l’organisation du festival, même si avec le temps que j’y ai passé, certaines personnes faisant vraiment partie du staff l’ont parfois cru.
Cela dit, j’aimerais bien que tu lises la série de bouquins de John Riel (le chant pour celui qui désire vivre). Suis sûr que t’aimerais : style simple, direct, et pourtant efficace.
C’est un plaisir l’ami
Pour la lecture, merci… je vais voir si je trouve ça par ici! 🙂